Mais que font EDF et la nucléocratie française en Ukraine ?
Par admin le jeudi 8 décembre 2022, 17:27 - National - Lien permanent
Derrière une guerre et les malheurs des populations se cachent toujours des intérêts particuliers privés. Le sous-sol ukrainien, riche en ressources notamment de zirconium utile à l'industrie nucléaire a conduit, en 2013, l'Etat ukrainien à délivrer à EDF un permis d'exploitation. Tout comme il venait d'accorder, sous les auspices du ministre des Ressources de
l’époque, Mykola Zlochevskyun, et sur fond de corruption, des permis aux sociétés privées états-uniennes Shell
et Chevron; le fils de Joe Biden, Hunter Biden, ayant été opportunément intégré en 2014 au conseil d’administration de la Burisma
Holdings présidé par le ministre. L’opposition des habitants de la région à ce saccage annoncé de l'environnement et de leurs territoires n'a guère compté face à la voracité des amis du
gouvernement pro-occidental de Porochenko auquel Zélinsky a succédé sans modifier la vente de l'Ukraine à l'occident.
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source originelle : Celia Izoard pour https://reporterre.net/Un-enjeu-cache-de-la-guerre-en-Ukraine-les-matieres-premieres?
L’Union européenne a conclu en juillet 2021 (avant l'intervention Russe) un partenariat avec l’Ukraine pour les métaux stratégiques et les batteries, une coopération amorcée et progressivement renforcée depuis 2014 après l’arrivée au pouvoir des gouvernements pro-occidental de Porochenko puis de Zélinsky.
Ce partenariat UE/Ukraine permet d’assurer des
importations de zirconium utilisé aux trois quarts pour le nucléaire tel par
EDF et Areva-Orano comme matériau dans la fabrication des réacteurs nucléaires, le gainage (crayons) des pastilles de fission
atomique utilisés dans les réacteurs atomiques à eau pressurisée (REP) participant à la réaction atomique lors du bombardement neutronique, et l'arsenal atomique militaire (sous-marins, blindage,...)
Dans un crayon ce sont plusieurs centaines de pastilles d'uranium enrichi qui sont empilées dans un tube en alliage de zirconium. Le zirconium et ses sels sont généralement considérés comme ayant une toxicité systémique (granulomes cutanés, alvéolites cutanées, fibroses pulmonaires, atteintes de la cornée et irritations oculaires, hypersensibilité allergique; de plus il traverse la barrière placentaire et passe dans le lait maternel).
Cet alliage de zirconium purifié (notamment épuré de l'hafnium qui est un "poison" pour le bombardement neutronique) représente 90 % de la production minière de zirconium métal mais ne représente qu'un faible pourcentage de l'élément zirconium (de l'ordre de 1 %) au final.
Toxicité civile et militaire
Le transport des "crayons" usagés après avoir servit dans les réacteurs atomiques est un des transports les plus dangereux du cycle nucléaire qui s'effectue dans des containers blindés spéciaux. Selon l'ASN, ces emballages sont susceptibles de transporter des crayons aux gaines fissurées et donc « inétanches ». Or la présence de fissures et donc d'eau « accélère la production d’hydrogène » avec un risque en cas de dépassement du seuil d’inflammabilité de l’hydrogène (comme lors de la catastrophe nucléaire de Fukushima-DaÏchi).
La fiche toxicologique internationale du zirconium recommande d'éviter de disperser les poussières, de prendre en revanche de sérieuses précautions contre l'incendie et l'explosion, affirme l'obligation du port de gant et lunette de protection pour les travailleurs manipulant le zirconium, l'interdiction de manger ou boire ou fumer durant sa manipulation.
Le zirconium (1) est aussi utilisé sous forme d'alliages tels que le Zircaloy (avec de l'étain, du fer et du chrome) ou de verre de zircon employé pour le confinement des déchets radioactifs en sarcophage, tel du plutonium, dont la nucléocratie assure mensongèrement qu'il pourrait contenir la radioactivité au moins durant 2 000 ans, ce qui est encore loin du minimum de 100 000 ans requis pour les déchets radioactifs les plus dangereux.
Le site Techniques de l’ingénieur rappelle la synergie entre nucléaire
militaire et nucléaire civil :
« La volonté de construire
des sous-marins à propulsion nucléaire a conduit à retenir le zirconium
comme seul élément de structure pouvant convenir pour la construction
d’un réacteur (embarqué) compact. » La technologie des réacteurs nucléaires REP a dés le début été développée par la firme
états-unienne Westinghouse pour les sous-marins de l’US Navy,
et elle équipe désormais 93 % des réacteurs nucléaires français.
Chaque année, la France importe près de 23 000 tonnes de zircon – minéral « lourd » classé hautement critique pour sa fabrication du "combustible" nucléaire. En 2018, ce zircon provenait à 59 % d’Afrique du Sud ( 2nd producteur mondial derrière l’Australie), à 20 % du Mozambique et à 6 % du Sénégal. Autant de pays pollués à tout jamais.
Et difficile de trouver un chiffre sur les dizaines (centaines ?) de millions de tonnes de matières à extraire pour obtenir une tonne de zirconium. Selon l’US Geographical Service (USGS), la quantité de roches déplacées chaque année pour l’extraction des 25 minéraux dont le zirconium correspond à environ 7.000 pyramides de Gizeh. A présent l'industrie nucléaire française veut élargir les contaminations à l'Ukraine et à l'Europe.
Pollution et destruction de l'environnement, et risque pyrophorique
L’extraction du zircon contenu dans des sables spécifiques saccage les paysages naturels, accélère la désertification et anéantit la vie de milliers de personnes aux confins de l’économie-monde, loin des centres de pouvoir.
Dans la mine l'attaque du minerai est effectuée par du chlore en présence de carbone à 1 200 °C. Puis le chlorure de silicium est séparé des chlorures de zirconium et
hafnium par condensation. La séparation zirconium hafnium s'effectue
suivant les procédés soit liquide mettant notamment en œuvre la réaction de Kroll utilisant le magnésium liquide à 800 °C, soit le procédé par distillation extractive mis au point en France. Autant d'étapes polluantes et destructrices de l'environnement. Le produit de séparation obtenu est une masse métallique spongieuse
appelé "l'éponge de zirconium" (tel effectué par Framatome à Jarrie dans l'Isère) qui constitue le point initial du
raffinage ultérieur du métal.
Dans la suite des étapes industrielles, l'usinage du zirconium requiert de grandes précautions car il est instable, inflammable, pyrophorique, explosif: la température d'auto-inflammation est inférieure à la température ambiante et la matière peut donc s'enflammer spontanément aux températures ambiantes. On se souvient de l'alerte incendie conduisant à l'évacuation du personnel qui a eu lieu chez Framatome (ancienne propriété d’Areva devenue filiale d’EDF) à Romans-sur-Isère (Drôme) le 21 septembre 2022 vers 16h30.
Au terme de leur terrifiant usage au coeur des réacteurs nucléaires, les gaines de zirconium font partie des déchets radioactifs à vie longue (qui émettent pendant plusieurs siècles ou plusieurs millions d'années des rayonnements ionisants à raison de 1 térabecquerel par gramme) et ne sont pas recyclables.
Les appétits de EDF en Ukraine : zirconium et hydrocarbures
"Au large de la Crimée en 2013/2014, à la suite de la découverte d’importants gisements pétroliers et gaziers en mer Noire, Exxon Mobil, Shell et Chevron ont obtenu en 2012 des permis d’exploration de la part du gouvernement ukrainien. Fin novembre 2013, l’Ukraine a également signé avec EDF et l’italien ENI un accord pour l’exploitation d’hydrocarbures à l’est de la Crimée visant à produire 3 millions de tonnes de pétrole par an".
"En amont du partenariat UE/Ukraine, l’Ukraine s’était engagée à privatiser ses mines et son industrie métallurgique, à collaborer avec les services géologiques européen (EuroGeoSurveys) et étasunien (USGS) et à réaliser en anglais un « Atlas de l’investissement » cataloguant les gisements de métaux critiques disponibles. Selon Ukraine Invest, il recensait 8 761 gisements en 2021".
"À partir de 2016, le gouvernement a commencé à vendre ses permis miniers par le biais d’enchères électroniques."
"L’Ukraine rêve d’indépendance, et c’est la raison pour laquelle bon nombre d’Ukrainiens ont soutenu son rapprochement avec l’UE. Mais quelle marge de manœuvre restera-t-il aux dirigeants du pays quand il faudra rembourser les dizaines de milliards d’euros de prêts contractés auprès de la BERD, de la Banque mondiale, des États-Unis et des pays européens qui convoitent ses ressources naturelles ?"
« Nous allons non seulement reconstruire l’Ukraine, mais nous allons la reconstruire en mieux, en plus vert », a assuré le commissaire européen et initiateur du partenariat sur les métaux avec l’Ukraine, Maroš Šefčovič, aux ministres ukrainiens lors de la rencontre du 16 novembre 2022 à Bruxelle. Mais peut-on reconstruire l’Ukraine « en plus vert » en faisant du pays le paradis minier de l’industrie européenne ? On sait pourtant que l’extraction minière - dont celle du zirconium - est le secteur industriel le plus polluant et le premier producteur de déchets au monde.
Chaque réacteur nucléaire à eau pressurisée (REP) français contient autour de 29 tonnes de zirconium.
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(1) les propriétés physico-chimiques du zirconium sont : résistance à la corrosion, résistance à l'irradiation, grande pénétrabilité des neutrons lents, conservation des propriétés à haute température
> Pour aller plus loin.... (extraits dehttps://reporterre.net/Un-enjeu-cache-de-la-guerre-en-Ukraine-les-matieres-premieres?)
"Le partenariat UE/Ukraine permet d’assurer également des importations de titane, décisives pour Airbus et Safran ; de scandium, sous-produit de la métallurgie du titane utilisé dans les piles à combustible et les alliages ultralégers de l’aéronautique ; ou encore de molybdène, employé dans les superalliages, les écrans et les puces électroniques. (Dans la fabrication de semi-conducteurs, l’industrie étasunienne est par ailleurs dépendante à 90 % du néon de qualité ultrapure produit à Odessa à partir du gaz issu des acieries)."
Un des ministres de Zelinsky : nous sommes "au service des investisseurs qui se présenteront après la guerre, et même avant la victoire"
"Le 16 novembre 2022, à Bruxelles, le Premier ministre ukrainien, Denys Shmyhal, et le ministre des Ressources naturelles, Ruslan Strilets, ont participé à la Semaine des matières premières en présence de Maroš Šefčovič, commissaire européen et initiateur du partenariat sur les métaux avec l’Ukraine.
Ce dernier a rappelé à cette occasion les termes du partenariat : « Il aidera l’Ukraine à intégrer l’UE, et il représente pour l’Union européenne un élément essentiel pour consolider notre approvisionnement en matières premières et notre statut géostratégique. » Le ministre de Zelinsky, Ruslan Strilets, a assuré que la réforme du Code minier était presque terminée et que le cabinet qui délivre les permis était opérationnel, « au service des investisseurs qui se présenteront après la guerre, et même avant la victoire ». Jürgen Rigterink, vice-président de la Banque européenne de développement, a précisé que celle-ci était le principal investisseur dans le pays, à hauteur de 19 milliards d’euros, des fonds grâce auxquels « l’Ukraine pourrait devenir une superpuissance des ressources »."
Privatisation des mines et de l'industrie en collaboration avec l'UE et les USA et pour leurs entreprises privées
Les mines de graphite de la région de Mykolaïev, dans le sud du pays, ont été attribuées à l’entreprise australienne Volt Resources. "
Après le passage de la Crimée sous drapeau russe après le référendum que l'occident ne reconnu pas, le géant russe DF a été dessaisi et expulsé de ses mines de titane, au même moment ou le gouvernement ukrainien interdisait l'enseignement du russe sur son territoire, la fermeture des écoles/collèges/lycées proposant des cours de langue russe, la destruction des oeuvres artistiques et statues de poètes et artistes d'origine russe..
Les autres gisements miniers du pays sont désormais exploités par l’entreprise ukraino-étasunienne Velta Resources.
Ces gisements dont ceux de zirconium sont aussi stratégiques pour les pays de l’Otan (notamment les 3 pays nucléarisés USA, France, Grande-Bretagne) qu’ils le sont pour la Russie. La dépendance des acheteurs occidentaux à ces matières premières est telle que la bourse des métaux de Londres a renoncé à interdire la vente de métaux russes.
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voir l'article complet de Celia Izoard pour https://reporterre.net/Un-enjeu-cache-de-la-guerre-en-Ukraine-les-matieres-premieres?
et aussi : https://greenwashingeconomy.com/zircon-lindustrie-nucleaire-participe-au-carnage-en-afrique/
Commentaires
Ukraine, derrière la mystification occidentale du chevalier blanc Zelinsky, règne la corruption à tous les niveaux. Cinq gouverneurs régionaux et quatre vice-ministres ont été démis de leurs fonctions dans le cadre d'un scandale de corruption, cette fois-ci dans l'armée. C'est que le business de l'occident qui abreuve les responsables de la démocratie ukrainienne de millions de dollars et d'armements en tous genres est profitable aux deux parties.
Aujourd'hui sont impliqués les gouverneurs des régions de Dnipropetrovsk (centre), de Zaporijjia (sud), de Soumy (nord), de Kherson (sud) et de la capitale Kiev.
Tout comme le vice-ministre de la Défense, Vyacheslav Shapovalov, celui de la Politique sociale, Vitaliy Muzychenko, et deux vice-ministres du Développement territorial (Ivan Lukerya et Vyacheslav Nehoda) ont également été limogés tout comme le chef adjoint de l'administration présidentielle et le procureur général adjoint.
Leurs routes ont du croiser aussi celle d'EDF et autres investisseurs étrangers...
Guerre en Ukraine : réalités et propagandes - Michel Collon et Anne Morelli (conférence-débat)
https://www.investigaction.net/fr/g...
https://www.youtube.com/watch?v=Xld...
La guerre fait rage en Ukraine et la propagande bat son plein. Comment s’y retrouver dans ce torrent d’informations qui nous pousse chaque jour vers de nouvelles escalades ? Peut-on réellement comprendre les enjeux de ce conflit ? À l’initiative du Comité de Surveillance OTAN, l’historienne Anne Morelli (Principes élémentaires de la propagande de guerre) et le journaliste Michel Collon (Ukraine : La guerre des images) démêlent réalités et propagandes.
Réticent au départ, l’Occident va finalement livrer des chars d’assaut à l’Ukraine. Même l’Allemagne s’est résignée franchir le cap. Un game changer dans la guerre contre la Russie ?
Ancien officier de renseignement du corps des Marines ayant servi en Union soviétique, ancien inspecteur de la commission spéciale des Nations unies en Irak et célèbre pourfendeur de la fable des armes de destruction massive, Scott Ritter estime que ce nouveau cap dans la guerre d’Ukraine fait peser plus lourdement encore le risque d’un cauchemar nucléaire sans même répondre aux besoins de Kiev. (IGA)
https://www.investigaction.net/fr/d...
Agrégée d’histoire, docteur ès lettres, professeur émérite d’histoire contemporaine à l’université Paris VII - Denis Diderot, Annie Lacroix-Riz est spécialiste des relations internationales dans la première moitié du XXᵉ siècle.
https://www.legrandsoir.info/bander...
(extrait de l'introduction) :
Stepan Bandera nazi ukrainien, combattant avec Hitler et exécuteur en masse de dizaines de milliers de juifs et de résistants communistes, devient chaque jour un peu plus le héros des « démocrates » de l'Occident. Quand elle ne l'oublie, la presse trafique sont histoire, transformant le bourreau en nationaliste glorieux ; d'ailleurs en1945 ne fût-il pas un agent Américain ? Ce qui démontre qu'un paradis existe pour les nazis.
La guerre d’Ukraine a été lancée par la Russie après huit ans d’agression ukraino-occidentale (2014-2022) contre les russophones de l’Est ukrainien. Leurs 14 000 morts, en majorité des civils, avaient intéressé nos grands médias aussi peu que ceux d’Irak, de Serbie, d’Afghanistan et de Syrie, attaqués, depuis 1991, par les États-Unis en quête mondiale de contrôle pétrolier et gazier et autres matières premières, sous couvert de l’OTAN soumis à commandement unique américain depuis sa fondation (1950). La coalition occidentale, qui a d’emblée ridiculisé l’objectif officiel russe de « dénazification » annoncé en février 2022 – conforme aux « principes politiques » inscrits dans le Protocole de la Conférence de Potsdam (1er août 1945) , affirme agir contre la Russie au nom de la « démocratie » (nouveau nom du « Monde libre » de l’époque soviétique) . La guerre se prolongeant, l’« Occident » fait évoluer le concept de « démocratie » et « couvre » la vénération de l’État ukrainien « allié » pour ses criminels de guerre et d’avant-guerre. Ainsi érige-t-il le nazi ukrainien Stepan Bandera (1909-1959) en héraut de l’« indépendance ukrainienne » : léger défaut qu’il lui pardonne autant qu’à la « démocratie » ukrainienne post-Maïdan la promotion des groupements nazis et les coups de gourdin que le milliardaire Zelenski, digne successeur du milliardaire Porochenko, administre au peuple ukrainien : destruction du code du travail, des horaires aux salaires, et interdiction des partis et journaux d’opposition, requis par les « investisseurs » états-uniens.
Un peu d'Histoire :https://www.youtube.com/watch?v=FapkmgNlaYk
et Zelinsky honore la mémoire de Bandera et fait ériger des monuments à sa gloire. Bandera dans les années 1939/1945 était le chef de file des nazis nationalistes ukrainiens supplétifs des troupes de Hitle, si bien dénoncé en son temps (mais la mémoire de certain-es est courte) par Simone Veil et Klasfeld :https://www.tiktok.com/@djadja1961/video/7193989901145083141?_r=1&_t=8Zf3BOVqomD
sans omettre la "révolution de maidan" : Tournée en 2015, un an après la révolution du Maïdan, cette enquête met en lumière le pouvoir des bataillons nationalistes en Ukraine dans les mois qui ont suivi le changement de régime. Elle reconstitue le massacre de pro-Russes à Odessa le 2 mai 2014, en donnant la parole aux protagonistes des deux côtés : https://www.youtube.com/watch?v=VLXtWfTcLC4