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Des dommages viennent d'être détectés dans l’îlot de la turbine du réacteur EPR d'Olkiluoto 3 en Finlande. Ils retarderont une nouvelle fois la mise en service du réacteur atomique prévue pour décembre après déjà plusieurs reports. Depuis l’annonce de sa construction en 2003 l'EPR finlandais cumule 19 ans de durée de travaux, 12 ans de retard, et ne fonctionne toujours pas réellement (1). Tout comme l'EPR de Flamanville dans la Manche piloté par EDF et commencé voici 14 ans en 2007 (2) . 
 
finlande_centrale-nucleaire_Europe_.jpgL’opérateur nucléariste finlandais TVO qui avait déjà fait sanctionner Areva/Orano à hauteur de 450 millions d’euros lors de précédents incidents et retards ne va certainement pas tarder à réclamer de nouvelles indemnisations au bricolo tricolore. Le partenaire allemand Siemens avait quitté juste à temps le radeau en perdition laissant au mégalomane français le bonheur de se débrouiller seul avec ses propres incompétences.
 
Une nouvelle estimation du calendrier de production d'un peu d'électricité doit être faite dans les prochains jours car ce qui avait été prévu pour l'été avait déjà été reporté à mi-décembre après la découverte de « matières étrangères » dans le "réchaud à vapeur" de la turbine. Début octobre, une dizaine de tests à pleine puissance sur cet EPR avait conduit à mettre en rideau cycliquement le réacteur atomique durant plusieurs jours, voire plusieurs semaines pour de multiples raisons techniques. La pleine capacité atteinte pour la première fois le 30 septembre n'aura donc été qu'un exploit aléatoire vite balayé et oublié.

 

En Finlande, avec le dérèglement et réchauffement climatique, l’hiver s’annonce toujours aussi froid. Et comme le pays a demandé au mois de mai son adhésion à l'organisation militaire de l'Atlantique Nord piloté par les USA (OTAN) et soutien les sanctions contre la Russie : il se trouve privé du gaz russe (à hauteur de 900 Mw, soit 10% de la consommation finlandaise). Mauvaise pioche donc avec ce nouveau coup de Jarnac d'Areva/Orano, d'autant que l'Etat finlandais a dû actionner à nouveau ses centrales thermique au fioul le mois dernier. Si la Suède peut fournir à son voisin en théorie jusqu’à 2.400 mégawatts : ce pays est lui-même confrontée à des risques de pénurie et a recours régulièrement à ses centrales au fioul pour répondre à ses propres besoins en complément des énergies renouvelables.

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(1) Une longue série d’échecs et de déboires : dès 2006, trois ans après l’annonce du lancement du chantier, des retards dans la construction de la principale conduite de refroidissement avaient déjà reporté la mise en route du réacteur à 2010-2011. La STUK (agence finlandaise de sécurité nucléaire)  avait ensuite demandé en 2009 plusieurs centaines d'améliorations du fait de « problèmes liés à la construction ». Un conflit entre l’exploitant finlandais du futur réacteur (TVO) et Areva-Siemens avait, après plusieurs années de litiges et de retards supplémentaires, sanctionné Areva en novembre 2018 qui a du payer une compensation de 450 millions d’euros. Depuis, au mois de mai le projet nucléaire d’Hanhikivi 1 du finlandais Fennovoima et du russe Rosatom a été abandonné et aucun nouveau projet de réacteur nucléaire n’a été lancé.

'2) Lancé en 1992 comme le nec plus ultra de la technologie nucléaire française, l'EPR (réacteur pressurisé européen) se voulait la vitrine magnifiée de la relance de l’énergie nucléaire en Europe malgré la catastrophe nucléaire de Tchernobyl de 1986. Ce nouveau modèle de réacteur nucléaire se voulait offrir selon ces adeptes comme offrant une puissance bien plus élevée et une sécurité à toute épreuve. Sa construction s’avère depuis un casse-tête en Finlande comme en France à Flamanville. Affectée par des retards massifs, dus notamment à des anomalies dans le couvercle en acier et la cuve du réacteur, des malfaçons, des truandages de documents techniques, des mensonges envers l'ASN. Le modèle EPR français dont une ébauche de chantier en Grande-Bretagne a commencé à Hinkley Point, dans le sud-ouest, souffre aussi de déboires de construction et de retard et si la production d’électricité est planifiée pour mi-2027 elle est déjà en retard sur la précédente date de départ. En Chine, les deux EPR lancés par EDF à la centrale de Taishan dans le sud-est du pays, n'ont commencé à produire qu'en 2019 puis un des réacteurs a du être arrêté pendant un an pour un problème de conception et d'adéquation des barres de produits de fission atomique fournit par Areva (devenu après sa quasi- faillite Framatome/EDF) cumulé à des défauts d’étanchéité.