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Le 2 aout 2022, EDF a déclaré à l’ASN un événement significatif pour la sûreté survenu ... 8 jours plus tôt, le 26 juillet sur le réacteur atomique n°2 de la centrale nucléaire de Cruas-Meysse (Ardèche). Ce jour là, une panne survient sur l’un des quatre capteurs de mesure du système RPN (1) chargé de la surveillance de la réaction nucléaire au sein du cœur du réacteur. Le capteur est indisponible et neutralisé, le temps d’intervenir pour traiter la panne. Ce n'est que 14 jours plus tard, le 8 août, que l'Autorité de Sûreté Nucléaire ne rendra publique l'incident.

Le lendemain du début de la panne, le 27 juillet 2022, alors que l’intervention est en cours un signal d’alarme se déclenche dans la salle de commande. Un capteur de mesure de la répartition de la puissance thermique dans le cœur est défaillant. Les intervenants pensent que ce signal est dû à l’intervention en cours et que les calculateurs du système de surveillance du cœur du réacteur en sont la cause. Mauvaise pioche : il s'agit d'un deuxième problème indépendant de la première panne. La mesure de la répartition de la puissance dans le cœur n'est plus opérationnelle et rend donc partiellement indisponible tout le système. Les deux systèmes de surveillance de la réaction nucléaire (2) sont donc en rideau.

Etat enceinte confinement simple enveloppe (fissures, fentes, délitement) réacteur nr2 centrale  nucleaire EDF de Cruas-Meysse France Mais ce n'est que dans la soirée du 27 juillet que les opérateurs s'en rendent compte car, bien que la réparation de la panne initiale soit achevée : l'alarme continue de sonner le glas. Ce n'est finalement que dans la nuit du 27 au 28 juillet 2022 que ce capteur sera remis en fonction.

Dans ces circonstance l'arrêt du réacteur (repli) aurait du être immédiatement effectué, au maximum dans un laps de temps de 8 heures. Histoire de limiter les risques, le danger, l'impact délétère sur l'environnement et les populations alentours, voire l'emballement et la catastrophe nucléaire. Mais tel n'a pas été le cas.

Pourtant les "Règles Générales d'Exploitation" (RGE) stipulent et définissent clairement les conditions autorisées pour le fonctionnement d'une installation nucléaire et les prescriptions de conduite des réacteurs, notamment les délais maximums de réparation en cas d’indisponibilité des systèmes requis pour assurer la sûreté des réacteurs.  Mais, comme c'est bête, la 2ème indisponibilité de sûreté n’ayant été détectée qu’après le traitement de la première, la conduite à tenir n’a pas été respectée.

Un double incident classé au niveau 1 de "l'échelle International des événements nucléaires et radiologiques" (INES). Et comme l'histoire ne dit pas si des mesures de radioactivité ont été faites sur toute cette période en interne comme à l'extérieur, peut-être que EDF attend l'accident suivant pour faire son boulot? Certainement plus préoccupé à empocher les 100 milliards du gouvernement qui le sauvera peut-être de la faillite ou à tenter de faire tourner quelques réacteurs en temps de canicule et d'effondrement des niveaux et débits d'eau pourtant indispensable à leur refroidissement et leur fonctionnement.

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(1) quatre capteurs de mesure indépendants sont situés autour de la cuve et permettent de connaître en continu le niveau et la distribution de puissance le long des assemblages de combustible et autour du cœur. Les réacteurs sont également équipés d’une série de sondes de températures situées dans le cœur même du réacteur et qui permettent de mesurer la répartition de la puissance dans le cœur.

(2) ce qu'on appelle "réaction nucléaire" sur un réacteur atomique à eau sous pression, tel à Cruas, est le processus entraînant la modification de la structure d'un ou de plusieurs noyaux d'atome. La transmutation peut être soit spontanée, c'est-à-dire sans intervention extérieure au noyau, soit provoquée par la collision d'autres noyaux ou de particules libres. La réaction nucléaire de certains atomes s'accompagne d'un dégagement de chaleur. Il y a fission lorsque, sous l'impact d'un neutron isolé, un noyau lourd se divise en deux parties sensiblement égales en libérant des neutrons dans l'espace. Il y a fusion lorsque deux noyaux légers s'unissent pour former un noyau plus lourd.