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EDF pourrait abaisser à nouveau sa production à cause de la canicule. C'est le message que le nucléariste vient d'adressé aux marchés spéculatifs européens du fait des températures élevées des fleuves, de l'effondrement du débit d'eau et de la canicule.

Un réacteur de la centrale du Tricastin (Drôme) pourrait même être arrêté mettant en danger la stabilité du réseau. Ce serait le black-out. D'autant que plusieurs autres des 19 centrales atomiques éparpillées le long des fleuves ou en bord de mer se trouvent également dans la même situation notamment celle de Saint-Alban (Isère), elle aussi sur les bords du Rhône ou celle de Golfech (Tarn-et-Garonne) au bord de la Garonne. Mais Bugey sur le Rhône et Chooz dans les Ardennes font aussi partie de la vingtaine des réacteurs pouvant être arrêtés (sur 56 réacteurs) dans l'Hexagone.

C'est qu'ici le Rhône à un étiage si bas que le canal de Donzère-Mondragon dans lequel les réacteurs nucléaires puisent l'eau pour leur refroidissement (et la rejettent plus chaude en mettant en péril al faune et la flore aquatique) ne peu fournir l'indispensable pour que les réacteurs puissent fonctionner. D'autant que les autres usagers de l'eau, agriculteurs et populations, ont eux des besoins primordiaux de cette ressource. Il va falloir choisir : le nucléaire ou la vie.

Pour rassurer les politiciens du gouvernement et les spéculateurs européens EDF précise qu'à compter du 6 août 2022 une production minimale de 400 mégawatts (MW) sera maintenue « avec le maintien de deux tranches couplées ». Tour de passe-passe lorsque l'on connaît la configuration de la centrale nucléaire du Tricastin qui comporte 4 réacteurs de 900Mw chacun (regroupés deux part deux sous les dénominations d'installation Nucléaire de Base n° 87 et 88) pouvant produire donc jusqu'à 3600Mw. Et que sous une certaine puissance de destruction atomique au coeur des réacteurs le pilotage du monstre nucléaire devient quasi impossible. On est donc loin du compte. Déjà à deux reprises, les 29 et 31 juillet, le réacteur n°2 de Tricastin a du baisser sa puissance durant plusieurs heures.

La mise en danger de l'environnement, avec la complicité de l'ASN, par de possibles dérogations


2021-04-06_experts-nuk-sante.png.pngMi-juillet, le nucléariste EDF a déjà demandé à l'Autorité de Sûreté Nucléaire de déroger à la règlementation afin de maintenir en fonctionnement les centrales nucléaires de Golfech (82), du Blayais (33) et de Saint-Alban (38). Autrement dit de pouvoir dépasser le seuil de température des rejets permanents d'eau ayant servit à refroidir les réacteurs atomiques. Et de tuer faune et flore locales tout en augmentant l'évaporation inéluctable de l'eau et la production de Gaz à effet de serre (GES). C'est qu'avec les maintenances en cours sur le parc nucléaire d'EDF (réparation des défectuosité et défaillances, défaut de conception) et le nombre de réacteurs toujours à l'arrêt pour des problèmes de corrosion, la moitié des réacteurs ne fournissent aucun kilowatt. Alors il faut faire turbiner les autres au maximum quitte à prendre des risques avec la sécurité et à détruire l'environnement. Et, copain comme cochon, le gouvernement peut prendre aussi des prescriptions temporaires autorisant un dépassement supérieur des niveaux de températures dans les rejets nucléaires. Le nucléaire est inutile mais reste dangereux.

Spéculation sur le dos des populations

La production d'électricité nucléaire française sera en 2022 la plus basse depuis trente ans (1992)* et fait flamber la spéculation sur les marchés européens de l'électricité à l'heure où l'Europe fait face par ses sanctions aberrantes contre la Russie à un manque d'autres ressources de production d'électricité. Les tarifs s'envolent toujours plus sur les marchés français et allemands. Ainsi mercredi 3 août 2022 à 13h le prix "spot" (instantané) de l'électron en France dépassait les 500 euros du mégawattheure (euros/MWh). L'an dernier le même jour à la même heure il s'affichait à 89 euros/MWh!  Lundi, le contrat d'électricité pour le quatrième trimestre 2022 atteignait 779 euros le MWh en France - contre 400 euros en Allemagne. Le parc nucléaire français entraîne désormais les prix de l'électricité dans une spirale infernale. Au coeur de la pire des crises énergétiques de son histoire l'Union Européenne montre sont inutilité et sa nocivité.

Parfois exportateur d'électricité, EDF doit maintenant importer encore plus d'électrons et beaucoup plus chers en provenance des autres pays. Au lieu de développer à marche forcée les énergies renouvelables (solaire électrique, solaire thermique, hydrolien, hydraulique, éolien maritime et petits éoliens décentralisé, géothermie,...) en France le gouvernement sert les intérêts des lobby. L'Allemagne (notamment) vole au secours de la France et devra brûler plus de gaz pour maintenir la stabilité du réseau européen et français. Et cet hiver l'alimentation en électricité de la France sera sous forte tension. Le nucléaire n'assure pas l'indépendance de la France et ne fait pas baisser les prix pour les consommateurs.

Les déboires d'EDF dans le nucléaire ne se limitent pas au chantier de Flamanville. La quasi faillite financière du nucléariste conduit à son renflouement par le gouvernement à hauteur de près de 100 milliards, sur le dos des contribuables bien évidemment.

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*EDF prévoit désormais une production nucléaire comprise entre 300 et 330 térawattheures (TWh) en 2022, contre 330 à 360 TWh prévus initialement. 10 % de moins qu'en pleine pandémie de Covid-19.  Au pic du phénomène, lors de la canicule de 2003, ces baisses de production nucléaire ont même atteint 1,5 % de la production annuelle du parc d'EDF.