Encore une fuite de tritium radioactif à la centrale nucléaire du Tricastin : 2000 litres mortels déversés atteignant jusqu'à 28 900 Becquerel par litre
Par admin le jeudi 23 décembre 2021, 11:17 - Tricastin - Lien permanent
Et ça continue. Les fuites radioactives comme les dissimulations de celles-ci par Edf-Tricastin. Une nouvelle fois le nucléariste à attendu plus de 3 semaines avant de rendre public et de signaler à l'ASN le 15 décembre 2021 le débordement intempestif d'un des réservoirs d’entreposage d’effluents radioactifs liquides ayant eu lieu le 25 novembre, suivit d'un second débordement du puisard de
récupération dont l'étanchéité était défaillante, le tout couronné par la contamination en cascade des caniveaux de récupération des eaux pluviales et les eaux souterraines du site.
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Le 25 novembre 2021, alors que les équipes du nucléariste EDF-Tricastin transféraient de grandes quantités d'effluents radioactifs liquides provenant des réacteurs atomiques (1) vers un réservoir d’entreposage : un important débordement s'est produit. Déjà empli en partie de liquides mortels ce réservoir ne disposait pas, bêtement, d’un volume libre suffisant pour contenir l’ensemble des effluents envoyés. Il a donc débordé. Etonnant dans cette industrie dite de pointe qu'aucun dispositif technique d'état de remplissage et de surveillance pointue de niveau et de radioactivité ne permette de savoir si il y a suffisamment de place avant d'envoyer ces ordures mortelles.
Le système de trop-plein a alors déversé les liquides radioactifs vers un puisard de récupération. Des alarmes se sont enfin déclenchées et il a fallu envoyer de toute urgence des agents sur place pour manœuvrer les vannes permettant de diriger les effluents vers un autre réservoir. Pendant ce temps là le puisard de récupération s’est rempli lui aussi au-delà de sa capacité. Débordement assuré et comme en plus il présentait une inétanchéité dans sa partie supérieure : environ 2 m3 d’effluents radioactifs se sont alors allègrement écoulés vers des caniveaux ... de récupération des eaux de pluies pas du tout conçues ni pour recevoir des liquides radioactifs ni pour être étanches.
Singing in the rain (chantons sous la pluie)
Masquant ces agressions environnementales et dangers c'est sous la contrainte des fortes pluies s'abattant 13 jours plus tard, le 8 décembre 2021, que EDF a du effectuer la vidange des caniveaux en renvoyant alors les effluents radioactifs vers un autre puisard de récupération. Mais depuis le le 25 novembre environ 900 l d’effluents contenant du tritium avaient continué à s'infiltrer dans le sol. Seuls 1,1 m3 d’effluents radioactifs ont ainsi pu être récupérés.
D'après EDF, et entériné par l'ASN qui n'en sera informé que le 15 décembre 2021, le niveau anormal de radioactivité n'aurait été détecté que le 11 décembre 2021 sur un proche puits de
surveillance des eaux souterraines du site. Un jour plus tard, le 12 décembre, le niveau mortel atteignait quand même 28 900 Bq/l de tritium (1 Bq= une désintégration atomique par seconde). La "norme" fixée en France par le lobby nucléaire et l'Etat étant de 1 à 2 Bq/litre. EDF affirme qu'avant cette détection il ne savait pas ce qui se passait au niveau de la contamination radioactive sur le site de cette vieille centrale atomique. Depuis le 25 novembre.
Difficile à croire car les eaux contaminées se sont forcément accumulées dans l'enceinte géotechnique interne située sous les réacteurs et ancrée dans les marnes instables du site. Ces apports ont bien du faire monter en flèche les détecteurs de niveau de radioactivité (à moins qu'ils n'aient été mis hors d'état ou eux-aussi défaillants). Ces eaux ont bien du être pompées et rejetées dans le canal de Donzère Mondragon puis le Rhône pour éviter un autre débordement incontrôlé de milliers de m3 de liquides mortels. Or selon la réglementation ces déversements doivent être contrôlés en permanence et doivent respecter les limites réglementaires de contamination légales autorisées. Fière d'elle la Direction de EDF-Tricastin affirme que la nappe phréatique à l'extérieur du site n'aurait pas été touchée et contaminée. On les croit ou pas?
ASN : au pas lent du chameau
L'ASN va prendre, elle aussi, son temps avant de réaliser le 21 décembre 2021 (2) une inspection
sur site. Étonnement, l'inspection met en évidence des défaillances sur les capteurs des alarmes de niveaux hauts des cuves d’entreposage. Comme c'est bizarre. Ce qu'il y a de fabuleux avec l'ASN c'est qu'elle ré-invente l'eau chaude à chacune de ses interventions. Audacieux, les
inspecteurs ont osé demander à EDF de bien vouloir limiter le volume d’effluents dans les
cuves en attendant la remise en état des capteurs de
mesures de niveaux. Miracle de la technologie et de la pensée technique et de contrôle. Et n'en restant pas là devant le délinquant nucléaire ils ont également demandé la transmission régulière à
l’ASN des résultats d’auto-analyse radiologique des prélèvements réalisés
quotidiennement par EDF dans la nappe interne du site. Le voyou se contrôle lui-même et transmet au surveillant. Histoire de continuer à dissimuler les fuites radioactives et contaminations et que perdure à tout jamais la destruction radioactive artificielle sur Terre. Et le business des uns et des autres.
Attention quand même mes gaillards : une lettre de suite de
cette inspection sera publiée sur le site internet de l’ASN dans le
courant du mois de janvier 2022. EDF-Tricatin tremble de peur. D'autant que ces fuites radioactives liquides viennent s'ajouter aux autres rejets quotidiens ceux-là autorisés par le pouvoir politico-nucléariste (3).
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(1) chaque année la centrale atomique délabrée du Tricastin prélève 4054 millions de m3 d'eau dans le canal du Rhône (rapport annuel environnement 2019 )
(2) https://www.asn.fr/l-asn-controle/actualites-du-controle/installations-nucleaires/avis-d-incident-des-installations-nucleaires/dispersion-de-tritium-dans-la-nappe-souterraine-interne-du-site
(3)
https://www.mediapart.fr/journal/france/261221/nucleaire-importante-fuite-radioactive-la-centrale-du-tricastin?
Commentaires
Selon un rapport récent de l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), des milliers de milliards de kilobecquerels de tritium sont rejetés chaque année par les installations nucléaires implantées dans le monde. Une partie se retrouve dans l'atmosphère et l'autre dans les milieux aquatiques continentaux et marins. Et tue peu à peu le vivant.
L'ASN estime que « le développement de projets de nouvelles installations (EPR, ITER) et l’évolution des modes de gestion des combustibles nucléaires […] conduisent tous deux à une augmentation des rejets en tritium de l’industrie nucléaire » (source wikipedia)