La nucléocratie rackette les contribuables : l'Etat verse encore 994,1 millions d'euros à Areva
Par admin le jeudi 8 juillet 2021, 15:30 - National - Lien permanent
Ca n'en finit plus. Après les 9 milliards de fonds publics versés ces
dernières années à Areva et à EDF, c'est à présent près d'un milliard
d'euros que l'Etat va verser à Areva pour éponger la dette et les
pénalités de retard que le nucléariste doit à la Finlande pour avoir
faillit à ses engagements de construction d'un EPR.
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Organisation d'un braquage
La maffia n'agit pas autrement. Elle place ses affidés à des postes-clefs, prend des participations dans des entreprises - souvent en faillite pour blanchir de l'argent sale - voir les rachète, détourne des fonds publics, manipule des politiciens tant nationaux qu'européens, leur fait adopter des dispositions réglementaires favorables à ses intérêts, empoche des profits pharaoniques frauduleux. Et la justice n'intervient que très rarement et, lorsqu'elle le fait suite à une plainte, tranche souvent en faveur des voyous et des escrocs. Très peu de têtes tombent et les mafieux poursuivent leur parcours tranquillement avec, assez souvent même, une décoration officielle à la clef remise par tel ou tel ministre ami voir un Président. Des gradés des institutions d'Etat et de différents corps, des membres éminents de l'appareil judiciaire public ou commercial, des policiers de la haute et moins haute hiérarchie trempent dans la combine. Ils se tiennent tous par la barbichette et s'accordent sur une seule chose : défendre leurs intérêts personnels et de classe sociale, de pouvoir et de possessions, se couvrir mutuellement.
1 milliard d'euros de plus de fonds publics donné à Areva-Orano
C'est ainsi par un jeu de billard à trois bandes sans fin et par l'enfumage permanent de la population que l'Etat et la nucléocratie détournent des fonds publics au profit des magouilles d'un secteur nucléaire en faillite permanente. Encore une fois, par un tour de passe-passe et un nouvel arrêté gouvernemental échappant au contrôle de l'Assemblée Nationale et des citoyens, l'Etat vole au secours du nucléariste Areva
Ce véritable détournement de fonds publics qui socialise les dettes sur le dos de la collectivité et du bien commun et privatise les profits s'effectue avec l'aval des institutions européennes. Le montage se présente comme légalement parfait mais très hasardeux si une organisation anti-corruption venait à se saisir du dossier.
Le montage du détournement de fonds publics : une valse à plusieurs temps
Dans un premier temps, de part ses erreurs et malversations, ses incompétences techniques et placements hasardeux, ses certitudes de faire une bonne affaire financière et d'assurer l'avenir de son business, sa folie des grandeurs et l'orgueil de ses dirigeants : l'entreprise Areva se retrouve en faillite (2) . EDF suit aussi le même schéma et le même chemin (3).Dans un deuxième temps, les gouvernements et la technocratie des cabinets ministériels noyautés par les affidés de la nucléocratie militaro-civile, octroient au nucléariste des soutiens financiers bien qu'interdits par la réglementation européenne. L’Etat actionnaire (87 %) lui consent un prêt relais de 3,3 milliards. Des fonds publics qui n'iront donc pas aux secteurs de la santé, de l'éducation, de la culture, du social,...
Dans un troisième temps, en accord avec les institutions européennes noyautées par les lobby dont celui du nucléaire, on transforme une partie de ces aides financières directes d'Etat en prise de participation dans le capital de l'entreprise en faillite dont on scinde les « avoirs pourris » de l'activité technique et commerciale.
Pour ce faire on crée de toute pièce d'une part une entreprise bidon chargée de liquider (par des emprunts ou des aides d'Etat) les dettes envers les fournisseurs et clients floués. Ils appellent cela une structure de défaisance qui sera nommées par exemple Areva S.A. Pour rassurer Bruxelles on demandera à des amis étrangers (4) avec qui on est en affaire en leur livrant des produits de fission atomique « Mox » pour leurs réacteurs nucléaires (comme à Fukushima) de prendre une petite participation dans cette nouvelle structure.
D'autre part les activités réelles (bâtiments, terrains, machines, brevets, salarié.es ) seront sauvées de la disparition en les regroupant dans une nouvelle société créée de toute pièce et nommée dans un premier temps « New Co » (détenu aux deux tiers par l’Etat) puis « Orano » (détenu à 40% par Areva). Mêmes dirigeants, mêmes actionnaires, mêmes responsables du désastre, mêmes dangerosités mortelles, mêmes rejets et déchets radioactifs (5). Sur ces 40%, en guise de caution et pour pouvoir obtenir des liquidités 10% des 40% d'Areva dans Orano ont été placés en fiducieL'Etat met la main à la poche en devenant actionnaire aux côtés des anciens autres actionnaires (les mêmes) d'Areva S.A tandis que EDF (6) reprend une partie des activités de Areva en faillite (Areva NP est rebaptisé pour l'occasion « New NP » mais juridiquement peu justifiable devient une « entité miroir » provisoire, sorte de coquille vide). EDF perçoit, au détour, pour « l'acquisition » de ces activités à 2,5 milliards d'euros des fonds publics de l'Etat sous couvert d'augmentation du capital (8). Auquel souscrit... l'Etat .
Pour tenter de faire avaler la pilule tant aux amis européens qu'à la population française et rassurer les « marchés » (spéculateurs) financiers on parle de restructuration d'avenir du secteur nucléaire. On liquide au passage 5000 emplois dans le monde et on vend quelques filiales : cession d’Areva NP, vente d’autres actifs comme Canberra spécialisé dans les appareils de mesure de la radioactivité, Adwen spécialisé dans les énergies renouvelables et Areva TA spécialisé dans les moteurs des sous-marins nucléaires (9). On planifie aussi le dépeçage de EDF en différentes entités privatisables rentables (énergies renouvelables, barrages hydroélectrique, transports de l'électricité) et publique non-rentable et à risques sévères (le nucléaire). On lui donne un nom de combat : le projet "Hercule" qui, en cas d'accroc avec la Commission européenne ou les syndicats, sera resservit sous une autre appellation, l'objectif demeurant le même.
Dans un quatrième temps, on crée un « pool bancaire » avec des organismes financiers d'Etat (Caisse des Dépôts, Banque Publique d'Investissement) et des banques privées d'autant plus intéressées que les opérations sont couvertes et garanties par l'Etat. Le ministre de l'économie prend soin de réaffirmer que « la parole de l'Etat est sacrée et qu'une dette doit être remboursée » notamment car toute dette publique est, depuis le traité européen pourtant refusé par les électeurs lors du référendum, souscrite auprès de banques … privées via la Banque Centrale Européenne et non plus auprès des banques centrales nationales dont chaque Etat avait auparavant le contrôle.Dans un cinquième temps, Areva S.A va souscrire un emprunt de plusieurs milliards d'euros auprès de ce « pool bancaire » monté de toute pièce – emprunt qu'elle sait ne pas pouvoir rembourser - en contre-partie de l'octroi à ce « pool » de parts dans son capital social.
Dans un sixième temps ce « pool bancaire » public-privé met en vente ses parts dans le capital d'Areva SA pour récupérer son argent. L'Etat rachète alors les parts de capital social du « pool » à hauteur de 994,1 millions d'euros (10). Areva S.A est renflouée sur fonds publics. Et toujours ça de moins pour les budgets publics de la santé, de l'éducation, de la culture, du social. Les gouvernements pourront alors : poursuivre la casse de l'hôpital public qui « coûte un pognon de dingue », réorganiser et appauvrir le système éducatif, casser les couvertures sociales des salarié-es (chômage, retraite), privatiser le secteur public,...
Un Etat capitaliste de plus en plus maffieux ?
Au terme de ces magouilles pour sauver l'insauvable nucléaire : l'Etat détourne encore une fois des millions d'euros du budget public vers le nucléaire et devient de fait l'actionnaire majoritaire de la société Areva S.A avec plus de 70,50% de son capital. C'est lui qui éponge les dettes et épongera les dettes à venir du nucléariste. En fait plutôt les contribuables.
Mission accomplit pour l'ex-salarié responsable du lobbying chez Areva (et premier 1er ministre LR nommé par le Président Emmanuel Macron) Edouard Philippe. L'ancien ministre de l'économie du Président socialiste François Hollande se rappelle que la continuité de l'Etat nucléariste ne se questionne pas. Les militaires, polytechniciens et le CEA veillent au grain. Et ça dure comme cela depuis plus de soixante ans et le "coup d'Etat" institutionnel du général de brigade 4 étoiles De Gaulle
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(1) Le client finlandais TVO a porté un contentieux contre Areva devant une cour arbitrale internationale condamnant Areva à verser à son client pour retard et malfaçons 450 millions d'euros. Les travaux avaient commencé en 2005 et devait être achevés en 2015. l'EPR construit sous la tutelle de Areva n'est toujours pas en service à ce jour (8 juillet 2021) . Le ministre de l'Economie de l'époque, Emmanuel Macron, souhaitait un accord avant fin février 2017 et les élections présidentielles. Devenu Président de la République, E.Macron nommera comme premier ministre Edouard Philippe, ancien responsable du lobbying chez Areva.
(2) EDF a perçue une recapitalisation de l’Etat en 2017 de 4 milliards d'euros
(3) Areva a enregistré en 2015 une perte nette de 2,038 milliards d'euros après une perte en 2014 de 4,8 milliards. La perte opérationnelle de 2,11 milliards d'euros en 2014 s'est élevée en 2015 à 1,38 milliard en 2015 tandis que le carnet de commandes d'Areva reculait à 28,9 milliards d'euros et son cash-flox des activités se situait négativement à -590 millions d'euros pour se situer entre -2,0 milliards d'euros et -1,5 milliard d'euros en 2016.
(4) consortium japonais composé de Mitsubishi Heavy Industries et de Japan Nuclear Fuel Limited
(5) NewCo, détenu aux deux tiers par l’Etat, le nouvel Areva devenu Orano ne comporte plus que le cycle des produits de fission atomique de la mine au retraitement appelé aussi faussement « cycle du combustible »
(6) https://www.lemonde.fr/economie/article/2017/01/10/bruxelles-accepte-la-recapitalisation-d-areva-par-l-etat-francais_5060487_3234.html
(7) Éric Lombard, directeur général de la Caisse des Dépôts nommé par E.Macron, diplômé de HEC et "pantouflard" (banque Paribas, conseiller ministériel, DG de Générali France, DG de la CDC, administrateur de la banque publique d'investissement Bpifrance,), conseiller des "Gracques" groupe d'influence social-libéral. en savoir plus : https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89ric_Lombard . Olivier Sichel, directeur général adjoint (Diplômé de l'IEP et de l'ESSEC, Énarque, inspecteur des finances, ex-PDG d'Alapage.com, ex-PDG de Wanadoo, ex-PDG de LeGuide.com, partenaire de la société de capital-risque Sofinnova Partners) en savoir plus : https://fr.wikipedia.org/wiki/Olivier_Sichel
(8)La transaction avec EDF a été aussi suspendue aux résultats des analyses des anomalies de la cuve du réacteur EPR de Flamanville fournie par Areva à l'électricien et conditionnée aux résultats des investigations provoquées par la découverte de falsification des tests qualités des pièces forgées dans l'usine du Creusot d'Areva.
(9) « Le projet de la France d’octroyer une aide à Areva sous la forme d’une injection de capitaux de 4,5 milliards d’euros est conforme aux règles de l’Union européenne en matière d’aides d’Etat, indiquent les autorités européennes de la concurrence. Le plan de restructuration permettra à l’entreprise de devenir viable sans fausser indûment la concurrence au sein du marché unique. » (annonce de la Commission européenne du mardi 10 janvier 2017) mais au nom du respect des règles sur les concentrations, « EDF devra saisir Bruxelles du rachat pour 2,5 milliards de l’activité
fabrication-maintenance des réacteurs, la société Areva NP rebaptisée « New NP » ».
(10)Le groupe Areva avait inscrit dans ses comptes dès 2015 une nouvelle provision a hauteur étonnement de 905 millions d'euros pour le chantier de l'EPR en Finlande. L'Agence des participations de l'État/APE*acquiert 16,59 % du capital d'Orano jusqu'à présent détenue par Areva et la Caisse des dépôts, le montant global de l'opération représente une somme de 994 millions d'euros. L'État rachète ainsi 31 698 333 actions d'Orano, soit 12% de son capital, et achète aussi 12 121 953 actions, soit 4,59% du capital d'Orano, à la CDC pour 275 millions d'euros. Avec cette opération, l'Etat possédera désormais 70,59 % et Areva 9,4 % contre, respectivement, 54 % et 16 % jusqu'alors.
* L'APE exerce, en veillant aux intérêts patrimoniaux de l'État, la mission de l'État actionnaire dans les entreprises et organismes contrôlés ou détenus, majoritairement ou non, directement ou indirectement, par l'État. Placée sous l’autorité directe du ministre de l’Économie et des Finances, elle compte 88 entreprises dans son portefeuille dont celles du secteur nucléaire (EDF, Areva-Orano, Société technique pour l’énergie atomique, Engie) et de l'armement (Thales, Safran, Naval Group, Dassault, Ariane Group, Airbus, ...). en savoir plus : https://fr.wikipedia.org/wiki/Agence_des_participations_de_l%27%C3%89tat#cite_note-a1-1 . Son directeur général, Martin Vial est aussi un "pantouflard". en savoir plus : https://fr.wikipedia.org/wiki/Martin_Vial
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sources à consulter pour plus d'informations détaillées :
. https://www.boursefacile.fr/l-etat-rachete-a-areva-des-parts-dans-orano-64407.html
. https://www.boursedirect.fr/fr/actualites/categorie/actualites-financieres/areva-reduit-sa-perte-nette-en-2015-les-mesures-de-restructuration-peseront-sur-la-tresorerie-2016-aof-ca50ddeac9614b1319d1e2f41e2385b75d66368f
. https://www.boursier.com/actions/actualites/news/2-milliards-de-pertes-pour-areva-en-2015-676612.html
. http://www.fncseg.com/blog/areva-np-pas-dacquisition-avant-fin-2017
. https://investir.lesechos.fr/actions/actualites/areva-toujours-plombe-par-l-epr-finlandais-et-sa-restructuration-1531812.php
. https://www.zonebourse.com/cours/action/AREVA-8084917/actualite/Areva-nbsp-affiche-une-perte-de-deux-milliards-d-euros-en-2015-21919101/
. https://www.lefigaro.fr/societes/l-etat-rachete-a-areva-des-parts-dans-orano-20210706
. https://www.energiesfrance.fr/orano-vente-areva/
. https://www.connaissancedesenergies.org/afp/letat-rachete-des-parts-dans-orano-areva-et-la-caisse-des-depots-210706
. https://www.lesechos.fr/industrie-services/energie-environnement/nucleaire-letat-rachete-a-areva-des-parts-dans-orano-1330172
. https://www.lemonde.fr/economie/article/2021/07/08/nucleaire-l-etat-francais-aide-areva-a-solder-le-passif-de-l-epr-finlandais_6087579_3234.html
Commentaires
Bonjour, je ne lit plus vos infos car j’ai deux handicaps, l’âge, 85 ans, et surtout la vue, DMLA,
mais je tenais à vous dire que j’ai toujours combattu le nucléaire, collectivement et à ma façon en choisissant un mode de vie économe de nos ressources.
Je vous encourage à continuer ce combat. Avec toute ma sympathie .
Il n'y a aucune raison qu'un service public de l'énergie en France soit centralisé et opéré par une seule et même entreprise.
En Allemagne, le service public de l'énergie a toujours été décentralisé avant même l'arrivée des coopératives; il y avait une multitude de Stadtwerke (entreprises municipales) pour l'énergie, et RWE, le pendant allemand de EDF, n'a jamais joué le rôle central et monopolistique qui est celui de EDF en France.
L'endettement et les difficultés financières de EDF sont antérieurs à la question du tarif régulé ou pas.
Les investissements foireux de EDF dans le nucléaire - échec de la filière ITER, sous-estimation du coût de démantèlement des vieilles centrales nucléaires et de la gestion des déchets nucléaires - ont mis EDF au bord de la faillite, ce qui a des conséquences sur la capacité de l'entreprise à opérer correctement les services dont elle a ou aura la concession.
On le voit bien avec la concession des barrages hydroélectriques - dont la plupart des membres d'Attac et les syndicats EDF voudraient le renouvellement ad vitam-aeternam à EDF;
l'entretien de ces barrages se dégrade d'année en année et EDF n'a plus investit un euro dans leur modernisation alors qu'ils en ont sérieusement besoin;
les gouvernements qui se sont succédé ont aussi bien sûr une sérieuse responsabilité sur la situation actuelle de EDF.