Procès d'antinucléaires à Valence : un procureur très déplaisant pour EDF et l'Etat
Par admin le mercredi 30 juin 2021, 12:35 - Tricastin - Lien permanent
Ce mardi 29
juin 2021, l'avocat n'en a pas cru ses oreilles : au procès de
l'intrusion de militants de Greenpeace dans la centrale atomique du Tricastin
(Drôme-Vaucluse) en 2020 pour exiger sa fermeture vu sa vétusté, le procureur a prôné la clémence, renvoyant EDF et l'État à leurs responsabilités en matière
nucléaire.
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source originale : https://www.geo.fr/environnement/au-proces-de-greenpeace-un-procureur-deplaisant-pour-edf-205309
Depuis une loi de 2015, l'action citoyenne est criminalisée et les intrusions dans les centrales atomiques relèvent de la justice pénale. Ce mardi 29 juin des activistes de Greenpeace étaient poursuivis devant le tribunal correctionnel de Valence sur plainte d'EDF, pour avoir pénétré - en découpant du grillage - dans l'enceinte de la centrale du Tricastin le 21 février 2020 au matin. Certains des militants "prévenus" avaient déjà été condamnés à du sursis pour avoir pénétré dans celle de Cruas (Ardèche) à l'automne 2017. Devant le tribunal, avant l'audience, des antinucléaires dont ceux du CAN84 sont venus apporter leur soutien aux mis en cause.
Le but de l'action antinucléaire était de réclamer la fermeture de la centrale
nucléaire "périmée" après 40 ans de fonctionnement. Grimés en ouvriers
d'une société fictive de démontage industriel, les militants avaient mis
en scène un démantèlement à l'aide d'un petit engin de chantier, de
fûts siglés du symbole nucléaire, de faux marteaux géants et de
brouettes. Tous avaient été interpellés, sans rébellion, par la
gendarmerie.
"Nous avons affaire à des activistes déterminés, aux interrogations sérieuses", a estimé le représentant du parquet au sujet des 34 prévenus, 12 femmes et 22 hommes âgés de 28 à 70 ans. Parmi eux, 26 avaient pénétrés dans l'enceinte du site tandis que huit autres, mis en cause pour complicité, manifestaient devant l'entrée principale du Tricastin.
Le Procureur : les sites nucléaires " représentent tous un danger"
Le procureur Michel Coste a prévenu en préambule qu'il pourrait dire des choses "déplaisantes", mais personne dans la salle d'audience ne s'attendait à ce que la partie civile en fasse les frais. "L'image d'EDF, il faut la relativiser", a lancé le magistrat, en réponse à la demande de l'avocat du groupe, Thibault de Montbrial, de 500.000 euros de dommages et intérêts au titre du préjudice moral. Il est arrivé à EDF de se retrouver poursuivie devant un tribunal et "n'oublions pas que son image est écornée aussi par des échecs retentissants", a affirmé le représentant du parquet dans une allusion au projet d'EPR à Flamanville.Rappelant les catastrophes de Three Mile Island (Etats-Unis), Tchernobyl (Ukraine) et Fukushima (Japon), il a ajouté que les sites nucléaires "représentent tous un danger". "Greenpeace et ses bénévoles, jusqu'à présent, n'ont tué personne", a poursuivi M. Coste, évoquant cette fois l'épisode du Rainbow Warrior, un navire de l'ONG coulé par les services secrets français en 1985 - un photographe de l'organisation était mort.
Avant de réclamer des peines d'amende - et non de prison - pour les prévenus ainsi qu'une condamnation "modérée" pour Greenpeace, citée à comparaître comme personne morale par EDF.
"On ne devrait pas être là", avait déclaré avant l'audience Jean-François Julliard, directeur général de Greenpeace, jugeant "scandaleux" que des "lanceurs d'alerte" soient poursuivis. "Je trouve dommage d'être obligé de passer devant un juge pour espérer me faire entendre", a abondé à la barre l'un des mis en cause.
La "désobéissance civile" est un moyen d'action légitime
Venus des quatre coins de la France, agent immobilier, ingénieur, traductrice, retraité, informaticien, animatrice, charpentier, illustratrice ou chômeur, tous expliquent que la "désobéissance civile" est un moyen d'action légitime pour susciter un débat sur le nucléaire. Un argument balayé par l'avocat d'EDF, arrêt de la Cour de cassation à l'appui: le 15 juin, la haute juridiction a rejeté un pourvoi dans lequel Greenpeace invoquait "l'état de nécessité" pour justifier une précédente intrusion dans une centrale de Moselle. Le but de ces actions, "c'est de faire une levée de fonds", a cinglé Me de Montbrial en réclamant "un coup d'arrêt" contre la "délinquance continue" de l'ONG.
"Pour EDF, la seule chose qui compte, c'est de criminaliser Greenpeace" et les antinucléaires, a rétorqué l'avocat de la défense, plaidant une relaxe générale. "Vous n'êtes pas là pour prononcer des dommages et intérêts punitifs. Ca n'existe pas en France", a dit Me Alexandre Faro au tribunal.
Jugement le 7 septembre.
lire aussi : https://reporterre.net/Greenpeace-en-proces-les-craintes-des-antinucleaires-jugees-legitimes
Commentaires
Yes !!!! Super ! Bien fait pour EDF !
C'est LA surprise : un juge clairvoyant (quand même !) sur les "risques nucléaires"
Je lis les infos de la coordination du Sud Est avec beaucoup d'intérêt et je reste abonnée à votre newsletter
En vous remerciant sincèrement
À Londres, le maquillage « camouflage » devient une arme anti-surveillance
https://www.ladn.eu/mondes-creatifs...
L’activisme n’est pas un crime.
Un procès contre deux activistes se prépare en France. L’Etat prend la défense de BlackRock, un fonds d’investissement américain qui finance - entre autres - la déforestation en Amazonie, les labos des vaccins OGM covid19,...
Après deux reports,le procès aura lieu le 7 Juillet 2021. À la barre des accusé, Amil et Mickael, deux militants écologistes poursuivis par la justice française pour avoir participé à une action de Youth for Climate le 10 février 2020 dans les locaux de BlackRock à Paris.
Une centaine de militants avaient occupé et redécoré pendant quelques heures les bureaux de cette multinationale.
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Six chefs d’inculpation ont été retenus dont le plus lourd : complicité de dégradation en réunion.
L’un des objectifs de l’action était d’attirer l’attention du grand public sur l’entreprise, reconnue pour être le plus important gestionnaire d’actifs au monde avec presque sept milles milliards de dollars en gestion en 2019. En effet, l’entreprise, malgré son implication dans plusieurs activités controversées, reste peu connue du grand public.
L'une des actions a eu lieu chez Blackrock le 10 Février 2020 sous l'appellation Avenir en Feu (https://reporterre.net/Le-groupe-fi...) , l'autre sur les Champs Élysée le 30 Mai 2020, sous l'appellation Nos Besoins (https://extinctionrebellion.fr/acti...).