EDF contraint de fermer immédiatement et définitivement sa centrale nucléaire de "Dungeness B" dans le sud de l'Angleterre
Par admin le mardi 8 juin 2021, 09:45 - International - Lien permanent
EDF est contraint de fermer sa centrale nucléaire de "Dungeness B" dans le sud de l'Angleterre. Trop de problèmes techniques ont plombé ce monstre entré en service en 1983 et devenu - comme au Tricastin (Vaucluse-Drôme) mis en service en 1980 - une poubelle des plus dangereuses. A tel point qu'elle était à l'arrêt depuis trois ans. EDF-Energy (filiale de EDF en Grande Bretagne) a du reconnaître, après avoir investit des millions d'euros pour son achat en 2009 et des réparations de type "grand carénage", son impuissance. Et cesser son entêtement au prolongement car certains composants ne sont pas réparables et les risques trop importants. C'est le contribuable français qui paie.
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Terminé! fini, à la casse, on en parle plus (ou presque car demeurent les déchets). Le début de la fin pour EDF qui avait fait main-basse sur toute l'électricité britannique nucléaire en 2013 en rachetant British Energy (8 centrales) au grand désarroi des habitants, des antinucléaires et même du patronat découvrant en plus le projet de construction de 2 réacteurs nucléaires de type EPR (1). La centrale nucléaire de Dungeness B, dans le Kent au sud de l'Angleterre qui fait face à la côte d'Opale française à 50km de là, ferme définitivement sous la contrainte des réalités. Cette centrale nucléaire générait à elle seule 12 % de la production nucléaire en Grande Bretagne.
Encore un mauvais choix d'investissement du nucléariste tricolore qui était parti se fourvoyer Outre-Manche (2), espérant qu'ailleurs l'herbe serait plus verte et plus juteuse pour se redorer le blason et faire oublier les fiascos à répétition en France. A l'arrêt depuis 2018 en raison de problèmes techniques, EDF se faisait fort de remettre d'aplomb cette centrale atomique de 2 réacteurs de près de 40 ans d'âge (3) après quelques réparations fort coûteuses de style " grand carénage". Le jeu en valait la chandelle affirmaient les pontes de la direction et les Pdg successifs (Anne Lauvergeon, Luc Oursel, Henri Proglio et Jean-Bernard Levy) à l'exception du Directeur financier national qui préféra démissionner. On pourrait la faire turbiner encore bien dix années de plus.
Mais la probabilité d'un accident nucléaire à Dungeness était réelle tout comme sur les autres centrales atomiques : “les conséquences peuvent être importantes (avec) parmi elles, la contamination du Sud de l’Angleterre et du Nord de la France” confirme Pete Roche, directeur du Conseil en énergie et environnement d'Édimbourg et responsable du site d'information anti-nucléaire No2NuclearPower.
Canalisations d’eau de refroidissement fragiles et fissures sur les soupapes de sécurité de la cuve sous pression du réacteur
Lundi 7 juin "EDF-Energy" avouait que les dés étaient pipés et jetait l'éponge. "Dungeness B", acquise par EDF en 2009, est confrontée à des "difficultés techniques importantes et persistantes" et, même si certaines d'entre elles ont pu être surmontées (un peu comme au Tricastin), "une nouvelle analyse détaillée a dévoilé de nouveaux risques au sein de certains composants clés" tels l'assemblage des produits de fission atomique (combustible) et autres fissures non réparables car non atteignables. Et surtout dans le circuit primaire notamment sur les canalisations d’eau de refroidissement, des problèmes de corrosion et des fissures sur les soupapes de sécurité de la cuve sous pression du réacteur.
EDF se voit contraint, histoire de faire croire qu'on maîtrise la situation, de passer à "la phase de retrait du combustible avec effet immédiat". Autrement dit l'arrêt définitif et la première étape pour des dizaines d'années du démantèlement des deux réacteurs de Dungeness B.
Rideau, on applaudit cet air de liberté, de libération de la menace nucléaire et des atteintes radioactives permanentes. Mais vigilance car qui dit démantèlement dit risques pour les salariés en charge des opérations, pour la population et l'environnement aussi, et pour les milliers de m3 de déchets mortels à stocker quelque part (mais où? et comment?). D'autant que les projets d'EPR plombent aussi et un peu plus les finances de EDF (4)
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(1) EDF bénéficie d’un prix de 117 euros du
mégawatt-heure (92,5 livres) garanti par le gouvernement britannique soit près du double du prix du marché.
Cette garantie, indexée sur l’inflation, va continuer pendant
trente-cinq ans, une durée exceptionnelle pour un contrat, même signé
par un gouvernement. L’accord signé entre EDF et Londres revient à une subvention qui pourrait s’élever jusqu’à 18 euros par Britannique par an selon Greenpeace. De son côté Dan Lewis, de l’Institute of Directors (association
patronale) s'insurge : « C’est certainement un bon deal pour EDF, mais c’est le pire accord possible pour les consommateurs britanniques ». L’homme se dit pronucléaire, mais estime que le coût imposé
aux Britanniques par l’électricien français est tout simplement trop
élevé. « Il serait moins cher de poser un câble sous la Manche et
d’importer l’électricité nucléaire française, qui se vend actuellement à
35 livres par mégawatt-heure. » (https://www.lemonde.fr/economie-francaise/article/2014/10/09/le-bon-deal-d-edf-en-grande-bretagne-fait-grincer-des-dents-les-britanniques_4503167_1656968.html)
(2) https://www.la-croix.com/Economie/EDF-veut-construire-deux-nouveaux-reacteurs-Grande-Bretagne-2020-05-27-1201096298
https://videos.ehs-france.org/EDF_Energy_Dungenesse_fermeture.html
https://www.francetvinfo.fr/monde/royaume-uni/edf-va-fermer-une-centrale-nucleaire-en-angleterre_4654811.html
https://www.politis.fr/articles/2018/10/les-epr-dedf-en-grande-bretagne-menaces-par-la-mer-39423/
https://www.lemonde.fr/economie-francaise/article/2014/10/09/le-bon-deal-d-edf-en-grande-bretagne-fait-grincer-des-dents-les-britanniques_4503167_1656968.html
https://www.lefigaro.fr/societes/2014/02/10/20005-20140210ARTFIG00049-annee-decisive-pour-edf-en-grande-bretagne.php
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