Enquête : l'énergie nucléaire réchauffe la planète, le climat et la France
Par admin le vendredi 21 mai 2021, 15:45 - National - Lien permanent
Foin des racontars de la nucléocratie : l’énergie nucléaire provoque une pollution thermique du même ordre que
celle des énergies fossiles. Ainsi 30% de la pollution énergétique totale
conduisant au réchauffement global est dû au nucléaire. D'ailleurs les réacteurs
nucléaires réchauffent ainsi plus la planète que de nombreuses technologies
actuelles de production d’électricité. Explications, réalités et vérités
contredisent la propagande pro-nucléaire et de ses affidés politiciens et technocrates. Revue de détails

Jugée recevable, la plainte** a été examinée par le Jury le vendredi 6 mars 2020 (juste avant le premier confinement en France pour cause de COVID 19), et deux mois plus tard - le 4 mai 2020 - le Jury de Déontologie Publicitaire publiait son avis sur cette publicité : la publicité d’Orano méconnaissait plusieurs points de la Recommandation « Développement durable » de l’ARPP et de l’article D1 du code de la Chambre Internationale de Commerce (ICC) et a donc donné raison aux trois plaignants (l’avis du JDP est en ligne sur le site internet de l’ARPP..
Malgré ce couac dans la campagne publicitaire menée par Orano, il n’y a eu aucune conséquence pour cette entreprise : ni obligation de publier un rectificatif public dans les journaux qui avaient diffusé la publicité, ni pénalisation quelconque. Orano a donc continué à diffuser ses mensonges sur les qualités supposées de l’énergie nucléaire.

François Vallet à poursuivit ses investigations et à rédiger une étude indépendante sur les pollutions thermiques et le réchauffement climatique, conséquences de toutes les consommations d’énergies. A partir des consommations d’énergies primaires (fossiles, nucléaire et renouvelables), il a identifié un indicateur annuel de pollution thermique à l’échelle de la planète, de l’Union Européenne et de la France métropolitaine. Pour ces mêmes échelles géographiques, à partir des émissions de gaz carbonique résultant de l’ensemble des consommations d’énergies fossiles, il a pu établir un indicateur annuel de « forçage radiatif d’origine anthropique », sur la base d’un modèle de calcul simplifié (relation de G. MYHRE). Il a ensuite comparé entre eux et entre zones géographiques, la pollution thermique et le forçage radiatif pour voir qu'en s’additionnant ils conduisent au réchauffement global de la planète.
Si vous voulez connaître le détail des raisonnements et des calculs qui ont conduit à ces conclusions, et à quelques autres, lisez ce qui suit.
1/ Toute consommation d’énergie extraite du sous-sol, et qualifiée d’énergie primaire, réchauffe la planète
La notion de « forçage radiatif d’origine anthropique » est généralement utilisée pour caractériser l’impact des consommations d’énergies fossiles, et d’un ensemble d’activités humaines (agricoles, industrielles, d’aménagements, ..), sur le réchauffement climatique. Le raisonnement associé à cette notion est que les émissions de gaz à effet de serre, et principalement de CO2, liées aux combustions d’énergies fossiles et aux autres activités humaines (c’est-à-dire d’origine « anthropique »), augmentent l’effet de serre naturel ou « forçage radiatif naturel » (c’est-à-dire indépendant des activités humaines). Ce déséquilibre du bilan énergétique du système « Planète Terre », c’est-à-dire de la somme algébrique de l’énergie qui entre et de celle qui sort vers le cosmos, conduit à une augmentation de la température moyenne de la Planète. Le rayonnement solaire «emprisonné» par l’atmosphère terrestre, du fait de l’accroissement anthropique de l’effet de serre, serait donc l’unique facteur de réchauffement climatique.

Pour l’impact à court terme (au pas de temps annuel par exemple) des consommations d’énergies primaires on peut déterminer le « forçage radiatif d’origine anthropique » correspondant aux émissions de CO2 liées aux combustions d’énergies fossiles, c’est à dire le rayonnement solaire «emprisonné» par l’atmosphère terrestre du fait de l’accroissement de l’effet de serre par ces émissions.
Pour l’année 2017, sa valeur était de l’ordre de 55.5 gigajoules (GJ) par personne à l’échelle de la planète, l’Union Européenne (28 pays) étant 1,4 fois plus émettrice que la moyenne mondiale et la France métropolitaine un peu au-dessus de la moyenne mondiale (en supposant l’énergie nucléaire exempte d’émissions de CO2, ce qui n’est pas le cas).
A ce forçage radiatif s’ajoute la pollution thermique résultant de toutes les consommations d’énergies primaires (fossiles, nucléaire, biomasse) finalement dégradées en chaleur une année donnée et pour une zone géographique particulière. On peut la calculer en divisant le total des énergies primaires consommées par le nombre d’habitants de la zone géographique observée.
Pour l’année 2017, sa valeur était de l’ordre de 78,5 gigajoules (GJ) par personne à l’échelle de la planète, l’Union Européenne (28 pays) étant 1,7 fois plus émettrice que la moyenne mondiale et la France métropolitaine 2 fois plus.
A ce stade du raisonnement, et des calculs au pas de temps annuel, nous constatons que :
la pollution thermique provoquée par l’énergie nucléaire, à l’échelle de la France où elle fournit 70% de l’électricité, est une cause non négligeable de réchauffement.

2/ Les réacteurs nucléaires réchauffent plus la planète que de nombreuses technologies actuelles de production d’électricité
Les centrales à charbon actuelles ont un rendement de l’ordre de 40% qui peut aller jusqu’à 45% pour les plus récentes. Certaines d’entre elles fonctionnent en cogénération, en Allemagne notamment (9), c’est-à-dire qu’une partie de la chaleur produite est utilisée pour le chauffage de bâtiment et l’autre partie convertie en électricité. Le rendement global de conversion en énergie utile (électricité et chaleur) peut alors atteindre 60%.
Les centrales à gaz ont des rendements de conversion d’énergie primaire en électricité qui vont de 40% (turbines à combustion) à 60% pour les plus performantes (centrales à cycle combiné associant une turbine à combustion et une chaudière couplée à une turbine à vapeur). EDF s’est d’ailleurs vantée d’avoir construit la centrale à cycle combiné la plus performante au monde avec un rendement de plus de 61% (10).
Et il est possible d’améliorer ce rendement (pour atteindre près de 90%) par la cogénération de chaleur et d’électricité. De nombreux réseaux de chaleur (qualifiés également de chauffage urbain) en Europe sont équipés de telles installations pour minimiser les consommations d’énergies fossiles, les coûts de chauffage et …les émissions de gaz à effet de serre. Malheureusement, le gouvernement actuel semble vouloir éliminer du paysage énergétique français ce mode d’utilisation efficace de l’énergie alors qu’il alimente de nombreux réseaux de chauffage urbain mais aussi des sites industriels et des serres horticoles.

Une simulation réalisée à l’échelle de la France avec les données de l’année 2017 montre que la pollution énergétique totale serait réduite de l’ordre de 9% avec une production d’électricité par centrales à gaz à haut rendement (60%) remplaçant en totalité la production d’électricité par réacteurs nucléaires. Et une autre simulation réalisée à partir des données 2017 de production d’électricité en France montre que la pollution énergétique totale a été de 10,38 mégajoules (MJ) par kWh électrique produit par les centrales à gaz alors qu’elle a été de 11,61 mégajoules (MJ) par kWh électrique produit par les centrales nucléaires.
L’argument du respect des engagements climatiques, avancé par le gouvernement français pour repousser de 2025 à 2035 la réduction à 50% de la part du nucléaire dans la production d’électricité, ne tient donc pas la route.
3/ Les émissions de gaz à effet de serre du nucléaire ne sont pas nulles
J’ai fait jusque-là l’hypothèse simplificatrice que les émissions de gaz à effet de serre de l’industrie nucléaire, nécessaire au fonctionnement des réacteurs de production d’électricité, sont nulles. Or ce n’est pas la réalité. Pour ce qui concerne les mines d’uranium et les usines de transformations de celui-ci en «yellow-cake», toutes situées hors de France, des émissions de gaz à effet de serre ont bien lieu. Mais elles sont réalisées hors de France. Elles contribuent bien au réchauffement global et constituent une partie de « l’empreinte climatique » de la France hors de ses frontières géographiques. Elles devraient lui être attribuées.

La vapeur d’eau est le principal gaz à effet de serre
Les tours de refroidissement des réacteurs nucléaires émettent de la vapeur d’eau, principal gaz à effet de serre. Mais ces émissions ne sont pas prises en compte dans les calculs de « forçage radiatif d’origine anthropique ».
La raison avancée par les spécialistes des questions climatiques est que la vapeur d’eau a un très faible temps de séjour dans l’atmosphère, bien inférieur à celui du CO2 et des autres gaz à effet de serre. Une autre raison avancée est que la quantité de vapeur d’eau générée par les activités humaines est très faible par rapport aux quantités mises en jeu par les phénomènes naturels (évaporation des plans d’eau, mers et océans, évapotranspiration des surfaces boisées et cultivées).
Par ailleurs le rôle de la vapeur d’eau dans le changement climatique fait l’objet de débats scientifiques. Certains considèrent qu’elle joue un rôle régulateur alors que d’autres considèrent qu’elle joue un rôle amplificateur.
Quoiqu’il en soit, les quantités considérables de vapeur d’eau dégagées dans l’atmosphère, par les tours de refroidissement des réacteurs nucléaires qui en sont équipés (38 sur 58 en 2017), créent des phénomènes locaux assez surprenants et spectaculaires (par exemple des chutes de neige par beau temps froid en hiver, très localisées autour des centrales nucléaires). Ces phénomènes devraient attirer l’attention sur la nécessité de ne pas négliger les émissions de chaleur d’origine anthropique dans tous les pays avec une forte production d’électricité à partir d’énergies fossiles ou nucléaire.
Que faut-il conclure ?
Les réacteurs nucléaires sont de mauvais convertisseurs d’énergie primaire en électricité : une perte de 2 tiers
La France a la particularité d’être le pays au monde le plus nucléarisé, en rapport au nombre d’habitants. Or les réacteurs nucléaires sont de mauvais convertisseurs d’énergie primaire en électricité dont plus de 2/3 de l’énergie de fission est dégagée directement dans l’air et dans l’eau des fleuves ou de mer. Cette pollution thermique massive contribue à la perturbation de l’équilibre énergétique du système Planète Terre et s’ajoute à celle du « forçage radiatif d’origine anthropique », tous deux directement liés aux consommations d’énergies primaires.

C’est un fait, le nucléaire réchauffe bien la portion française de la planète terre, jusqu’à la Méditerranée et sans doute au-delà, de manière conséquente et à long terme.
C’est un mensonge grave de la part des dirigeants politiques français que de prétendre atténuer le réchauffement climatique avec l’énergie nucléaire. Présentée de manière trompeuse comme décarbonée celle-ci est au contraire un facteur déterminant du réchauffement climatique à l’échelle de la France. Contrairement à ce que prétendent les nucléaristes, l’arrêt du nucléaire fait partie des actions indispensables pour préserver le climat…et bien d’autres choses.
*François Vallet, enseignant-chercheur
** cette publicité a fait l’objet de trois plaintes distinctes : par ordre chronologique, celle de François Vallet, celle d’un enseignant-chercheur observateur attentif des pratiques publicitaires et celle de l’association « Réseau Sortir du Nucléaire ».
https://www.rhone-mediterranee.eaufrance.fr/sites/sierm/files/content/migrate_documents/EtudeThermiqueRhone-Plaquette-Mai2016.pdf
3) 67,1% en 2020, en baisse de 11,6% par rapport à 2019 selon le « Bilan électrique français 2020 » publié par RTE
https://www.rte-france.com/analyses-tendances-et-prospectives/bilans-electriques-nationaux-et-regionaux
4) 25% en 2020, en baisse de 10% par rapport à 2019, selon l’étude EMBER et Agora Energiwende publiée en janvier 2021 et citée par Euractiv
https://www.euractiv.fr/section/energie/news/renewables-overtook-fossil-fuel-as-main-source-of-eus-electricity-in-2020/
https://static.agora-energiewende.de/fileadmin/Projekte/2021/2020_01_EU-Annual-Review_2020/A-EW_202_Report_European-Power-Sector-2020.pdf
5) 10,3% en 2019, stable par rapport à 2018, selon le World Nuclear Industry Status Report
https://www.worldnuclearreport.org/
6) Même les énergies renouvelables dérivées du rayonnement solaire (biomasse, hydraulique, éolien, solaire thermique et photovoltaïque) et la géothermie, se transforment en émissions de chaleur dans l’environnement lors de leur utilisation. Mais, mis à part pour la biomasse, elles ne s’ajoutent pas à celles des énergies fossiles et de l’énergie nucléaire car il n’y a pas «consommation » mais uniquement « dérivation » d’une partie du rayonnement solaire incident converti au final en chaleur.
7) Global energy accumulation and net heat emission - Bo Nordell and Bruno Gervet
https://www.researchgate.net/publication/229038139_Global_energy_accumulation_and_net_heat_emission ou sur http://www.coordination-antinucleaire-sudest.net/2012/public/pdf/2009_Nordell-Global_energy_accumulation_and_net_heat_emission-1.pdf
8) Cette valeur est d’ailleurs surestimée car toute la chaleur dégagée depuis l’entrée de l’uranium en France jusqu’au stockage à long terme des déchets nucléaires n’est pas prise en compte dans le calcul. Ne sont pas comptés, par exemple, les dégagements de chaleur des «combustibles usés», extraits périodiquement des réacteurs pour être remplacés par des «combustibles neufs» et qui doivent être refroidis pendant plusieurs années pour éviter leur fusion et la dispersion de radioactivité dans l’environnement.
9) Centrale à charbon Datteln 4 en Rhénanie-du-Nord-Westphalie
https://allemagne-energies.com/tag/centrale-a-charbon-datteln-4/
10) La centrale électrique de Bouchain entre au Guiness Book des records pour sa performance
https://france3-regions.francetvinfo.fr/hauts-de-france/nord-0/valenciennes/centrale-electrique-bouchain-entre-au-guiness-book-records-sa-performance-1027303.html
1/ Origine des données utilisées pour les calculs de la pollution thermique et du « forçage radiatif d’origine anthropique », pour l’année 2017 et à l’échelle mondiale, de l’Union Européenne (UE 28) et de la France. Les données de même nature sont issues de la même source pour permettre les comparaisons entre les différentes échelles d’observation.
- Consommations d’énergies primaires :
« Un monde d’énergie – Edition 2019 » publié en avril 2019 par la société Engie (tableau page 29)
https://www.engie.com/sites/default/files/assets/documents/2020-01/un-monde-denergie-edition-2019-engie1_compressed_0.pdf
- Facteurs d’émissions de CO2 des énergies fossiles :
« Chiffres clés du climat France Europe Monde - Edition 2020 - Novembre 2019 », ministère de la «transition écologique » (tableau page 78)
https://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/sites/default/files/2019-11/datalab-62-chiffres-cles-du-climat-france-europe-monde-edition2020-novembre2019_0.pdf
- Superficie de la terre : 510 067 420 km² (Source Wikipedia)
- Population mondiale, de l’Union Européenne (UE 28), de la France, en 2017 :
« Population & Sociétés », numéro spécial « Tous les pays du monde » publié par l’INED
https://www.cairn.info/revue-population-et-societes-2017-8-page-1.htm
- Quantité de CO2 présent dans l’atmosphère en 2016 (3 367 Gt) :
« Chiffres clés du climat France Europe Monde - Edition 2020 - Novembre 2019 », ministère de la «transition écologique » (schéma page 13)
2/ Calculs préalables à celui du « forçage radiatif d’origine anthropique »
- Emissions annuelles de CO2 dues aux combustions d’énergies fossiles : produit des consommations annuelles d’énergie primaire par les facteurs d’émission de chaque énergie résultant des équations de combustion.
Pour l’année 2017 ces émissions à l’échelle mondiale ont été de près de 36 500 Mt, 42% du fait de la combustion de charbon, 38% du fait de la combustion de produits pétroliers, 20% du fait de la combustion de gaz naturel.
- Accroissement annuel de la masse de CO2 dans l'atmosphère : 45% des émissions se retrouvent dans l’atmosphère, le reste étant supposé absorbé par les océans et par la végétation (selon informations page 14 du document « Chiffres clés du climat France Europe et Monde - Edition 2020 Novembre 2019 »).
Pour l’année 2017 cet accroissement de la masse de CO2 dans l’atmosphère, est de l’ordre de 16 400 Mt, le reste étant supposé absorbé par les océans et la végétation.
- Masse de CO2 déjà présent dans l'atmosphère l’année n-1 : c’est la masse totale présente dans l’atmosphère terrestre en 2017 (3 384 Gt en 2017 moins 16,4 Gt d’accroissement en 2017, soit 3 367,6 Gt).
- Accroissement annuel de la concentration en CO2 (Cn/Cn-1) : c’est le rapport entre la masse totale présente l’année du calcul (masse initiale + accroissement annuel) et la masse totale présente l’année précédente (masse initiale).
Pour l’année 2017 le rapport Cn/Cn-1 est de 1,0049.
3/ Calcul du « forçage radiatif d’origine anthropique » (FROA), dû aux émissions annuelles de CO2
La relation simplifiée de G. MYRHE, citée par Wikipedia, a été utilisée (https://fr.wikipedia.org/wiki/For%C3%A7age_radiatif) FROA = 5.35 ln (Cn/Cn-1) = 0,0260 W/m² ou 26 mW/m²
Pour l’année 2017 et pour l’ensemble du système « Planète Terre » cela correspond à une énergie solaire « piégée » sur Terre de plus de 116 000 TWh (0,026 W/m² x 510 067 420 km² x 8 760 h/an).
Et cela correspond à 55,5 GJ (gigajoules) par habitant.
4/ Calcul de la pollution thermique due aux consommations d’énergies primaires
Toute l’énergie consommée se dégrade en chaleur. En 2017, la consommation totale d’énergies primaires à l’échelle mondiale a été de 14 126 Mtep (1,87 tep par personne) ou encore 164 285 TWh soit 78,5 GJ par habitant.
5/ Tableaux de calculs détaillés à l’échelle du monde, de l’UE 28, de la France


ANNEXE 2 : données utilisées, hypothèses de calcul et résultats intermédiaires ayant conduit aux valeurs indiquées dans le paragraphe 2 de l’article ci-dessus
1/ Origine des données utilisées pour les calculs de la pollution thermique et du « forçage radiatif d’origine anthropique », pour l’année 2017 à l’échelle de la France.
- Consommations d’énergies primaires :
« Chiffres clés de l’énergie - Édition 2018 - Septembre 2018 » publié par le ministère de la transition écologique (pages 16 et 17) :
https://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/sites/default/files/2018-10/datalab-43-chiffres-cles-de-l-energie-edition-_2018-septembre2018.pdf
- Facteurs d’émissions de CO2 des énergies fossiles :
« Chiffres clés du climat France Europe Monde - Edition 2020 - Novembre 2019 », ministère de la «transition écologique » (tableau page 78)
https://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/sites/default/files/2019-11/datalab-62-chiffres-cles-du-climat-france-europe-monde-edition2020-novembre2019_0.pdf
- Production et consommation d’électricité en France, émissions de CO2 associées :
« Bilan électrique de la France en 2017 » RTE (pages 21 et 36)
https://assets.rte-france.com/prod/public/2020-06/bilan_electrique_2017.pdf
- Population de la France métropolitaine, en 2017 : 67 187 000 personnes selon l’NSEE
https://www.insee.fr/fr/statistiques/3305173
Les consommations d’énergies primaires utilisées pour les calculs sont celle de la France métropolitaine non corrigées des variations climatiques. Les ressources primaires correspondant à des usages non énergétiques et aux « soutes internationales maritimes et aériennes » ainsi que le solde exportateur d’électricité ont été déduits du bilan de consommation d’énergies primaires.
La pollution thermique due au nucléaire ne tient pas compte des dégagements de chaleur hors réacteurs par les « combustibles usés » et les déchets radioactifs.
Pour les calculs d’émissions de CO2, le nucléaire est considéré à zéro émission en France métropolitaine.
La combustion de biomasse et de déchets d’origine biologique est supposée sans émission nette de CO2 celui réellement émis étant absorbé par la croissance des végétaux (hypothèse d’une utilisation de biomasse inférieure au flux annuel produit et donc sans consommation des stocks).
Le CO2 émis par les activités humaines étant le principal facteur de l’effet de serre additionnel, selon le GIEC, le « forçage radiatif d’origine anthropique » provoqué par les émissions annuelles est calculé en ne prenant en compte que ce seul gaz.
2/ Calculs préalables à celui du « forçage radiatif d’origine anthropique » à l’échelle de la France
- Emissions annuelles de CO2 dues aux combustions d’énergies fossiles : produit des consommations annuelles d’énergie primaire par les facteurs d’émission de chaque énergie résultant des équations de combustion.
Pour l’année 2017 ces émissions à l’échelle de la France ont été de près de 307 Mt, 60% du fait de la combustion de produits pétroliers (combustibles et carburants), 28% du fait de la combustion de gaz naturel et 12% du fait de la combustion de charbon. Ces émissions ne tiennent pas compte des importations d’uranium de la France et des émissions des activités minières et de préparation de l’uranium hors de France.
- Contribution de la France à l’accroissement annuel de la masse de CO2 dans l'atmosphère : les émissions de la France en 2017 (307 Mt) représentent un peu plus de 0.8 % des émissions mondiales en 2017 (de l’ordre de 36 500 Mt) et ont contribué à ce niveau à l’accroissement annuel de la masse de CO2 dans l'atmosphère.
3/ Calcul du « forçage radiatif d’origine anthropique » (FROA), dû aux émissions annuelles de CO2
Pour l’année 2017 et pour l’ensemble du système « Planète Terre » l’énergie solaire « piégée » sur Terre a été estimée à plus de 116 000 TWh.
La part de la France dans ce « forçage radiatif d’origine anthropique » peut être considérée comme proportionnelle à la part de la France dans l’accroissement annuel de la masse de CO2 dans l'atmosphère (un peu plus de 0.8 %) soit 978 TWh.
Cela correspond à 52 GJ (gigajoules) par habitant.
4/ Calcul de la pollution thermique due aux consommations d’énergies primaires
Toute l’énergie consommée se dégrade en chaleur.
En 2017, la consommation totale d’énergies primaires à l’échelle de la France a été de 234 Mtep (3.5 tep par personne) et a entraîné une pollution thermique de 2 641 TWh soit 142 GJ par habitant. La part de l’énergie nucléaire dans cette pollution thermique est de l’ordre de 46% (1 207 TWh), celles des autres énergies (fossiles, biomasse et déchets) de l’ordre de 54%.
5/ Calcul de la pollution énergétique totale (pollution thermique et « forçage radiatif d’origine anthropique ») due aux consommations d’énergies primaires
La pollution thermique et le « forçage radiatif d’origine anthropique » s’additionnent.
La pollution énergétique totale à l’échelle de la France a donc été de 3 425 TWh soit 184 GJ par habitant.
La part de l’énergie nucléaire dans cette pollution énergétique totale est de l’ordre de 33% (1 207 TWh), celles des autres énergies (fossiles, biomasse et déchets) l’ordre de 67%.
6/ Comparaison du gaz et du nucléaire pour la production d’électricité en France au regard des pollutions énergétiques qu’ils provoquent
En utilisant les données publiées par RTE pour la production d’électricité en 2017 et les autres données indiquées précédemment on peut obtenir la pollution énergétique totale provoquée par la production d’un kilowattheure électrique, soit par le gaz, soit par l’énergie nucléaire.
Les valeurs obtenues sont de 10,38 MJ/kWhe pour le gaz et de 11,61 MJ/kWhe pour l’énergie nucléaire.
Remplacer la totalité de la production d’électricité nucléaire par une production au gaz avec les technologies actuellement utilisées en France conduirait donc à une réduction significative de la pollution énergétique totale et du réchauffement climatique qu’elle provoque.
7/ Tableaux de calculs détaillés à l’échelle de la France pour l’année 2017


ANNEXE 3 : calculs d’indicateurs d’ordre général
1/ Contribution du nucléaire à l’approvisionnement en énergies finales de la France en 2017
Elle peut être estimée à 19,5 % valeur égale au produit de la part du nucléaire dans la production d’électricité (71,6% indiqué page 21 du bilan annuel établi par RTE) et de la part de l’électricité dans la consommation d’énergies finales en 2017 (27,2% calculé à partir des données de consommations d’énergie finale publiées par le Ministère de la transition écologique pages 16 et 17 du document « Chiffres clés de l’énergie - Édition 2018 - Septembre 2018 »).
2/ Chaleur perdue par les 58 réacteurs nucléaires en service en France en 2017
Elle peut être estimée en première approche à 828 TWh soit la consommation d’énergie primaire pour la production d’électricité nucléaire (1 207 TWh) moins la production d’électricité d’origine nucléaire (379 TWh selon indications en page 21 du bilan annuel établi par RTE).
3/ Consommations d’énergies utilisées pour le chauffage et la production d’eau chaude sanitaire de l’ensemble des logements en France en 2017
Les données sont issues des publications du ministère de la « transition écologique » : https://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/sites/default/files/2020-12/consommation-energie-parc-residentiel-2019.xlsx
Les consommations d’énergies utilisées dans l’ensemble des logements en France en 2017 ont été de 307,6 TWh pour le chauffage et de 49 TWh pour la production d’eau chaude sanitaire, soit un total de près de 357 TWh.
La chaleur perdue par les réacteurs nucléaires (828 TWh) représentait donc en 2017 plus de 2,3 fois les consommations d’énergies finales pour le chauffage et l’eau chaude sanitaire de la totalité des logements en France (357 TWh).
Commentaires
Oui - mais comme je l'explique ici http://www.sciepub.com/IJP/abstract... on peut transformer de l'intérieur les réacteurs en branchant des accélérateurs de particules sur les coeurs pour piloter et mettre en sous critique, supprimant entièrement ces pertes de chaleur. Cela permet aussi d'augmenter fortement la durée de vie des cuves. J'ignore si mon idée est en voie d'implémentation. Dans cet autre papier http://www.sciepub.com/IJP/abstract... j'ai présenté un autre concept qui peut servir pour Fessenheim du fait du problème particulier de la hauteur du Rhin par rapport à la centrale, ce concept nouveau permet aussi des microunités de production. D'une manière générale la technologie sous-critique fait son petit chemin. Y compris pour la propulsion militaire ! Mais elle manque dramatiquement de publicité.
Je tiens enfin à rappeler que du fait que pour l'armement antichar-antibunker la fission nucléaire est indispensable, et pour l'interception des astéroïdes par exemple l'abolition de la bombe atomique est strictement impossible, et des frappes nucléaires avec des bombes propres (fission boostée et fort taux d'hydratation des bombes dans des microtêtes à implosion sphérique - officiellement les bombes aussi ne dépassent pas 30% de rendement mais je pense qu'on peut faire bien mieux, i.e. énorme boule de lumière, quasi pas de nuage) sont une composante essentielle de la sécurité collective. Le tabou chrétien sur les frappes propres (et son corollaire, l'obsession pour les produits de fission) est le premier responsable des armements sales, à UA.
>>> NDLR : monstrueux ! l'armement c'est la mort tout comme le nucléaire est le principe de la destruction de l'atome. IL ne peut y avoir de guerre propre puisque le but est la destruction tout comme il ne peu y avoir de nucléaire propre puisque le but c'est de détruire et d'augmenter ainsi la radioactivité mortelle. La technique et la technologie asservit à la mort est l'asservissement même des êtres, du vivant, de la planète. Croire dans un nouveau dieu (atome, technique) est une fuite en avant infantile. Voir à ce sujet : Alexandre Grothendieck ( considéré, par nombre de ses pairs, comme le plus grand mathématicien du XXème siècle. Médaille Fields 1966), il était le co-fondateur du mouvement de scientifiques critiques "Survivre et Vivre" qui édita la première revue d'écologie politique française éponyme : Réflexions : Allons-nous continuer la recherche scientifique ? Un texte d'Alexandre Grothendieck (1928-2014)
Détenu à 84 % par l'Etat, EDF est une histoire française. Mais aujourd'hui, endetté de 42 milliards d'euros, le groupe est incapable de faire face au mur d'investissement nécessaire pour à la fois prolonger la durée de vie des centrales nucléaires françaises et rivaliser avec les champions mondiaux des énergies renouvelables.
https://www.lesechos.fr/industrie-s...
Bonjour,
J'ai beaucoup apprécié l'analyse faite dans votre article sur ce sujet car elle rejoint ce que j'avais écrit lors la consultation faite par l'ASN relative à la prolongation de la durée de vie des réacteurs de 900MW (voir fichier :http://www.coordination-antnucleair... ).
Il me serait agréable d'avoir une copie de votre article(.pdf ou autre) et de pouvoir rentrer en contact avec François VALLET qui a contribué de façon très détaillée à cette enquête.
Etant membre du GSIEN depuis sa création en 1975 et étant résident dans le Sud-Est, je suis intéressé à rejoindre votre coordination pour faire face à la communication mensongère du lobby nucléaire (EDF en particulier) devenue insupportable ces derniers temps.
Merci pour votre réponse.
Bien cordialement.
-> Ndlr : l'auteur de l'article peut être contacter sur francois.vallet@laposte.net
Le calcul du bilan thermique est intéressant, car au moins il fournit une vraie base argumentée.
Par contre, dans le bilan énergétique, le forcage radiatif n'est supposé ne compter qu'une seule année. Hors, le problème du CO2 c'est qu'il s'accumule dans l'atmosphère et qu'une tonne de CO2 émise va continuer de chauffer pendant plusieurs dizaines d'années. Alors que la pollution thermique n'est produite qu'une fois. Il me semble que prendre en compte ce fait modifierait significativement l'analyse, jusqu'à en changer la conclusion, non ?
A moins que quelque chose ne m'ait échapé.