Rapport 2021 de l'IRSN sur les effets délétères du tritium sur la santé : depuis le début les dés sont pipés et les informations publiques erronées
Par admin le samedi 8 mai 2021, 16:54 - National - Lien permanent
Le dernier rapport de l'IRSN (6 mai 2021) sur l’état des connaissances
relatives aux effets biologiques du tritium
révèle un aveux jusqu'ici caché par la sphère nucléocratique et l'Etat :
les dés des expérimentations étaient pipés, les informations rendues publiques biaisées tant en France qu'au niveau international et des organismes officiels. Autre révélation : le tritium provoque bien des dommages à l’ADN et à des effets cytogénétiques conduisant au cancer lors d'une exposition chronique au tritium à des niveaux d’exposition plus faibles et des durées d’expositions plus longues comme le subissent les habitants de la vallée du Rhône et riverains des centrales nucléaires.
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Le dernier rapport de l'IRSN du 6 mai 2021 (1) sur l’état des connaissances relatives aux effets biologiques du tritium et qui prolonge les recommandations du livre blanc du tritium (ASN, 2010) et complète le rapport de 2017 sur le comportement du tritium (2) dans l’environnement révèle un aveux jusqu'ici caché par la sphère nucléocratique et l'Etat : les dés étaient pipés, les informations rendues publiques biaisées. Extraits :
"Les études des effets biologiques du tritium décrites dans la littérature jusque dans les années 2010 ont généralement porté sur des expositions très élevées (>106kBq/L), de plusieurs ordres de grandeurs supérieures aux concentrations environnementales de tritium, tandis que des études considérant de faibles activités de tritium (<1 103kBq/L) étaient rares... De plus, la grande majorité de ces expérimentations étaient réalisées avec de l’HTO seul (eau tritiée appelée aussi « eau lourde »), à des débits de doses élevés sur des périodes relativement courtes (de quelques jours à quelques semaines)" du fait notamment de "l’absence de connaissance sur la spéciation chimique du tritium dans l’environnement (cf.section 1.2.1) " Ainsi les recommandations internationales (CIPR) de contamination de la population jusqu'ici affirmée comme "acceptables" se révèlent avoir été minorées de 10% à 25% en inhalation naturelle. C'est ce que dénoncent depuis des décennies les antinucléaires et ce que subissent les riverains des centrales nucléaires qui rejettent jour et nuit du tritium dans l'air et dans l'eau. En France, le tritium est à l’heure actuelle le radionucléide prépondérant dans les rejets des industries nucléaires en termes de radioactivité (3).
Dommages à l’ADN, effets cytogénétiques, cancers notamment dans le couloir rhodanien
Si les nouvelles expérimentations conduites par l’IRSN n’ont pas porté sur l’observation des cancers (même si elles comprennent des analyses qui confirment les dommages à l’ADN et les effets cytogénétiques dont les résultats sont considérés comme pertinents pour les mécanismes conduisant au cancer) : d’autres expérimentations complémentaires ont étudiées la fréquence d’apparition de cancers chez des rongeurs par le Canadian Nuclear Laboratories Laboratoires Nucléaires/CNL associé à l'IRSN (protocole et résultats préliminaires résumés en Annexe 3).
Ce programme de recherche collaboratif a donc générer des résultats sur les effets biologiques d’une exposition
chronique au tritium, à des niveaux d’exposition plus faibles et des
durées d’expositions plus longues que ceux disponibles dans la
littérature. Il a comparé aussi les effets du tritium sous forme d’HTO (eau tritiée appelée aussi « eau lourde ») et de TOL, (Tritium Organiquement Lié) et ceux engendrés par
une exposition aux rayonnements gamma (radioactifs) en utilisant des molécules
tritiées disponibles commercialement plutôt qu’avec de la nourriture
naturelle contaminée en tritium afin de mieux contrôler les conditions
expérimentales et d’essayer de mieux cerner les toxico-cinétiques du
TOL.
Au menu de ces réjouissances : les effets biologiques et sanitaires du tritium sur l’homme et l’animal., la radiotoxicologie humaine et environnementale, la biocinétique du tritium, les dommages à l’ADN et effets cytogénétiques du tritium, les marqueurs de toxicité tissulaires du tritium, les effets du tritium sur l’embryon ou le fœtus, l'efficacité biologique relative (impact nocif sur les tissus et organes) du tritium, les effets du tritium sur l’homme et sur l’environnement avec des correspondances entre concentrations, débits de dose et doses cumulées.
2,8 1013 kBq de tritium sont rejetés chaque année par les installations nucléaires implantées dans le monde
"Aujourd’hui, on estime qu’environ 2,8 1013 kBq de tritium sont rejetés chaque année par les installations nucléaires implantées dans le monde, 1,2 1013 kBq dans l’atmosphère et 1,6 1013 kBq dans les milieux aquatiques continentaux et marins (UNSCEAR, 2000, 2006, 2017).
Outre les rejets de l’industrie nucléaire, d’autres sources de
tritium d’origine artificielle, mal identifiées car diffuses, sont
également observables dans l’environnement, de l’échelle locale à
régionale, et de manière sporadique. Elles sont à mettre en
relation avec des effluents ou des résidus contenant des
molécules marquées produites par des procédés de technologie
industrielle (origine dite «technogénique»). Les molécules organiques
marquées au tritium tels les résidus de peinture tritiée utilisée dans les ateliers
d’horlogerie implantés dans les bassins versants du haut Rhône en sont une illustration tout comme celles rejetées par l’industrie pharmaceutique Amersham
(Baie de Cardiff, UK) qui en sont
une autre.
Le tritium a été utilisé au milieu du siècle dernier pour ses propriétés de luminescence, en particulier au sein des ateliers d’horlogerie (Krejci et Zeller, 1979) en remplacement du radium-226 utilisé dès 1920. Le tritium est aussi utilisé dans les laboratoires de recherche, comme traceur dans l’exploration pétrolière et gazière, et en hydrogéologie et hydrologie, ou encore dans les hôpitaux. (Thompson et al., 2011; Galeriu et al., 2005 ; WHO, 1983).
La voie prépondérante d’exposition toxique pour le public est l’ingestion
L’état de l’art (IRSN, 2017) montre que la forme majoritaire du tritium dans la biosphère est l’eau tritiée (HTO) et que la voie prépondérante d’exposition pour les membres du public est l’ingestion.
Cette forme est observée dans l’ensemble des différentes composantes de l’hydrosphère : eaux de pluie, eaux naturelles de surface, eaux souterraines, eaux de mer, eaux interstitielles des sols et des sédiments, eaux d’évapotranspiration (Connan et al., 2015). Le tritium est présent dans l’atmosphère sous la forme de vapeur d’eau (HTO), également sous la forme d’hydrogène tritié (HT), de méthane tritié (CH3T) ou autres gaz organiques (Torg), ainsi que sous la forme de particules d’aérosols tritiées, cette dernière forme étant très peu documentée. Dans le cas des installations nucléaires en démantèlement ou bien des centres de retraitement du combustible irradié, la forme HT est souvent prédominante dans les rejets atmosphériques (IRSN, 2017)
Si le tritium suit intimement le cycle de l’eau, il intègre
également le cycle de la matière organique, lors de processus tels que
la photosynthèse, ou chez les animaux, la biosynthèse des molécules
constitutives des cellules (Murphy, 1993; Kim et al., 2013 a et b). Au
sein des organismes vivants, le tritium est présent soit sous la forme
d’eau tissulaire (TFWT, Tissue free Water Tritium), soit sous la forme
de tritium organiquement lié (TOL) plus ou moins échangeable avec les
formes libres du milieu environnant (Tritium organiquement lié
Echangeable, TOL-E, et Tritium organiquement lié Non Echangeable,
TOL-NE). Le TOL peut être présent dans tous les composés organiques tels
que les sucres, les lipides, les protéines, les composés cellulosiques
et ligneux. Dans le cas du TOL, si le tritium est lié par une liaison
forte (liaison covalente) à un atome de carbone par exemple, il y
restera fixé jusqu’à ce que la molécule organique soit dégradée ou
métabolisée;
Le temps de rétention du TOL dans l’environnement est généralement supérieur à celui de l’HTO, et dépend du type de molécules et de leur taux de renouvellement métabolique. Certains composés organiques, comme la lignine, la cellulose ou les acides humiques dans les sols constituent des résidus de dégradation de la matière organique, et perdurent ainsi plusieurs années dans l’environnement.
Par ailleurs, la nature de ces molécules tritiées va également gouverner la potentielle toxicité du tritium, enjouant sur la localisation cellulaire du tritium et sa rétention dans les organismes. Ainsi, la thymidine tritiée, nucléoside tritié utilisé pour marquer spécifiquement l’ADN, est théoriquement plus susceptible de causer des dommages à l’ADN. D’un autre côté, des composés tritiés qui ne sont pas proches de l’ADN, comme des lipides ou des acides aminés contenus dans des protéines non nucléaires, sont moins susceptibles d’entrainer des dommages à l’ADN (UNSCEAR, 2017). Plusieurs études sont en cours pour mieux caractériser les molécules tritiées permettant d’expliquer le comportement environnemental et l’impact sanitaire du tritium.
96% des rejets en tritium des centrales nucléaires en France s'effectuent dans les fleuves et l'océan, notamment dans le Rhône


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(2) isotope radioactif de l'hydrogène d'une durée de nocivité de 25 ans environ (période de demi-vie 12,3 ans) existe très faiblement à l'état naturel (3,5 kg à l’échelle planétaire) mais beaucoup plus sous forme artificielle provoquée par l'humain et les installations nucléaires.
(3) L'estimation des risques pour l'homme après une exposition aux rayonnements ionisants est fondée sur la détermination d'une dose d'exposition. Alors qu'il est relativement facile de mesurer la dose délivrée par les rayonnements photoniques externes, la détermination de la dose consécutive à l’incorporation de radionucléides est beaucoup plus difficile. Elle doit tenir compte de la biocinétique du radionucléide, c’est-à-dire des variations de sa concentration, à la fois dans le temps et dans les différents organes et tissus (absorption, distribution, métabolisme et élimination). Alors que la biocinétique et la dosimétrie du tritium sous forme d'HTO sont relativement simples en raison de sa distribution homogène dans le corps, celles du TOL sont complexes du fait de la grande variété de formes moléculaires possibles du TOL qui ont des affinités variables avec les différentes molécules qui composent les cellules et les organes. La biocinétique et la dosimétrie du tritium font l'objet de recherches depuis plusieurs décennies, dont les résultats sont résumés dans la publication 134 de la CIPR (ICRP, 2016). Ce document décrit l’état des connaissances sur le devenir du tritium après inhalation et ingestion sous diverses formes physico-chimiques, sa rétention dans les organes et son excrétion en fonction du temps, ainsi que les différents moyens de mesure du tritium incorporé. Il donne également les coefficients de dose du tritium pour une incorporation professionnelle sous forme d’HTO ou de TOL. Ces modèles mis à jour, alimentés par les toutes dernières données de la recherche, permettent maintenant de prédire la rétention et l’excrétion du tritium sous forme HTO ou TOL. Ces modèles ne s’appliquent toutefois pas à toutes les molécules tritiées précurseurs des acides nucléiques, en raison de leur diversité, de leur rétention et de leur distribution cellulaire particulières. Comparativement aux coefficients de dose publiés précédemment dans les années 90 (ICRP, 1994, 1996), les nouveaux coefficients pour l’inhalation sont de 10% et de 25% supérieurs, et ceux pour l’ingestion de 5% supérieurs et de 16% inférieurs, respectivement, pour le tritium sous forme HTO ou TOL. Ces coefficients de dose ont été calculés en utilisant un facteur de pondération des rayonnements beta égal à 1, conformément aux dernières recommandations de la CIPR (ICRP, 2007) (cf.discussion sur la validité de ce facteur en section 3.5).
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annexes : contrôles et normes (contestables car acceptant la contamination de la population)
Pour la prévention du risque radiologique, l’OMS propose un contrôle périodique de l’eau mettant en œuvre une approche graduée afin d’éviter l’engagement systématique de moyens métrologiques très importants, compte tenu de son enjeu sanitaire en situation normale: cette stratégie de contrôle commence par la mesure de deux indicateurs radiologiques règlementaires (αglobalet βglobal) dont les valeurs sont comparées à des valeurs guides («screening levels») de 5 10-4kBq/L et 1 10-3kBq/L, respectivement. Ces valeurs guides ne constituent pas des limites de potabilité: ils permettent d’établir un profil de qualité radiologique des eaux de boisson (dont la radioactivité est très majoritairement naturelle). Si les indices α globalet β global de l’eau contrôlée ne dépassent pas les valeurs guides, il est admis que l’exposition, résultant de l’incorporation pour un adulte de tous les radionucléides naturels et artificiels détectés dans de l’eau de distribution consommée à raison de 2 L/j sur une période d’un an, est inférieure à 0,1 mSv/an et le processus de contrôle s’achève. Si la mesure d’un de ces deux indices dans l’eau révèle un résultat supérieur à l’une des valeurs guides associées, les radionucléides susceptibles d’être à l’origine de l’activité observée sont alors recherchés et quantifiés afin de déterminer si l’exposition résultant de la consommation régulière d’une telle eau conduit à dépasser ou non la référence de dose de 0,1 mSv/an. Pour faciliter la tâche des autorités en charge du contrôle sanitaire, l’OMS publie un ensemble de valeurs guides correspondant aux concentrations des radionucléides dont l’ingestion régulière conduit à la référence de dose de 0,1 mSv/an. Pour le tritium, cette valeur est de 10kBq/L. Sur la base de cette valeur, l’OMS laisse aux Etats le soin de définir les mesures à mettre en œuvre pour réduire autant que possible les expositions du public lorsque ce niveau est dépassé.
Pour sa part, la Commission européenne réglemente par voie de directive la qualité radiologique des eaux de boisson des pays de l’Union (Euratom, 2013). Elle s’inspire dans une large mesure de la stratégie proposée par l’OMS, même si elle laisse libre chaque Etat membre de passer ou non par une étape de criblage à l’aide des indicateurs α globalet β global pour démontrer le contrôle du respect de la référence dosimétrique de 0,1 mSv/an. Pour l’établissement de la dose totale indicative (DTI) résultant de l’ingestion régulière de l’eau contrôlée, elle calcule une série de concentrations dérivées (équivalent des valeurs guides de l’OMS) pour les principaux radionucléides mais ne calcule pas de concentration dérivée pour le tritium. En revanche, elle utilise le tritium comme paramètre de base du contrôle des eaux de boisson (en tant que traceur des activités humaines mettant en jeu de la radioactivité) et lui associe une valeur de référence de 0,1 kBq/L («valeur paramétrique»): en cas de dépassement de cette valeur, les radionucléides artificiels doivent être recherchés et quantifiés, afin de calculer une dose indicative. Moins encore que la valeur guide de l’OMS, la valeur paramétrique de 0,1 kBq/L pour le tritium ne peut être regardée comme une limite de potabilité.S’inspirant des approches de l’OMS et de la Commission européenne, la France organise le contrôle de la qualité radiologique des eaux de boisson au travers d’une étape de criblage des eaux distribuées à l’aide des indicateurs radiologiques αglobalet βglobal et de la teneur en tritium.Les valeurs guides et de références de qualité associées sont 1 10-4kBq/L, 1 10-3kBq/L et 0,1 kBq/L, respectivement. En cas de dépassement de l’une quelconque de ces valeurs dans l’eau contrôlée, les radionucléides à l’origine de cette activité (naturels et/ou artificiels) sont recherchés et une dose totale indicative (DTI) est calculée. Les actions correctrices à mettre en œuvre lorsque la dose totale indicative calculée est supérieure à la référence de qualité de 0,1 mSv/an dépendent à la fois de l’origine de la radioactivité (naturelle ou artificielle) et/ou du niveau de dose atteint (IRSN, 2020).
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