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Leucémie, lymphome, cancer de la thyroïde, du poumon, du sein, de l’estomac… En Polynésie, l’héritage des essais nucléaires français est inscrit dans la chair et dans le sang des habitants. Le strontium a grignoté les os, le césium s’est concentré dans les muscles et les organes génitaux, l'iode s’est infiltré dans la thyroïde. C'est à Marcoule (Gard) que le Commissariat à l'Energie Atomique a produit avec ses deux réacteurs nucléaires "Célestin" le sinistre plutonium et le tritium nécessaires à ces essais de bombe atomique.  Réacteurs qui n'en finissent pas d'être en démantèlement tant les matériaux sont toujours radioactifs et les fûts entreposés délabrés et dégoulinants de matières et liquides mortels.

L’histoire de cette catastrophe sanitaire et environnementale largement méconnue a débuté le 2 juillet 1966. Ce jour-là, l’armée française procède au tir Aldébaran, le premier des 193 essais tirés pendant trente ans depuis les atolls nucléaires de Mururoa et Fangataufa, à 15 000 km de la métropole. Le premier, aussi, d’une série de tests parmi les plus contaminants du programme nucléaire français : les essais à l’air libre. Entre 1966 et 1974, l’armée a procédé à 46 explosions de ce type.

1966_essais-atomiques_Polynesie_ALD-2-2.jpgA l’aide de milliers de documents militaires déclassifiés, de centaines d’heures de calculs par ordinateur et de plusieurs dizaines de témoignages inédits, cette enquête démontre pour la première fois l’ampleur des retombées radioactives qui ont frappé ce territoire vaste comme l’Europe. Elle dévoile également comment les autorités françaises ont tenté de dissimuler l’impact réel de cette campagne dévastatrice pour la santé des populations civiles et militaires.

En théorie, l’armée française et le Commissariat à l’énergie atomique (CEA) avaient tout prévu pour empêcher que les retombées ne contaminent des zones habitées, à l’image des îles Gambier, l’un des cinq archipels de la Polynésie française. La réalité est tout autre. D’après les calculs des journalistes d'investigation, environ 110 000 personnes ont été dangereusement exposées à la radioactivité, soit la quasi-totalité de la population des archipels à l’époque.

En juin 1971, la France entre dans la cinquième année de ses expériences atomiques dans le Pacifique. Ce mois-ci, pour son 24e essai atmosphérique, l’armée a choisi de tester une bombe particulièrement sensible. Aux dires même de ses concepteurs, l’engin, qui doit permettre de qualifier les premiers missiles des sous-marins nucléaires français, présentent «de graves problèmes de sécurité en raison de la masse élevée d’uranium hautement enrichi».

1966_essais-atomiques_Polynesie_survivant.JPGTiré le 12 juin, à 10h15, l’essai dégage une énergie d’environ 500 kilotonnes - trente fois celle d'Hiroshima. L’explosion forme alors un gigantesque nuage atomique qui se déplace au gré des vents. A 19h, il atteint le petit atoll habité de Tureia.

Les produits de fission atomique contaminent le sol et les cours d’eau à hauteur de 61 millions de becquerels par mètre carré. Des niveaux de contaminations rarement mesurés, sinon dans les accidents nucléaires les plus graves. Les militaires le savent mais se taisent et n'alertent pas les insulaires.

L'Etat français, la République accaparée par la sphère militaro-polytechnicienne et le Commissariat à l'Energie Atomique mentent à la population depuis plus de soixante ans. Les ânes bêlants - politiciens professionnels, simples citoyens incultes et sectaires, Pdg d'Orano et EDF - qui relaient cette propagande officielle sont des criminels qui devront répondre de leurs propos et de leurs actes devant un tribunal international. Les mensonges servis depuis De Gaulle jusqu'à Macron en passant par  Pompidou, Poher, Giscard d'Estaing, Mitrerrand, Chirac, Sarkozy, Hollande relèvent de complicité et instigation de crimes contre l'Humanité.

Toute l'enquête et les documents : https://disclose.ngo/fr/investigations/toxique

voir aussi : Mémoire : quand la France bombardait l’Algérie avec des armes nucléaires

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(1) https://disclose.ngo/fr/
(2) https://www.interprt.org/
(3) https://disclose.ngo/fr/investigations/toxique
(4) https://moruroa-files.org/