Le Haut Couillon au Plan : pour quelques déshonneurs de plus
Par admin le vendredi 26 mars 2021, 19:04 - National - Lien permanent
C'est à pleurer, mais à rire quand même. Bayrou, le
grand couillon qui se croit si malin, règne sur le Haut-Commissariat au
plan que Macron lui a refilé pour qu'il fasse joujou. Dans une note
publiée ce 24 mars 2021, il reprend toute la pauvre argumentation du lobby
CEA-EDF-Orano en faveur de l'électricité nucléaire, la seule, la vraie.
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par Fabrice Nicolino*
Aussi bizarre que cela paraisse, Bayrou a été jeune. Du moins laisse-t-il écrire qu’il a été proche, il y a cinquante ans, de Lanza del Vasto, un philosophe italien défenseur vrai de la non-violence. Décrire sa vie serait périr d’ennui, car l’homme, qui prétend aimer la campagne et les chevaux, aura passé sa vie à Paris, swinguant de l’Assemblée Nationale – quand il en était le député – à divers postes ministériels auprès de grands personnages comme Pierre Méhaignerie, Alain Poher, Édouard Balladur, Alain Juppé. Il a même failli battre un record de vitesse en étant éjecté du ministère de la Justice en juin 2017, un mois après son arrivée. On lui reprochait, mais tout le monde s’en fout, d’avoir mélangé l’argent du parlement européen et la caisse de son parti, le Modem (1).
Devenu Haut-commissaire au plan à l’arrache – il a tordu le bras à
Macron, qui n’a plus de majorité sans lui –, il a l’air de prendre la
fonction au sérieux. À quoi sert cet énième bastringue ? Il faut aller
sur son site pour comprendre, c’est-à-dire se marrer : « Le
Haut-Commissaire au Plan est chargé d’animer et de coordonner les
travaux de planification et de réflexion prospective conduits pour le
compte de l’État et d’éclairer les choix des pouvoirs publics au regard
des enjeux démographiques, économiques, sociaux, environnementaux,
sanitaires, technologiques et culturels ». On sent la présence de gens qui n’oublient aucun des mots destinés à impressionner le péquenaud.
La lucidité selon Bayrou sera rayonnante ou ne sera pas
Et là-dessus, publication ce 24 mars d’une note de notre grand monsieur intitulée en toute simplicité : « Électricité, le devoir de lucidité ». C’est ainsi qu’on cloue le bec à tous les pauvres commentateurs. Le truc est vieux comme le monde : on représente l’État, on a accès à des tas de sources discrètes, pour ne pas dire secrètes, et l’on voit donc plus clair que les pauvres tarés qui doivent se contenter de voter.
Que dit Bayrou l’extralucide ? Sans surprise, que la consommation
d’électricité va flamber. Et de citer l’exemple de la bagnole
électrique, qui n’entend pas rouler à la limonade. Rudement bien vu. Or,
c’est-y ballot, la France s’est mollement engagée à faire passer la
part d’électricité nucléaire – aujourd’hui, plus de 70 % – à 50 % d’ici
2035. Ce qui impliquerait des fermetures de centrales, 19 à ce jour, et
en tout cas de réacteurs, qui sont 56.
Et c’est là que ça ne va plus, pardi. Bayrou sort l’artillerie lourde et utilise à nouveau un argument d’autorité qui a cours chez tous les aigrefins de son genre : « tous les spécialistes », assure-t-il, jugent impossible que les énergies renouvelables prennent la place. Présenté comme cela, il n’y a plus rien à dire, sauf ceci : c’est faux. Bien entendu, « tous les spécialistes » n’ont pas été interrogés, car cela aurait dérangé le propos général. On s’est contenté de piocher dans la longue liste des spécialistes officiels du nucléaire, ceux qui sont dans le système et n’en imaginent aucun autre.
Son idée lumineuse ? Investir dans le nucléaire bien sûr !
La conclusion d’un Bayrou s’impose : non seulement il ne faut pas
respecter la loi que sa propre majorité a voté en 2019, mais en outre,
il faut investir massivement dans le nucléaire. Repartir, comme en 14 !
On laissera le lecteur se rendre malade à la lecture du texte complet,
mais on peut déjà insister sur cette évidence : Bayrou s’est fait
bourrer le mou par le lobby, qui a attrapé d’autres politiciens dans ses
filets depuis les origines. L’origine de tout s’appelle Commission Péon
– pour Production d’électricité d’origine nucléaire – créée en 1955 et
qui disparaîtra dans les années 70 après avoir convaincu des héros de
Bayrou comme Pierre Messmer qu’il fallait lancer l’aventure nucléaire.
Informelle, ne rendant aucun compte à personne, dirigée par le corps des
Mines – ingénieurs d’État indestructibles – comprenant bien sûr des
représentants d’EDF et du CEA, sans compter les industriels, elle est la
clé du dossier. Les pontes du nucléaire ont historiquement montré leur
pouvoir de manipulation sur des politiciens incultes, et Bayrou ne sera
pas le dernier.
Une vraie note d’un vrai Haut-Commissariat au plan aurait insisté pour commencer sur la nécessité de diviser par deux au moins la consommation électrique – et c’est possible –, mais il est vrai que l’électricité nucléaire est du pouvoir concentré. Un travail sérieux aurait nécessairement fait le bilan d’une industrie qui promettait la Lune et le cul de la crémière, mais qui est en vérité, quarante-cinq ans après son lancement en fanfare, en faillite.
Retards géants, coûts explosifs, déchets radioactifs et risques d’accidents, pourquoi parler des choses qui fâchent ?
Areva – devenue Orano – a sombré corps et biens, engloutissant des milliards d’euros d’un argent pourtant public. EDF est endettée à hauteur de 42 milliards d’euros, sans compter les dépenses de sécurité nouvelles imposées par l’Autorité de sûreté. Et ne parlons pas des réacteurs EPR de Flamanville et de Finlande, qui accumulent des retards géants et des augmentations du coût qui se chiffrent à chaque fois en milliards d’euros. Ne parlons pas du démantèlement – Superphénix, arrêté en 1997, n’en est qu’à ses débuts –, ne parlons pas de l’enfouissement, et ne parlons surtout pas d’un accident qui pourrait vitrifier tout ou partie de la France.
Le plus facile serait d’écrire que Bayrou est un con. Mais non, même pas con. Seulement marabouté comme tous ses petits copains par une pensée industrielle à sens unique. Paul Ricoeur, fêté comme un prince de la pensée par Macron, en 1991 : « On se dessaisit, aujourd’hui, au profit des experts, de décisions concernant les problèmes économiques, financiers, fiscaux, etc. Ces domaines sont devenus si compliqués, nous dit-on, qu’il faut nous en remettre au jugement de ceux qui savent. Il y a là, en réalité, une sorte d’expropriation du citoyen. La discussion publique se trouve ainsi captée et monopolisée par les experts. Il ne s’agit pas de nier l’existence de domaines où des compétences juridiques, financières ou socio-économiques très spécialisées sont nécessaires pour saisir les problèmes. Mais il s’agit de rappeler aussi, et très fermement, que, sur le choix des enjeux globaux, les experts n’en savent pas plus que chacun d’entre nous. Il faut retrouver la simplicité des choix fondamentaux derrière ces faux mystères ».
Fabrice Nicolino
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(1) Le politicien et cumulard de centre-droit François Bayrou a été Ministre de l'Éducation nationale sous trois gouvernements de droite de 1993 à 1997, député des Pyrénées-Atlantiques entre 1986 et 2012, président du conseil général des Pyrénées-Atlantiques de 1992 à 2001, député européen de 1999 à 2002, maire de Pau depuis 2014et aussi président de plusieurs partis : le Centre des démocrates sociaux (CDS), Force démocrate (FD), l'Union pour la démocratie française (UDF) et le Mouvement démocrate (MoDem) sans omettre sa candidature à l'élection présidentielle de 2002 (6,84 % des voix), sa candidature en 2007 (18,57 %), sa candidature à l'élection présidentielle de 2012 (9,13 % des suffrages).Opportuniste appelé "la girouette" (Membre du comité politique d'E.Balladur - inculpé dans l'affaire 'Karachi" - aux côtés de Nicolas
Sarkozy et François Léotard - autre inculpé dans l'affaire "Karachi") il se bat comme ministre de l'éducation nationale sous Edouard Balladur pour une réforme de la loi Falloux
visant à déplafonner et encourager les collectivités locales à
subventionner l’enseignement
privé principalement religieuxau détriment de l'éducation nationale publique . Au fur et mesure de ses ambitions ses ami-es et compagnons de parti le quittent et le critiquent sévèrement : ainsi Jean Arthuis, en avril 2008, déclare à propos de François Bayrou qu'« on ne dirige pas un parti comme une secte »; le député européen Thierry Cornillet avait pour sa part qualifié de « suicidaire » la politique du président du MoDem et ajouté que ce dernier « sacrifiait ses élus pour une chimère présidentielle ». "l'International Business Times" qualifie F.Bayrou de "vétéran politicien"
* source originelle (Exclu Web) titre "Bayrou attrapé au filet par le lobby nucléaire" : https://charliehebdo.fr/2021/03/ecologie/bayrou-attrape-au-filet-par-le-lobby-nucleaire/
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photos: DR
Commentaires
l’inquiétant retour vers le passé du Haut-Commissaire au plan
À l’heure où le parc nucléaire en fin de cycle et la trajectoire financière désastreuse d’EDF imposent de reconstruire un projet d’avenir pour notre système électrique, les décisions qui viennent sur l’évolution de notre système électrique méritent mieux que cet inquiétant et déconnecté retour vers le passé.
https://www.linkedin.com/pulse/%25C...
Emmanuel Macron monte au front au niveau Européen. Il s'allie à l'extrême-droite européenne et cosigne une lettre adressée à la commission européenne au côté de six autres dirigeants européens,
. dont Victor Orban, Premier ministre de la Hongrie,
. Mateusz Morawiecki, Premier ministre de la Pologne.
Il s’agit "d’un appel d'urgence pour assurer des règles du jeu équitables pour l'énergie nucléaire dans l'UE, sans l'exclure des politiques et des avantages climatiques et énergétiques", indique le texte.
https://www.novethic.fr/actualite/e...
Nucléaire : Paris plaide pour un report des règles de la finance verte
La nucléocratie française redoute que le nucléaire soit exclu du texte européen sur la taxonomie (classification des sources d'énergie pouvant être considérées comme "durables" et protectrices de l'environnement) qui doit entrer en vigueur en 2022. Aussi elle se lance sur les pays européens une opération pour un report de l'adoption des règles qui doivent guider les investisseurs vers la finance durable. Isolée en Europe, la France qui s'est rendue dépendante de l'atome à près de 70% pour produire son électricité, préfère faire capoter une réglementation/orientation en espérant que le "comité d'experts" européen noyauté par le lobby nucléaire et sensible au poids de "Euratom" rende d'ici-là son rapport favorable à l'inclusion du nucléaire dans le panier "vert".
https://www.lesechos.fr/amp/1301263
https://www.contexte.com/article/energie/document-contexte-a-bruxelles-les-experts-favorables-a-linclusion-du-nucleaire-dans-la-taxonomie-verte_129459.html
la note de Bayrou : des approximations et des contre-vérités directement dictées par le secteur nucléaire. Lamentable.
Alors que même le rapport apport spécial de 2018 du GIEC sur les trajectoires 1,5°C dit le contraire :
Au regard des objectifs de développement durable fixés par l’ONU, les énergies renouvelables électriques sont l’un des leviers de décarbonation les plus soutenables, à l’inverse du nucléaire qui arrive en queue de peloton (voir cette analyse, p5-6).
https://www.linkedin.com/pulse/haut...
En regardant en diagonale votre information, quand je lis " Bayrou, le grand couillon qui se croit si malin, règne sur le Haut-Commissariat au plan que Macron lui a refilé pour qu'il fasse joujou." Je me dis que ce type de jugement et de langage vous décrédibilise. Quand bien même ce serait vrai, le dire de cette manière décrédibilise toute objectivité des travaux du réseau sortir du nucléaire. Pour sortir du nucléaire soyons pro SVP