Orano-Areva condamnée pour publicité mensongère et trompeuse, visant à induire le public en erreur
Par Rédaction le dimanche 10 mai 2020, 12:16 - National - Lien permanent
Le Jury de déontologie de la publicité vient de donner raison aux antinucléaires : les propos d'Orano-Areva dans sa campagne de propagande médiatique pour redorer le blason du nucléaire sont faux et mensongers. Les centaines de milliers d'euros dilapidés par le nucléariste pour arroser les médias et manipuler les lecteurs sont mensongers. Le Jury estime que la publicité est trompeuse et de nature
à induire le public en erreur sur la réalité des actions de l’annonceur
en matière de développement durable. Ce jugement est un nouveau grain de sable dans 70 années de domination , de mensonges
et de crime contre l'environnement et la santé des citoyens.
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Deux citoyens - l'ingénieur militant antinucléaire François Vallet (1) et un enseignant-chercheur - avaient lancé l’alerte dès le 19 novembre 2019 : Orano-Areva déploie une campagne publicitaire mensongère dans les médias (2) voulant faire croire que le nucléaire est bon pour la planète voire écologique. Ils avaient déposé plainte auprès du "Jury de déontologie publicitaire" organisme indépendant professionnel qui a pour mission de se prononcer sur des plaintes émises à l’encontre de publicités. Deux associations (Greenpeace et Sdn) avaient alors déposé plainte à leur tour en fin d’année 2019. Le Jury de déontologie de la publicité vient de leur donner raison : Orano-Areva ment.
L’avis est publié sur le site du JDP depuis le 4 mai : https://www.jdp-pub.org/avis/orano-presse-internet-plaintes-fondees/
La publicité signée Orano « Donnons toute sa valeur au nucléaire » s'inscrit dans une offensive de la sphère nucléocratique (dont EDF à présent) visant à faire intégrer par les institutions européennes et dans la tête des populations que le nucléaire serait la solution au réchauffement climatique. Il s'agit de dépenser une partie des milliards obtenus de l'Etat pour nier la nocivité durable du nucléaire et faire accepter l'inacceptable.
" Il est insupportable que cette entreprise, de droit privé mais à capitaux très majoritairement publics, gaspille l’argent des contribuables pour tromper un public auquel l’industrie nucléaire est imposée sans discussion possible" précise F.Vallet. D'autant que "l’industrie nucléaire émet bien des gaz à effet de serre de manière directe (vapeur d’eau et gaz fluorés) ; les réacteurs nucléaires, par leurs « tours de refroidissement », dégagent de grandes quantités de vapeur d’eau qui est le principal gaz à effet de serre." Réduire le problème du réchauffement de la planète aux seules émissions de CO₂ est une approche biaisée et trompeuse du problème : "il s’agit d’une manœuvre pour masquer les dégâts et les risques de l’industrie nucléaire (contamination radioactive et chimique chronique et accidentelle de l’environnement, problème des déchets radioactifs, prolifération nucléaire, non compétitivité économique d’une industrie qui n’assure pas ses risques et a besoin de subventions publiques pour survivre après 70 ans de développement industriel, etc.)".
Pour les plaignants, tel que le fait Areva-Orano, il est abusif d’affirmer que le nucléaire « ne réchauffe pas la planète», une telle formulation globalisante n’étant pas exacte dès lors que la construction, l’exploitation et le démantèlement d’une centrale nucléaire génèrent des émissions de gaz à effet de serre. Le nucléaire, avec les réactions de fission atomique qui dégagent de la chaleur, réchauffe bien la planète par des rejets massifs de chaleur dans l’environnement. Deux tiers de l’énergie dégagée lors de la fission dans les réacteurs nucléaires sont directement rejetés dans l’environnement (dans l’air et dans l’eau de refroidissement des réacteurs) et le tiers restant s’y retrouve irrémédiablement (principe de conservation et de dégradation de l’énergie en chaleur).
« Le Jury estime, tout d’abord, que la formule « nucléaire : eh non, on ne réchauffe pas la planète » qui ne contient aucune nuance, revient à énoncer que l’activité nucléaire ne réchauffe aucunement la planète. Or le Jury relève, en se fondant sur l’ensemble des éléments produits aux débats, que la production d’énergie nucléaire implique indirectement mais nécessairement des dégagements gazeux, en particulier dans la phase amont du cycle de production. Les éléments accompagnant la publicité sur le site de la société Orano, notamment la phrase « C’est bien de la vapeur d’eau qui sort des tours de refroidissement de nos centrales ! », ne contredisent pas ce point. »…..Le Jury constate par ailleurs qu’un encadré indique que « 96% du combustible nucléaire usé est recyclable », accompagné de l’image de trois conteneurs à recyclage intitulés « combustible nucléaire », « verre » et « plastique ». Il estime que cette partie de la publicité opère une comparaison suggérant que le recyclage des déchets résultant de la production d’énergie nucléaire est aussi aisé et répandu que celui des déchets plastiques ou de verre. Le Jury considère qu’une telle comparaison crée une ambiguïté au regard de la réalité du recyclage effectif du combustible nucléaire qui ne porte que sur environ 1% des combustibles nucléaires usés et demande une technologie complexe.
Le Jury estime que la publicité est, à cet égard, trompeuse et de nature à induire le public en erreur sur la réalité des actions de l’annonceur en matière de développement durable.
Rappelons que, par cinq fois entre 2015 et 2018, des publicités relatives à l’énergie nucléaire ont été déclarées par le JDP non conformes aux dispositions de la Recommandation « Développement durable » de l’Autorité de Régulation Professionnelle de la Publicité (ARPP) : EDF ALSACE – internet (Avis n° 373/15 publié le 22 juillet 2015), EDF – internet & Presse (Avis n° 379/15 publié le 14 octobre 2015), EDF – internet (Avis n° 386/15 publié le 5 janvier 2016), EDF CENTRALE – Presse (Avis n° 420/16 publié le 18 octobre 2016), EDF / HAVAS – Presse / Télévision (Avis n° 490/18 publié le 5 février 2018).
Le nucléaire génère d’importantes nuisances environnementales, que le GIEC lui-même considère comme des impacts négatifs au regard des objectifs de développement durable : rejets quotidiens de radioactivité dans les rivières et l'atmosphère, mise en circulation de substances radioactives pouvant être détournées à des fins militaires, production de milliers de tonnes de déchets radioactifs chaque année, pollution des mines d’uranium, risque persistant d’accident de type Tchernobyl ou Fukushima dont les conséquences sanitaires et environnementales seraient dramatiques
Ce jugement est un nouveau grain de sable dans 70 années de domination et de crime contre l'environnement et la santé des citoyens.
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(1) le communiqué de François Vallet suite à sa plainte du 19/11/2019 et son mémoire récapitulatif de plainte ici
(2) grandes surfaces publicitaires parues dans le supplément Version Femina de quotidien régionaux, sur le site internet de la société Orano
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