EDF : Tous les feux sont à l'orange, voire au rouge. Fin 2019 la dette nette d'EDF s'établissait à 41,1 milliards d'euros!
Par Rédaction le mercredi 29 avril 2020, 19:46 - National - Lien permanent
L'Etat (et donc les contribuables) va-t-il encore renflouer EDF d'ici la fin de l'année pour lui éviter la faillite ? Après lui avoir déjà octroyé 3 milliards en 2017 (et aussi 7 milliards à Orano-Areva) la situation financière du nucléariste est telle que c'est la bérézina. Fin 2019, sa dette nette s'établissait à 41,1 milliards d'euros et augmentera encore de 10,6 milliards d'euros d'ici 2022. Son ratio dette nette sur Ebitda prévu à 2,46 pourrait grimper à 3,3 en 2020 et même 3,2 en 2021, bien
au-delà des objectifs de 2,6 et 2,7 annoncés. Les agences de notation se préparent à dégrader l'électricien. Une nouvelle augmentation de capital de 4 milliards d'euros serait nécessaire. Le nucléaire coûte "un pognon de dingue".
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La chute des prix du Kwh sur les marchés de gros enclenchée depuis plusieurs années et accentuée ses derniers mois, la baisse de la demande d'électricité de près de 20% et la maintenance de centrales atomiques perturbée par le virus covid-19 conduisent au plus bas niveau de production nucléaire française depuis trente ans. Mais l'échec de l' EPR de Flamanville (Manche), un nouveau retard d'un an de l'EPR britannique d'Hinkley Point, la réduction des objectifs de ventes de réacteurs avaient déjà fortement dégradé la situation d'EDF et précipité un peu plus le nucléariste dans des difficultés financières.
Fin 2019, la dette nette d'EDF s'établissait à 41,1 milliards d'euros et
son ratio dette nette sur Ebitda à 2,46. Malgré qu'EDF ait déjà bénéficié début 2017 d'une augmentation de capital de quelque 4
milliards d'euros dont 3 milliards apportés par l'Etat donc les contribuables français. Selon l'intermédiaire Morningstar, ce
ratio atteindrait même 3,3 en 2020 et 3,2 en 2021, des niveaux bien
au-delà des objectifs annoncés par les pontes de l'entreprise de 2,6 et 2,7, quelques semaines avant la propagation du
coronavirus. Moody's menace de dégrader sa note (A−), et une autre agence de notation a déjà envisagé en octobre de baisser la note d'EDF de "A-" à "négative".
La perte de trésorerie (cash flow) se traduira par une augmentation de la dette nette de 10,6 milliards d'euros d'ici 2022. Voire plus si des dividendes étaient versés aux actionnaires. En grande difficulté, EDF ne peut donc que renoncer à ses objectifs financier et de profit pour 2020 et 2021 et appelle déjà de ses voeux une nécessaire recapitalisation pour fin 2020, même si fin 2019 l'entreprise disposait encore de 22,8 milliards d'euros de liquidités ou d'actifs financiers liquides et de 10,3 milliards d'euros de lignes de crédit.
"Tous les feux à l'orange, voire au rouge" . Qui va payer?
Sans nul doute l'Etat français - c'est à dire les contribuables - qui détient 83,6% du capital de l'électricien. Et le plan de détournement de 20 milliards d'euros de fonds publics nommé "de soutien aux grandes entreprises (privées)" sous prétexte de coronavirus autorisera un tour de passe-passe du même ordre. Les technocrates pourront toujours se justifier par le retard dans la réforme de la régulation du nucléaire français censée permettre de garantir la couverture des coûts d'EDF qui espérait une mise en oeuvre début 2022. Et comme la restructuration d'EDF prévoyant la création d'une entité isolant le nucléaire du reste du groupe et l'ouverture au privé du capital des activités liées à la transition énergétique, risque elle aussi d'être retardée par ce report de la réforme de la régulation: les choses vont de mal en pis.
Même si les prix de vente pour 2020 ont en revanche fait l'objet d'une couverture avec environ un an d'avance.
Pour une source (anonyme) proche de la Direction du groupe : "La situation actuelle n'est pas pérenne car une partie de nos investissements ne nous rapporte rien, ce qui nous oblige à creuser la dette. Je pense que, fin 2020, on dépassera l'objectif de ratio dette sur Ebitda de 2,7 fois. Une fois ce ratio franchi, on sera dégradé par les agences de notation, ce qui augmentera le coût de l'emprunt. C'est ce qui précipite petit à petit les difficultés de la boîte. Tous les feux se mettent à l'orange, voire au rouge."
Et, selon la loi du marché, les vautours rôdent
Justifiant du cas de « force majeure » de la pandémie de Covid-19, les concurrents d'EDF, tels ekWateur et Total Direct Energie (filiale du géant pétrolier) veulent rendre leurs stocks d'électricité nucléaire précommandés dans le cadre de l'accès régulé à l'électricité nucléaire historique/Arenh (2) et devenus inutiles à cause de l'arrêt de l'activité due à la pandémie. En effet le prix de l'Arenh (42 euros le MW/h) est aujourd'hui deux fois plus élevé que celui du marché européen notamment par ce que les énergies renouvelables deviennent moins coûteuses et nécessitent moins d'investissements. Déjà en 2011, Engie réclamait que le prix du tarif régulé tombe à 35 euros.
Pour EDF il s'agit là de centaines de millions d'euros qui sont en jeu. Evidemment l'électricien refuse ce marché de dupes qui ferait peser sur EDF la totalité des risques économiques car, quoiqu'on en pense, le nucléaire coûte cher. Notamment l'entêtement à vouloir faire perdurer un parc atomique obsolète et dégradé dont la prolongation coûterait des milliards tout comme la gestion des déchets radioactifs insuffisamment provisionnée. La Commission de régulation de l'énergie et le Conseil d'Etat ont débouté Total de sa demande mais ne s'avouant pas vaincu dans son bras de fer la filiale du pétrolier a saisi le tribunal de commerce de Paris.
EDF est à la croisée des chemins : soit elle tourne définitivement la page du nucléaire tout en assumant ses responsabilités dans les déchets nucléaires et le démantèlement à terme des installations atomiques pour s'engager sur la voie de la production décentralisée d'énergies renouvelables; soit elle entraîne toute la nation dans son suicide.(3)
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(2) Un mécanisme créé en 2010 pour que les concurrents d'EDF bénéficient de son électricité très compétitive grâce à des centrales en partie amorties.
Commentaires
Abu Dhabi vient d’annoncer la construction d’une centrale solaire par le consortium du français EDF et du chinois Jinko Solar à un tarif fixe de € 1,25 ct le kWh. La ferme, qui sera en production dès 2022, produira la même quantité d’électricité qu’une centrale nucléaire.
Alors pourquoi EDf ne fait-il pas la même chose en France et réclame une augmentation continue des tarifs d'électricité nucléaire accordée par tous les gouvernements successifs?
Si le nucléaire perdure d’ici à 2030, la cour des comptes françaises évalue à 100 milliards € les coûts de maintenance et de la modernisation du parc nucléaire national.
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Et aux USA, la Californie a confirmé l’installation d’un système de production solaire avec des batteries de stockage pour un tarif de € 1,85 ct. On est très en dessous du prix de l'électricité nucléaire
EDF dans le rouge ? C'est à cause du renouvelable qu'il a l'obligation de racheter une fortune, bande de nazes !!!
-> Ndlr : Qui finance l'obligation d'achat ? : Les consommateurs ! L'obligation d'achat est couverte par la CSPE. Cette taxe était fixée en 2018 à 22,5€/MWh et couvre différentes charges de service public, dont la politique de soutien aux énergies renouvelables. Si, depuis 2008, elle est fixée par le gouvernement à un niveau inférieur à celui jugé nécessaire par la CRE (Commission régulation de l'Energie) , le déficit accumulé au niveau de 2,2 milliards d'euros fin 2013 a conduit à l'augmentation de la CSPE (payée par les abonnés) en 2014 puis en 2016. Ce déficit (appelé défaut de recouvrement) est couvert provisoirement par EDF et les autres entreprises locales de distribution (ELD) au nombre d'une centaine concernée... jusqu'à règlement par l'Etat.
D'autant qu'en 2014, la CRE estime que 34,7% du montant de la CSPE sert à financer les tarifs d’achat d’électricité d’origine photovoltaïque. Pas plus. Et que depuis 2016 un nouveau mécanisme de soutien aux énergies renouvelables a été mis en place permettant a de nouvelles entreprises de devenir acheteuses directes de l'électricité produite dans le cadre de l'obligation d'achat et donc aux entreprises de renouvelables de vendre directement sur le marché sans passer par EDF.
Il est donc malhonnête de prétendre que la faillite de EDF de 41 milliards d'euros provient... des énergies renouvelables.
Voici ce que je comprends. EDF a déjà perdu son monopole. EDF a déjà cautionné la mauvaise gestion d'Areva dont elle a renfloué les caisses pour lui permettre de devenir Orano qui poursuit la même politique. EDF vend une partie de sa production à bon prix à ses plus grands concurrents. EDF gère au jour le jour un parc de centrales nucléaires trop anciennes ou en mauvais état qui constituent la plus grande menace qui plane sur notre pays. EDF investit dans des centrales qui fonctionnent mal ou même pas du tout et qui sont déjà dépassées. EDF est soutenue à bout de bras par l'Etat qui la régale de dizaines de milliards d'euros tout droit sorties de nos impôts. EDF a pour meilleur allié notre gouvernement qui est son principal actionnaire. Dans ces conditions, EDF et ses filiales, l'Etat et le gouvernement français doivent être jugés pour abus de confiance, abus et recel de fonds public, gabegie, prévarication et simonie par un tribunal dont les membres et le jury seront tirés au sort