Coronavirus : comment maintenir le nucléaire sans le personnel ? L'entêtement du gouvernement et de EDF nous menace.
Par Rédaction le mardi 17 mars 2020, 12:59 - National - Lien permanent
Au quotidien une vingtaine de personnes réparties en sept équipes se relayant nuit et jour pilotent les réacteurs nucléaires dans chaque centrale atomique. Avec les salariés d'astreinte ce sont de 120 à 200 personnes qui sont nécessaires pour faire fonctionner chacun des 58 réacteurs nucléaires disséminés dans l'hexagone. Dans ces conditions le télétravail prôné par un président de la République hors sol, pour limiter la propagation de la pandémie de covid-19, rencontre vite ses limites. Alors que de premiers cas de victimes se font jour dans les centrales, EDF et le gouvernement ne semblent pas, encore une fois, prendre les bonnes décisions de mise à l'arrêt des installations nucléaires. Ils tentent de faire tourner leurs engins de mort avec un personnel restreint. Danger.
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En dépit de l'épidémie de covid-19 qui atteint aussi les personnels des sites nucléaires, EDF et le gouvernement veulent à tout prix maintenir en fonctionnement les réacteurs nucléaires. Le buziness prenant le pas sur la sécurité de la population. L'électricien nucléariste tente d'assurer le roulement des salariés qui pilotent les réacteurs nucléaires avec des équipes allégées.
Au quotidien une vingtaine de personnes réparties en sept équipes qui se relayent nuit et jour pilotent et assurent le suivit des réacteurs nucléaires dans chaque centrale atomique. Avec les salariés d'astreinte ce sont de 120 à 200 personnes qui sont nécessaires pour faire fonctionner une centrale nucléaire. Dans ces conditions le télétravail prôné par un président de la République hors sol, pour limiter la propagation de la pandémie de covid-19, rencontre vite ses limites. EDF et le gouvernement ne semblent pas, encore une fois, prendre les bonnes décisions de mise à l'arrêt des installations nucléaires. Alors que de premiers cas de victimes se font jour dans les centrales, ils tentent de faire tourner leurs engins de mort avec un personnel restreint.
Il y a les centrales atomiques mais aussi les lignes THT (Très Haute tension de 400 000 volts et 225 000 volts) et HT (Haute Tension entre 90 000 et 63 000 volt) de transport de l'électricité à entretenir par RTE (Reseau Transport d'Electicité) filiale 100% d'EDF qui emploie un peu plus de 8 800 salarié-es. Et le réseau Enedis (ex ERDF) également filiale 100% de EDF de distribution d'électricité en France aux particuliers (en haute tension A dit HTA de 1 000 volts à 50 000 volts en courant alternatif et en moyenne tension dit MT de 1 500 volts à 75 000 volts en courant continu) qui emploie autour de 38 000 salarié-es.
Hausse massive du taux d'absentéisme dans les centrales nucléaires
Depuis vendredi 13 mars, EDF se prépare à faire face à une hausse massive de son taux d'absentéisme du fait du coronavirus. Fanfaronnant comme à l'accoutumé le nucléariste affirme « Nous sommes entraînés à fonctionner avec des effectifs réduits. Le soir et les week-ends, nos centrales sont déjà pilotées par des équipes restreintes. Notre plan pandémie nous permet de faire fonctionner l'ensemble du parc nucléaire et hydraulique avec 25 % de taux d'absentéisme pendant 3 mois et 40 % en cas de pic de l'épidémie, c'est considérable ». Est-ce à dire que près de 60% des effectifs de EDF est inutile ?
Dèjà depuis lundi 16 mars à la centrale atomique de Flamanville
seules les équipes de quart et celles qui assurent la sécurité contre
les agressions extérieures (type terroristes par exemple) et la sûreté
(liés aux problèmes techniques ou aux risques d'accidents) sont
désormais autorisées à travailler dans la centrale. Ne restent également
que les agents EDF : intérimaires et sous-traitants ont quitté le site.
Les effectifs sont passés de 800 personnes à une petite centaine.
L'idée, un peu folle, de EDF est de continuer le buziness de l'exportation d'électricité et de fourniture à des grosses entreprises pourtant à l'arrêt (comme l'automobile). Quitte à diminuer le nombre de salariés par équipe, à créer une huitième équipe allégée, à ventiler les salariés au sein d'une même centrale ou à les expédier vers les autres centrales nucléaires, à faire appel à des anciens salariés qui pilotaient les réacteurs avant de prendre leur retraite. Et si cela ne suffisait pas, si les salariés tombaient comme des mouches en venant sur site atomique ou même devant les pupitres de pilotage des réacteurs, EDF appellerait une force d'action rapide nucléaire qui fut créée après la catastrophe de Fukushima. Sauf que cette FAR est composée aussi d'humains potentiellement victimes de la pandémie et se trouvant éloignés d'un site nucléaire en besoin de salariés.
Les salariés d'EDF dormiront sur les sites atomiques
L'acheminement de lits de camp, de produits d'hygiène et de désinfection et des rations alimentaires est en cours dans chaque centrale nucléaire. Les salariés pourraient être mis en « mode sous-marin » coupés du monde extérieur en cas de pression extrême de la contagion du covid-19. Selon une source ayant travaillé sur l'élaboration du "plan pandémie" : "les équipes seront isolées pendant plusieurs jours, voire plusieurs semaines, comme c'est le cas pour des équipages à bord de nos sous-marins nucléaires atomiques."
Cette stratégie d'entêtement à produire à marche forcée de l'électricité nucléaire est fortement anxiogène tant pour les salariés que pour les élus locaux riverains des sites atomiques et la population. « S'il y a beaucoup de gens malades, on risque de se retrouver en situation difficile du fait de manque de personnel », déclare ainsi l'adjoint au maire d'Auvillar et vice-présidence de la Commission Locale d'Information (CLI) de la centrale de Golfech (Occitanie). Il est vrai que ces dernières semaines un incident nucléaire a déjà mis en alerte tout le secteur : le retour de congés d'un salarié de la centrale qui avait séjourné en Italie du Nord ce qui avait entraîné la mise en quarantaine de quatorze personnes.
La sagesse ne voudrait-elle pas de mettre à l'arrêt immédiat les sites nucléaires plutôt que de jouer avec le feu atomique et d'exposer encore plus tout le pays au risque d'holocauste ?
J.R
Commentaires
puis-je publier cet article sur le site de décroissance idf svp ?
merci
jluc
Trop risqué dans la situation actuelle.
> Salut a tous, je suis directeur du BUND a Fribourg / Allemagne, une association environmentale et antinucleaire.
>
> Est ce que vous povez me dire, d' ou vient cette information: <<Nous sommes entraînés à fonctionner avec des effectifs réduits. Le soir et les week-ends, nos centrales sont déjà pilotées par des équipes restreintes. Notre plan pandémie nous permet de faire fonctionner l'ensemble du parc nucléaire et hydraulique avec 25 % de taux d'absentéisme pendant 3 mois et 40 % en cas de pic de l'épidémie, c'est considérable>> et les autres citations sur le plan d' EDF de laisser dormir les employes sur place sur votre page web <<Coronavirus : comment maintenir le nucléaire sans le personnel>>
>
> Merci et restez sain.
Le coronavirus est plus fort que les décisions de l’ASN, plus fort que les gilets jaunes, plus fort que les grèves contre la réforme des retraites, plus fort que la grève générale : il oblige le gouvernement à prendre des décisions qui conduisent la direction d’Orano à arrêter les activités de retraitement à La Hague.
Les effectifs sur place sont réduits à moins de 10% des effectifs habituels. Tout n’est cependant pas arrêté et une partie des activités continue (pour combien de temps ?) : réception des combustibles usés et expéditions du plutonium vers l’usine Melox. (1)
C’est une bonne nouvelle car avec l’arrêt du retraitement l’usine Orano de la Hague va cesser de rejeter quotidiennement dans la Manche 32 600 milliards de becquerels de tritium qui représentent plus de 90 % de l’ensemble du tritium rejeté par les installations nucléaires françaises (valeur moyenne quotidienne calculée à partir des rejets de 2017).
Elle va également cesser de rejeter quotidiennement dans l’atmosphère 196 milliards de becquerels de tritium (valeur moyenne quotidienne calculée à partir des rejets de 2017).
D’autres installations nucléaires devraient suivre le même chemin. Il y a déjà des réacteurs arrêtés pour rechargement en combustible (par exemple Bugey 5 et Tricastin 2 et 3) dont le planning de maintenance et de remise en service devra être décalé du fait de la réduction des effectifs sur site.
Hier jeudi 19 mars : 17 réacteurs étaient à l’arrêt complet, en plus de Fessenheim 1. Aujourd’hui un réacteur supplémentaire, Gravelines 1, est arrêté. Il est possible qu’il ne puisse pas redémarrer demain comme prévu initialement. C’est une bonne nouvelle car avec 19 réacteurs nucléaires arrêtés il y aura moins de déchets radioactifs produits et moins de rejets radioactifs et chimiques chroniques. Le réchauffement de la planète diminuera également car 63,7 GW ne sont plus dégagés dans l’air et dans l’eau. C’est comme si l’on arrêtait de chauffer en plein hiver la moitié du parc de logements français ! (Sources : https://clients.rte-france.com/lang/fr/visiteurs/vie/prod/indisponibilites.jsp )
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(1) https://actu.fr/normandie/beaumont-...
Source : «France / Contamination en tritium dans l’environnement. Une pollution qui ne doit pas être banalisée» - Note de la CRIIRAD – 21/06/2019 / https://www.criirad.org/actualites/... / https://fr.wikipedia.org/wiki/Radio... / https://fr.wikipedia.org/wiki/Usine...
Extrait du site Reporterre.net (1)
Du côté des sous-traitants, qui réalisent 80 % des activités de maintenance des centrales et sont les plus exposés aux risques d’accident et à la radioactivité, l’inquiétude et la colère vont grandissants. Yvon Laurent, représentant du personnel, syndicaliste CGT et salarié à Endel, filiale d’Engie sous-traitante d’EDF pour des travaux de robinetterie, tuyauterie et logistique nucléaire, recense les plaintes sur la page Facebook de Ma zone contrôlée : « On doit se coller dans les [portiques de détection de la contamination radioactive] C2 pas nettoyés, pas désinfectés, toucher les dosimètres que tout le monde prend… », « les badgeurs, les tripodes, les poignées ne sont pas désinfectés, pas de gel ou de lingettes, non-respect [de la distance] d’un mètre [entre les travailleurs] — il est vrai que le virus s’arrête aux badgeurs », « rien de fait, toujours du monde en entrée et en sortie de zone [contrôlée] [1] et [au niveau des portiques] C2 »…
« Lundi, des salariés de Endel et d’autres entreprises sous-traitantes, qui assurent 80 % des travaux de maintenance pendant l’arrêt des réacteurs, se sont aperçus que certaines mesures comme la mise à disposition de gel hydroalcoolique ou les distances de sécurité entre les travailleurs n’étaient pas respectées, a indiqué M. Laurent à Reporterre mercredi. Dans les vestiaires, il peut y avoir cinquante personnes dans vingt mètres carrés, impossible de respecter les distances de sécurité ! Dans la zone contrôlée, il n’y a que trois ou quatre douches pour cent salariés. Et en sortie de zone, les portiques C2, où l’on doit introduire sa main dans un fourreau très profond équipé de capteurs et appliquer son visage sur une surface grillagée, ne sont pas désinfectés — les capteurs du fourreau sont trop fragiles pour supporter la désinfection ou l’aspirateur. »
« À Orano Tricastin, des copains et des copines qui travaillent sur un chantier de mise en conformité d’une installation de traitement de l’uranium naturel m’ont raconté qu’on ne leur avait donné aucun moyen de prévention contre le coronavirus, complète M. Reynaud. La contamination radioactive, on sait faire, on a des procédures. Par contre, pour le coronavirus, c’est plus compliqué. » Autre motif d’inquiétude, les centrales et les installations qui tournent au ralenti et les sous-traitants « nomades », qui se déplacent de centrale en centrale, renvoyés dans leurs familles faute d’activité : « Et s’ils étaient porteurs du virus », interroge M. Laurent.
Inquiets, des sous-traitants ont décidé d’exercer leur droit de retrait. « Certains salariés ont refusé d’entrer en zone contrôlée. À Chooz (Ardennes), depuis mardi soir, l’équipe de nuit, puis l’équipe du matin et l’équipe du soir ont toutes exercé leur droit de retrait, soit cinquante personnes. À Penly (Seine-Maritime), mardi matin, cinquante salariés d’Endel ont cessé leur activité, rapporte le syndicaliste. Certains directeurs d’entreprises sous-traitantes ont même retiré leurs personnels des centrales pour les protéger ! » Mais le syndicaliste n’est pas rassuré pour autant : « Si les effectifs sont réduits et que les arrêts de tranche [2] se poursuivent, je suis inquiet car cela va accroître la dosimétrie [3], le stress et donc le risque d’incident pour les sous-traitants. Les arrêts de tranche vont prendre du retard et la pression va encore retomber sur les sous-traitants après cette période d’épidémie. »
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(1)
https://reporterre.net/Dans-les-cen...
Coronavirus : l’hôpital de campagne ne sera pas opérationnel avant le 27 mars ( https://www.francetvinfo.fr/sante/m... )
Etonnant ! : 10 jours pour 30 lits (1000 en Chine)
Moi qui croyais qu'en cas d'accident nucléaire, tout un arsenal médical se mettait en place en quelques heures/ jours pour décontaminer et soigner tout le monde.
Ici pas de radioactivité ou autre sinistre. Les routes sont vides, tous les accès libérés et la météo plutôt clémente.
Soudain le doute m'habite pour la gestion d'un accident nuke...
Depuis hier après-midi, les opérations de maintenance du réacteur 1 de Civeaux sont perturbées car des entreprises de sous-traitance ont enjoint à leurs salariés de rester à leur domicile. EDF ne s'y est pas opposé mais poursuit son activité en tant que service public essentiel. Aussi la maintenance a été suspendue pour toutes les activités qui impliqueraient le circuit primaire. Ce "gel" est prévu pour quelques jours. Le réacteur 1 est donc toujours à l'arrêt, déconnecté du réseau mais non en arrêt complet. Le réacteur 2 fonctionne normalement et est connecté au réseau.
Au niveau des salariés, l'effectif est aujourd'hui divisé par deux : seuls les personnels affectés à des tâches relevant de la sécurité, de la sûreté ou de l'activité de maintenance sont sur le site. Les autres sont en télétravail. A ce jour, la centrale ne compte qu'un seul cas suspect au Covid-19
Confinés jusque dans la mort : Les morts du coronavirus iront seuls au cimetière ( https://www.acdn.net/spip/spip.php?... )
Merci pour les infos, la cour est pleine, n'en jeter plus sinon c'est la déprime. Heureusement les ouvriers des centrales nucléaires vont être immunisés par la radioactivité qu'ils reçoivent! Et la période actuelle de confinement préfigure ce que pourrait être notre vie lors d'un accident atomique en France!
Pour la maintenance de ses réacteurs nucléaires, EDF utilise massivement la sous-traitance.
Il est communément admis que 80% des tâches de maintenance sont réalisées par des entreprises sous-traitantes qui utilisent des travailleurs dont les statuts sont beaucoup moins protecteurs que celui des agents EDF.
Il y a plusieurs raisons au recours à la sous-traitance.
Celle qu’utilise EDF pour justifier cette pratique est la spécificité de certaines tâches qui ne peuvent être réalisées que par des entreprises ayant les compétences, le matériel et le savoir-faire dont ne disposerait pas EDF.
Une autre raison souvent avancée par ceux qui s’offusquent du recours à la sous-traitance est le gain économique pour EDF du fait de la différence statutaire entre les agents EDF et les autres travailleurs qui interviennent dans les centrales.
Mais il y a une raison qui n’est presque jamais indiquée c’est la nécessité pour EDF de répartir les doses de radioactivité sur un grand nombre de personnes afin de respecter formellement les limites autorisées.
Cette pratique constante de l’industrie nucléaire, au niveau mondial, a été documentée et analysée par Annie Thébaud-Mony, directrice honoraire de recherche à l’INSERM, notamment dans son livre « La Science Asservie ».
C’est ainsi que les travaux en « zone contrôlée », c’est-à-dire contaminée et contaminante pour celles et ceux qui y interviennent, est réalisée essentiellement par les salariés des entreprises sous-traitantes. Faire intervenir des agents EDF obligerait à embaucher massivement, pour respecter les limites de doses individuelles.
Le nucléaire qui est déjà la manière la plus coûteuse de produire de l’électricité deviendrait alors hors de prix.
Quoiqu’il en soit, la pratique de la sous-traitance a des limites, notamment légales, qu’EDF semble franchir allègrement en particulier en période de confinement.
C’est ce qu’indique un enseignant-chercheur en droit de l’environnement dans l’article « Nucléaire : pendant le confinement, un recours massif et illégal à la sous-traitance » publié par le journal en ligne « The conversation » : https://theconversation.com/nucleai...