Offensive pro-nucléaire à l'occasion de la nouvelle programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE)
Par Rédaction le mardi 21 janvier 2020, 15:56 - National - Lien permanent
La loi énergie-climat et la nouvelle
PPE prévoient sounoisement de prolonger l'ensemble des réacteurs
nucléaires français au-delà de leur durée de fonctionnement
initialement prévue de 30 ans pour en valider, par entêtement
purement idéologique et financiers, leur fonctionnement au delà de
40 ans, voire 50 ans ou plus encore comme le réclame le nucléariste
EDF. Ni vu, ni connu, à la barbe des populations et sans aucune
prise en compte des conséquences sanitaires ni atteintes au vivant
et à l'environnement. Duperie ultime : l'annonce de fermetures
de réacteurs vétustes et mal en point pour dans... 15 ans et
l'implantation sur les sites concernés de réacteurs atomiques EPR.
Ignoble.
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La nouvelle PPE ne prévoit pas de fermer 12 réacteurs à l'âge de 50 ans ou même plus tôt mais lorsqu'ils arriveront à l’échéance de leur 5ème visite décennale c'est à dire au-delà de leurs 50 ans. Dix ans de gagnés, voire vingt ans même, par un tour de passe-passe sémantique. C'est qu'on a l'habitude dans la nucléocratie de faire prendre des vessies pour des lanternes depuis des décennies, de manipuler à grand coup de service de propagande et d'embauche de linguistes et autres experts en manipulation des masses. Que ce soit par la communication de chaque direction de site atomique (voir le vrai-faux redémarrage de Tricastin 1 qui selon les médias aux ordres relayant un communiquéde EDF affirmaient qu'il avait obtenu le feu vert de l'ASN pour fonctionner au-delà de ans, ce qui est faux) ou au niveau national avec le ballet d'annonces du gouvernement demandant à EDF d'envisager d'implanter six nouveaux EPR en France (alors que EDF - qui a du mal à achever celui de Flamanville- en avait déjà présenté la demande à la Commission Européenne plusieurs mois plus tôt et travaillait sur ce dossier depuis plusieurs années).
Un tour de passe-passe financier sur le dos des contribuables et du budget de l'Etat est aussi planifié au bénéfice de EDF : une fermeture avant 50 ans sera ainsi considérée comme « anticipée » et ouvrira droit à compensation financière pour le nucléariste. Un véritable racket officiel, un détournement de fonds publics. Un moyen détourné de financer une entreprise en faillite et obsolette portant atteinte à la santé et à l'environnement et de la maintenir à flot coûte que coûte. Qu'en penseront les spécialistes de la Commission européenne en charge des régulations financières ?
Une PPE à contre-courant de la transition écologique*
La PPE fait alègrement abstraction de l'état des réacteurs d’ores et déjà dégradé et plus que vétustes : une partie des équipements ne sont ni réparables, ni remplaçables et s'usent avec le temps notamment les cuves bombardées par les réactions neutroniques. Sans compter les multiples anomalies, fuites, emballements et malfaçons, défaillances à répétitions. Cette loi s'assie sur les prescriptions à venir de l'ASN concernant la mise aux normes inéluctables des vieux réacteurs ni ne prend en compte les volumes énormes de déchets radioactifs que leur prolongation va générer, donc sans aucune étude d'impact environnementale non plus.
Cette PPE retire de fait aux populations et aux travailleurs le droit de savoir. En décidant d’annoncer la fermeture d’un réacteur que seulement 3 ans avant -alors que la planification d'un site atomique tel à Fessenheim a demandé 8 ans - elle empêche de fait de penser et organiser la reconversion socio-économique des travailleurs et des territoires concernés. Ce faisant elle crée les conditions d'un reports à répétition des fermetures envisagées.
Ainsi, si EDF évoque la possible fermeture de deux réacteurs atomiques sur quatre au Tricastin et à Cruas et de deux autres aussi vétustes sur les sites nucléaires du Blayais (Gironde), Bugey (Ain), Chinon (Indre-et-Loire), Dampierre (Aube) et Gravelines (Nord), dans le même temps le nucléariste fait tout son possible pour déjouer ces fausses annonces de façade. Aucun des sites atomiques concernés ne fermera donc et continuera à contaminer et menacer la France et les pays limitrophes.* D'ailleurs cette PPE ne comporte aucun scénario alternatif si une ou des possibles fermetures de réacteurs atomiques interviennent pour raison de sûreté. C'est en vérité l'option de la fuite en avant du tout nucléaire qui est dessinée. Illustration : les installations de fabrication des produits de fission atomique faussement appelés "combustible", atteintes largement par le vieillissement, seront prolongées de 20 années supplémentaires jusqu'en 2040 et certainement au-delà. Investissement minimum pour fonctionnement maximum aux risques décuplés. Du grand art obsessionnel!
Dans ces conditions il n'est pas surprenant de voir se confirmer ce que la CAN-SE explique et dénonce depuis toujours : tant que le nucléaire existe il n'y aura pas de transition écologique réelle. Illustration : cette PPE gouvernementale baisse l’objectif pour l’éolien terrestre de 34,7 GW et 35,6 GW de la version précédente à 33,2 GW . Le gouvernement revoit également à la baisse la production de photovoltaïque qui passe à 35,1 GW au lieu des 44 GW et même des 44,5 GW prévus dans la première version de la PPE.
Le coup de bluff permanent des médias
et des institutions
Dans la lignée, le « Dauphiné Libéré », prompt à devancer le moindre sourcillement des nucléaristes régionaux, relaie sans esprit critique - ou simplement trav ail journalistique de base – les âneries des adeptes de la destruction atomique. Cette fois-ci, se loue le journal, c'est à l'occasion des vœux du maire (LREM) de Saint-Paul-Trois-Châteaux, en ce début janvier, que le nouveau Préfet de la Drôme nommé par E.Macron et arrivé début mars – et dont le pedigree est des plus dense et étonnant (1) - a salué la décision du gouvernement de repousser à 2035 l’objectif de diminuer la part du nucléaire dans la production d’électricité. Il a même appelé de ces vœux l'implantation d'un EPR sur le site du Tricastin. Pas moins ! Obscurantisme et fanatisme quand tu nous tiens...
Auparavant, son alter-ego d'Ardècheavait annoncé dans la soirée suivant le séisme du Teil en novembre dernier, que les réacteurs de la centrale nucléaire de Cruas (Ardèche) n'avaient subit « aucun dégât sur les bâtiments et (que) les installations fonctionnent normalement". Chacun a pu depuis mesurer le décalage entre la propagande idéologique et servile d'avec la réalité. Le réacteur nucléaire de Cruas 1 est toujours à l'arrêt depuis le 7 septembre au petit matin, le réacteur nucléaire n°3 ne parvient à atteindre sa puissance nominale de 915MW que par à-coups et le réacteur 4 en arrêt pour défaillance depuis le 14 décembre à 11h30 a des poussées impromptues de surchauffe et joue aussi du yoyo atomique (2). Il est vrai, et la boucle est bouclée, que le 5 décembre dernier le préfet de la Drôme pérorait en criminalisant les luttes sociales: "Il n'est pas possible de tolérer les actes de sabotage au nom de revendications sociales ou protestations syndicales".
Une consultation publique sur ce projet tordu de programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE) pour la période 2019-2028 est ouverte au public. Mais il faut faire vite, très vite car le gouvernement ne l'a planifié que du 20 janvier 2020 au 19 février 2020. Un mois pas plus, et les pro-nucléaires organisés par la nucléocratie industrialo-militaire et administrative assaillent de leur commentaires le site internet de la consultation (3).
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* Dans le même temps, cette PPE gouvernementale baisse l’objectif pour l’éolien terrestre à 33,2 contre 34,7 GW et même contre les 35,6 GW de la version précédente. Le gouvernement a revu également à la baisse le photovoltaïque qui passe à 35,1 contre 44 GW et même 44,5 GW dans la première version de la PPE.
adepte des sports de combat, agrégé de droit, ancien membre de la cellule « Riposte » constituée par Nicolas Sarkozy pour l'élection présidentielle de 2007, ancien conseiller au sein de cabinets ministériels notamment de l'intérieur auprès de C.Guéant en charge des services de renseignement, Directeur Général Délégué de la société privée « Guy Dauphin Environnement » condamnée en 2016 à fermer une décharge controversée dans l'Orne et poursuivie pour une vaste escroquerie, avocat associé au cabinet August & Debouzy, Directeur général d'Odyssée et d'Ushuaïa TV, mandataire de 15 autres sociétés privés. Qu'en pense la Commission de Déontologie ?
sources
https://www.ledauphine.com/france-monde/2020/01/21/nucleaire-la-liste-des-reacteurs-a-arreter
Commentaires
Coûts de nouvelles installations aux États-Unis :
. de 36 à 46 $/MWh pour les centrales photovoltaïques,
. de 29 à 56 $ pour un parc éolien terrestre,
. de 41 à 74 $ pour une centrale à gaz à cycle combiné,
. de 60 à 143 $ pour une centrale à charbon
. de 112 à 189 $ pour une centrale nucléaire.
Adoption d'une toute nouvelle PPE: lamentable, démissionnaire, à l'image des "anti-nuke" qui démissionnent devant l'arrêt intégral et immédiat de ce nucléaire qui assassine, mutile, colonise, mute le règne du vivant. On dit, bien à tort -mais pas tant que ça finalement-, qu'on a les gouvernants qu'on mérite.
Pic de pollution dans la vallée du Rhone, Les Préfets demandent d'arrêter le chauffage au bois. Il faut donc mettre les radiateurs électriques et relancer les centrales nucléaires, puisque lors des pics de pollution, par définition il n'y a pas de vent. Que fait la CAN ?
Ndlr -> Comme son nom l'indique la CAN-SE est la coordination du sud-est qui lutte pour l'arrêt immédiat du nucléaire, en dehors de toute autre considération environnementaliste pour lesquelles existent d'autres organisations de luttes. Si votre souhait est de vous engager pour le bien commun et le climat, nous vous invitons à vous rapprocher des-dites associations. Notons par ailleurs que jamais ni les Préfets et ni les autorités publiques ( au premier rang desquelles les Agences Régionales de Santé) ne lancent d'alerte et d'obligation d'arrêt de fonctionnement d'installations lorsqu'il y a des pic de contamination radioactive et pas plus lors des rejets continus et quotidiens de radioactivité par les installions nucléaires.
La consultation publique sur la PPE est pipée. Pour preuve, ils ont bloqué et ne diffuse pas ma contribution (ci-dessous) sur le site internet officiel gouvernemental de la consultation. En revanche les pro-nucléaires ont table ouverte. Manipulations!!!
ma contribution :
"Quelle foutaise ce nouveau tripatouillage de désespoir pour sauver votre vieux monde. Quelle misère intellectuelle et morale dans cette PPE de bas étage et toute soumise aux lobby du nucléaire et des énergies fossiles. Les vieilles idées et pensées qui hantent encore vos esprits rétrogrades et fanatiques sont affligeantes.
Vous cogitez comme des arriérés soucieux de sauver vos vieilles lunes. N'hésitant pas au passage à sacrifier la population et la planète. Honte à vous, technocrates et politiciens qui avez dépossédé le peuple de son pouvoir, qui avez vidé la démocratie de sa dynamique pour en faire votre chose aux services de vos intérêts personnels mesquins et de ceux de vos maîtres. Vos noms sont à jamais maudits pour des centaines de générations.
Fermeture immédiate de toutes les installations mortifères nucléaires dans un délai maximum de 5 ans, 90% du budget de la Recherche pour les Enr et la santé (rien pour le nucléaire, ITER, ICEDA, CIGEO, ATMEA, et autres conneries de destruction atomique), un pays 100% EnR en 5 ans maximum.
Toute autre considération est guidée par vos démons intérieurs. "
Ce 22 juin 2020, des associations ont déposé un recours en annulation à l'encontre de la nouvelle Programmation Pluriannuelle de l'Énergie (PPE), qui acte la prolongation de la durée de fonctionnement de quasiment tous les réacteurs nucléaires au-delà de 40 ans, voire au-delà de 50.
Approuvée par décret du Premier Ministre et publiée le 23 avril 2020, la Programmation Pluriannuelle de l'Énergie (PPE) définit les grandes lignes de la politique énergétique française pour les prochaines années. Bien que ce texte consacre peu de pages au nucléaire, les orientations qu'il contient sont porteuses de conséquences lourdes. En effet, il repousse de dix ans l'échéance initialement prévue pour atteindre l'objectif de 50% de nucléaire dans le mix électrique. Et s'il prévoit la fermeture de 14 réacteurs d'ici 2035, il pose surtout comme principe que l'ensemble du parc nucléaire français – sauf rare exception – devra fonctionner au-delà de sa 4è visite décennale et jusqu'à sa 5è visite décennale au moins, soit plus de 50 ans. La fermeture de Fessenheim est donc l'exception qui confirme la règle.
Cette orientation irresponsable va à l'encontre de la prudence la plus élémentaire concernant la sûreté nucléaire. Certains équipements, comme les cuves des réacteurs, n'ont pas été conçus pour fonctionner plus d'une quarantaine d'années et ne sont ni réparables ni remplaçables. Porter leur utilisation au-delà revient à rogner sur les marges de sûreté et prendre des risques considérables, tout cela pour parvenir à une situation de surproduction absurde. En outre, la prolongation du fonctionnement des réacteurs au-delà de 40 ans entraînera des travaux lourds, inédits et coûteux, tout en accroissant la production de déchets radioactifs ingérables.