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2019-11-11_seisme_cercles-impacts.jpgLes 4 et 5 novembre derniers, soit une semaine avant le tremblement de terre du Teil, l'IRSN possédait des informations de premier ordre : ayant positionné  des capteurs de sismicité, dans le cadre de travaux de recherche , sur le remplissage sédimentaire pliocène de l’ancien canyon du Rhône où est implanté le site nucléaire du Tricastin, les mesures enregistrées témoignaient d'une activité sismique récurrente. Depuis 2016  trois lieux du secteur du Tricastin - "Rocher", "Sédiment_1" et "Sédiment_2" (1) - sont équipés de ces capteurs qui mesurent les faibles vibrations permanentes du sol ainsi que les mouvements provoqués par des séismes survenant à des distances pouvant dépasser plusieurs milliers de kilomètres. Tout au long de l'année des "essaims de micro-séismes" frappent la région pouvant fragiliser les installations nucléaires. Les mesures des sismographes ont mis en lumière des propriétés sismiques du sous-sol de ces sites et conduit à une première estimation de l’amplification du mouvement sismique entre le remplissage sédimentaire pliocène et des roches calcaires en bordure du canyon.

La faille des Cévennes en surveillance depuis plus de 20 ans

Une semaine plus tard, le 11 novembre 2019, un tremblement de terre de quelques seconde et d'une magnitude de 5,4 sur l’échelle de Richter, dont l'épicentre fut la ville du Teil (ville de 8500 habitants), frappait l'Ardèche et provoquait de nombreux dégâts avec des impacts bien au-delà. La secousse a été ressentie sur les deux plateformes nucléaires situées respectivement à 23 kilomètres (Cruas) et 26 kilomètres (Tricastin) de l’épicentre. La faille à l’origine du séisme se situe à environ 12 km de la centrale nucléaire de Cruas et à une vingtaine de kilomètres de la centrale du Tricastin dans la vallée du Rhône.

2011-08-03_seisme_largentiere-LeTeil.jpgC'est la faille des Cévennes, une grande structure qui remonte de la région de Montpellier jusqu'à la bordure ouest de la vallée du Rhône, qui vient de se réveiller. Inactive depuis plus d'un siècle, un bloc est passé par dessus l'autre (une faille inverse) alors que le mouvement de la faille des Cévennes est coulissant dans le même sens.Selon les spécialistes cités par "Sciences et Avenir, le séisme serait du à la rupture d'une branche de la faille.

Depuis au moins octobre 1998, les spécialistes comme les nucléaristes, savent que la menace existe. Ainsi le magazine "La Recherche" écrivait : "Alors qu'on la croyait inactive, la faille des Cévennes revêt sur les photos satellites toutes les apparences des failles dont il faut se méfier. Les traces qu'elle a laissées dans le paysage, plusieurs coupures nettes entre Clermont-l'Hérault et Alès, suggèrent qu'elle a produit des séismes importants. Et ceci bien plus récemment qu'on ne le pensait. Reste une inconnue capitale, que les images satellites ne révèlent pas : quand aura lieu la prochaine secousse, dans 10 000, 1 000 ans ou avant ?" (3). Prémonitoire, mais pas suffisant pour l'obscurantisme scientisme de la nucléocratie qui passe outre, jusqu'à l'apocalypse finale.

Deux nouvelles répliques de tremblement de terre

Mercredi 13 novembre 2019 à 15h42, toujours dans la région Le Teil / Montélimar, une réplique de magnitude 2,2 a encore frappé. Les sismomètres permanents du RéNaSS (Réseau National de Surveillance Sismique) ont détectée cette nouvelle secousse ressentie par les habitants engendrant un mouvement de panique chez certain-es qui sont sortis précipitamment de leur immeuble. Le Centre Sismologique Euro-Méditerranéen/CSEM (2), évalue cette réplique du tremblement de terre de lundi a une magnitude d’environ 2,5 à 15h45.

Dans la nuit du samedi 23 au dimanche 24 novembre, vers 23h15, moins de deux semaines après le séisme survenu le 11 novembre, une nouvelle secousse, de magnitude 2,8, s'est produite à 3 km du Teil et 6 km de Montélimar. Les exploitants des installations nucléaires de Cruas et du Tricastin - EDF, Orano/Areva, CEA - demeurent d'un silence assourdissant sur les impacts éventuels sur leurs installations.

Plusieurs autres séismes ont aussi frappé  dernièrement la France :, dans la chaîne des Pyrénées (3,8), près de Pau (magnitude 3,8), à Strasbourg (3,1), dans les Deux-Sèvres (3,7) ou dans le Puy-de-Dôme (3,7).
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(1) https://www.irsn.fr/FR/Actualites_presse/Actualites/Pages/20191126_NI-Seisme-du-Teil-11112019.aspx

(2) Le CSEM est une ONG scientifique à but non lucratif crée en 1975. Il fédère les observatoires sismologiques de la région Euro-Méditerranéenne. Grâce aux 84 instituts membres dans 55 pays différents, le CSEM offre un service d'information sismique en temps réel sur son site Internet et au travers de son service de notification par courriel. ( https://www.emsc-csem.org/#2
https://www.emsc-csem.org/Earthquake/Map/zoom.php?key=114&typ=euro#2 )

(3) https://www.larecherche.fr/search/node/faille%20des%20c%C3%A9vennes