1er mai 2019 : travailleurs, gilets jaunes, antinucléaires au coude à coude
Par Rédaction le jeudi 2 mai 2019, 08:00 - Vaucluse - Lien permanent
Le 1er mai 2019, en Vaucluse, à l'occasion de la Journée Internationale de Luttes des Travailleurs, une première convergence de luttes s'opère entre syndicats, gilets jaunes, antinucléaires.
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Pendant plusieurs heures, de la gare-centre à la place du palais des papes, des milliers de manifestants ont défilé dans la cité des papes. Au coude à coude des travailleurs, syndicats, associations, collectifs de luttes, gilets jaunes, retraité-es, chômeurs, antinucléaires ont contesté l'ordre dominant oppressif et destructeur de vie et de la planète.
Le Collectif antinucléaire de Vaucluse, renforcé de nouveaux et nouvelles vauclusien-nes, a exprimé fortement l'exigence de bannir le nucléaire civil et militaire, d'inscrire dans la Constitution française, l'interdiction de recourir au nucléaire.
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Commentaires
Je n'ai pas été déçue du déplacement ce ven. 3 mai 2019. Les audiences à la Chambre 601 pour les comparutions de GJ retenus en garde à vue dans des conditions déplorables depuis le 1er mai après-midi, étaient surréalistes.
Mais on a pu voir l'indépendance de la justice à l'oeuvre !
De la prison, des mises sous contrôle judiciaire, des détentions provisoires pour des manifestants inculpés d'avoir participé à des « attroupements avec l'intention manifeste d'en découdre » (formulation désormais consacrée) mais sans la moindre preuve de commission des délits reprochés.
En fait il suffit d'avoir un bonnet, les lunettes de protection et rien d'autre, pour être jugé coupable, même en présence de caméras de vidéosurveillance ne montrant aucun des faits reprochés. Et si jamais on a trouvé un pétard (« engin pyrotechnique ») sur le sol près de vous, alors là, vous êtes bons comme la romaine !
Il suffit d'une ligne de la main d'un policier disant que vous avez "jeté une pierre en direction des forces de l'ordre", même si c'est pratiquement impossible physiquement vu votre position au moment de votre interpellation, pour passer non seulement 72 H en garde à vue, mais voir le procureur exiger votre détention provisoire quand vous refusez d'être jugé en comparution immédiate, et que vous demandez le renvoi de l'audience pour pouvoir préparer votre défense.
F., étudiant en Histoire, s'est ainsi pris 4 mois avec sursis, pour avoir eu sur lui un sifflet, une coquille de protection, des lunettes... et un "autocollant AL", sur lequel on a beaucoup glosé pour savoir s'il faisait partie ou pas d'une « Alliance Libertaire », et pourquoi il n'était pas resté dans sa bonne ville de Caen, au lieu de venir manifester à Paris.
Et quand son avocat a demandé qu'aucune condamnation n'apparaisse sur son casier judiciaire, étant donné qu'il se destine à l'enseignement, le président du Tribunal, s'est tourné vers le procureur pour lui demander son avis....
Quant à L., étudiant parisien de 21 ans, qui a refusé de se laisser prendre ses empreintes digitales et son ADN pendant la garde à vue, mais qui a décliné son identité et qui avait son passeport sur lui, le procureur a estimé, bien que ses deux parents soient dans la salle d'audience, qu'on ne pouvait pas être sûr de son identité, et qu'on ne pouvait donc pas le laisser libre ou sous contrôle judiciaire, en attendant le renvoi de son procès !
Il a demandé qu'on l'envoie au trou, bien qu'il soit surveillant dans un collège et habite chez ses parents.
Ce qui a déclenché une saine colère de la part de son avocat, qui a démontré à la barre à quel point toutes les règles et articles de loi étaient bafoués, à commencer par l'article 144 du code de procédure pénale, qui stipule q'il faut « des éléments précis et circonstanciés, tirés de la procédure, pour retenir la détention provisoire ».
« Si, ce n'est pas vous qui tranchez la tête à ces procédures scélérates, qui le fera ? » a-t-il demandé aux trois juges, en soulignant les "incroyables dérives auxquelles on assiste actuellement de la part du ministère public et de la justice".
On a vu également comparaître un jeune de Montbrison (Loire), épileptique et souffrant d'une cardiopathie, auquel la police a refusé de donner ses médicaments confisqués pendant sa longue garde à vue, ce qui l'a amené à avoir une crise d'épilepsie au dépôt et d'être amené avec du retard au tribunal.
Un jeune auquel l'un des juges rapporteurs a eu le culot de lancer : « Vous n'avez pas encore pris votre indépendance ? », parce qu'il vit avec son frère chez sa mère « technicienne de surface » (odieuse manière de dire" femme de ménage »)
Et chaque fois le même déballage indécent de la vie privée des prévenus, avec des questions insistantes sur leurs relations avec leur père, leur mère, le montant exact de leur allocation chômage, la nature de leur contrat de travail, ce qu'ils "comptaient faire plus tard dans la vie », et des conseils du type « vous devriez aller voir un psy »...
Le jeune épileptique en attente d'une intervention chirurgicale programmée en juin, pouvant difficilement être envoyé en prison dans l'attente de son audience qu'il souhaitait préparer, le procureur a exigé qu'il ne puisse quitter le département de la Loire,
« de peur qu'il réitère une intention de commettre des violences ».
Ce à quoi sa jeune avocate a répliqué de manière fort pertinente : « Pourquoi a-t-il le droit de commettre des violences dans la Loire, à Saint-Etienne par exemple, et pas à Paris ? »
Et quand elle a demandé qu'on rende à son client son téléphone sous scellé, vu que toutes les infos et images contenues avaient été exploitées par la police, et qu'il avait des contacts médicaux importants sur son portable, le juge s'est à nouveau tourné une fois de plus vers le procureur pour qu'il en « juge » .
Et le procureur a dit non !
Attention, tout comme les fake news de Castaner, ces pratiques, loin de nous décourager risquent de nous enrager. Car « le Gilet Jaune plie, mais ne rond-point ! ». Et la population est de moins en moins dupe. Elle constate que les mensonges et la répression tiennent lieu de réponses à de justes exigences.
Amitiés,
Olivia
https://www.leetchi.com/c/debat-gil...
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GILETS JAUNES ET DEMOCRATIE REELLE
Suite et dans la prolongation des trois derniers événements organisés aux Grands Voisins, 74 avenue Denfert Richereau 75 014 Paris, Vendredi 7 Juin 2019 à 18 heures, le Collectif des Gilets Jaunes de l'Enseignement et de la Recherche invite le public à se joindre à lui pour dialoguer avec des représentants des Gilets Jaunes autour du thème de la démocratie réelle. Seront présents des délégués des collectifs des Gilets Jaunes de Montpellier, Saint-Nazaire, Commercy, Clermont-Ferrand, Ancenis, Drôme et Clamecy. Les prises de paroles seront courtes afin que nous envisagions ensemble une esquisse d'alternative démocratique en cours d'expérience.
À l'heure d'un dysfonctionnement manifeste de la dite démocratie représentative, il est temps de participer à la fondation d'une véritable démocratie. Démocratie réelle qu'aucun pays n'a pu connaitre de manière pérenne.
En France depuis la révolution française et, en occident, depuis les Lumières, en Europe tout particulièrement, la question n'a cessé d'être posée. Elle hante les peuples qui ponctuellement en son nom, se sont insurgés, sous différentes formes et sous différentes bannières. À chaque révolution, des collectifs se sont constitués en instituant une forme de démocratie insurgeante, pour reprendre l'expression de Miguel Abensour.
Le soulèvement des gilets jaunes reprend à son tour le flambeau. Mais partout dans le monde aujourd'hui des expériences de collectifs démocratiques se mettent en place. Ils sont parsemées dans la ville, comme à Barcelone, ou ils sont présents dans des quartiers, comme à Marseille sous l'œil vigilant d'un groupe de femmes, ou encore ils voient le jour à l'échelle d'une région ou d'une commune, par une gestion démocratique comme à Saillans dans la Drôme, ou encore ils s'organisent sous forme de groupe de résistance, capables de se transformer en exploitation collective comme dans la Zone A Défendre (ZAD) de Notre Dame Des Landes et dans bien d'autres points du globe, au Chiapas notamment.
L'Assemblée des assemblées, deuxième de nom qui s'est tenue à Saint-Nazaire, le week-end du Vendredi 5 Avril au Dimanche 7 Avril 2019, nous a fait vivre un expérience exemplaire de préoccupation démocratique, avec ses interrogations, ses erreurs et ses remises en cause. Expérience des ronds points, dont des délégations ponctuelles des Gilets Jaunes, ont rendu compte dans les ateliers, avec son lot d'antagonismes inévitables, de manifestations de solidarité, d'échecs, et de moments de lassitude où l'épuisement commence à se faire sentir.
Partout, à tout moment, était répété, en assemblée plénière, comme dans les commissions réparties par thèmes, la nécessité de décider à l'échelle de la mobilisation locale. Des projets sont en phase expérimentale, à l'échelle de la commune, avec ou sans l'aide des mairies, projets agricoles, de marchés parallèles, d'utilisation de monnaies locales et d'action directe contre les expulsions, autant que des tentatives de réécriture des lois, au-delà du simple Référendum d'Initiative Citoyenne (RIC), jusqu'à la rédaction d'une constitution ou d'une réutilisation de la constitution de 1793, la créativité foisonne.
C'est dire que la question de la démocratie était et est au cœur des expériences en cours. Loin d'un refus d'une coordination, très loin des interprétations médiatiques, les échanges ont démontré que les Gilets Jaunes renouaient avec la tradition concrète consistant à donner, non pas seulement la parole, mais le pouvoir d'agir aux militants citoyens. Le souci d'élargir le mouvement à d'autres catégories de la population mécontente s'est aussi largement fait entendre dans les ateliers.
Aussi nous a-t-il semblé nécessaire d'organiser, avec les délégations des Gilets Jaunes qui ont rapporté des expériences d'organisation démocratique au cours de ce long week-end à Saint-Nazaire, plongé sous la pluie, un quatrième débat aux Grands Voisins sur le thème de la réinvention de la démocratie et son devenir susceptible de mettre un terme à cette pseudo démocratie mal nommée représentative. Issue d'un libéralisme, autant politique qu'économique, cette démocratie représentative fut donnée comme système démocratique, sous forme d'une république en France dont nous avons oublié l'origine révolutionnaire et populaire et qui maintenant est devenu parfaitement compatible avec un néolibéralisme qui nous empoisonne dans tous les sens du terme.
D'ores et déjà, nous avons l'accord des délégations présentes à la deuxième assemblée des assemblées à Saint-Nazaire. Les délégations de Clermont-Ferrand, Drôme, Commercy, Ancenis, Clamecy, Montpellier et Toulouse, interviendrons sur leurs expériences respectives.
Interventions auxquelles nous ajouterons celle d'Ambiance Bois dont l'expérience de travail collectif sur le plateau du Limousin est riche d'enseignement. Ce lieu symbolique poursuit la longue tradition d'entraide et de résistance au libéralisme depuis l'expérience de la période de la résistance proprement dite.
Une cagnotte sera utilisée pour inviter des Gilets Jaunes de toute la France et pour leur rembourser a minima le déplacement en train et, si possible, pour les loger à Paris. Si nous récoltons plus de fonds que nécessaire, ils seront réinvestis dans nos actions futures.
Qui sommes-nous ?
Etabli à la suite d'une tribune de la plate forme www.change.org, le Collectif des Gilets Jaunes de l'Enseignement et de la Recherche réfléchit dans le cadre du mouvement des Gilets Jaunes sur le contexte de ce mouvement, ses composantes, et à la situation particulière dans notre domaine, l'enseignement et la recherche, en tentant de fédérer le plus grand nombre d'académiques et d'enseignants en France.
Nous avons déjà organisé trois débats avec des Gilets Jaunes aux Grands Voisins et nous avons récemment publié la tribune « nous accusons »