Cruas, Tricastin, Bugey menacés par une rupture du barrage de Vouglans (Ain)
Par admin le samedi 15 septembre 2018, 11:47 - Rhône Durance - Lien permanent

__
Si tout est sous contrôle, pourquoi EDF envoie-t-elle aux associations
et à l'ASN (Autorité de Sûreté Nucléaire) des documents erronés, voire falsifiés ? On ne peut que s'interroger. Notamment avec ce document interne au
nucléariste traitant du barrage hydroélectrique de Vouglans dans l'Ain avec son lac artificiel de 35 kilomètres de long et 600 millions de mètres cubes d’eau, ses 130 mètres de haut et 430 mètres de long et construit il y a cinquante ans (comme le pont de Gênes qui s'est effondré le mois dernier).
Pourquoi ce document interne présente-t-il une minoration de 85 millions de m3
d’eau par rapport aux évaluations officielles? C'est ce que révèle l'émission "Envoyé Spécial" du 13 septembre dernier apportant un démenti cinglant au discours rassurant et mensonger de
l’entreprise nucléariste. Elle révèle que dès la mise en eaux en 1968 plus de 200 fissures étaient apparues sur l'ouvrage.
Un déni de réalité

C'est vite oublier qu'en France même, une telle catastrophe s'est déjà produite dans le Var il y a soixante ans, en pleine nuit. La vague géante de 50 millions de m3 déferla du barrage fissuré de Malpasset au dessus de Fréjus à la vitesse de 70km/heure. Il y eu 438 morts. A l'époque les centrales nucléaires n'existaient pas encore.
Évidemment, en minorant de 85 millions de m3
le volume d’eau réel du barrage de Vouglans et la pression gigantesque exercée par cette masse d'eau phénoménale sur le béton, on peut mettre en scène la théologie du dieu atome, dominateur et sourcilleux, maître de la matière et ainsi tenter de faire s'incliner le bon peuple ignorant et docile devant ses maîtres technophiles. Pourtant, comment accorder le moindre crédit à ces auto-proclamations si proches du délire et de la mégalomanie ? Des déclarations qui apparaissent relever plus du vœu pieux et de l'irresponsabilité que de l’analyse et de la prudence et du souci du bien commun et de la population.
Risques d'inondation et de catastrophe nucléaire dans l'Ain, l'Isère, le Rhône, l'Ardèche, la Drôme, le Vaucluse,...

Malgré les documents internes EDF de ce scénario catastrophique, les déclarations officielles négationnistes demeurent. Pire, non seulement les installations nucléaires du Bugey ne seraient pas inondées mais la centrale nucléaire de Saint-Alban dans l’Isère, située un peu plus au sud, serait aussi épargnée par la vague. Mais toutefois ... à 7 cm près, voire à 2 centimètres ! A quoi cela tient la vie de millions d'habitants de la région. Quelques centimètres de plus ou de moins, que le nucléariste assure bien évidemment maîtriser, et la catastrophe atomique tricolore a lieu ou pas. Vous y croyez, vous ? " C'est un ouvrage majeur à risque, on le sait, mais on fait confiance aux services de l'Etat"ose déclarer un élu.
L'omerta aussi se fissure

Même en sombrant dans un aveuglement béat épousant le discours nucléocratique et en abandonnant son sort à une volonté supérieure, celle du lobby nucléaire, resterait l'existence d'une réalité tout aussi incontournable : quand bien même les réacteurs ne seraient pas submergés, d'une part les débris charriés par la vague déferlante obstrueront les filtres des systèmes de prélèvement d’eau indispensable au refroidissement des réacteurs nucléaires. Ce refroidissement alors impossible, la catastrophe sera inéluctable. D'autre part une telle inondation brutale maltraitera les infrastructures de transport d’électricité (pylônes, lignes THT, transformateurs) entraînant une défaillance de l’alimentation électrique servant au refroidissement des réacteurs et des piscines de stockages des déchets radioactifs. Le recours aux moteurs diesels ne serait pas assuré dans de telles conditions d'autant plus que d'autres documents internes à EDF (publiés en 2016 par le Journal de l’Énergie) indiquent que la plupart d’entre-eux sont dans un état déplorable !

La plus élémentaire des prudences exige la mise à l’arrêt immédiat des réacteurs atomiques et des installations nucléaires. Leur fermeture est d’autant plus urgente que nombre d’entre elles ont déjà atteint les limites de leur durée initiale de fonctionnement et subissent une multiplication d'incidents de plus en plus toxiques et destructeurs.
J.R
__(1) https://www.france.tv/france-2/envoye-special/690221-envoye-special.html (à partir de 38min)
Commentaires
J'aurais plutôt demandé de mettre Vouglans sous une cote de sécurité dans un premier temps, ça me semble une mesure conservatoire plus simple et facile car la rupture d'un barrage ne doit pas provoquer un risque nucléaire en chaîne. Je vous signale que les fissures de Vouglans ne sont pas naturelles mais certainement dues au séisme du 21 juin 1971 au pied du barrage. http://www.planseisme.fr/-Franche-C...
C'est très très fort dans le genre mais vous avez aussi la tornade EF5 à Palluel à quelques dizaines de kilomètres de la centrale de Paluel avant sa construction comme quoi les dossiers "risques" sont des pantalonnades.
http://keraunos.org/actualites/fait...
Je vais même rajouter un point non rassurant. A Malpasset, la première enquête conclua à une roche instable d'un coté puis on a construit le barrage de Vouglans dans la foulée ce qui est un peu fort. Ce n'est pas cela qui s'est passé, il y a eu un renard naturel sous le barrage qui l'a fait glisser par en dessous et l'appui sur le coté n'a lâché qu'après. Ce qui détruit les barrages se passe sous le barrage et remonte de l'aval vers l'amont ce qu'on appel un "renard" . Ça ne sert à rien de surveiller les fissures parce que c'est trop tard si ça bouge, il faut surveiller en aval du barrage et parfois assez loin pour voir s'il n'y a pas un courant souterrain qui émerge en bouillonnant et entraîne les limons car il déplace le pied du barrage qui ne peut pas résister du fait de sa rigidité. Là, vous avez peut-être le temps d'agir. Beaucoup de barrages ont ce type de problème par exemple sur le Tigre et L'Euphrate avec le barrage Saddam et ses 12 milliards de m³ d'eau. Il a mérité d'être pendu rien que pour ça parce que ça détruira un jour Mossoul et une partie de Bagdad faisant au moins un demi million de mort.
Je pense qu'EDF sait cela parce qu'ils sont sérieux mais ils devraient tout de même avoir l'obligation de se mettre sous une côte où la rupture n'entraîne pas le risque nucléaire sinon la sûreté n'existe pas.