Le CAN84 met son grain de sel à l'Université d'été de la France Insoumise
Par admin le mardi 28 août 2018, 12:17 - National - Lien permanent
Le CAN84 a rendu une visité inopinée à l'Université d'Eté de la "France Insoumise" à Marseille, seule formation politique à avoir organisé une votation sur l'arrêt du nucléaire. Mais difficile de faire entendre la voix de la raison et du bon sens dans un cadre de stratégie politique visant à regrouper les luttes diverses et ne pas trop effaroucher l'électeur. Mais...
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Une centaine de personnes de tous âges étaient présentes à cet atelier et, après les interventions "officielles" programmées des responsables FI (Serge Coronado, Martine Billard), d'un syndicaliste sous-traité du nucléaire (Gilles Raynaud) et d'une Conseillère régionale Auvergne-Rhône-Alpes du Rassemblement citoyen écologique et solidaire/Parti de gauche (Emilie Marche), le CAN84 a pris la parole. Parole visant également et particulièrement à interpeller et réfléchir sur les raisons de la désaffection des citoyens et militants dans la résistance à la domination (renoncement, dépression collective, perte d'idéal, individualisme), sur des formes de luttes (formalistes et d'un légalisme sans danger pour les lobbies) qui ne semblent plus en adéquation avec l'évolution des comportements de masse (vampirisés par le consumérisme) ou son accompagnement (green-washing, stratégie des "petits pas", solidarités d'intérêts immédiats et de replis grégaires).
La réflexion et l'analyse d'émancipation sont biaisées car s'inscrivant dans le cadre imposé par l'idéologie dominante
Si chaque participant-e à cet atelier est reparti avec une information du CAN84 sur les méfaits du nucléaire (1) et le document de réflexions proposé par une militante sur "l'indifférence apparente de la population malgré les expériences des catastrophes de Tchernobyl puis de Fukushima" - question que se posent aussi des chercheurs en sciences humaines et sociales et des journalistes indépendants - le propos antinucléaire n'a pu aller à son terme. Force étant de constater que les dangers/risques/menaces mortelles/atteintes sanitaires et environnementales du nucléaire sont encore enfermés dans une approche non-humaniste de simple ou complexe gestion énergétique. Un amalgame préjudiciable car le nucléaire n'est pas une question énergétique mais une principale question sanitaire et de santé publique, un crime.
La suite des échanges a bien montré combien la conscience du crime atomique venait au second plan. On y parla du "comment?" en lieu et place du "pourquoi?", de la future loi sur la privatisation des barrages hydro-électrique (lorgner de près par Véolia, Suez, Lyonnaise des Eaux) ou des distorsions entre les propos présidentiels lors des "Accords de Paris " et la réalité, ou encore d'aider au développement des diverses sources d'énergies renouvelables (solaires, éoliennes, hydroliennes, géothermie,...) ce qui, avouons-le, n'implique nullement la fin du nucléaire, ou encore de l'actuel nucléaire low-cost avec des travailleurs sous-traitants mal formés dans le domaine de la sécurité et réprimés (donc sous-entendu qu'un nucléaire avec des salariés respectés pourrait être la solution).
La "FI" annonce le lancement d'une prochaine bataille politique auprès de l'opinion au sujet du nucléaire et le dépôt par ses parlementaires de projets de loi. Peut-être que le meilleur moyen de préparation des militants eut été que parmi les nombreux fascicules imprimés sur les sujets très variés et les thématiques d'ateliers de cette université regroupant des gens qui se bougent, figurent et le nucléaire et l'extrême urgence d'y mettre un terme. Et de sortir aussi des scénarios de maintien du nucléaire (Négawatt) pour de longues années encore, niant en cela le crime sanitaire et l'écocide en cours.
"Cours camarade, le vieux monde est derrière toi"
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(1) La poubelle nucléaire sauvage et illégale de Solérieux (Drôme), l'Appel aux travailleurs du nucléaire, Votre santé est menacée, Vous serez évacué-es de force,...
Commentaires
Salut
Je trouve un peu injuste ce commentaire au niveau de cette parenthèse que je qualifierai même de malveillante : "(donc sous-entendu qu'un nucléaire avec des salariés respectés pourrait être la solution)". C'est le seul groupe politique clair sur cette question, il me semble. D'après les discours de son porte parole Jean Luc Mélenchon il ne serait pas question pour la France Insoumise de poursuivre dans cette voie sans issue si ce mouvement était au pouvoir. Dans tous les discours concernant le nucléaire il est question d'en sortir à travers d'autres sources d'énergie. Certes la FI ne parle pas très fort de sobriété heureuse et de décroissance volontaire, mais elle en a quand même parlé. Ce qui pour une formation politique de cette taille, qui s'adresse à beaucoup de gens et qui est relayé (un peu) sur certains médias, n'est pas négligeable. Moi aussi je trouve que les délais sont trop longs, mais il a toujours été dit que d'abord Fessenheim serait fermée et que les démantèlements suivraient et seraient exécutés par les personnes qui travaillent déjà dans le nucléaire, si elle le souhaitent. Parce que l'argument collectif de toutes les autres formations, y compris LO et le NPA..(!) reste le chômage de la classe ouvrière.
C'est donc malvenu voire stupide de la part de la personne qui a écrit cet article de faire des sous entendus aussi gratuits et venimeux que désinformés.
Andrée Battaglieri
Sécession : “Action de se séparer de ceux avec lesquels on était uni”. Il n’est donc, comme je l’ai souligné dans plusieurs écrits et interventions depuis plusieurs années , pas question de fuite, mais de se retirer d’un système de gouvernance qui nous laisse croire que la seule façon d’être unis est la réglé définie par des partis politiques et leurs représentants “élus”.
Les élections pratiquées dans notre système de gouvernance éloignent de plus en plus nos contemporains de leur quotidien.
Pour l’image : la sécession en tant qu’action consiste à refuser de jouer à la Belote avec les règles du Tarot (et vice versa) mais aussi à rechercher un autre jeu de carte ou les cartes auraient toutes la même valeur à “la donne” mais en laissant à chacun sa décision de les utiliser pour en faire des atouts.
Pour exemple : “le revenu inconditionnel d’existence”.
C’est aussi dans cette action de sécession que j’ai parlé de “la désaccoutumance à la croissance” Ivan Illich ,qui laisse à chaqu'un le soin de se soigner et de choisir son traitement pour endiguer cette maladie très contagieuse de “La Croissance”.
La “Décroissance” m’apparaît plus comme un slogan de campagne électorale pour certains courants politiques.
Bernard Bruyat, Chercheur indépendant sécessionniste OPDLM (Université du pas de coté)
En réponse au commentaire 1 de Andrée (désolé c'est un peu long):
Par essence le débat et la contradiction ne sont par "injustes". Faire le focus et mettre la lumière sur des incohérences de raisonnement et de positionnement n'est pas "gratuits et venimeux" ni "désinformés".
Comme vous le dites vous-même dans votre commentaire : "les délais sont trop longs, mais il a toujours été dit que d'abord Fessenheim serait fermée et que les démantèlements suivraient".
1)- les délais sont trop longs : oui car admettre des délais de 5/10/20 ans c'est décider que des centaines/milliers de citoyens vont être contaminés, atteint dans leur intégrité, mourir. De quel droit supérieur un parti politique ou n'importe quel humain peu imposer cela ?
2)- Nous sommes face à un crime sanitaire, il ne s'agit pas d'être un boutiquier du coin de la rue qui soupèse d'un œil ses colonnes de bilan et compte d'exploitation avec ses profits et pertes
3)- Qui a dit et décidé que d'abord Fessenheim serait fermée ? Ni les citoyens, ni les militants. Seulement un certain François Hollande pour racoler du vote écolo. On a vu la suite : mise sous condition de cette fermeture de centrale à l'ouverture d'un EPR, maintien de 50% de nucléaire, report de l'objectif.
4)- l'état de délabrement des INB est tel que la catastrophe est pour bientôt. La FI attend-elle cette catastrophe "Fukushima made in France" pour enfin se rendre à l'évidence ?
Vous dites aussi : "Dans tous les discours concernant le nucléaire il est question d'en sortir à travers d'autres sources d'énergie"
1)- Là repose une inconséquence intellectuelle et morale. On ne peut dire : c'est terriblement dangereux, ça contamine, ça menace, ça génère des déchets mortels, ça hypothèque les vies de nos descendants, ça menace les peuples voisins mais on continue des années encore.
2)- Rendre dépendant l'arrêt du crime sanitaire atomique d'un potentiel développement éventuel d'autre sources d'énergies alternatives : c'est inverser l'enjeu et faire de la projection technocratique. C'est en arrêtant immédiatement le nucléaire qu'on crée objectivement les conditions du développement des ENR.
3)- En quoi "sortir à travers d'autres sources d'énergie" diffère-t-il de ce que nous servent les libéraux et autres socialistes d'accompagnement depuis des décennies ? Le délai est raccourci dans le programme de la "FI", certes et alors? Le poids des lobbies a-t-il et aura-t-il disparu ? Les maîtres polytechniciens de l'Ecole des mines, du CEA, de EDF, d'Areva-Orano, des états-majors militaires - qui dictent les orientations, choix et décisions politiques - auront-ils déserté les cabinets ministériels et les administrations d'Etat centralisées et décentralisées ?
La confrontation critique mérite donc d'exister. Et l'action concrète contre le crime atomique aussi. Nous sommes en état de légitime défense. Il n'est plus temps de s'accommoder de "petits pas" qui d'ailleurs sont sans cesse plus lents car "il faut être réalistes, tout n'est pas possible, il y a d'autres priorités, etc..."
Vous dites également "les démantèlements suivraient et seraient exécutés par les personnes qui travaillent déjà dans le nucléaire".
1)- En premier, il ne faut pas démanteler immédiatement mais attendre que la radioactivité des installations ait suffisamment baissée, sinon c'est exposer les travailleurs à une mort inéluctable, à des atteintes physiques et physiologiques certaines.
2)- Le démantèlement c'est aussi produire de nouveaux déchets en tonnages et volumes énormes. Pour les mettre où? Et si démantèlement il y a il durera sur des centaines d'années.
3)- Certes les travailleurs du nucléaire et du bâtiment sont, théoriquement, les mieux à même de se confronter à cette situation mais pas sûr que tous le veuillent et aient la qualification. Et les départs en retraite liquident la transmission de compétences professionnelles acquises au jour le jour. Sauf à ce que ces travailleurs vivent chacun 300 ou 400 ans évidemment. Il est préférable qu'ils se forment individuellement et collectivement à d'autres métiers et exigent de leurs Directions respectives des formations de hauts niveaux et qualifiantes (dans les ENR par exemple, ou ailleurs) humainement surtout.
Vous indiquez aussi "l'argument collectif de toutes les autres formations, y compris LO et le NPA..(!) reste le chômage de la classe ouvrière."
1)- Nous sommes, la population et les travailleurs du nucléaire, dans une impasse. Il faut arrêter net et ne plus se voiler la face. La nucléocratie a enfanté un monstre avec la complicité morale et consumériste de la population. La plupart des travailleurs (pas tous-tes heureusement) a négocié la longueur de ses chaînes plutôt que d'agir pour les rompre.
2)- Vouloir faire croire que les choses vont continuer comme avant et sans aucune remise en question fondamentale ni incontournable repositionnement professionnel et individuel dans un nouveau cadre de décroissance et de réappropriation collective, est un leurre moral.
3)- Certes les positionnements productivistes et ouvriéristes du siècle passé de LO sont déconnectés de la réalité et des atteintes et menaces sur le vivant, certes le NPA s'inscrit, comme la FI, dans la stratégie de maintenir encore pendant dix ans le crime atomique pour tenter de rester les portes-paroles de l'anticapitalisme ouvrier.
Est-ce une raison pour ne pas mettre sur la place publique une expérience militante critique visant aussi à émanciper la réflexion du carcan programmatique et électoraliste? pour stimuler et revenir au pouvoir de transformation et d'action de chacun-e? Pour que demain ne soit pas encore une séquence de déceptions de ceux et celles qui aspirent à un monde meilleur et harmonieux, libéré des rapports de domination et de violence, d'exploitation ? Pour qu'aujourd'hui ne soit pas le dernier jour de nos enfants, du pays et de la planète?
Nous nous devons d'être exigeants et radicaux (aller à a racine), sans compromis ni compromission.
Du discours de clôture de J-L Mélenchon à ces Amfis 13, j'ai retenu un élan électoraliste enflammé pour se débarrasser de E. Macron par le biais des prochaines élections européennes. En matière énergétique, j'ai vaguement retenu le contre-exemple d'un barrage hydro-électrique. en France. Contre l'industrie nucléaire et ses groupes de pression, je n'ai rien entendu. A la lecture de ma dernière facture d'électricité (02/07/2018), je constate que 89,13% est d'origine nucléaire. J'ai donc tendance à penser qu'une sortie immédiate et sans conditions du nucléaire est contre-productive pour l'élection de davantage de députés européens de la France Insoumise. Comme cette dernière constitue la seule formation politique actuellement représentative qui ose parfois dénoncer la mafia du nucléaire qui rançonne les contribuables et menace mortellement tous les Français, et bien au-delà de leurs frontières, en mettant en grand péril leur vie, leur santé, leur environnement et leur éthique, je suis persuadée qu'il faut à présent, avoir recours à des moyens de lutte beaucoup plus radicaux que le simple dépôt d'un bulletin de vote... de temps en temps.
Lorsque ça urge urgemment : pour un œil, les deux yeux ! Pour une dent, toute la gueule !!
Bonjour a tous,
Programme avenir en commun, 7 livrets sur l'écologie dont un sur l'énergie; livret écologie page 18 : Sortir des énergies fossiles et nucléaires.
Dans le secteur électrique, la sortie des énergies fossiles et du nucléaire sera rendue possible par la baisse de la consommation, le développement des énergies renouvelables, le soutien aux infrastructures de réseaux et l’investissement dans les innovations énergétiques (« smart grids », stockage...). Ces différents leviers garantiront une transition énergétique effective, au plus proche des territoires et des citoyen·ne·s, tout en assurant la péréquation nationale et la création de nouvelles filières industrielles durables.
Dans les transports, le développement des transports collectifs électriques, des modes de déplacement « doux » (vélo et marche) sera associé au développement de carburants alternatifs (électricité, gaz de synthèse...) pouvant utilement remplacer leurs homologues fossiles.
Le « tout nucléaire » est une impasse : minerai importé, fragilité technologique, risques d’accident, problème des déchets... Cette source d’énergie doit donc être abandonnée. Pour autant, le parc nucléaire ne pourra fermer du jour au lendemain. Celui-ci doit être exploité dans des conditions optimales de sécurité jusqu’à la fermeture des centrales, ce qui implique notamment la limitation stricte du recours à la sous-traitance pour les activités ne pouvant être ré-internalisées. L’ensemble des personnels de la filière seront assurés de conserver leur emploi, dans l’objectif d’assurer un haut niveau de compétence dans le démantèlement des centrales. Enfin, pour permettre un débat public éclairé, seront rendues publiques les données sur l’enfouissement des déchets nucléaires depuis soixante ans afin d’informer sur les dangers sanitaires avérés ou éventuels.
Encore merci à tous ceux qui n'ont pas voté pour Poutou, Melenchon, Artaud (oui je sais le vote est une mystification) : Macron vous dit Merci.