Inde : "Macron dégage !" scandent les manifestants contre le projet nucléaire
Par Rédaction le lundi 12 mars 2018, 13:43 - International - Lien permanent
Tandis que la presse bien-pensante et alignée sur la propagande
macroniste loue en France les contrats-business, la population indienne
manifeste contre les projets déments de la nucléocratie d'imposer une centrale nucléaire à Jaitapur dans l'Ouest du pays.
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«Macron va-t-en !» : en Inde, la population et les anti-nucléaires manifestent contre Paris. Le déplacement à New Delhi du banquier-président de ce 10 mars s'est déroulé un peu différemment de ce que les médias mainstream tentent de faire croire.
Ainsi si les médias et journaux ont dressé d'une seule voix les louanges de la grandiose visite en Inde du grand timonier Macron et de sa charmante femme, chef VRP d'une délégation de bifteakards avides de profits, ce sont bien le pipeau et la manipulation qui ont constitué la stratégie de propagande du pouvoir. Bien au delà des annonces hasardeuses de contrats mirifiques signés telle la vente supposée de six réacteurs nucléaires de type EPR à l'Inde «avant la fin de l'année». Un dossier qui traîne en fait en longueur depuis plus d'une décennie.
Le projet initial avait été chiffré à près de 17 milliards de dollars (valeur 2009) et en novembre 2010, Anne Lauvergeon, alors PDG d’Areva, avait annoncé que le kilowatt-heure produit par la future centrale reviendrait à 4 roupies. Pipeau car en 2014, après plusieurs revirements de la part d’Areva, les gouvernements indien et français s’accordent sur un prix de... 6 roupies. 50% de plus ! Et ça ne s'arrête pas là : après la reprise des activités d’Areva en faillite par EDF en quasi-faillite le coût proposé par EDF est maintenant passé à 14 roupies ! Ça c'est de l'électricité pas chère !
La Nuclear power corporation of India (NPCIL) n'a finalement signé qu'un schéma industriel pour lequel d'ailleurs EDF, par la voix de son PDG, déclarait la semaine dernière ne plus vouloir lancer de nouveaux projets nucléaires à l'étranger. EDF se contenterait de jouer ici un rôle de "conseiller technique et ingienerie" mais lorsqu'on connaît l'incapacité a réaliser en France et en Finlande le moindre EPR, les indiens peuvent se faire du mouron. Comme dit un fin connaisseur du dossier : "la technologie EPR n’est pas encore effective".
L'Inde ce n'est pas la France : la responsabilité des nucléocrates en cas d'accident est intégrale et entière
Et ce n'est pas tout. La réglementation indienne est beaucoup moins laxiste que la française, notamment en matière de responsabilité des exploitants nucléaires en cas d'accidents. Si en France ils ne sont pas contraint d'indemniser les victimes en totalité en cas d'accidents nucléaire, en Inde ils doivent assumer pleinement leur responsabilités et ne pas reporter sur les contribuables et l’État leur fautes et manquements. Le "Civil Liability Nuclear Damage Act" de 2010 est l'une des lois les plus restrictives au monde découlant de la terrible catastrophe de Bhopal survenue en 1984. Elle vise à indemniser rapidement les victimes d’un accident nucléaire en reconnaissant la responsabilité intégrale des opérateurs directs ou des fournisseurs d’équipement en cas d’accident ou d’omissions de leur fait.
Certes la macronie inféodé aux financiers et à la nucléocratie nous a régalé d'images du Taj Mahal et des jeunes indiens enthousiastes devant les paroles du petit monarque tricolore. En bras de chemises - ça fait plus cool et conquérant - elle a tout fait surtout pour occulter une autre réalité bien tangible : l'opposition résolue d'une grande partie de la population indienne aux projets d'implantation nucléaire dans le pays.
Les habitants du village indien de Jaïpatur, dans l'Ouest du pays à 400 km au sud de Bombay, manifestent ainsi depuis des années contre le projet de centrale nucléaire que Paris, Areva initialement puis EDF aujourd'hui, veulent leur imposer. Sur une zone sismique quitte à faire verser le sang. Loin des selfies et des leçons de vie dispensées par l'occidental dominant, les Indiens n'ont pas tous accueilli le président français à bras ouvert.
«Macron go back! Scrap Jaitapur nuclear power project!» («Macron
va-t-en ! Abandonne le projet de centrale nucléaire à Jaitapur !») étaient brandis sur les panneaux des habitants soutenus par l'organisation "Dianuke" qui lutte en Inde contre le fléau et la mort nucléaire. Déjà en 2013 six conférences sur le nucléaire qui devaient avoir lieu dans des
centres de l’Alliance française en Inde avaient été annulées après que
l’Ambassade de France et Areva aient jugés le sujet... « trop sensible. »
Commentaires
a propos de la "loi Bhopal" :
Bhopal (3 décembre 1984)
Dans la nuit du 2 au 3 décembre 1984, une usine chimique appartenant au groupe américain Union Carbide et située à Bhopal, une ville à l’époque de près d’un million d’habitants au centre de l’Inde, a explosé et a expulsé dans l’atmosphère 40 tonnes d’isocyanate de méthyle. C’est un composé intermédiaire pour produire des pesticides, substance hautement toxique et très inflammable (et qui a aussi été détectée sur la comète Tchouri par Philae). À partir d’une heure du matin, un nuage toxique a envahi toute la ville qui dormait et s’est étendu sur 25 kilomètres carré. La population a été prise par la panique, les médecins ne savaient pas de quel mal les habitants souffraient. Les autorités n’ont été averties que plusieurs heures plus tard.
La contamination de l’atmosphère a tué entre 20 000 et 25 000 personnes, dont 3 500 dès la première nuit. Officiellement, 362 540 personnes ont été blessées ou malades à cause de l’inhalation des vapeurs toxiques, dont 3 828 morts identifiés, les autres blessés, seulement 80 000 ont fait des demandes d’indemnisation.
L’Union Carbide et sa filiale indienne ont été condamnées le 14 février 1989 par la Cour suprême indienne à verser 470 millions de dollars aux victimes. Le gouvernement indien avait cependant demandé une indemnité de 15 milliards de dollars et aurait préféré que l’affaire fût jugée aux États-Unis, pays plus favorable aux victimes, et pas en Inde. Le patron de l’entreprise, Warren Anderson, inculpé pour avoir volontairement négligé l’entretien de l’usine de Bhopal, a été déclaré fugitif le 1er février 1992 par la justice indienne et est mort à 92 ans en Floride le 29 septembre 2014 sans jamais avoir été inquiété, les États-Unis ayant refusé son extradition. Dow Chemical, qui a racheté Union Carbide, a laissé en l’état les ruines de l’usine et n’a pas procédé à la décontamination du site industriel.
Oui, ça fait une décennie que les indiens manifestent contre les centrales, dont ce projet fou car démentiel et sur... une faille sismique. On se demande d'ailleurs comment même on peut l'imaginer. Ensuite, 4 roupies du kwh? Pourquoi pas le dire en mwh ce qui est usuel? Macron prend les indiens pour des imbéciles ! Et ça fait déjà 60€ du mwh, soit pas bon, mais si on passe à 14 INR ça devient 200€ le mwh! Ils sont dingos en France. A mon avis, et je l'espère, c'est pas près d'être signé.
EDF n’investira pas dans le nucléaire en Inde (23/01/2018 À 16H25)
https://www.usinenouvelle.com/artic...