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Et voilà, pour 9 milliards d'euros prélevés par l’État dans la poche des contribuables, les experts en destruction atomique viennent d'achever leur numéro de claquettes pour masquer leur totale faillite. Après la fabuleuse trouvaille "Framatome" pour l'intégration dans le giron d'EDF de l'ex-filiale Areva spécialisée en construction de grosses pièces et centrales atomiques*, c'est au tour de l'ex "Areva NC" (un bref temps appelé "New Areva") spécialisée en extraction de minerai d'uranium, fabrication de produits de fissions et autres armes de guerre renforcées, techniques à venir et hypothétiques en démantèlement, de se rebaptiser en "Orano".

Areva : cachez ce nom que les marchés financiers et autres États ne veulent plus voir. Nul ne sera dupe pourtant, mais les nucléocrates tricolores tentent d'y croire, fanatisme et conservatisme obligent. Pas facile de se remettre en cause et de se libérer de ses croyances et autres tics obsessionnels de caste si générateurs de prestige social, médailles et autres rosettes, émoluments et voitures de fonction.

2018-01-23_Areva-Orano.jpgExit donc les drapeaux et les logos rouge vif "Areva", claquant au vent et loués par le cœur d'experts de tout ce que la presse compte comme relais idéologiques, serviteurs du patronat et laudateurs de la bombe atomique.

Une corde pour se pendre ?

L'aventurisme et l'amateurisme des destructeurs de l'atome se drapent à présent dans les circonvolutions jaunâtres de leur identité traficotée "Orano", un nom choisi parmi plus de 200 noms en compétition paraît-il ! Le logo s'apparente plus à une pelote de laine déstructurée ou à une corde pour se pendre qu'à une représentation du "symbole de la cyclicité de notre industrie et de la fierté de ce qu'on fait" comme tente de l'expliquer poussivement le directeur de l'activité chimie et enrichissement. Il paraît même que cela sonne comme Uranium.

Mantra d'auto-conviction proféré comme un rituel religieux par les co-responsables de la décrépitude financière et technique du fleuron de l'industrie tricolore et du "rayonnement international de la France", ils en rajoutent . "Notre entreprise va être rentable en 2018 et elle a vocation à le rester durablement... C'est une nouvelle stratégie de croissance... et c'est un retour à la rentabilité" surenchérit le responsable au nom de ses mentors. La scission a visiblement affecté aussi le cerveau et le raisonnement rationnel.

Ils veulent y croire, encore et toujours, et osent même affirmer qu'il s'agit d'un "nouveau départ" et d'une "nouvelle aventure". Les malades, victimes et morts de leurs méfaits nucléocratiques apprécieront. Les contribuables aussi.

2013-05-29_Greve-salaries-Tricastin_panneau-Areva_danger.jpgMême pour les dirigeants de la CGT pro-nucléaire, ce changement de logo est une "mascarade... et une tentative pour faire oublier tous les errements, les malversations et les erreurs stratégiques de ces dernières années" (1) comme le dit le délégué CGT du site du Tricastin. Un peu à l'image des viticulteurs des Côtes-du-Rhône qui, au lendemain de la fuite d'uranium contaminante d'Areva dans les rivières du coin de Tricastin en 2010, renommèrent leur appellation "Côteaux du Tricastin" en "Grignan les Adhémar". Même vignoble, même vin contaminé pourtant.

Côté salariés donc, faute pour les dirigeants syndicaux (hors Sud et CNT) d'avoir été lucides en exigeant de leur Direction, en temps et en heure,  un plan de reconversion professionnelle générale dans d'autres secteurs d'activités (comme leur suggéraient le CAN84 et la CAN-SE) : "les erreurs stratégiques des dirigeants retombent sur le personnel... Areva sur le site du Tricastin c'est un plan de départs volontaires avec 500 postes supprimés en moins de deux ans, près de 800 emplois qui ont disparu en quatre ans, hors sous-traitance". En France en deux ans de restructuration, le groupe Areva aura fait disparaître près de 6 000 salariés. Chapeau les artistes !

2013-06-19_Stop-Tricastin_Areva_CAN84_SDN_Greenpeace_blocage_transport-nucleaire_06.JPGEt le désastre financier n'est pas fini pour autant car la maison mère, Areva SA, est maintenue en place afin que le gouffre financier du contrat de l’EPR finlandais et des "autres actifs pourris" trouvent une quelconque issue. A vos poches braves contribuables !

Jean Revest

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*pas tant que cela au vu des pièces défectueuses, des retards et surcoûts du réacteur EPR, des tripatouillages dans les dossiers de fabrication

(1) http://www.lemonde.fr/economie-francaise/article/2018/01/22/nucleaire-new-areva-change-de-nom-et-devient-orano_5245450_1656968.html et https://www.francebleu.fr/infos/economie-social/site-du-tricastin-areva-devient-orano-le-groupe-nucleaire-change-de-nom-1516739913