__

Cécile Lecomte, est une militante antinucléaire d'une quarantaine d'année qui vit en Allemagne. Elle est traînée devant le tribunal de Potsdam (Allemagne) à la suite d'une action contre un train nucléaire, initiée à Buchholz par "Robin Wood". Ce convoi ferroviaire transportait des matières atomiques à destination d'Areva Malvési-Narbonne (Aude). L'audience est fixée au 6 septembre 2017 à 11h au tribunal salle 21 de Potsdam (Allemagne)

Allemagne-gare_Ceccile.jpgDans la nuit du 7 au 8 avril 2016, une vingtaine d'activistes de l'association d'action pour l'environnement "Robin Wood" manifestent à la gare de Buchholz en Basse-Saxe dans le nord de l'Allemagne contre le passage d'un train chargé d'uranium sous forme de "Yellow Cake" en provenance de Namibie. Le train, parti quelques heures plus tôt du port de Hambourg, a comme destination l'usine d'uranium d'Areva-Comurhex à Narbonne-Malvési dans le sud de la France. Ce train avait été affrété avec un bateau de la compagnie Hambourgeoise MACS au passé colonial peu glorieux.

Alors que vers minuit le train est stoppé à "Buchholz in der Nordheide", deux femmes activistes descendent en rappel d'un pont pour dérouler une banderole « Don't nuke the climate ». Les pompiers de Hambourg appelés par les autorités les délogent trois heures plus tard. La police fédérale allemande, profitant de l'occasion, arrête alors les deux militantes qui passent plusieurs heures en garde à vue.

Cécile est condamnée sans procès à une amende de 500€ pour avoir enfreint la loi garantissant... le bon fonctionnement du trafic ferroviaire. (En France l'affaire relèverait du simple tribunal de police tel mal se garer ou empiéter sur une voie ferrée). Problème : si cette loi interdit d'entraver la circulation des trains en allant sur les rails, Cécile, elle, ne se trouvait pas "sur" mais au-dessus des rails. Elle est effectivement une accrobranchiste praticienne d'escalade.

Privation illégale de liberté

"L'écureuil" a donc porté plainte contre sa garde à vue devant le tribunal de Tostedt qui a déclaré cette garde à vue illégale, car non nécessaire. Tout comme les traitements dégradants subis aussi lors de cette restriction arbitraire de liberté qui ont été également considérés comme illégaux.

Dans la foulée Cécile a fait opposition de la condamnation à 500€ d'amende. Dans ce cadre là les autorités allemandes sont contraintes à programmer un procès contradictoire où des témoignages à décharge pourront enfin être présentés face aux affirmations de la police, des policiers et du directeur de la police qui a ordonné cette garde à vue illégale.

cecile-lecomte_l-ecureil_Hambourg_train-radioactif_Areva.jpgMais pour entraver le mouvement de solidarité envers l'activiste et les autres militants, les autorités allemandes font se dérouler ce procès non pas devant le tribunal du lieu de l'action près de Hambourg mais loin du côté de Potsdam près de Berlin où la police fédérale à son siège. Ainsi si pour les autorités et les policiers responsables de la privation de liberté illégale aucune conséquence ou contrainte ne pèse sur leur activité, leur carrière et leur vie, tel n'est pas le cas pour les militantes qui se voient poursuivies avec d'autres activistes devant les tribunaux à des centaines de kilomètres de leurs lieux de résidence.

Ce premier procès en annonce d'autres malheureusement. Cécile doit recevoir le soutien de tous. Pour ce faire, on peu  venir au procès (il se peut que ce soit un peu loin ?!), adresser un courriel ou un fax au tribunal au 0049 33120171009 ou sur poststelle@agp.brandenburg.de (on peu écrire en français) en précisant le numéro de dossier : 76 OWi 496 Js 36871/16 (202/16) et profiter de l'occasion pour mener une action contre les transports atomiques ou contre l'Etat répressif (envoyer son communiqué et ses photos d'action à kontakt[at]atomtransporte-hamburg-stoppen.de ).

Pourquoi cette action en Allemagne contre les convois d'uranium ?

Les transports d'uranium sont le début de la spirale infernale atomique en Allemagne. Ils permettent l'approvisionnement des réacteurs en produits de fission (combustible) nucléaire. Mais pour les citoyens allemands, ces transports ne font pas partie du présent et de l'avenir du pays et vont à l'encontre de la sortie du nucléaire programmée par le gouvernement allemand.

Depuis la Namibie (et d'autres pays où Areva exploite des mines dans lesquelles des centaines de tonnes de roche sont détruites pour extraire quelques dérisoires grammes d'uranium) la poudre extraite après traitement chimique, le "yellow cake", arrive au port de Hambourg. Il est ensuite acheminé vers la Comurhex-Areva en France dans l'Aude près de Narbonne à Malvési. Là il est transformé à nouveau chimiquement, subit plusieurs transformations, puis est encore une fois "enrichit" à plusieurs centaines de kilomètres de là à l'usine Areva du Tricastin (Drôme-Vaucluse), puis acheminé à 100km de là pour être assemblé à Romans en Isère à l'usine FBFC-Areva, puis livré et utilisé dans les 58 réacteurs atomiques des vieilles et défectueuses centrales nucléaires françaises réparties aux quatre coins du territoire ainsi que livré dans les quelques autres pays nucléarisés de la planète (ou bien intégré, sous une autre variante, dans une bombe nucléaire).

" Le nucléaire fait de nombreuses victimes. Et ce, pas seulement en cas d'accident majeur ! Il fait des victimes au quotidien dans les mines d'uranium et les différentes installations nucléaires telles celle de Narbonne Malvési ou Tricastin où de nombreux travailleurs luttent contre leucémies et autres cancers. Plusieurs en sont morts" précise une citoyenne-activiste.