Allemagne : procès contre une activiste pour le blocage-escalade d'un train atomique à destination de... Areva-Malvési-France
Par Rédaction le samedi 2 septembre 2017, 10:31 - International - Lien permanent
Cécile Lecomte, une militante antinucléaire qui vit en Allemagne, est
traînée le 6 septembre prochain devant le tribunal de Potsdam (Allemagne) à la suite d'une
action à Buchholz contre un train atomique qui acheminait le 8 avril
2016 des matières atomiques à destination de ... Areva Malvési-Narbonne
(Aude). Où l'on retrouve là encore le nucléariste français en déconfiture s'en prendre aux citoyens. Avant sont procès Cécile réaffirme sa détermination : “Je sais pourquoi je m'engage et ce n'est pas la répression qui me
fera aimer le nucléaire !”
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Cécile Lecomte, est une militante antinucléaire d'une quarantaine d'année qui vit en Allemagne. Elle est traînée devant le tribunal de Potsdam (Allemagne) à la suite d'une action contre un train nucléaire, initiée à Buchholz par "Robin Wood". Ce convoi ferroviaire transportait des matières atomiques à destination d'Areva Malvési-Narbonne (Aude). L'audience est fixée au 6 septembre 2017 à 11h au tribunal salle 21 de Potsdam (Allemagne)
Dans la nuit du 7 au 8 avril 2016, une vingtaine d'activistes de
l'association d'action pour l'environnement "Robin Wood" manifestent à
la gare de Buchholz en Basse-Saxe dans le nord de l'Allemagne contre le
passage d'un train chargé d'uranium sous forme de "Yellow Cake" en
provenance de Namibie. Le train, parti quelques heures plus tôt du
port de Hambourg, a comme destination l'usine d'uranium d'Areva-Comurhex à Narbonne-Malvési dans le sud de la France. Ce train avait été affrété avec un bateau de la compagnie Hambourgeoise MACS au passé colonial peu glorieux.
Alors que vers minuit le train est stoppé à "Buchholz in der Nordheide", deux femmes activistes descendent en rappel d'un pont pour dérouler une banderole « Don't nuke the climate ». Les pompiers de Hambourg appelés par les autorités les délogent trois heures plus tard. La police fédérale allemande, profitant de l'occasion, arrête alors les deux militantes qui passent plusieurs heures en garde à vue.
Cécile est condamnée sans procès à une amende de 500€ pour avoir enfreint la loi garantissant... le bon fonctionnement du trafic ferroviaire. (En France l'affaire relèverait du simple tribunal de police tel mal se garer ou empiéter sur une voie ferrée). Problème : si cette loi interdit d'entraver la circulation des trains en allant sur les rails, Cécile, elle, ne se trouvait pas "sur" mais au-dessus des rails. Elle est effectivement une accrobranchiste praticienne d'escalade.
Privation illégale de liberté
"L'écureuil" a donc porté plainte contre sa garde à vue devant le tribunal de Tostedt qui a déclaré cette garde à vue illégale, car non nécessaire. Tout comme les traitements dégradants subis aussi lors de cette restriction arbitraire de liberté qui ont été également considérés comme illégaux.
Dans la foulée Cécile a fait opposition de la condamnation à 500€ d'amende. Dans ce cadre là les autorités allemandes sont contraintes à programmer un procès contradictoire où des témoignages à décharge pourront enfin être présentés face aux affirmations de la police, des policiers et du directeur de la police qui a ordonné cette garde à vue illégale.
Mais pour entraver le mouvement de solidarité envers l'activiste et les autres militants, les autorités allemandes font se dérouler ce procès non pas devant le tribunal du lieu de l'action près de Hambourg mais loin du côté de Potsdam près de Berlin où la police fédérale à son siège. Ainsi si pour les autorités et les policiers responsables de la privation de liberté illégale aucune conséquence ou contrainte ne pèse sur leur activité, leur carrière et leur vie, tel n'est pas le cas pour les militantes qui se voient poursuivies avec d'autres activistes devant les tribunaux à des centaines de kilomètres de leurs lieux de résidence.
Ce premier procès en annonce d'autres malheureusement. Cécile doit recevoir le soutien de tous. Pour ce faire, on peu venir au procès (il se peut que ce soit un peu loin ?!), adresser un courriel ou un fax au tribunal au 0049 33120171009 ou sur poststelle@agp.brandenburg.de (on peu écrire en français) en précisant le numéro de dossier : 76 OWi 496 Js 36871/16 (202/16) et profiter de l'occasion pour mener une action contre les transports atomiques ou contre l'Etat répressif (envoyer son communiqué et ses photos d'action à kontakt[at]atomtransporte-hamburg-stoppen.de ).
Pourquoi cette action en Allemagne contre les convois d'uranium ?
Les transports d'uranium sont le début de la spirale infernale atomique en Allemagne. Ils permettent l'approvisionnement des réacteurs en produits de fission (combustible) nucléaire. Mais pour les citoyens allemands, ces transports ne font pas partie du présent et de l'avenir du pays et vont à l'encontre de la sortie du nucléaire programmée par le gouvernement allemand.
Depuis la Namibie (et d'autres pays où Areva exploite des mines dans lesquelles des centaines de tonnes de roche sont détruites pour extraire quelques dérisoires grammes d'uranium) la poudre extraite après traitement chimique, le "yellow cake", arrive au port de Hambourg. Il est ensuite acheminé vers la Comurhex-Areva en France dans l'Aude près de Narbonne à Malvési. Là il est transformé à nouveau chimiquement, subit plusieurs transformations, puis est encore une fois "enrichit" à plusieurs centaines de kilomètres de là à l'usine Areva du Tricastin (Drôme-Vaucluse), puis acheminé à 100km de là pour être assemblé à Romans en Isère à l'usine FBFC-Areva, puis livré et utilisé dans les 58 réacteurs atomiques des vieilles et défectueuses centrales nucléaires françaises réparties aux quatre coins du territoire ainsi que livré dans les quelques autres pays nucléarisés de la planète (ou bien intégré, sous une autre variante, dans une bombe nucléaire).
" Le nucléaire fait de nombreuses victimes. Et ce, pas seulement en cas d'accident majeur ! Il fait des victimes au quotidien dans les mines d'uranium et les différentes installations nucléaires telles celle de Narbonne Malvési ou Tricastin où de nombreux travailleurs luttent contre leucémies et autres cancers. Plusieurs en sont morts" précise une citoyenne-activiste.
Commentaires
Vu de tout près du fleuve St. Laurent où nous avons pu fermer "notre centrale" Gentilly 2 et que des amis autochtones et alliés militent contre l'uranium d'Arreva ailleurs au Canada, il est possible de soutenir les amis européens comme Cécile et Jean Revest - de par l'information partagée, des Skypes, ou présences comme nous pouvons présenter aux collaborateurs français, collectifs, associations de jeunes, etc. Nos - mes amis dans le sud - Paris, est, etc vont vouloir être en inter-solidarité aussi je crois!
compte-rendu de l'audience du 6 septembre
Petit compte rendu du jour assez bref car la journée à été longue et je souffre depuis qq jours de migraine, difficile de se concentrer.
Kurzkurzbericht auf Deutsch: http://blog.eichhoernchen.fr/post/R...
En francais: http://blog.eichhoernchen.fr/post/l...
Les messages de soutien sont toujours les bienvenus. Le procès va se poursuivre mardi 12 septembre à 11h devant le tribunal de Potsdam.
La journée a été longue! 8h de train, 5h de procès (le procès à lieu à Potsdam loin de là ou j'habite et loin du lieu de l'action, histoire de rendre une défense efficace correcte). Et une juge qui méprise l'accusée et sa défenseuse.
Le procès a commencé par de longues disputes avec la juge sur des questions de procédures: contrôles à l'entrée de la salle d'audience ordonnés exprès pour mon procès comme si c'était un prcès terroriste, critique du comportement discriminatoire de la juge par rapport à mon handicap, etc. Et quand on reproche à la juge sa partialité (récusation pour cause de suspicion légitime), la juge décide elle même à l'aide d'un formulaire ou elle fait des croix (pour par avoir trop à écrire) que tout va bien, à l'encontre du code de procédure pénale qui stipule que la récusation est à transmettre à un autre juge qui rend la décision.
Mais qui critique Madame la juge, se voit menacé de poursuites judiciaires pour outrage. Parce que dire à une juge qu'on trouve pas ça normal, qu'elle ne respecte pas le code de procédure pénal ou que les discriminations vis à vis d'une personne handicapée ne sont pas acceptables... c'est un outrage?
Ou bout de trois heures de procès ont est entré dans le vif du sujet. Je n'ai pas fait de déclaration sur les faits: c'est l'Etat qui m'accuse, à lui de prouver quand quoi a eu lieu. C'est le reproche de l'Etat, pas le mien! J'ai donc déclaré que l'important n'était pas le QUI, qui avait fait l'action, mais le QUOI, qu'elle aie eu lieu! Le publique a applaudit. J'ai ensuite parlé du nucléaire qui tue au quotidien et de ma rencontre avec Michel Leclerc, un ancien travailleur de l'usine d'uranium de Narbonne Malvési malade de la leucémies.Après cette rencontre j'avais en 2014 publié un dossier sur l'usine et le combat de Michel. Et j'ai terminé par.
"La sortie du nucléaire par le bas c'est aussi une affaire de cordiste!" et "Ce n'est pas ce procès et les arrestations arbitraires qui me feront aimer le nucléaire! Je suis incorrigible et n'abandonnerait pas la lutte pour un monde meilleur!"
Un témoin, le directeur de la Police de Buchholz a été ensuite entendu pendant une heure et demi. Pour l'histoire, une petite anecdote: Le tribunal de Tostedt à rendu une décision de justice comme quoi ma garde à vue à l'issue de l'action il y a un an était illégale, il n'y avait pas de raison de m'arrêter préventivement (en Allemagne la police peux arrêter des gens préventivement si elle pense qu'ils vont commettre des délits dans un future proche, c'est pas une loi pénale, c'est une loi qui concerne la prévention des dangers et l'ordre). Que dis le policier la-dessus? Madame Lecomte sais très bien grimper, donc il faut l'arrêter après chaque action. Je ne connais pourtant pas de texte de loi "écureuille" stipulant que qui sait grimper doit être arrêté-e...
Le prochain acte de la pièce de théâtre es pour le 12 septembre. Je suis d'avis qu'il s'agit d'une tragédie. C'est comme au théâtre, il y a des costumes (robe de la juge) et l'issue es connue d'avance. La juge dans son "impartialité" a déja la peine qu'elle prononcera en tête, j'en suis certaine.
A+
Cécile
Merci Cécile,
Nous serons donc tous les deux ce 12 septembre, à 600km l'un de l'autre (toi à Postdam loin de chez toi et moi à Paris à 800km de chez moi), devant les juges de ces pouvoirs coercitif, autauritaires et attentateur à nos libertés fondamentales.
Courage, on ne lâche rien, notre combat est juste c'est celui de la vie contre l'horreur absolue du crime atomique.
Amitiés,
Jean