Cauchemar de la poubelle nucléaire de Bure en Champagne : ca va mal pour Areva, EDF, CEA, ANDRA et les militaires
Par Rédaction le lundi 14 août 2017, 11:48 - National - Lien permanent
Le projet de site d’enfouissement des déchets nucléaires mortels (Cigeo) de
l'industrie nucléaire civile et militaire à Bure dans la Meuse, suscite une vive opposition. Les actions de terrain avec occupation durable et permanente des lieux se conjuguent avec la dénonciation technique et éthique de ce projet fou et les actions en justice. Alors que les bruits de bottes militaristes résonnent dans le monde, la Résistance à la domination atomique marque des points, le lobby et ses relais administratifs sont en mauvaise posture.
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À Bure, les antinucléaires s’installent dans la durée
Des centaines de manifestants s’étaient déjà rassemblés le 14 août 2016 pour bloquer les travaux de l’Andra au bois Lejuc, situé sur la commune de Mandres-en-Barrois (1).
Ils pourraient être 1 500, demain, à manifester à Bure (Meuse) contre le projet Cigéo (centre de stockage en profondeur des déchets radioactifs). Certains sont déjà arrivés ce week-end pour un festival, les « Bure’lesques ». Les derniers revers juridiques subis par le projet ont donné des ailes à ces opposants, pour qui le site fait figure de symbole de l’opposition au nucléaire.
Mi-juin, un rapport de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) a ainsi pointé des risques en cas d’incendie dans certaines zones souterraines de stockage. Dans la foulée, l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra) a annoncé le report d’un an du dépôt de la demande d’autorisation de création du centre d’enfouissement.
Début août, c’est l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) qui a émis à son tour des réserves sur la sécurité du site. Les opposants ont aussi marqué des points en justice. Le dernier en date : en juin 2017, quatre associations ont obtenu de l’Autorité environnementale qu’elle retire sa dispense d’étude d’impact des forages en profondeur prévus.
Une nouvelle génération de militants
Autant de contretemps de nature à retarder le chantier, sur lequel la résistance s’organise. « La population a réalisé que le projet n’est pas encore autorisé et qu’il est encore temps de se battre », indique Angèle, 42 ans (1), venue du nord du département et qui projette de s’installer ici comme apicultrice.Sylvain, diplômé de Sciences-Po, autre nouveau venu, envisage de se poser ici pour un an, le temps d’écrire un livre. « Nous sommes la génération COP21, loi travail, Nuit debout. Nous avions besoin de luttes concrètes. Bure, c’est le territoire idéal. Comme rien n’est fait, nous avons une prise possible. Je me suis pris d’affection pour ce territoire dépeuplé, au fort vote FN. On veut le faire revivre, qu’il ne croie pas que son avenir passe forcément par le nucléaire. »
Une nouvelle génération de militants prend ainsi peu à peu le relais des anciens. La « Maison de la résistance » accueille ainsi en permanence de 20 à 40 jeunes venus de toute la France et d’Europe. Un camp de réflexion entre militants de diverses causes, à l’été 2015, a marqué un tournant. Une trentaine d’entre eux sont restés et ont commencé à louer ou racheter des maisons dans le secteur – elles sont très bon marché. Ils se sont engagés dans l’autosuffisance alimentaire, partageant leurs ressources pour se consacrer à la militance. Régulièrement, ils font du porte-à-porte pour inviter à leurs événements.
Occuper le terrain
À l’entrée du bois où sont prévus les forages, une barricade a été érigée pour retarder l’accès à la dizaine de constructions disséminées, dont cinq impressionnantes cabanes perchées jusqu’à 25 mètres de haut dans les arbres. Claude Orbion, agriculteur bio et maire de Nançois-le-Grand, une commune du secteur, a décidé de soutenir ces occupants avec son tracteur, ses graines et ses conseils. « Ils sont sympathiques, ils réfléchissent, reviennent à la terre, et dans une société individualiste, ils sacrifient un temps de leur vie pour les générations futures. »Ce membre d’une équipe Chrétiens en monde rural qui s’est publiquement positionnée contre Cigéo, dans la droite ligne du rapport fait en 2012 par quatre évêques du secteur, se dit « guidé par le respect de la Création et des générations futures : on n’a aucune certitude sur le devenir de ces déchets. D’un point de vue éthique et en tant que chrétien, ça me pose un problème ».
L’été dernier, les « anti » bloquaient les travaux de l’Andra au bois Lejuc. L’Agence avait obtenu cette forêt de la commune de Mandres-en-Barrois en 2015 en échange d’une autre lui appartenant, afin de la défricher pour y creuser des forages et des galeries souterraines, notamment. Depuis, plusieurs dizaines de personnes occupent ainsi le terrain par roulement. Mais ils refusent toutefois de parler de « zone à défendre », conscients que le rapport de force ne leur est pas (totalement) favorable (face au plus puissant lobby et à l'Etat).
La bataille judiciaire
Le 1er août 2016, huit associations et quatre habitants obtiennent du tribunal de grande instance de Bar-le-Duc l’arrêt du déboisement que l’Andra avait commencé en mai. Celle-ci doit remettre en état les sept hectares détruits.Fin février 2017, des habitants de Mandres-en-Barrois obtiennent que le tribunal administratif de Nancy juge non conformes les conditions de cession de ce bois et annule la délibération municipale de 2015. En mai, la situation sera régularisée et la cession
confirmée.
En juin 2017, quatre associations obtiennent de l’Autorité environnementale (ministère de la transition écologique) qu’elle retire sa dispense d’étude d’impact des forages en profondeur qui y seront menés.
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Source : La Croix, Élise Descamps, à Mandres-en-Barrois (Meuse), le 14/08/2017 à 7h49, http://www.la-croix.com/France/A-Bure-antinucleaires-sinstallent-duree-2017-08-14-1200869559 - photo : DR
(1) La forêt est occupée depuis un an et a permis de sensibiliser les habitants et de porter la contestation au niveau national
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À lire : Les archéologues revendiquent un droit de fouiller à Bure
Commentaires
Mardi 15 août à Bure (Meuse) la gendarmerie a fait usage d’un canon à eau, de grenades assourdissantes et de gaz lacrymogène contre les opposants à la poubelle nucléaire. Il y aurait 6 blessés graves ainsi qu’une trentaine de blessés légers.
Et le ministre Nicolas Hulot, n’a toujours pas pris position sur Cigéo depuis son entrée au gouvernement, se bornant à dire qu’il souhaitait « étudier davantage » ce projet.
ici en direct la manifestation contre le Tombeau nucléaire de Bure! : http://vmc.camp/
14h: C’est parti! après un pique-nique devant la salle des fêtes de Bure, le cortège de 500 personnes se met en route.
14h30: Les Gendarmes Mobiles tentent de tuer la manifestations dans l’œuf en bloquant la manifestation à la sorite de Bure.
14h50 : c’est reparti ! Le cortège s’étire sur la route. On n’arrêtera pas les manifestants (pas plus que les rejets de CIGÉO !).
15h30: le cortège poursuit sa marche, s’égayant dans les champs autour de Saudron.
15h50 : arrivée dans Saudron au son de la sono, petit temps d’arrêt et de danse !
16h10 : tirs de grenades lacrymogènes dans Saudron, la manifestation reflue et doit se replier dans le champ d’un agriculteur.
17.08.17
Nous avons mis un temps certain à nous manifester, le temps du recul, le temps de l’analyse, le temps de trouver les mots les plus judicieux, les mots qui parlent.
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Nous avons assisté ce mardi 15 août dernier à une manifestation de LA violence, celle que l’on voit mais a-t-on parlé de celle que l’on ne voit pas, celle qui entoure le projet Cigéo et son monde. Nous étions lucides sur les méthodes peu scrupuleuses de l’Andra pour anesthésier notre lutte, à savoir mensonges et manigances. Nous sommes en revanche encore abasourdis de celles des forces de l’ordre que l’on peut résumer en un mot (deux) : répression totale.
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Elle est sournoise et silencieuse depuis vingt ans, la violence qui constitue la braise de notre combat. Elle s’est installée progressivement pour devenir constante, dans le dessein de rendre le projet Cigéo inéluctable dans les esprits comme sur le territoire. Elle n’y parviendra pas !
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Cette violence vicieuse et non assumée par les pouvoirs publics est aujourd’hui complétée par une violence morale, psychologique et répressive sur le terrain, et fut poussée à son paroxysme lors de cette manifestation dont nous étions. Nous avons en tête ces scènes de guerre, par lesquelles l’Etat veut nous rappeler que nous n’avons pas le droit de nous opposer à Cigéo, répondant à notre colère légitime par des moyens démesurés, et des méthodes intolérables. Ce 15 août, les gendarmes présents avaient certainement reçu pour ordre d’étouffer notre manifestation, nos revendications, et nos demandes ; avant même d’avoir avalé leur café !
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Nous ne nions pas le rapport de force qui s’est installé, mais comment aurait-il pu en être autrement, compte-tenu du harcèlement quotidien croissant que subissent habitants et riverains de Bure et de ses environs, s’ajoutant au mépris que subit l’opposition depuis des années ?
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Nous avons toujours été lucides sur les velléités de la préfecture à diviser l’opposition, sur sa volonté de la scinder entre « les gentils et les méchants ». Force est de constater qu’elle a échoué ; en effet, face à ces méthodes répressives, nous sommes tous des citoyens profondément solidaires, et cette lutte nous rassemble, parce qu’elle est juste et justifiée.
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Ce projet est une hérésie, profondément dangereux, et il serait de bon ton d’avoir un juste regard sur la vision clairvoyante de la société civile qui dénonçait déjà, il y a quelques années, les failles de conception de ce projet, ainsi que d’admettre que l’Andra a échoué à démontrer la faisabilité technique et scientifique de Cigéo.
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Ce projet est antidémocratique, et au-delà des formules contemporaines et très séduisantes de « démocratie environnementale », ou de « participation du public », que chacun soit lucide sur l’utilisation de la politique du fait accompli qui rythme le processus décisionnel de Cigéo : le comportement de l’Andra dans le Bois Lejuc, l’accaparement des terres, la situation des administrations publiques, entreprises, et même des particuliers (sous perfusion financière des groupements d’intérêts publics) dans nos territoires meusiens et haut-marnais dont nous nous sentons dépossédés en sont les preuves.
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Dans ce contexte, nous réitérons nos demandes de rencontre à Nicolas Hulot, le Ministre de la Transition Ecologique et Solidaire, à qui nous demandons de bien vouloir se rappeler ses convictions et de les mettre en œuvre sans tarder. Sortons de l’impasse.
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Nous rappelons que ce n’est certainement pas l’attitude autoritaire voire péremptoire, et répressive des forces de l’ordre qui fera taire notre engagement citoyen.
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Nous avons une pensée sincère envers tous les blessés, mais nous dénonçons par ailleurs les perquisitions subies dans les chambres d’hôpital des manifestants ; autres débordements de cette notion de violence qui représente bien, dans ce cas, l’amoralité et l’étendue de ses multiples facettes.
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Nous n’avons peut-être pas les mots qui pansent, mais nous pensons avoir ceux qui portent l’espoir car nous sommes convaincus du bien-fondé de ce combat.
«Juste avant que mon pied saute, j'ai vu une grenade exploser à hauteur de tête»
Une pluie de grenades, des explosions à hauteur de visage, des corps projetés en l’air comme s’ils sautaient sur une mine, des enfants éclaboussés par le canon à eau de la gendarmerie ...
https://www.mediapart.fr/journal/fr...
Le cas le plus grave concerne Robin, père de deux enfants, grièvement blessé par une grenade GLI-F4 qui a brisé la plupart des os de son pied. Actuellement hospitalisé, il risque l’amputation de ses cinq orteils.
Par le biais d’une tierce personne, il écrit ce récit, transmis à Mediapart puis diffusé dans un communiqué : « Mon pied est dans un sale état, la grenade l’a creusé sur une profondeur de 3 cm et un diamètre de 13 cm, les os sont pour la plupart brisés. Certains ont même disparu, pulvérisés. La chaussure a été explosée, le plastique a fondu et s’est engouffré dans la plaie, si bien qu’une infection est probable, ce qui nécessiterait l’amputation des cinq orteils. À cela s’ajoute une trentaine d’éclats répartis dans l’autre jambe. Les gendarmes ont tiré une quinzaine de grenades assourdissantes, ils ne couraient aucun danger. Juste avant que mon pied saute, j’ai vu une grenade exploser à hauteur de tête. »
Journaliste et réalisateur, Sébastien Bonetti a filmé la manifestation du 15 août. Il raconte s’être senti « en danger physique » pour la première fois dans une manifestation : « Alors que je tenais ma caméra, par trois fois, j’ai failli me prendre une grenade dans le visage. Si quelqu’un ne m’avait pas crié “cours !”, à chaque fois, je me la prenais. Je me suis senti visé. J’ai vu des grenades éclater à deux mètres du sol, au niveau du visage des gens. C’était hallucinant. Quand je suis reparti, j’étais sous le choc. On est passé à rien d’avoir un mort à Bure. » Il décrit aussi le puissant jet du canon à eau s’abattant sur le cortège alors que s’y trouvaient des enfants.
40 ans après la mort de Vital Michallon tué parce que manifestant contre le surgénérateur Superphénix sur nos terres dauphinoises, il est inadmissible que les forces de "l'ordre" utilisent encore ce qui s'apparentent à des armes militaires par leur utilisation. Oui, une stratégie de la tension est mise en place dans cette région poubelle nucléaire. Cette répression à la violence disproportionnée doit être dénoncée et les bléssés soutenus.
Courage ! Nous sommes avec vous !
Les futs qui contiennent le plutonium resultant du combustible use' doivent durer 20,000 ans....et c'est seulement la demi-vie.
C'est ridicule ! Ces futs ne pourront que durer 1000 ans au plus. Alors les nuclearistes veulent les enterrer. Et continue la comedie !
Dire que les scientifiques n'ont pas vraiment compris qu'un jour il fallait demanteler les centralles. Elles sont construites come si
elles n'auront jamais a etre defaits. Pourtant elles sont consus pour une durer de vie de 40 ans. Il y a un prix a payer eventuellement.
Bonjour amis anti-nucléaires de France
Pourquoi ne pas se servir aussi de la Cour pénale internationale de La Haye ?
http://vigile.quebec/Ne-tuons-pas-l...
En France, le concept de crime terroriste écologique introduit dans le code pénal à l’article 421-2 est défini notamment par l’introduction sur le sol ou dans le sous-sol de substances de nature à mettre en péril la santé de l’Homme ou des animaux ou le milieu naturel.
Le décret n° 2004-612 du 24 juin 2004 a créé l’Office central de lutte contre les atteintes à l’environnement et à la santé publique (OCLAESP). C’est un service de police judiciaire qui a compétence nationale.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Offic...
Au Canada (Ontario) , un projet de construction d’un dépotoir de déchets radioactifs subit les foudres des citoyens… !