Désobéissance civile : blocage d’un train d’uranium d'Areva en direction du Tricastin
Par Rédaction le samedi 15 avril 2017, 16:12 - Vaucluse - Lien permanent
Des antinucléaires ont bloqué, ce samedi 15 avril, un train chargé
d’uranium à la sortie de l'usine d'Areva à Narbonne et qui devait
rallier le site atomique de Tricastin (Vaucluse-Drôme). Une radioactivité de plus de 11000 désintégrations atomiques/seconde émanait de certains wagons. La Coordination
antinucléaire du sud-est apporte son soutien à l'action légitime de
protection des populations et de l'environnement menée par les
activistes.
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A l'appel d'un collectif de lutte contre l'uranium*, des activistes antinucléaires bloquent ce samedi 15 avril depuis 9h30, un train d'Areva chargé de tétrafluorure d’uranium (UF4 ) à l’entrée de Narbonne. Une radioactivité de plus de 11000 désintégrations atomiques/seconde émanait de certains des 13 wagons "castors". Première étape de la transformation du « yellow cake » d'uranium exploité au Niger et arrivé par bateau et rail depuis l'Afrique ce convoi était destiné à l’usine d'enrichissement Georges-Besse II du Tricastin (Drôme-Vaucluse).
L'installation de Malvési/Narbone est classée Seveso seuil haut (dangerosité maximum), Installation Nucléaire de Base (INB) pour 2 de ses bassins et traite 100 % de l’uranium importé de l'étranger et utilisé en France et 25 % de l’uranium mondial (l'indépendance du pays grâce au nucléaire est un mensonge du lobby atomiste). Le site du Tricastin est quant à lui le site nucléarisé le plus important et menaçant d'Europe avec des installations civiles et militaires du Cea, d'Areva et de EDF dont celle d'enrichissement de l'UF4 en UF6 appartenant aux entités en faillite.
Coups de force à répétition de... Areva
Tout comme au Tricastin où Areva tente d'imposer une nouvelle installation en contournant la législation sur la création d'INB, à Malvési Areva veux s'affranchir des procédures et imposer l'exploitation d'une nouvelle installation du Traitement Des Nitrates (TDN) baptisée « Thor » (1). Un projet qui dilapidera les ressources naturelles : 80 000 m³ d'eau (la consommation d'une commune de 1 500 habitants), 5 700 t de charbon, 2 000 t de gaz naturel, 10 000 Mwh d'électricité tout en augmentant l'émission de gaz à effet de serre qui aggraverait de 40 % l'empreinte environnementale de Malvési.Une installation dont le CoViDeM (Collectif de Vigilance sur les Déchets de Malvési) démontre qu'elle produira une sur-pollution massive de l'environnement et menacera la santé publique et l'environnement des narbonnais. Notamment par des rejets atmosphériques de Nox (gaz d'acide nitrique et de dioxyde d'azote), COV (composés organiques volatils), particules fines, dioxines, SO2 (dioxyde de soufre)... bien supérieurs à ceux d'un incinérateur d'ordures ménagères traitant les déchets produits par 200.000 habitants. On peut aussi se poser la question de l'éventuel rejet, dans les fumées et les déchets solides d'éléments radioactifs.
Trafic quotidien de matières mortelles radioactives
Le trafic de matières radioactives étant quotidien sur l'ensemble du pays tant par voies ferrées que par routes et autoroutes, il s'agit pour les antinucléaires de dénoncer ces convois atomiques imposés par l'Etat et le lobby nucléaire et qui menacent en permanence la population et l'ensemble du territoire. Action de blocage visant aussi à interpeller les candidats à l'élection présidentielle, les futurs candidats aux législatives et les citoyens-électeurs et non-votants.
Dans ce système nucléocratique issu du massacre des populations d'Hiroshima et Nagasaki reposant sur l'omerta et le mensonge, l'interruption du trafic de matières dangereuses nucléaires est d'une impérieuse nécessité tout comme la mise à l'arrêt immédiat et définitif de toutes les installations atomiques de mort.
Rien qu'entre les usines Areva de Malvési/Narbonne (Aude) et du Tricastin (Vaucluse-Drôme) un train de matières radioactives mortelles transite chaque semaine sans que personne n’en soit informé alors que de nombreuses villes sont traversées au mépris de la sécurité des populations. Idem sur les routes et autoroutes où les va-et-vient de déchets radioactifs mortels pour des centaines de milliers d'années croisent les convois de matière de fission radioactives (« combustibles ») qui sont acheminés vers chacun des 58 réacteurs nucléaires EDF de France (42 de ces réacteurs atomiques ont déjà atteint ou dépassé leur durée initiale de fonctionnement de 20/25 ans). Réacteurs déliquescents équipés aussi de pièces et matériels défectueux et aux certificats falsifiés qui risquent à tout instant de provoquer la catastrophe ultime. « Le contexte en matière de sûreté nucléaire et de radioprotection est préoccupant » a d'ailleurs déclaré en janvier de l'an passé le président de l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN).
L'avenir de l'emploi et la survie passent par la fin du nucléaire... avant la catastrophe majeure
Les activistes antinucléaires, qui demandent l'ouverture d'un "grand débat national" en cette période électorale, manifestent aussi par cette action de blocage d'un convoi d'uranium leur soutien aux luttes récentes des salariés des usines de Malvési (dont la majeure partie des 95 salariés de la production ont été suspendus par la Direction, y compris les représentants du personnel) et du Tricastin qui défendent l'emploi sans toujours prendre la mesure que seul l'arrêt du nucléaire peut le leur assurer par une reconversion de haut niveau dans les secteurs des « renouvelables » et la sécurisation des installations contaminées avant leur démantèlement à terme.
Il est temps d'abandonner cette industrie qui contaminent et détruit la vie au quotidien, génère des poisons mortels et les abandonne aux générations futures. Honte aux adorateurs du dieu atome. Le blocage du convoi d'uranium a été levé en fin de matinée.
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*Stop-Uranium
(1) Areva NC (anciennement Comurhex), filiale d'Areva, traite en effet, depuis 1958, sur son site narbonnais de Malvési tout l'uranium qui rentre en France pour alimenter les centrales nucléaires françaises et fournir des clients étrangers. Le minerai d'uranium, qui arrive sous forme de concentré d'uranium (yellow cake), est transformé en UF4 (tétra-fluorure d'uranium) au moyen d'opérations chimiques qui mettent en œuvre notamment de l'acide nitrique et de l'acide fluorhydrique. Ces traitements génèrent des déchets sous formes de boues et d'effluents liquides qui jusqu'à présent n'ont jamais été retraités mais tout bonnement stockés dans des bassins de décantation et des bassins d'évaporation ! L'absence d'élimination des déchets, liée à l'absence de solution technique, a été pendant longtemps occultée par le fait que Malvési était classé site Seveso « seuil haut » (risque chimique) alors qu'il aurait dû être classé INB (Installation nucléaire de base). D'autant que ces déchets solides de la conversion de l'uranium ont étaient longtemps présentés comme étant constitués essentiellement de "boues nitratées" mais la rupture, en 2004 d’une digue des bassins B1 et B2 a provoqué le déversement, dans la plaine voisine, de 30 000 m³ de boues et liquides dont les analyses en 2006 ont révélé qu'elles contenait aussi du plutonium et autres descendants mortels de l’uranium : thorium 230, radium 226, plomb 210, américium 241
en savoir plus sur "Thor" : https://blogs.mediapart.fr/felip-cazal/blog/020117/areva-narbonne-depollution-des-effluents-du-traitement-de-luranium-quel-risque
Commentaires
Bravo les activistes. Dans le journal "Fakir" qui vient de sortir, un lanceur d'alerte permet un article : les rejets mortels en Mongolie, des dizaines d'animaux naissent difformes ou meurent prématurément ... Encore et toujours AREVA pour l'uranium : merci M. Fabius !!!!