Explosion et incendie à la centrale nucléaire de Flamanville : le vrai du faux.
Par Rédaction le vendredi 10 février 2017, 10:46 - National - Lien permanent
A quelle heure réelle a eu lieu l'accident à la centrale nucléaire de Flamanville ce jeudi 9 février 2017 ? Lorsque l'on connaît l'urgence pour les populations et le personnel à fuir au plus vite la zone pour tenter de se préserver des radiations : la question n'est pas anodine. Les autorités préfectorales relayant les informations de l'exploitant EDF parle de "vers 10h", mais le site de transports d'électricité RTE montre que le réacteur n¨1 était déjà en arrêt complet à 9h47. Lorsque l'on sait qu'il faut au moins de 15 minutes à 1 heure minima pour arrêter le monstre : la population qui pouvait être à l'écoute de sa radio ou télé ce matin-là n'a pas été avertie au plus tôt. Le reste de la population encore moins...
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L'accident qui vient de se produire à la centrale atomique de Flamanville ce jeudi 9 février 2017 démontre plusieurs choses gravissimes : l'impossibilité pour la population d'être informée en temps réel pour pouvoir se protéger des possibles rejets de radioactivité, un délai d'arrêt en urgence des réacteurs impossible à réduire et donc exposant la population aux éventuelles radiations, un état de délabrement du parc nucléaire tel qu'à tout instant le drame ultime peu se produire, la complicité de l'ASN qui malgré l'état des installations continue d'autoriser le fonctionnement de vieilles casseroles, une communication des autorités visant avant tout à sauvegarder les intérêts de l'exploitant atomique et à maintenir la population en situation de dépendance, le pouvoir exorbitant de l'exploitant sur la vie des gens.
Quand a eu lieu réellement l'incident à la centrale atomique de Flamanville ?
Si, en ce milieu de matinée du 9 février vous n'étiez pas devant votre poste télé ou à l'écoute de votre radio, vous n'avez pas été informé de ce qui se tramait à la centrale atomique de Flamanville (cela vaut aussi n'importe où en France). D'autant que les sirènes d'alerte - peu audibles de l'aveu même des promoteurs des fumeux exercices de crise autour des sites nucléaires- n'ont pas retenti. Le Plan particulier d’interventions (PPI) n’a pas été déclenché.
La toute première information publique émane de la Préfecture et est reprise par les médias audiovisuels et internet via un communiqué diffusé par l'AFP vers 10h20 (Jeudi, 9 Février, 2017 - 10:21 Caen (AFP) © 2017 AFP nucléaire-France-accident - https://www.afp.com/fr/infos/336/explosion-la-centrale-de-flamanville-pas-de-risque-nucleaire . Cette page à curieusement disparue depuis d'internet ).
"Il ne s'agit pas d'un accident nucléaire... C'est un événement technique significatif", mais l'explosion s'est produite "hors zone nucléaire" et de préciser toutefois que les secours sont sur place (déclaration à l'AFP de Olivier Marmion, directeur de cabinet du préfet). Cinq personnes auraient été intoxiquées.
L'IRSN qui n'a pas encore enquêté sur place à Flamanville (pas plus que l'ASN) relaie cependant les propos des autorités qui relaient les propos de l'exploitant EDF (note IRSN_NI-Flamanville-1_20170209) : "Selon les informations recueillies par l’IRSN auprès d’EDF, une détonation a été entendue en salle des machines du réacteur n° 1 de Flamanville, alors en production. Cette détonation a été suivie d’un dégagement de fumée qui activa une alarme incendie en salle de commande. L’ensemble de ces éléments a conduit au déclenchement de la turbine du réacteur, sans arrêt automatique du réacteur. Les opérateurs ont alors engagé la mise à l’arrêt du réacteur conformément aux procédures, sans difficulté particulière.
Pourtant sur le site internet de RTE, la filiale à 100% de transports d'électricité de EDF, on peu découvrir qu'à 9h47 le réacteur nucléaire n¨1 de Flamanville était déjà en arrêt total de fourniture au réseau électrique suite à une "indisponibilité fortuite".
L'information de l'accident n'est donc rendue public qu'après 34minutes. A priori toutefois car lorsque l'on sait que le temps minima pour arrêter un réacteur (par l'introduction ou le retrait de barres de contrôle ou d'arrêt d'urgence dans le cœur) varie de 15 minutes à près d'une heure : il se pourrait fort bien que le début de l'incident ait eu lieu bien avant, entre 9h32 et 8h47. Ou bien encore plus tôt si l'on retient que l'incident a eu lieu en "zone non-nucléaire" comme l'a déclaré EDF : "Un départ de feu entraînant une détonation" s'est produit vers 10 heures, jeudi 9 février 2017, dans la salle des machines du réacteur n°1 de la centrale nucléaire de Flamanville (Manche), dans une zone non nucléaire. Le départ de feu a été immédiatement maîtrisé par les équipes de la centrale".
Arrêter un réacteur demande du temps
La durée d'arrêt d'un réacteur atomique est incompressible pour les opérateurs qui doivent agir sur trois paramètres : la concentration en bore du circuit primaire (dilution / borication) pour compenser les variations des poisons et ainsi maintenir la quantité d'antiréactif nécessaire au maintien de la criticité ; l'effet température (marge d'environ ± 0,8 °C) pour jouer sur la favorisation ou non de la réaction en chaine (dilatation du modérateur) ; la position des grappes de contrôle de la puissance pour ajuster la puissance nucléaire du réacteur à celle du groupe turbo-alternateur.
Ce groupe turbo-alternateur qui se trouve dans un bâtiment prétendu "zone non-nucléaire" est indéfectiblement lié dans son fonctionnement au réacteur nucléaire, l'un et l'autre étant inter-dépendants. Si le réacteur défaille il est fragilisé, si le turbo-alternateur défaille c'est le réacteur qui morfle. Et cela impose un décalage dans le temps, parfois "minime" parfois non.
Et les installations et matériels souffrent cruellement. Surtout si ils sont déjà vétustes, quasiment à bout de souffle ou bien mal fabriqués comme l'ont révélé les "dossiers truqués" de fabrication chez Areva-Creusot. Et il est à craindre que l'explosion ait endommagé d’autres équipements.
Ce réacteur de Flamanville d'une capacité de 1.300 mégawatts (MW) s'ajoute donc à sept autres installations nucléaires de 900Mw d'EDF déjà stoppées pour des contrôles de sûreté notamment sur un total de 58 réacteurs en France (données EDF et RTE).
Rejets radioactifs en cas d'arrêt d'urgence (Scram)
Même si le réacteur est mis à l'arrêt, l'activité des produits de fission continue de produire de la chaleur. Cette chaleur n'est pas matériellement réductible, elle doit impérativement être évacuée, même en cas d'indisponibilité des moyens normaux d'extraction de puissance du cœur sauf à conduire à terme à la fusion du cœur. Pour pouvoir évacuer la chaleur résiduelle en cas d'urgence, les centrales nucléaires conservent en permanence un système de refroidissement qui peu ne pas fonctionner en fonction de la situation (et générer ainsi une augmentation de la température pouvant conduire à une fusion du cœur du réacteur nucléaire.)
La puissance de cette chaleur résiduelle correspond environ à 6 % de la puissance thermique nominale à l'instant de l'arrêt de la réaction nucléaire en chaîne, elle diminue ensuite et disparait en l'espace de quelques jours.
Et le danger de rejets radioactifs perdure. Après arrêt du réacteur, l'iode et le prométhéum présents dans le cœur du réacteur continuent de se désintégrer augmentant ainsi la quantité de xénon et de samarium radioactifs présents dans le cœur et générant "l'empoisonnement" du réacteur. Il est donc nécessaire de relâcher des radio-contaminants... dans l'atmosphère.
Rien n'est donc réellement stabilisé tout au long de ces journées. Ce qui contredit l'affirmation à la mi-journée sur franceinfo de Jacques Witkowski, le préfet de la Manche : "l'incident est fini".
Un banal dysfonctionnement peu entraîner la catastrophe
Ce serait donc, d'après les autorités et l'exploitant, le dysfonctionnement d'un simple ventilateur qui serait à
l'origine de l'arrêt en urgence du réacteur atomique! A quoi tient la
vie de centaines de milliers de riverains des installations nucléaires
et au-delà !
Mais les précédents à Flamanville (comme au Tricastin) fragilisent le bel édifice : dégagement de fumée non radioactive en août 2015 au niveau du réacteur 2 qui avait entraîné le déclenchement pendant quelques heures d'un plan d'urgence. Arrêt pendant cinq semaines fin 2015-début 2016 du réacteur 2 après la panne d'un transformateur qui a dû être remplacé. En octobre 2015, EDF avait par ailleurs déclaré un incident de niveau 1 sur 7 à la centrale de Flamanville après avoir découvert que "quelques" joints n'étaient pas les bons sur les deux réacteurs en fonctionnement.
La multiplication de départs de feu sur des équipements électriques dans les centrales françaises est le fait marquant. Et à ce jour, on comptabilise en dix jours à peine, un troisième incendie sur une installation nucléaire en France après les deux récents incendies qui ont eu lieu à la centrale de Cattenom, en Moselle. Ainsi qu'on se le dise : un feu d'origine électrique arrive fréquemment dans les centrales nucléaires et c'est bien moins grave que chez vous.
Pour les autorités il faut à tout prix banaliser : "Ce n’est pas un
incendie avec dégagement de flammes, mais quand une gaine électrique
brûle, ça dégage
beaucoup de fumée". Certes en brûlant les matériaux isolants dégagent des fumées extrêmement toxiques voire mortelles mais ce n'est pas grave. D'autant qu'à chaque fois : il n'y a jamais d'incendie dans une centrale nucléaire, seulement des départs de feu... vite maîtrisés et les explosions à répétitions (comme au Tricastin) sont plus rares et évidemment "toujours contenues" et deviennent de simple bruits sans importance. Circulez y'a rien à voir bande de gogos.
Bien sûr, aussi, ces derniers mois a été révélé que la majorité des réacteurs d’EDF tournaient avec bon nombre de pièces défectueuses pourtant validées par des certificats de « sûreté »... falsifiés. Notamment ces 18 réacteurs dont les générateurs de vapeur présentent des zones de fragilité du fait d’une concentration anormale de carbone dans l'acier (comme ceux du Tricastin par exemple). Malgré cela, l’ASN (Autorité de sûreté nucléaire) a donné le feu vert à EDF pour remettre en service les réacteurs défectueux dès lors, notamment, qu'il ne faudra pas faire monter et descendre trop rapidement en température les réacteurs (savoir 14° par heure au lieu des 28° habituels) au risque de tout faire sauter. Les nucléocrates appellent cela des "dispositions complémentaires". Bizarre et irresponsable lorsque l'on sait que, selon leurs propres règles et prescriptions, la rupture d’un générateur de vapeur est considérée comme « exclue » c'est à dire qu'elle ne peut avoir lieu. En clair il ne faut surtout pas qu’elle se produise car alors il n’y a aucune parade possible. C'est la catastrophe majeure à l'image de celle de Tchernobyl et de la quadruple de Fukushima.
Conclusion rationnelle pour la population et les salariés du nucléaire : il est crucial dans le pays le plus nucléarisé d'Europe qu'est la France (le plus nucléarisé au monde par habitant) de mettre à l'arrêt définitif toute cette vieille quincaillerie des années 70. C'est une question de vie ou de mort.
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NB : Une centrale auto-consomme 5% de sa production (la puissance de 3
réacteurs atomique est auto-consommée par le parc nucléaire français).
Commentaires
EDF prolonge l'arrêt du réacteur 1 de Flamanville jusqu'au 31 mars 2017... pour un simple début de fumée sur un ventilateur dans la zone dite non-nucléaire ! Bel aperçu de la fidélité des autorités politiques, de l'ASN et des exploitants nucléaires à la doctrine du "nuage radioactif qui s'arrête à la frontière". Ils continuent leurs mensonges et manipulations. (EDF avait affirmé remettre en service ce réacteur de 1.300 mégawatts le 19 février).
que font mes camarades de la cgt edf ? rien, ils ne pensent qu'à sauver leurs acquis. ceux qui ont fait arrêter l'amiante étaient de vrais militants!!!!!!!!! là, les organisations syndicales edf sont de bonnes collaboratrices. sauvons nos emplois le reste de la population on s'en fout tant qu'on a nos camps de vacances notre électricité presque gratuite, notre systhème de retraite...