Alerte-Danger : Défaillance des soupapes de sûreté du pressuriseur des réacteurs nucléaires
Par admin le mardi 2 août 2016, 23:03 - National - Lien permanent
Le rapport de l'IRSN rendu le 1er juillet 2016 est sans appel : une défaillance des circuits imprimés
pilotant les soupapes de sûreté des pressuriseurs des réacteurs
nucléaires affecte l'ensemble du parc nucléaire français. Froid dans le dos. Ce système à pour fonction d'empêcher l'explosion accidentelle atomique. EDF
minimise. La menace sur le pays est bien réelle.
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A la demande de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) vient de rendre son rapport (1) sur les menaces découlant de défaillance constatée sur des soupapes de sûreté de pressuriseur des réacteurs nucléaires. Ce qui assurent la protection du circuit primaire principal contre les surpressions à chaud et l'explosion atomique. Pas moins.
En situation accidentelle, les soupapes de sûreté du pressuriseur permettent l’évacuation de la surpuissance du cœur du réacteur atomique, de dépressuriser le circuit primaire, d’isoler la deuxième barrière de confinement
et d'injecter de l'eau froide dans le cœur pour tenter d'éviter l'explosion. Cà c'est la théorie. Seule une action manuelle humaine sur la commande électrique des soupapes peu le faire.
Mais, cette année, à l'occasion de l’arrêt du réacteur n° 2 de la centrale nucléaire de Chooz B pour un rechargement en produits de fission atomique, le pot aux roses a été révélé. Le test de refermeture (2) des deux soupapes de sûreté du pressuriseur par la commande électrique ne fonctionne pas. Constat : "rupture des circuits imprimés supportant les résistances de puissance alimentant les électro-aimants des soupapes". Ils ont surchauffé excessivement et les platines à relais de la commande électrique des deux soupapes n'ont pas joué leur rôle, empêchant leur fermeture électriquement. Si le réacteur n'avait pas été à l'arrêt mais en fonctionnement c'était : "boum". Boum comme à Fukushima et Tchernobyl.
Pourtant en mars 2013, sur le palier des réacteur nucléaires de 900 MWe, la même rupture des circuits avait déjà portée atteinte à la sécurité. EDF avait affirmé alors avoir modifié la conception de ces platines et que les platines des réacteurs de 1450 mégawatts n’étaient pas affectées. Les résistances électriques soudées sur un circuit imprimé étant jugées plus résistantes aux contraintes thermiques. Las, donc.
La cinétique de dégradation des circuits imprimés est donc beaucoup trop rapide. Alors que les cartes dégradées sont installées depuis quatre ou cinq ans leur durée de vie attendue était de 40 ans. Une situation considérée comme anormale par l’IRSN et qui aurait dû être détectée lors des essais initiaux de la carte.
Depuis... 10 ans
Mais plus hallucinant encore : il y a plus de dix ans, le 16 décembre 2004, lors de la réunion du Groupe permanent pour les réacteurs (GPR), EDF avait déjà pris l’engagement de mettre en œuvre, sur les réacteurs du palier 900 MWe, un dispositif fiable même en cas d’accident grave. Puis d’étendre cette modification aux réacteurs de 1300 MWe et 1450 mégawatts (pallier N4 précurseur de l'EPR). Et même en 1999 (3). Areva ne semble pas être la seule à exceller dans la défaillance des pièces (générateur de vapeur, EPR,...)
Et ensuite, plus tard, dans un an, au cours de l’année 2017, EDF tentera de mettre en place une nouvelle conception de platine qui ne présentera plus cette fois-ci, promis-juré, de problème d’échauffement. "Incohérent avec les enjeux de sûreté" s'insurge l'IRSN : "il convient qu’EDF se positionne sur la nécessité de déclarer un événement significatif pour la sûreté générique". En une autre période, celle de l'entreprise nationalisée EDF-GDF, certains auraient pu dire qu' "il y a de l'eau dans le gaz" au sein du lobby nucléaire.
Plutôt mettre en danger le pays par une explosion atomique que d'arrêter les réacteurs nucléaires
EDF minimise mais dans le cadre de son analyse, l’IRSN souligne que le défaut affecte l’ensemble des circuits imprimés des réacteurs N4 supportant les résistances qui alimentent les électro-aimants des soupapes de sûreté. Il s'agit donc d'un problème générique qui affecte tout le parc nucléaire français.

Déjà lors de contrôles réalisés sur les réacteurs de la centrale nucléaire de Civaux (Vienne), la défaillance d’une carte avait obligée à constater l’indisponibilité d’une ligne de décharge du pressuriseur qui aurait du conduire à la mise à l'arrêt immédiat du réacteur. A l'époque EDF, du haut de son orgueil techniciste, avait affirmé qu'une mise à l'arrêt du réacteur était "superfétatoire" (page 3 du rapport). Pour l’IRSN, ce n’est pas le cas et elle s'interroge sur les raisons qui conduisent l'électricien nucléaire à ne pas prendre en compte les défectuosités constatées antérieurement.
Une longue liste de mise en demeure adressée à EDF
EDF est donc mis en demeure par l'IRSN de justifier, sous un mois, (c'est à dire au plus tard début août 2016) l’absence de risque de collage intempestif de l’électro-aimant des soupapes de sûreté en situation normale et accidentelle, y compris en cas de séisme.

De contrôler quotidiennement les cartes des platines des soupapes de sûreté du pressuriseur, pour tous les réacteurs du palier N4, jusqu’à l’intégration des cartes de nouvelle conception.
Qu'en cas de défaillance sur une carte lors de la surveillance quotidienne, l’exploitant constate que la soupape n'est plus disponible et que le groupe doit être remis en conformité sous quatre heures faute de quoi le réacteur doit être arrêté.
Chiche, on arrête les réacteurs nucléaires ? Force est de constater que la complicité atavique des organismes officiels de contrôle avec les entreprises nucléaires ne conduit jamais aux sanctions. Et surtout pas à l'arrêt des réacteurs atomiques. Ils font les gros yeux, menacent, ouvrent le parapluie puis rentrent dans le rang. Jusqu'au prochain pépin et en croisant les doigts pour que l'apocalypse atomique ne les prive pas définitivement de travail et de rosettes. Se considérant au-dessus du petit peuple inculte ils ont, les uns et les autres, pris l'habitude de jouer avec la vie de la population et de la planète.
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(2) - La commande électrique est transmise par l’intermédiaire d’une platine à relais comportant notamment une carte à résistance composée d’un circuit imprimé, de deux résistances et de deux diodes.
(3) - http://www.gazettenucleaire.org/1999/173_palierN4.html
Commentaires
Ca glace de lire cet article et de penser aux inconséquences d'EDF qui pourraient provoquer une catastrophe nucléaire.......Où sont les responsables, que font les politiques, pourquoi tant de laxisme dans ce domaine?
Nos vies ne comptent donc pas?
J'ai toujours de la peine à me le dire....et pourtant les faits sont là!
Tout est fait sans le moindre soucis rationnel pour le bien être des Citoyens ; Ceux ci sont devenus des vaches à lai ? dopées avec des médocs nocifs, pour leurs neurones et les transformer en bovins qui ne bronchent plus devant des lois corrompues, et des Gendarmes de plus en plus "clowns"et carriéristes comme nos médecins...Pourquoi n'a t'on plus d'Hôpitaux pour les personnes malades mentales, on économiserait des morts actuellement !! Les économies sont faites au coup par coup selon les lois les décrets, et selon les changements réguliers de Présidents et de Ministres, de Députés surpayés avec l'EUROPE ! Sur TF1 ce matin le journaliste qui parlait s'est mis à dire non je ne suis pas croyant je suis un laîc...Mais ils déraillent tous !! les laîques peuvent être croyants aussi s'ils s'y retrouvent, bien sur !! La laîcité est confondue avec le religieux et devient, avec de tels propos, une religion ????; On va où à cette allure ?;;Pauvre jeunesse, pour la suite !
Retraité depuis 2013, j’ai travaillé sur le programme électronucléaire français de 1974 à cette date ; de Fessenheim à l’EPR Flamanville. Je me permets, à ce titre, de préciser certains points abordés dans votre article.
Vous avancez l’éventualité d’une explosion ‘’nucléaire/atomique ‘’ dans nos centrales des paliers 900, 1300 et 1400MWe N4, telle que produite par une bombe à fission nucléaire. Cette éventualité est strictement impossible à envisager pour la raison suivante :
L’explosion ‘’nucléaire/atomique ‘’ d’une bombe A résulte de l’emballement recherché de la réaction en chaîne dans le combustible de celle-ci, de qualité militaire, hautement enrichi à 90 à 95% en uranium 235 fissible.
Le combustible des centrales nucléaires est lui faiblement enrichi à 3 à 5% en uranium 235 ; enrichissement très insuffisant pour produire une explosion atomique. L’emballement accidentelle et incontrôlé de la réaction, dans ces conditions d’enrichissement, aboutit, dans le cas extrême, à la fusion à cœur du réacteur. C’est ce qui s’est produit à Tchernobyl et Fukushima, mais aussi à Three Mile Island le 28 mars 1979. Dans les 3 cas le cœur des réacteurs a fondu et les températures extrêmement élevées atteintes dans la cuve du réacteur ont décomposé l’eau du circuit primaire principal en mélange tonnant oxygène + hydrogène. Ce mélange gazeux, en explosant, a soufflé les bâtiments réacteur des centrales ukrainienne et japonaise. Les bâtiments éventrés ont laissé se répandre dans l’atmosphère les éléments de fission hautement radioactifs produit lors de la fusion à cœur, provoquant les catastrophes écologiques que l’on connait. Les deux accidents nucléaires ont été gravissimes, mais il n’y a jamais eu, dans ces deux cas de figure, d’explosions typiquement atomiques telles que celles générées à Hiroshima et Nagasaki.
Concernant l’accident de la centrale américaine de Three Mile Island, de conception très voisine de celle des REP (Réacteurs à Eau Pressurisée) français, cette centrale possédait un bâtiment réacteur constitué d’une double enceinte de confinement étanche capable d’absorber les variations de pression engendrées par l’explosion du mélange tonnant évoqué plus haut. La double enceinte a rempli son rôle et malgré les explosions successives enregistrées par les capteurs lors de l’accident, tous les produits de fission restèrent confinés dans l’enceinte. Toutes les centrales françaises bénéficient de ce type d’enceinte de confinement, testée annuellement à la pression de 5 bar (± 5 atmosphères). La centrale nucléaire de Tchernobyl , de conception russe, n’en possédait pas (pour Fukushima, je ne sais pas).
Concernant les soupapes de sûreté du pressuriseur de repère fonctionnel RCP 11, 12, et 13 VP dont vous évoquez la défaillance, il s’agissait au départ des programmes 900 et 1300 MWe de soupape de sûreté chargées par ressort, complètement autonome, de conception américaine ‘’CROSBY’’, ultra simple : la pression du Circuit Primaire Principal (CPP) agissant directement sur le clapet de la soupape en appui sur la buse. Le ressort bandé maintient le clapet en appui jusqu’à ce que la pression du CPP atteigne 171,5 bar induisant une force supérieure à celle du ressort et provoquant l’ouverture de la soupape.
Pour des raisons ‘’extrêmement obscures’’, qui mériteraient bien aujourd’hui quelques éclaircissements, dans les années 80 les soupapes chargées par ressort, utilisées partout dans le monde sauf en France pour la protection du CPP, ont été déposées et remplacées (aux frais d’EDF et donc du contribuable de l’époque) par des soupapes de sûreté pilotées de marque ‘’SEBIM’’ de conception française mais d’une complexité inouïe, véritables ‘’Usine à Gaz’’.
J’ai personnellement vécu cet épisode et ne suis nullement étonné des difficultés dont vous vous faites l’écho… Chacun sait que plus un mécanisme est complexe et plus il a de chance de présenter des disfonctionnements…
Merci, Michel, pour ces précisions.
Gilbert