Cadarache : Contaminé par inhalation
Par admin le mercredi 6 juillet 2016, 10:18 - Cadarache - Lien permanent
1 année avant de confirmer la contamination ! Ce n'est que le 4 juillet 2016 que le CEA a confirmé* officiellement la
contamination d'un travailleur. Pourtant dès le le 28 avril 2015 un contrôle médical révélait des suspicions de
contamination radioactive interne d'un ouvrier sur le chantier de démantèlement
de l'Atelier de Putonium (ATPu) du site du Commissariat à l'Energie atomique de Cadarache. Personne n'en avait rien su hormis les initiés. Un second
contrôle médical effectué le 23 juin 2015 le confirmait pourtant. Le salarié d'Areva a bien inhalé
les substances mortelles lors de la réfection d’un sas séparant deux
zones de travail. Les
incidents nucléaires se suivent et se diversifient... jusqu'au jour ou
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Le centre nucléaire de Cadarache occupe pas moins de 1600 hectares sur lequel sont disséminées 19 Installations Nucléaires de Base (INB) dont une, au moins, classée Secrète-Propulsion Nucléaire (INBS-PN). On y traficote pêle-mêle des réacteurs de recherche, installations d’étude de produits de fission atomique (combustibles), conditionnement des déchets, sites d’entreposage de matières fissiles, de déchets radioactifs, centre d’essais pour la propulsion nucléaire (sous-marins et porte-avions) et projets nucléaires en cours (réacteur RJH, ITER…) . Le risque y est permanent (1)
Si le centre atomique de Cadarache est soumis à un Plan Particulier d’Intervention
(PPI) il ne concerne que les sept communes se trouvant dans un rayon de
5 kilomètres autour de Cadarache : Commune de Saint-Paul-lez-Durance
(13) et une partie des territoires de Beaumont-de-Pertuis (84),
Vinon-sur-Verdon (04), Ginasservis (83), Rians (83), Jouques (13) et
Corbières (04).
Pourtant, situé au nord-est d’Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône) le site atomique fait régulièrement parler de lui : découverte de 30kg de plutonium en trop dans une installation en cours de démantèlement soit l'équivalent de 6 bombes atomiques en octobre 2009; de 10kg d’uranium enrichi supérieur à la limite autorisée dans une autre installation quelques semaines plus tard; projet de réacteur ITER pour tenter de voir si'il serait possible de reproduire sur terre ce que le soleil fait naturellement à savoir la fusion nucléaire.
Cadarache, ce sont déjà 36000 m3 de déchets radioactifs, dont des centaines de tonnes de déchets hautement radioactifs (thorium, plutonium…) mal conditionnés et stockés dans des tranchées probablement en train de contaminer sols et nappe phréatique.
Sale histoire
Implanté sur ce site du Commissariat à l'Energie Atomique (CEA) de Cadarache dans les Bouches-du-Rhône, l'atelier ATPu a été créé en 1962 pour recycler du plutonium militaire et tenter d'en prolonger son usage barbare. Pendant 40 ans plus de 50 tonnes de cette funeste création humaine ont été traites ici, Notamment pour fabriquer des produits de fission à destination, dans un premier temps des réacteurs à neutrons rapides (RNR), puis, après sa reprise en 1991 par Areva (dont le CEA est l'actionnaire majoritaire) pour fabriquer le terrifiant produit de fission (appelé faussement "combustible") "MOX" pour les réacteurs à eau légère des centrales électro-nucléaires dites civiles. La moitié des centrales atomiques françaises en est gorgée.
En 2000, Areva transfert cette fabrication du "Mox" à base de plutonium à
Marcoule (Areva-Melox) dans le Gard. Le réacteur n°3 de Fukushima-Daïchi qui a explosé le 11 mars 2011 en était lui aussi gorgé. En 2003 Areva cesse sa
production à Cadarache. Mais il reste sur place beaucoup de merde radioactives et mortelles.
Areva est donc contraint d'assainir et, selon sa stratégie, de démanteler ses installations. Et ce n'est pas de la tarte. Tout est contaminé ou presque. Car si la fabrication sous forme de crayons de produits de fission radioactif a cessé : les rebuts issus des fabrications demeurent. Que ce soient des pastilles de mélange d'oxydes de plutonium et d'uranium, des poudres toxiques et mortelles, et bien d'autres joyeusetés. Sans compter tous les matériaux et installations ayant servit et accueillit cette insensée activité. Alors il faut reconditionner. Et là les choses se gâtent avant que ces déchets radioactifs ne parcourent toute la France pour atterrir à l’usine d’Areva-La Hague dans le Cotentin.
Cascade d'emmerdes
C'est à sa filiale STMI (Société des Techniques en Milieu Ionisant) qu'Areva dévolue le sale boulot. A ces ouvriers et salariés surtout. A eux d'assainir et évacuer l’ensemble du plutonium restant dans ses installations et provenant des précédentes activités de production de combustibles de l’usine ainsi que de celles du CEA et d’EDF.
Au terme de très longues et problématiques années, le conditionnement sous forme de fûts est achevé le 30 juin 2008. Comme l'exigeait l’Autorité de Sûreté Nucléaire. Mais ce n'est pas par ce qu'on a re-conditionné que tout est devenu sain et limpide. Reste à assainir les lieux et à procéder aux démontage des équipements, avant de tenter le démantèlement, à grande échelle. Tenter car on ne sait pas faire et il faut mettre au point des techniques et procédés jamais utilisés ni même envisagés lors du lancement du nucléaire. Chapeau les super-ingénieurs atomistes.Ce démantèlement concerne 432 boîtes à gants* contaminées et 28 cuves radioactives. Puis les locaux eux-mêmes. A la fin de l'année 2009, le taux de réalisation des opérations de démantèlement et d'assainissement n'était que de 35 %. Avec tous les risques que cela suppose tant pour les travailleurs affectés à ces tâches d'une dangerosité inouïe que pour l'environnement et les territoires en proximité. D'autant que, là encore, de nouveaux déchets mortels sont générés et doivent être à leur tour conditionnés. Un puits sans fond...
C'est lors de l'une de ces opérations qu'un salarié a été contaminé en avril 2016 (2). Le Commissariat à l'Energie Atomique n'en a parlé que le 4 juillet soit 4 mis après. Contaminé par inhalation lors de la réfection d'un sas séparant deux zones de travail au sein de l'installation. Contamination interne de l'organisme. Une dose supérieure à 5 millisievert (mSv), plus du quart de la limite réglementaire annuelle imposée aux salariés du nucléaire pour le corps (fixée à 20mSv par an). Advienne que pourra lorsque l'on sait qu'il n'y a pas de dose inoffensive et sans effet délétère sur la santé et la vie. Et que la dose maximale établit par le code de la santé public en France est de 1mSv/an pour la population.
On est bien loin de la simple contamination au niveau de sa tenue de protection mesuré par l'appareil de contrôle. Le masque qu'il portait n'aura visiblement pas servit à grand chose.
Déjà des précédentsLe 29 octobre 2010 une "anomalie" était constatée dans un fût de déchets radioactifs au Laboratoire de Purification Chimique de Cadarache. Le 21 décembre 2010, le CEA déclarait une "anomalie" concernant la quantité de matière fissile contenue dans quatre fûts de déchets de l’Atelier de Technologie du Plutonium* (ATPu). Les quantités de matière radioactives mesurées sont supérieures à la limite autorisée. Une amende de 40 000 euros avait été requise le 25 janvier 2012 contre le Commissariat à l'énergie atomique (CEA) pour "non-déclaration immédiate" d'un incident survenu sur le centre nucléaire de Cadarache, dans les Bouches-du-Rhône, classé au niveau 2. (3)

Le 14 décembre 2005, deux opérateurs ont été blessés à la main en démontant une "boîte à gants" pour son conditionnement en colis de déchets. L’un des deux a subit une contamination radioactive à la main.
Quelques années auparavant, à l'automne, un salarié a été contaminé en manipulant des produits radioactifs dans une "boîte à gants" (boîte étanche dans laquelle sont manipulés avec des gants spéciaux des produits radioactifs). C'est bête le gant était déchiré.
Tout juste un mois après qu'un défaut d'alimentation électrique ait rendu totalement inopérant pendant 5 heures le système de surveillance de la contamination atmosphérique.
On continue a détourner chastement les yeux...
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(1) - Risque radiologique : des matières radioactives peuvent atteindre l’organisme humain par irradiation externe (exposition à des rayonnements radioactifs) ou interne (inhalation d’air contaminé ou ingestion d’aliments contaminés). - Risque chimique et toxicologique : le centre de Cadarache peut rejeter, en situation accidentelle, des substances toxiques (acide fluorhydrique, aérosols de sodium….). - Risque incendie et explosion : des matières inflammables (sodium, solvants, gaz divers) sont utilisées dans les différentes installations. - Risque sismique : Cadarache est situé sur la faille d’Aix-en-Provence-Durance, la plus active de France, et à proximité d’une autre, celle de la Trévaresse, qui a généré le plus grave séisme jamais enregistré en France il y a un siècle (1909, intensité 9).
* (2) - communiqué du CEA
en savoir plus sur les incidents nucléaires à Cadarache : http://www.asn.fr/recherche/resultat?SearchText=cadarache&SearchContentClassID=36%2C31%2C18 et http://cli-cadarache.org/surete-sante-environnement/les-incidents.html
Commentaires
l 'immensité de la tâche du démantèlement et les dangers courus par les ouvriers d' abord et la population sont très angoissants vu les limites de la compétence dans ce domaine...Comment est soutenu cet ouvrier par le syndicat, a-t-on un contact avec lui?
Un grand merci pour cette enquête remarquable ,très fouillée sur la situation effrayante à Cadarache
L’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a mis en demeure le Commissariat à l’énergie atomique (CEA) de prendre des « actions correctives », après avoir constaté des lacunes et dysfonctionnements persistants dans une station de traitements des déchets radioactifs à Cadarache... au plus tard le 7 janvier 2017. Et attention on fait les gros yeux : "si le CEA ne respectait pas la mise en demeure, il s’exposerait à des « sanctions administratives et pénales ».
Déjà en 2014, l'ASN déplorait, le mouchoir aux bords des yeux, que « de nombreux retards et dysfonctionnements » ont été constatés dont l’entreposage des déchets, la gestion des matières combustibles ou encore les plans d’intervention des pompiers et dans les installations nucléaires de base « 37-A » et « 37-B », qui traitent des déchets radioactifs avant leur stockage. Ils « ont duré dans le temps » et « Cette mise en demeure est un rappel à la loi avant (d’employer) les moyens de coercition », a-t-il ajouté.
Cela ne fait que 10 ans, voire plus, que le CEA banane et mène en bateau l'ASN qui ne prend jamais de sanction. Et pour cause, c'est le maître qui donne les ordres jamais le valet.