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EDF_Centrale_Nucleaire_Tricastin_4_Bt_Reacteurs_France_2008.jpgLes générateurs de vapeur sont des équipements plus qu'importants pour la sûreté d'une installation nucléaire. Ils constituent une partie de la seconde et de la troisième barrières de confinement de la radioactivité. De forme semi-sphérique le fond primaire de ces générateurs de vapeurs (GV) se situe à leur base et permet, en principe, de confiner l’eau du circuit primaire. Le circuit primaire permet de refroidir les produits de fission atomique (combustible) contenus dans la cuve du réacteur.

Or il s'avère, après le contrôle ordonné par l'ASN, que cette pièce n'a pas les propriétés prévue de résistance à la propagation de fissures. Une concentration importante en carbone a été générée lors des opérations de forgeage et, au lieu d'être éliminée avant livraison et installation, a été laissée dans les fonds primaires. La rupture de la pièce menace potentiellement 18 réacteurs nucléaires à travers la France.

Generateur-de-Vapeur_centrale-nucleaire.jpgComme à l'accoutumé, face à cette réalité et au risque, EDF et Areva, adoptent le profil du cador technocrate. Du maître vis à vis de l'Autorité de Sûreté Nucléaire (2) et de la population, et affirment péremptoires : "tout va très bien Madame la Marquise". Pourtant, passé ce premier temps de fanfaronnades, l'exploitant EDF a du s'incliner et se lancer dans des investigations plus concrètes et moins épistolo-bavardeuses. Et le fabriquant Areva aussi.  Il doivent à tout prix localiser précisément la zone présentant une concentration en carbone importante, qui peut conduire à la rupture de la pièce et entraîner la catastrophe nucléaire. Nous ne sommes qu'en même pas ici dans une fabrique d'éventails en papier crépon !

Même si on peut se le demander au vu de quelques rapports des inspecteurs-ASN sur les réacteurs EDF du Tricastin qui, il y a quelques années à peine en 2012 et plus récemment en 2015, s'alarmaient de l'état de dégradation de vannes, circuits électriques, pompes de secours,... de l'une des plus vieilles centrales nucléaires du pays (3 et 4).

Et sur ses propres installations et fabrication de pièces Areva n'est pas en reste. Plus de 80 irrégularités de natures très diverses ont été identifiées dans les dossiers de fabrication concernant des équipements de 12 centrales nucléaires en exploitation. Les géants ont souvent des pieds d'argile.

Qu'adviendra-t-il de ce constat de menaces et de risques sur le pays et sur la région ? La voie de la sagesse et du bon sens l'emportera-t-elle avec la mise à l'arrêt définitif de toutes ces installations d'un autre siècle ? Ou bien l'obscurantisme technocratique atomique et le fanatisme militaro-belliqueux continueront-ils à jouer à la roulette russe avec la vie et la planète? La suite au prochain Tcherno-Fukushima tricolore ?

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(1) Réacteurs susceptibles d’être affectés :
    Centrale nucléaire du Blayais, réacteur 1
    Centrale nucléaire du Bugey, réacteur 4
    Centrale nucléaire de Chinon, réacteurs B1 et B2
    Centrale nucléaire de Civaux, réacteurs 1 et 2
    Centrale nucléaire de Dampierre, réacteurs 2, 3 et 4
    Centrale nucléaire de Fessenheim, réacteur 1
    Centrale nucléaire de Gravelines, réacteurs 2 et 4
    Centrale nucléaire de Saint-Laurent-des-Eaux, réacteurs B1 et B2
    Centrale nucléaire du Tricastin, réacteurs 1, 2, 3 et 4

(2) Note technique de l'ASN du 23 juin 2016  et Note d'Information de l'ASN

(3) CODEP-LYO-2015-016479/INSSN-LYO-2015-0305 du 08/04/2015

(4) CODEP-LYO-2012-022754/INSSN-LYO-2012-0352 du 20 avril 2012