CANSE

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Le jeu de poker-menteur des organisateurs d'une fête écologique locale

Après la proposition du CAN84 (collectif antinucléaire de Vaucluse) de tenir un stand d'informations et d'animer un débat sur le thème du nucléaire, lors de la "fête écologique" d'Apt (Vaucluse) du 5 juin 2016, les organisateurs de la-dite fête déclarèrent téléphoniquement aux antinucléaires qu'ils étaient "personae non-gratae". Car violents. "Violents" ? On aurait dit du Manuel Valls ou du Pierre Gattaz dans le texte fustigeant les opposants à leurs lois de régressions sociales. Ceux qui se défendent contre la domination serraient donc les méchants et ceux qui dominent et attaquent sont les gentils.

"Violents" les antinucléaires du CAN84 ? Oui, car pour les organisateurs ils avaient osé défiler, il y a deux années de cela, sur la chaussée et distribuer des tracts aux automobilistes alors qu'il fallait rester sur le trottoir comme le souhaitait le Préfet et l'autorité. Où va donc se nicher la violence pour certains... non ?

Mais ce n'est pas tout. Doublement "violents", on vous dit, car le CAN84 arborent aussi  des tee-shirt portant une tête de pirate et le mot d'ordre "arrêt immédiat du nucléaire". Cà, c'est véritablement de trop, une provocation, insoutenable, inadmissible pour ces personnes de bonne compagnie.

Le nucléaire tue au quotidien : qu'à cela ne tienne pour les organisateurs aptésiens. Il faut rester correct et être de bon aloi, ne pas dire le réel et de mots qui fâchent. L'écologie est joyeuse, tout le monde s'aime et est raisonnable, sans contradiction aucune, sans différences même. En clair : tout le monde doit être bien aligné, on ne veut voir qu'une seule tête, et surtout conforme aux orientations co-gestionnaires des dirigeants sociaux-démocrates voire de droite ou productivistes d'Europe-Ecologie. Postes politiciens et délégations de pouvoir obligent.

Pour donner la mesure de la perversion de la manoeuvre visant à museler la lutte antinucléaire, les organisateurs en rajoutent une couche quelques jours avant la fête : ils sollicitent en toute hâte une fédération pour leur trouver, au pied-levé, un intervenant sur le thème du nucléaire, en lieu et place des militants du CAN84. Forts de leur démarche et assurés que cette organisme pourrait, par sa grande audience présumée, leur trouver la perle rare, ils annoncent au CAN84 que c'est finalement l'ancien président de l'association organisatrice locale, retraité et spécialiste du nucléaire, qui interviendra ce jour-là sur le projet "ITER". Donc vraiment le CAN84 : "persona non grata".

Le projet "ITER" ? uniquement ? C'est un peu réducteur alors que la région est la plus nucléarisée d'Europe et se trouve au coeur du triangle de la mort cernée par les sites nucléaires militaro-civils de Cadarache (Bouches-du-Rhône), Tricastin (Drôme-Vaucluse) et Marcoule (Gard)? Une méconnaissance de la région visiblement. Compréhensible peut-être lorsque l'on vient de la région parisienne et que le nucléaire ne peut être qu'une thématique parmi d'autres. Alors uniquement le projet délirant "Iter"? Projet auquel les élu-es EELV du Conseil Régional ont apporté, dès le lancement, leur soutien notamment celui financier de la Région?

Vraiment cette ficelle pour éliminer les antinucléaires est un peu grosse. Mais en Vaucluse et en Paca, on ose tout. Même voter majoritairement pour l'extrême-droite.

Aussi, les antinucléaires du CAN84 qui ne sont pas nés de la dernière cuvée estampillée "écolo", va découvrir le pot-aux-roses. Après avoir établit le contact avec l'intervenant supposé animer la conférence "Iter" ils apprennent par celui-ci qu'il n'a jamais été question qu'il anime une conférence à cette fête écologique! Quels fatras idéologique et de perversité que cette environnementalisme de salon, d'ambition et à visées mercantiles.

Sérénité et détermination versus sectarisme

Dimanche 5 juin, le CAN84 se présente donc tranquillement, aux côtés des autres exposants, pour s'installer sur le lieu de la fête. Un des membres de l'équipe d'organisation, lui indique un emplacement. Bon, tout semble apaisé, les organisateurs doivent se sentir honteux. Ce sont des humains après tout. Un peu agressif et sectaires certes, mais bon passons.

Les militants antinucléaires s'installent donc à l'endroit qu'on leur assigne, déploient la banderole "arrêt immédiat du nucléaire, ni dans 10 ans, ni dans 20 ans, ici, partout et maintenant" puis une seconde "nucléaire=cancer". La table est dressée, les tracts "Résistance/Actions contre le crime atomique"  disposés dessus, les drapeaux placés de part et d'autre, et le jeu-questionnaire de 35 items sur le nucléaire (avec plateau de cerises-bio à gagner) est annoncé. L'expo photos des victimes de la catastrophe nucléaire de Technobyl est implantée. Les autres stands, principalement commerciaux et institutionnels et quelques associatifs, se déploient aussi et la fête est ouverte.

C'est alors que tatie Danielle déboule

Tout le monde connait le film d'Etienne Châtilliez "Tatie Danielle". Cette femme qui ne vous connait pas encore mais qui déjà vous haïe. Et bien au pays d'Apt ils ont la leur. Une enseignante à la retraite, membre de l'association organisatrice. Elle déboule tête en avant et mâchoires serrées sur le stand des antinucléaires et exigent qu'ils mettent sur leur table et sur les murs encadrant leur stand de la propagande pour la fédération collaborationniste noyautée par EELV. Elle apporte à cet effet tracts et affiches, reçu quelques jours plus tôt de la direction centrale. Bêtise individuelle ou ultime tentative de museler l'expression antinucléaire libre et indépendante ? L'incendie est ravivé par les organisateurs. Dommage. Le lobby nucléaire doit se frotter les mains.

Déboule alors un "commando", le chef en tête, tous crocs dehors. Certainement ulcéré que ses manoeuvres antérieures aient été révélées et déjouées (Eh oui on a son image de marque de bon citoyen-formateur aspirant aux responsabilités à défendre). Les antinucléaires demeurent calmes et sereins car ce qui leur importe ce sont les habitants et visiteurs qui viennent à la fête, le débat, la rencontre, la discussion, les arguments solides de conviction pour l'action contre le lobby nucléaire. Des actes de malveillance ils en ont subit plus d'un de la part tant des institutions et du lobby nucléaire que de ceux qui se prétendent amoureux de la Terre. Donc ils ne baissent pas les bras. Comme les touareg en lutte contre le pillage de leur territoire par l'industrie minière uranifère. Mais ce registre "discussion-débat-confrontation d'idées" ne semble pas vraiment partagé par les vieux briscards productivistes et du green-wahsing du lieu : "Allez dégagez d'ici, ou alors retirez votre banderole "arrêt immédiat du nucléaire", car de toute façon ce n'est pas possible!"

L'affirmation est de taille et péremptoire. Idiote à coup sûr et révélatrice d'une ignorance crasse. Mais il s'y accroche le bougre. Alors, passant outre à l'agressivité projetée sur eux, les résistant(e)s au crime atomique y voient là l'occasion de discuter publiquement du nucléaire et des avis contradictoires, non ? Mais la proposition des antinucléaires est violemment rejetée. Encore une fois, la violence n'est pas dans le camp de ceux qu'on croit...

Finalement, les dirigeants de l'association organisatrice tournent les talons en maugréant face à la sérénité et la force tranquille des antinucléaires. Le CAN84 restera toute la journée, animera des dizaines de mini-débats avec les habitants venant à leur rencontre. Les antinucléaires éclaireront grâce à leur questionnaire-jeu la sinistre réalité mortelle de l'industrie atomique, la radio "radio zinzine" installée sur place leur ouvrira le micro en direct, les autres membres de l'association organisatrice ne retrouveront pas dans les antinucléaires les "violents" qu'on leur avait décrit, et de nouvelles personnes décideront au final de rejoindre la lutte sans compromis pour l'arrêt immédiat du crime atomique.

La provocation, l'ostracisme et le rejet de la résistance au nucléarisme ont été déjoués.

Bon comptes à OK-Corral !