Déchets nucléaire : du 49-3 à la matraque, à Bure, les autorités fabriquent la tension.
Par admin le samedi 25 juillet 2015, 13:07 - National - Lien permanent
Alors que tout se passait paisiblement dans le sud de la Meuse depuis une semaine pour les préparatifs du Camp international de rencontres et d'actions contre le projet de poubelle nucléaire, le nucléaire et son monde : toute la fin de matinée de ce 25 juillet, les voitures de gendarmes, civiles, militaires
ou conventionnelles se sont démultipliées sur les routes. Sur
réquisition du procureur, on contrôle à tout va...
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Deux personnes arrêtées, une relâchée avec suspension de permis de conduire, l’autre en garde à vue avec présentation devant le juge des libertés ce dimanche 26 juillet 2015 (Un appel à rassemblement devant le tribunal de Bar-le-Duc à partir de 10h a été lancé) : alors que la préfecture projette une conférence de presse lundi prochain pour expliquer comment le territoire va être consciencieusement quadrillé sur 30 km à la ronde autour de Bure (centre d'enfouissement de déchets radioactifs), sur place les militants pacifiques antinucléaires en ont eu un avant-goût.
" Toute la fin de matinée, les voitures de gendarmes, civiles, militaires ou conventionnelles se sont démultipliées sur les routes. Sur réquisition du procureur, on contrôle à tout va, à chaque carrefour autour de Bure, en quête d’explosifs, d’armements, de produits de recel et d’individus dangereux et recherchés. À défaut, on embarque sur le moindre prétexte : deux interpellations ont ainsi eu lieu à Bure à 11h. Quand on leur demande ce qui justifie tout ce remue-ménage, les autorités répondent qu’on aurait vu « un drone survoler l’ANDRA » ! Un drone invisible et furtif donc car personne ne l'a vu ni même les "les Bure-Haleurs" le groupe de musiciens qui campe paisiblement devant l’ANDRA depuis lundi [1].
Du 49-3 à la matraque
Après l’insertion scélérate dans la loi Macron du projet de centre de stockage géologique des déchets radioactifs les plus dangereux imaginé par l’Andra dans la Meuse à Bure (Cigéo), les adversaires de « la poubelle nucléaire » multiplient les initiatives. Alors que « les Amis du Silence » ont débuté leur camp sur un terrain privé à Luméville-en-Ornois, que le collectif VMC se prépare à prendre le relais, depuis ce lundi 20 juillet le groupe "Bure haleurs" hostile à Cigéo et acteur de toutes les manifestations s'est installé devant les grilles du laboratoire de recherche de l’Andra.
/// /// "Il s'agit de lancer l’embryon d’une Zone à Défendre (Zad) que nous nommons zone à protéger par la paix (Zapp). Nous sommes opposés à Cigéo. Il ne faut pas enfouir des déchets que l’on ne pourra plus contrôler. Nous lançons le mouvement et espérons être rejoints par tous ceux qui sont contre le projet. Nous sommes des pacifistes et des non violents », précise Piot Pépère.
Antinucléaire et altermondialiste
Un peu plus loin, " Alors que tout se passait paisiblement dans le sud de la Meuse depuis une semaine, on a du mal à voir dans cette débauche de moyens policiers autre chose qu’une fabrication de la tension. Si on voulait créer un climat de conflit on ne s’y prendrait pas autrement." indique le groupe de préparation du campement VMC. Et ce n’est pas faute d’avoir anticipé cette situation dans un précédent communiqué [2]. " Il faut croire que les autorités continuent à reproduire, délibérément et partout, les mêmes schémas [3] d’escalade du conflit et d’intimidation des populations locales" renchérit le groupe d'organisation du camp VMC.
Le "Camp international de rencontres et d'actions" dénonce cette mise sous tension injustifiée à une semaine du campement qui se tiendra, lui, entre Mandres-en-Barrois et Luméville-en-Ornois du 1er au 10 août 2015. En souhaitant que les jours prochains retourneront au calme qui avait accompagné jusqu'à présent le chantier de préparation du campement.
Un projet de vie contre un projet de mort et de déchets
3 lieux distincts donc qui, peut-être feront leur jonction : les Bure-Haleurs et les antinucléaires devant l'Andra, les "Amis du Silence" sur un terrain privé qui seront relayé par le "Camp International". L’organisation de ce dernier a été portée, depuis un an, par plusieurs dizaines de personnes, issues de différentes luttes aux quatre coins du pays, lors de réunions « nationales » mensuelles et de réunions locales hebdomadaires. Les structures du camp viennent de partout, grâce à la mobilisation de réseaux militants, dans une volonté de décentralisation de la logistique. Le camp sera installé sur un terrain appartenant à des personnes solidaires de la lutte contre Cigeo et l’Andra, permettant l’installation de plusieurs centaines de personnes. (4). Et une organisatrice de préciser : «Nous venons aussi
expérimenter une autre façon de vivre ensemble, végétarienne, sans
alcool ni tabac, écologique ». Et radicalement antinucléaire.
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[1] http://vmc.camp/2015/07/23/communique-bure-un-campement-peut-en-cacher-un-autre/
[2] http://vmc.camp/2015/07/17/communique-un-prefet-averti-en-vaut-deux/
[3] Voir l’article d’analyse des stratégies policières et politiques produit suite à la manifestation du 22 février 2014 à Nantes : https://paris-luttes.info/manif-du-22-fevrier-a-nantes-3-3
(4) gares les plus proches : Joinville (20 km de Bure) et Saint-Dizier (40 km de Bure).
Commentaires
C'est avec cette solution de l'enfouissement que l’État Nucléaire Français veut faire croire qu'il maîtrise toute la chaîne de la production atomique depuis l'extraction du minerai d'uranium (le fameux yellowcake) jusqu'à la gestion des déchets hautement radioactifs des centrales.
La quantité de déchets radioactifs à gérer en est à un niveau critique de l'aveu même des nucléocrates. Allons-nous accepter encore la poursuite des déjections atomiques et leur dissimulation sous-terre ?
Le choix de lutter à Bure n'a rien à voir avec le fait de revendiquer une meilleure gestion du nucléaire ou de la production d'énergie en général.
Ce qui se joue à Bure, au-delà du fait qu'il s'agit encore une fois d'un GPII (Grand Projet Inutile Imposé), d'un projet humainement, techniquement, scientifiquement, éthiquement, moralement… scandaleux et inacceptable, c'est le renouvellement de l'industrie nucléaire française ou sa fin.
Je viens de lire votre message du 25 juillet. Nous sommes réunis les 6 et 9 juin pour commémorer les 70 ans de Hiroshima et Nagasaki et partageons ces deux jours de jeûne dans la recherche, le dialogue, les informations et avons parlé de votre action.
Nous sommes une association en route de formation proche du MANV Notre nom : A.D.N. "Association Franc-Comtoise pour le Désarmement Nucléaire unilatéral de la France".
Nous sommes de tout coeur avec vous !
Le Conseil Constitutionnel vient de censurer l’article 201 de la loi Macron qui permettait au gouvernement et à ses maîtres nucléaristes d’avancer sur le projet d’enfouissement des déchets nucléaires CIGEO à Bure.
Si cet article avait été introduit par un amendement en troisième lecture et adopté sans débat ni vote grâce à la procédure du 49-3 ce qui a été censuré c'est la forme du "cavalier législatif" (introduire un texte qui n'a rien à voir avec l'objet d'une loi) et non pas le fond. Les nucléocrates et leurs hommes de paille politiciens demeurent mobilisés pour nous imposer ce crime ultime.
Le premier moyen de l'empêcher est déjà d'arrêter de produire ces déchets mortels pour des centaines de milliers d'années. Donc de mettre à l'arrêt toutes les installations nucléaires (et pas uniquement les réacteurs).
Méfie avec la COP21, autre manip dans le style du sommet de Copenhague sur le climat de 2009.