La CAN-SE et les luttes antinucléaires prennent de la hauteur du côté de Eourres...
Par admin le samedi 25 juillet 2015, 08:30 - National - Lien permanent
Là haut, dans les Alpes de Haute Provence, entre 800m et 1600 mètres
d'altitude, en surplomb de la vallée de la Méouges le cœur de l'avenir
bat. A l'invitation de l'association "Remue Mes Meinges", la Coordination
antinucléaire du sud-est a participé, en compagnie d'autres collectifs
de la région en lutte contre le nucléaire et son monde, à la soirée
antinucléaire organisée à Eourres (petit village en vallée de la Méouge). Fraternité, écoute et résistance étaient au
programme.
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Là haut, dans les Alpes de Haute Provence, entre 800m et 1600 mètres d'altitude, en surplomb de la vallée de la Méouges le cœur de l'avenir bat.
Un seule route conduit au village de Eoures et à ses 170 habitants mais toutes les voies d'un autre monde sont ouvertes. Un village où se meut la relation humaine, l'initiative alternative, le respect de l'humain et de l'environnement, la qualité sanitaire et éthique, les projets locaux et créatifs d'une autre société.
Ce vendredi 24 juillet en soirée, avec d'autres collectifs en lutte des vallées avoisinantes, la coordination antinucléaire du sud-est y co-animait une rencontre antinucléaire.
Après la projection du documentaire "Poubelle la vie" stigmatisant la folie nucléocrate de l'enfouissement des déchets radioactifs ("Cigeo" à Bure en Champagne-Ardennes) et témoignant de la résistance de la population, une soixantaine de participants ont mis dans le ""pot commun"" leur intelligence collective. Aux côtés du collectif Calucha ( Collectif Anarchiste de Lutte Haut-Alpin) et du Collectif "No THT 05", les militants de la CAN-SE/CAN84 ont mis en lumière et dénoncé la nocivité du nucléaire depuis l'extraction minière jusqu'à la prise électrique. Et rappelé que la France est le deuxième pays au monde le plus nucléarisé, qu'il produit chaque jour des déchets radioactifs mortels (près de 1 500 000 m3 à ce jour) et dont certains ont une durée de mort de près d'un million d'années, que les installations nucléaires d'EDF-Areva-CEA rejettent jour et nuit dans les eaux de nos rivières et dans l'air que nous respirons des gaz et liquides radioactifs destructeurs.
Dans les vallées et en montagne l'opposition au nucléaire s'organise et se développe
Depuis quelques années des collectifs, association et individus s’expriment et s’organisent contre les projets de lignes à Très Haute Tension notamment dans la vallée entre Gap et Briançon (Hautes-Alpes). Là, sur des centaines de kilomètres, Réseau de Transport Électricité (RTE) prend prétexte d’une rénovation du réseau pour en augmenter la capacité. Avec à la clef la destruction du paysage et du biotope, le mitage des territoires forestiers et pastoraux d'immenses pylônes Haute-Tension accompagnés de champs électro-magnétiques nocifs tant pour les humains que pour les animaux notamment d'élevage et de déboisements intensifs.
En fait ce que RTE cherche, en augmentant sa toile de connexions nationales et internationales, c'est à accélérer les échanges et la spéculation sur le marché européen de l’énergie.
Comme tous les nucléaristes forcenés, RTE table une fois encore sur un prévisionnel d'augmentation de la consommation électrique qui ne s'est jamais réalisé depuis 10 ans. Donc il faut y parvenir. A tout prix et quelques soient les oppositions et les effets délétères. Pour RTE et les nucléaristes productivistes Il faut faire consommer dans les moindres recoins du pays et de la montagne; et mettre la pression dans la vallée de la Haute Durance pour développer de nouveaux projets. On va donc jouer la carte touristique des stations : plus de canons à neige, plus de nouveaux complexes touristiques, plus de tourisme de luxe pour attirer ceux qui ont les poches pleines (oligarques russes et autres pétro-monarques ou nouveaux riches occidentaux). Mais qui voudra venir dans une région truffée de pylônes gigantesques qui défigurent en plus le paysage ?
Un tel tourisme, une telle excroissance sont-ils vraiment nécessaires et bénéfiques pour la vallée et ses habitants? Là est le point d'achoppement de la stratégie de la monarchie nucléaire. D'autant que le tourisme rend une région, un territoire totalement dépendant de l'état fluctuant de l’économie et des possédants.
Pour le Collectif No-THT (1) il est donc temps "de développer une autonomie, de reprendre nos vies en main." Car, que les lignes THT soient enterrées ou aériennes, "elles posent la question du modèle centralisé et autoritariste de la production de l’électricité et donc du modèle de société qui le sous-tend et en découle"". Et le Collectif de préciser : "C’est par les infrastructures que le capitalisme et l’état étendent le contrôle sur nos vies, sur les rivières, les vallées, les forêts. Pour eux, toute chose doit être valorisée, tout est une marchandise, tout est domination. Tel est l'origine et le sens du nucléaire"
Qu'en pense, à l'opposé, François Brottes ? Il n'était pas présent pour sûr à la soirée antinucléaire. Cet ancien président de l'Association nationale des élus de la montagne (ANEM) est député socialiste de l'Isère depuis près de 18 ans. Particularité : il est l'actuel président de la commission des Affaires économiques de l'Assemblée Nationale (revenus mensuels de 13 000 euros). Productiviste forcené et adepte du capitalisme-vert (la croissance "verte" ou "green-washing"), il fut le président de la commission d’enquête relative... aux coûts de la filière nucléaire.
Étonnement (c'est de l'humour), François Brottes devrait être nommé très prochainement à la tête de ... RTE*. Notons qu'avant de devenir un professionnel politicien, F.Brottes était fils d'agent de maîtrise chez... EDF, puis il pénétra le monde des médias en devenant animateur-producteur à Radio France et FR3, pour être ensuite le conseiller « énergie » de Ségolène Royal (élection présidentielle de 2007) puis le conseiller « énergie » de François Hollande (élections présidentielles de 2012). Dans la logique des liens étroits existants entre les élus et le nucléaire, en février 2015, le Premier ministre Manuel Valls lui confie une mission auprès de... la ministre de l'écologie sur la... « sécurité de l’approvisionnement électrique dans un cadre national et européen ». En résumé : fils de salarié d'EDF, élu, conseiller "énergie" de candidats à la présidentielle, rapporteur à l'Assemblée sur le nucléaire son coût et le marché européen spéculatif de l'électricité, "PDG" de filiale EDF. La boucle est bouclée.
C'est à un tout autre monde que les participants à la soirée antinucléaire de "Remue Mes Meinges" aspiraient. Un monde ou de Bure au Vaucluse en passant par les montagnes s'amplifie l'écho de la Résistance constructive, de l'engagement individuel et collectif, de l'initiative contre le nucléaire et son monde.
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(1) RTE (Réseau de transport d'électricité à haute et très haute tension de 63 000 volts à 400 000 volts) est une filiale appartenant à 100% à EDF. Elle a été crée en 2000 puis transformée en ""société anonyme" "dans le cadre de la privatisation des services publics. RTE achemine le courant depuis les centrales atomiques françaises jusqu'au réseau moyenne et basse tension (celui des particuliers). Sur les 100 000 km de lignes HT et THT 8500 km ont été implantées de force dans les zones protégées Natura 2000. Les lignes à basse et moyenne tension ne sont pas du ressort de RTE mais de l'autre filiale ERDF (appartenant à 100% à EDF) ou d'autres petits distributeurs électriques locaux tels Électricité de Strasbourg.
(2) En Haute Durance et ailleurs contre la THT, le nucléaire et son monde, 2 journées contre le projet de lignes à Très Haute Tension en Haute-Durance et ailleurs les samedi 19 septembre ( journée de discussions, actions, ateliers) et dimanche 20 septembre 2015 (Manifestation), programme à venir sur http://notht05.noblogs.org/ . contact: notht05@riseup.net
* rémunération annuelle de 398 000 euros
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