Fuite radioactive confirmée au Tricastin : EDF avoue avoir menti
Par admin le dimanche 8 février 2015, 18:29 - Tricastin - Lien permanent
EDF a menti. Le 31 décembre 2014, le réacteur délabré n° 4 de la centrale nucléaire EDF du Tricastin se mettait en arrêt d'urgence (scram) après une tentative de redémarrage. Un dégazage accompagné d'un immense panache de fumée suivait des bruits assourdissants de sifflements et de détonations. Les détonations de sur-pressions furent entendues jusqu'à 12 km au-delà du site nucléaire. Alors que l'organisation indépendante "Next-Up" révélait que ses mesures démontraient des rejets de radioactivités dans l'air, EDF affirmait la main sur le cœur qu'il n'en était rien. Aujourd'hui, EDF avoue publiquement qu'il a menti : oui il y a bien eu des rejets radioactifs. Du tritium ... et peut-être d'autres contaminants radioactifs.
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Panique le soir du réveillon du jour de l'an au Tricastin. Ce 31 décembre 2014 vers 19h30 le réacteur n° 4 de la centrale nucléaire EDF du Tricastin se met en arrêt d'urgence (scram) alors qu'il est en cours de relancement au terme de 4 mois de réparation. Un important dégazage accompagné d'un immense panache de fumée suit un bruit assourdissant d'explosion. La détonation est entendue jusqu'à 12 km du site nucléaire. Non ce n'est pas un pétard de fête finissent par se dire les habitants. D'autant que ça siffle fort du côte des réacteurs.
L'organisation indépendante "Next-Up" qui se rend courageusement aussitôt sur place procède à des mesures de radioactivité. Pas de doute, en certains endroits, en fonction de l'orientation du vent, il y a des rejets de radioactivités dans l'air. EDF affirme la
main sur le cœur qu'il n'en est rien. Et la Préfecture comme les médias relaient ce que dit le nucléariste. Il ne s'agirait que d'un simple problème de soupape sur le circuit secondaire du réacteur (celui qui alimente, par l'eau portée à ébullition par la réaction atomique et transformée en vapeur, la turbine à produire un peu d'électricité).
"C'est une zone non nucléaire" affirme la direction de la centrale et "une équipe est intervenue sur la soupape qui a été réparé en une heure" donc "la montée en puissance du réacteur se poursuit normalement". Cela ressemble tellement à un beau conte de Noël que les médias aux anges et aux ordres, et absolument pas curieux, livrent à leurs lecteurs ce bobard en n'hésitant pas à égratigner au passage l'organisation antinucléaire. Pourtant "Next-Up" qui, elle, poursuit ses investigations et ses mesures en lien constant avec le Collectif antinucléaire de Vaucluse (CAN84), constate et informe la presse que la radioactivité est encore persistante à 1h30 du matin et même toujours, ce 1er janvier 2015, à 20h.
Contrairement à ce que les "experts du nucléaire" tentent de faire croire, le circuit primaire et le circuit secondaire ne sont pas en réalité distincts et sans effet l'un sur l'autre. Ils sont même concrètement indissociablement liés. Non seulement une défaillance de l'un d'entre eux entraine immanquablement un arrêt du réacteur, mais en ce qui concerne la radioactivité, elle n'est pas contenue de manière absolue par le circuit primaire. Et on la retrouve couramment par migration du circuit primaire dans le circuit secondaire du fait de la détérioration des métaux et de perte d’étanchéité dus à l’usure et à la corrosion des tubes (échangeurs) des Générateurs de Vapeur.
Un dépôt radioactif, qui pourrait être du tritium ou/et de l'iode 131 (1) est détecté à 3km au sud de la centrale. Certainement lié aux arrêts et redémarrages à répétition du réacteur qui aurait à 4 reprises envoyé dans l'atmosphère ses dégazages. Mais pour les autorités et l'exploitant nucléaire c'est impensable et rien de tel n'existe, "ceux qui répandent ces fausses nouvelles sont des irresponsables". Et ce n'est que 5 jours plus tard qu'EDF indique dans un communiqué sibyllin que des techniciens sont intervenus sur une vanne, affirmant comme d'habitude que "cet événement n'a eu aucune conséquence sur la sûreté des installations, ni sur l'environnement".
Le 5 janvier, à 8h49, l’exploitant de la centrale est obligé d’arrêter d’urgence encore une fois le réacteur n°4 (SCRAM), ce qui signifie que tout ne se passe pas au mieux. Treize jours après ces défaillances et rejets, l'ASN reprend et couvre la position de l'exploitant nucléaire tout en classant toutefois l'incident au niveau 1 de l'échelle INES des incidents nucléaires (voir la liste des incidents nucléaires sur les installations nucléaires en France ici )
La vieille centrale du Tricastin n’en est pas à ses premières atteintes à la sécurité et à la santé des habitants. Les années précédentes sont constituées d'incendies, d'explosions (2011 et 2013) de pompes hydrauliques et de transformateurs, de rejets radioactifs dans l'eau et dans l'air (en plus de ceux autorisés chaque jour par le gouvernement et la Préfecture), d'arrêts d'urgence de réacteur, d'inondation et perte de refroidissement, de fuite de tritium sous la centrale (2).
Ils mentent, jouent avec le feu, notre santé et notre vie
La barre des 1000 incidents est atteinte depuis la mise en service de la centrale nucléaire du Tricastin dont pas moins de 64 pour cette seule année 2014 (3) et au moins 15 avec des impacts radioactifs sur les salariés et 3 sur l'environnement et plus de 40 salariés victimes d'accidents du travail (brûlures,
fuite d'étanchéité des tenues de protection contre la radioactivité, et autres mises en danger des travailleurs) au premier rang desquels les sous-traitants (4). Ajoutons qu'un nouveau projet de gazoduc passant à proximité du site nucléaire et sous le canal servant au refroidissement des réacteurs vient d'être validé par EDF et Areva. Au fil des années, dans la région, les pathologies thyroïdiennes et cancers (5) se multiplient tant pour les enfants que sur les adultes.
Aujourd'hui 8 février 2015, à l'occasion de la réunion officielle de la CLI (Commission Locale d'Information) du Tricastin, EDF avoue publiquement qu'il a menti et reconnaît qu'il y a eu des rejets radioactifs de tritium en 2014 et notamment par le réacteur n°4(*).
On arrête le massacre avant la catastrophe on on continue ?
Il est grand temps de mettre à l'arrêt définitif les 4 réacteurs de la centrale nucléaire, de procéder à une évaluation exhaustive des atteintes et menaces que représente cette installation pour les 100 ans à venir (minimum lorsque l'on sait que près de 150 000 tonnes d'uranium sont entreposées au Tricastin), de prendre des mesures drastiques et impératives de protection de la population et du territoire et de proposer aux salariés un plan de formation et de reclassement digne de leur avenir, de celui de leurs enfants et de celle de la région.
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(1) L'iode 131 (I 131) est un élément fortement radioactif ayant une 1/2 période radiologique de 8,02 jours. La décroissance de la radioactivité de ses isotopes est divisée par 1000 tous les 80 jours. Dans sa période d’activité radioactive, l’iode 131 est très toxique pour l’humain du fait de sa fixation sur la thyroïde et du risque d'irradiation de cette glande sensible notamment par les irradiations des rayons bêta. En radioprotection, la communauté scientifique considère qu’il constitue un des principaux dangers de contamination à court terme en cas de rejets dans l'atmosphère de contaminants
(2) Alors que la moyenne de contamination par le Tritium des eaux souterraines était dans les 12 derniers mois de 15 Bq/l (becquerel par litre), elle a atteint depuis le 8 juillet 2013 un niveau de 180Bq/l et même, au niveau du radier du réacteur n°3, une activité de 690Bq/l » soit 12 à 46 fois la valeur dite « normale ».
(3) ASN : http://fr.calameo.com/read/002131143131ff78341b1
(4) http://www.ma-zone-controlee.com
(5) Depuis plusieurs années l'omerta sanitaire règne : l'hôpital d'Avignon, l'Observatoire de la santé, l'Agence Régionale de la Santé refusent de communiquer au CAN84 les chiffres réels prétextant qu'il n'existe pas de registre des cancers dans la région ou bien que ces informations ne sont pas disponibles.
(*) Pour autant l'ASN vient d'autoriser la poursuite de fonctionnement du réacteur n°2 qui a pourtant dépassé ses trente d'âge initialement prévus comme limite maximale de fonctionnement.
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la presse en parle :
émission "Radio Osmose" (56min) sur la web-radio : www.osmose-radio.fr
Commentaires
Plus grave encore : dans son communiqué EDF parle de " l'une des vannes assurant l'isolement de l'enceinte du bâtiment réacteur. " Isolement " par une vanne ? Cà c'est nouveau en matière nucléaire !
la vérité finit toujours par se savoir, nous ne pouvons faire confiance ni au gouvernement ni aux médias malheureusement qui savent comment endormir quelques ignorants. Heureusement qu'une partie du peuple se regroupent très souvent en prière afin que Vérité, Sagesse, Amour triomphent un jour en ce monde. Namasté
je suis scandaliser par cette nouvelle car j habite a montelimar et presente le soir du reveillon aucune alerte n a ete donner depuis ni traitement de prevention !!!!!!!!!! AUCUNES INFORMATIONS A LA POPULATION
Qui peut encore croire que depuis plus de 50 ans on ne nous ment pas en tout ce qui touche au nucléaire?
Edifiant ... que de mensonges pour ne pas perdre la face ... cela est guère rassurant pour tous les autres problèmes de santé publique ...
Pour rappel, pour les amateur de pinard non radioactif, depuis 2010 la nouvelle appellation des Côteaux du Tricastin est Grignan-Les-Adhémar...
Voilà du concret. Nos centrales nucléaires ne pourront pas être prolongées encore très longtemps, et on voit bien le manque de transparence sur les impacts environnementaux et de santé publique
Encore quelque chose qui fait froid dans le dos !
J'habite à quelque Km d'une centrale nucléaire et je m'inquiète en voyants ces informations :( !
Aucune information de la population alentour... comme par hasard ce sont les socialistes qui sont au pouvoir... ça ne vous rappelle rien?!?
OK... pas bien ça... par contre, faudrait que les articles écolos fassent preuve d'un peu plus de crédibilité. EDF a peut-être menti, que les autres n'en fasse pas autant :
"(minimum lorsque l'on sait que près de 150 000 tonnes d'uranium sont entreposées au Tricastin)"
Sachant que la centrale du Tricastin produit 25 Twh par an en moyenne (15 actuellement vu qu'elle est en phase de démantèlement) et qu'il faut 25 tonnes d'uranium pour produire 1 Twh, cela signifie, en arrondissant la moyenne au plus fort puisque la consommation il y a 10 ans n'était pas la même qu'aujourd'hui, avec 150.000 tonnes de produit soit disant stocké, cela signifie que la centrale serait en fonctionnement depuis.... 1774 ! soit 240 ans.... la consommation mondiale d'uranium est de 70.000 tonnes. Elle est vachement forte notre centrale du Tricastin... à elle seule, elle aurait déjà consommé depuis son ouverture le double des besoins mondiaux annuels.... arrêtons de dire n'importe quoi parce que du coup ça décrédibilise le reste, et c'est pas le but me semble-t-il....
Conclusion : On ne peut absolument pas leur faire confiance.
j'habite moi aussi près d'une centrale , et j'ai des amis chez les pompiers, je peux vous dire que l'on vous ment et que les sorties des pompiers sont toujours forcément de simples vérifications suite à des incidents SANS importance...........
Je tremble toujours lorsque j'entends parler d'incidents, sachant très bien que de toute façon nous n'en saurons pas plus. le gentil nuage de Tchernobyl m'a endommagé la thyroide, il s'était pourtant bien arrêté à la frontière........naifs que nous sommes !
@Backstab (commentaire n°9)
Bonjour Monsieur,
il faudrait réfléchir un petit peu avant de martyriser son clavier !
Si l'on connait un peu le parcours du flux du combustible nucléaire : flux combustible nucléaire
l'on peut comprendre que l'uranium appauvri n'a aucune raison de revenir dans les centrales après retraitement à la Hague.
L'uranium appauvri présent au Tricastin n'est donc en aucun cas issu du combustible usé, mais bel et bien de l'activité d'enrichissement de l'uranium à l'unité Georges Besse II.
On voit, d'après le tableau de flux ci-dessus, que cette activité produit 7350 tonnes d'Uranium appauvri annuellement, en regard de la production actuelle, soit 63130 MWe selon le tableau joint également :
Tableau production centrales
Or la production des centrales françaises depuis l'origine, est évaluée selon le même tableau à 1 614 170 MWe
L'uranium appauvri produit par l'enrichissement est donc environ 7350 / 63130 * 1614170 = 188 000 tonnes
L'uranium enrichi n'ayant pas toujours été produit à GB2, le chiffre de 150 000 tonnes est donc tout à fait plausible.
Voila Monsieur !
Et ces stocks colossaux n'ont d'autre usage possible que de lester des ogives de bombes. On est loin du compte !
Salutations,
Gilbert Tallent
Bonjour et mes compliments pour la réponse technique bien argumentée du commentaire 12. Ce qui est plutôt rare sur ces sujets "atomiques" !!
Cordialement
Georges
Arrêt immédiat du nucléaire. AREVA est incapable d'enrayer une catastrophe. C'est le mutisme le plus complet. Les pharmacies n'ont pas de comprimés d'iode, en cas de problèmes c'est l'armée qui va distribuer des bons pour s'en procurer. Seulement à certaines personnes... Même les cités qui jouxtent les centrales n'en ont pas ! Alors quand on habite à 20 km, on a le temps on a le temps d'en prendre plein la figure...
Précision sur le tour de passe-passe des adorateurs du dieu atomiste au sujet des circuits primaire et secondaire censés d'une part être indépendants et, d'autre part lors de leur réfection pour obtenir le feu vert de l'ASN pour une poursuite délirante de 10 ans supplémentaires, devenir comme neuf :
pour le seul circuit primaire :
. La surface intérieure du circuit primaire d'un 900 Mwe représente environ 22 500 m2. La corrosion du circuit primaire peut paraitre faible, elle représente en effet 1μm/an. Pourtant, sur une telle surface, cela fait 5 400 kg de métal arraché sur 30 ans de fonctionnement. Ces particules contribuent à la contamination du circuit primaire, des travailleurs, de l'environnement puis des riverains.
(*) 30 ans x 1 x 10-6 m x 22 500 m2 = 0,675 m3 . En prenant comme base une densité de 8 t/m3, cela représente 5,4 tonnes. Le "grenaillage par jet de cavitation" ne recréera pas les 5,4 tonnes de métal définitivement arrachées au circuit primaire.
Donc, 5 semaines après la fuite radioactive sur l'un de ses réacteurs nucléaires au Tricastin EDF informe, au détour d'une réunion non-publique, que fuite il y a eu avec évidemment diffusion dans l'air et sur les terres environnantes. Et l'information due à la population ? et aux salariés? et les mesures de protections ? Et l'obligation légale de déclarer tout incident/accident à l'Autorité de Sûreté Nucléaire?
Demain, dans une heure, dans une minute si ça pète plus fort : il nous referons le mensonge de Tchernobyl ou, à l'image de Tepco, celui de Fukushima. Il ne dirons rien puis, plus tard, diront que tout va bien, qu'ils maîtrisent la situation. Et les malades et les morts seront passés en "perte et profit". Un bilan globalement positif en quelque sorte.
Merci pour les informations....meme si elle font peur
Ayant une amie travaillant dans une centrale, quand elle me parle de son boulot c'est pas rassurant (la norme serait de 4 équipes de maintenances de 8 qui se relayent durant la journée or ils sont composé de 3 équipes de 5 qui se relayent... et ils ne recherchent pas d'employer, ils en congédient même par soucis budgétaire).
Et les employer n'ont pas le droit de se plaindre à qui que se soit car ça serait divulguer des informations nuisant à la sécurité nationale (au cas où un terroriste veuille faire sauter une centrale) et donc se feraient arrêter pour révélation de "secret défense"