Marche pour l’arrêt immédiat du nucléaire, Jour 5 : rencontre avec un maire, présence d'uniformes avec chiens et accueil de fraternité
Par admin le mardi 29 avril 2014, 20:44 - Vaucluse - Lien permanent
Déjà 5 jours de marche et déjà près de 100 kilomètres parcourus, 3000 salariés du nucléaires contactés, des centaines d'habitants rencontrés, 3 soirées-débats, un maire qui accueille les antinucléaires pour la vie...
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8h30 - Le ciel est d’un bleu immaculé car Eole fait rage. Ici, en Provence, il se fait appeler Mistral. Encore une énergie naturelle snobée et boudée par les décideurs. Naturel : pas de gros profit à court terme, alors, à dégager. La ferme des Millet à Mérindol s’estompe peu à peu. Le groupe de marcheurs s’est renforcé. Lily et Céline sont venues d’Avignon et se joignent aux combattants de la libération de l’atome de mort. Au petit matin, sous le vent glacial, il en faut du courage pour transformer l’Histoire.
A présent : objectif Cheval-Blanc, petite commune de Vaucluse à deux pas de Cavaillon et de ses légendaires melons. Légendaires car la plupart viennent depuis quelques décennies des Bouches-du-Rhône ou bien… d’Espagne. Certains exploitants agricoles ne s’embarrassent pas de valeurs barbares telles que « qualité » ou « origine ». D’autant moins qu’on gagne sur toute la ligne puisque d’un côté les subventions européennes assurent parfois jusqu’à 50% du revenus, et de l’autre la « matière première » est acquise au plus bas prix d’achat et revendue avec un confortable profit. Pesticides en plus.
9h30 – Depuis une heure déjà les marcheurs et marcheuses affrontent de face le mistral. Dur, très dur de cheminer en bord de route face au vent. Les rafales rendent le pas hasardeux et les automobilistes qui croisent font quelques écarts peu rassurants. Prudence. Redoubler de prudence. Chacun est sur ses gardes. On emprunte donc, pour un court moment, le chemin piétonnier bordant le canal. Drôle de canal qui change de nom au gré de ses méandres, tour à tour, de Carpentras, Saint-Julien, ou de Durance. La file des marcheurs s’effiloche au gré des bourrasques. Jack, qui alterne marche et assistance technique, lance une chanson des amis musiciens antinucléaires « Bure Haleur ». Des citoyens du « nord ». Du nord car en Provence, tout ce qui est au-dessus d’Avignon est qualifié de « nord ». Le rythme de la musique redonne du peps au groupe : « le nucléaire on n’en veut pas, on n’en veut plus » répète le couplet. Oui vraiment on n’en veut plus.
10h00 – Les automobilistes klaxonnent et manifestent des signes de soutien aux antinucléaires. Les drapeaux claquent au vent qui redouble d’ardeur. Vraiment en cette région on est « béni des dieu » comme dit le dicton régional. Le soleil et le vent : que faut-il de plus pour répondre aux besoins énergétiques de la région ? sans compter la production hydraulique avec le Rhône et les autres fleuves et rivières et lacs-barrages de Provence. Mais vraiment que vient faire la destruction atomique sur notre Terre ? Arrêt immédiat.
11h30 – Le village de Cheval-Blanc est en ligne de mire. Son maire est le seul de Vaucluse à avoir répondu positivement à la proposition de rencontre formulée par le CAN84. Tous les autres, sans exception et de toutes couleurs politiques, ont fait silence. Pas de réponse ou alors quelques lettres de refus, voire de menaces déguisées. Toujours l’idéologie nauséabonde de la chasse à l’intrus, à cet étrange qui dérange. Rester surtout dans la masse et la nasse d’une majorité bien-pensante et repliée sur elle-même et continuer dans une insignifiance de vie destructrice et mortifère. Siège d’élu-e et petits avantages en plus. Ah ces foutus frères jumeaux, pouvoir et égo, qui gangrènent l’humain asservi.
Avec un peu de retard sur l’heure de rendez-vous - méchant mistral – la rencontre des antinucléaires et du maire de la localité a lieu en l’hôtel-de-ville. Accueil courtois, écoute attentive, présentations des situations nucléaires et locales, tentatives d’avancées auprès des élus à l’Assemblée nationale ou régionale sans grand succès, manque d’information sur les effets délétères du nucléaire, rôle incompréhensibles des élus et ministres Europe-Ecologie qui discréditent pour quelques places et avantages l’idée même de l’écologie : la délégation du CAN84 et l’édile local passent en revue un grand nombre de thématiques. Le maire s’engage à proposer à ses adjoints et conseillers une rencontre d’information avec les antinucléaires. Un premier pas.
13h00 – Sur la place du village, les antinucléaires font halte. Ils sont rejoints par Monique, par un conseiller municipal et par deux autres habitantes du coin. Nouvelle rencontre, nouvelle discussion, nouvel échange, nouvelle avancée de la conscience.
15h00 – Le repas est achevé, la direction de Cavaillon est prise. Une ville comme il en existe, de nos jours, un peu partout en France : zone commerciale à l’entrée avec les marques et enseignes que l’on retrouve du nord ou sud et centre ville déserté par le commerce de proximité. Cités Hlm où les pauvres parmi les pauvres sont plus que parqués, chômage cruel au cœur, et où fleurie la vidéo-flicage comme seule réponse aux problèmes engendrés par une société de loup.
Quelques kilomètres pour arriver au cœur de la ville et « squatter » l’hôtel-de-ville. Ici, après l’accueil ouvert de Cheval-Blanc, c’est le cynisme et la violence institutionnelle qui prévalent. Police municipale pléthorique, caméras de surveillance aux quatre coins de la ville. Ici, encore une fois, le candidat une fois élu au poste de maire se moque éperdument de la vie réelle. Seule, déjà, sa prochaine réélection le préoccupe. Patron d’un groupe de transport routier, député et maire, il saura faire passer à l’Assemblée nationale des projets de lois et amendements dans le sens de ses intérêts. Avec l’aide d’autres élus pro-nucléaires soudoyés au moins moralement par le lobby. Alors pas question d’entendre ou d’écouter les citoyens, les antinucléaires. Un air de monarchie plane sur ce territoire. Ça sent mauvais.
Les antinucléaires occupent le hall de l’hôtel-de-ville et exigent de rencontrer un élu ou pour le moins quelqu’un qui pourrait être en responsabilité dans ce lieu. Fin de non-recevoir par un jeune homme au teint livide simple fonctionnaire du service de communication. Pas très courageux les élus de cette ville; on roule des mécaniques, on se drape dans un autoritarisme mais on fuit devant les citoyens. Minable.
Le groupe prend la route en direction de « Le village » un lieu social et de réinsertion situé en sortie de Cavaillon. Là les résidents construisent leur propre lieu de vie, fabriquent les briques de leur maison, dressent les murs et finalisent leur habitat. Ils cultivent en bio leur alimentation, cuisinent ce qu’ils produisent et se diversifient en plante aromatiques. Un autre monde est en marche. Ce sont ces laisser-pour-compte qui accueillent pour la soirée, le repas et la nuit les marcheurs et les marcheuses de la vie. Merci à eux.
Commentaires
Merci beaucoup aux marcheurs ... bonne soirée, très bonne journée en votre compagnie :) bisous a tous et a jeudi ... et encore merci lily :) :) :)