Marche antinucléaire pour la vie, Jour 2 : la Résistance
Par admin le samedi 26 avril 2014, 23:30 - Vaucluse - Lien permanent
Etape plus légère aujourd’hui après celle d’hier, la plus longue de la
Marche. Objectif : quitter le département des Bouches-du-Rhône pour
entrer en Vaucluse et rallier le petit village de La Bastidonne. Là, en
soirée, après la marche, aura lieu le premier ciné-débat autour du film «
RAS».
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9h00 – C’est le départ de Saint-Paul les Durance. L’air matinal se réchauffe très vite aux rayons de l’astre. Nous sommes en Provence, région qui devrait et pourrait subvenir, naturellement, à ses besoins électrique et de chaleur, sans la destruction atomique.
Le groupe de marcheurs et marcheuses franchit le canal de la Durance. De nouvelles personnes ont rejoint le groupe. La longue descente vers le Pont Mirabeau, lieu de passage entre Bouches-du-Rhône et Vaucluse, est amorcée. Des automobilistes saluent d’un coup de klaxon les antinucléaires. D’autres manifestent leur soutien par un pouce levé en l’air. Il y a peu de monde sur les routes ce matin, nous sommes samedi et la plupart des habitants doit s’autoriser une grasse matinée.
Il y a quelques heures, en pleine nuit du 26 avril 1986, à 1 h 24 mn, le réacteur n° 4 de la centrale nucléaire ukrainienne de Tchernobyl explosait. Le début de la catastrophe nucléaire pérenne commençait au cœur de l'Europe. Aujourd’hui, après l’évacuation de la population de toute la région et les terres devenues impropres à toute culture, toute vie, toute résidence : le premier sarcophage de béton qui enveloppe la centrale doit être doublé d’un second sarcophage. Le premier est usé et ne limite plus la diffusion des radiations mortelles. Le second en cours de construction, dont les mastodontes français Bouygue et Véolia bénéficient du contrat de construction, est déjà considéré comme incapable d’empêcher la contamination radioactive extérieure. Et déjà plus de un million de morts victimes des radiations et retombées radioactives (source : « Académie des sciences de New-York). Et ce n’est malheureusement pas fini.



10h00 - Le rond-point symbole de la jonction entre Bouche-du-Rhône/Var/Alpes-de-Haute-Provence/Vaucluse est atteint. Un arrêt qui est l'occasion d'interpeller les automobilistes qui filent vers Aix-en-Provence ou se dirigent vers le Vaucluse.




10h30 – La longue remontée vers le Vaucluse est en cours. Raide. Les mollets se mobilisent pour accrocher la pente. Point de mire : le petit village de Mirabeau.


Une halte permet d’échanger avec quelques habitants et de se détendre les muscles quelques peu sollicités depuis près de deux heures. L’air est doux sous le platane et au pied de la fontaine de la place du village. On aurait presque envie de replonger dans le sommeil ou de s’alanguir quelques instants.


Mais le temps est venu de quitter les lieux et de reprendre le chemin.
11h30 – Bien que la route soit à présent épuisante sous la chaleur installée, la détermination des marcheurs ne faillit pas. D’autant qu’un groupe de 5 personnes vient de se joindre à eux.
Direction La Bastidonne, village de vignes et de fermes qui sera atteint une heure plus tard. Ici c’est la domination sociale-démocrate depuis des décennies. On s’installe pour la halte du repas mais l’accueil des élu-es est pour le moins surprenant.
13h00 - Changement du tout au tout avec l’élue de la veille à Vinon. Ici, la 1ère adjointe* se veut menaçante : « Vous ne pouvez rester ici » et, accompagnée d’un « homme de main », tente de se prévaloir d’un statut bureaucratique pour tenter de chasser les antinucléaires du lieu. Pourtant pas moins de 3 courriers ont été adressé au maire du lieu l’informant de la halte dans ce village et le besoin d’avoir un point d’eau, la proposition d’une rencontre aussi pour présenter les arguments pour l’arrêt immédiat du nucléaire. Plusieurs appels téléphoniques aussi la semaine passée. « Oui mais si on ne vous a pas répondu c’est que… vous ne pouvez pas être là » assène l’élue. La monarchie est de retour ! Nous sommes les maîtres des lieux et vous, simple citoyen de passage, devez montrer patte blanche et vous soumettre. S’engage alors l’affirmation par les antinucléaires que l’espace public est… public. Un espace citoyen dont une municipalité ne peut s’octroyer et se réserver l’usage privé selon son bon vouloir. Les marcheurs revendiquent leur statut républicain face à une attitude d’hostilité et leur droit de cohabiter dans l’espace public… d’ailleurs désert. L’incident est clos, l’élue bat en retraite, les antinucléaires demeurent là. La Résistance réussie.
14h00 – Après le repas, un moment musical. Les nouveaux marcheurs et marcheuses venues de Sisteron (Alpes de Haute-Provence) se mettent à la guitare, au xylophone et à la voix. Un vaste répertoire de chansons de luttes, d’amour et d’espoir emplit l’espace. Voilà la meilleure des réponse à l’autoritarisme et au despotisme local.
Une nouvelle fois la gendarmerie vient faire son travail de renseignement politique. Qui est le "chef" ? Que faites-vous ? Où allez-vous ? Le ton est plus courtois que la veille - le grade augmente - mais le travail reste le même. Les numéros des véhicules sont relevés, des prénoms ou des noms compilés dans le carnet. Ils jaugent, ils évaluent, ils soupèsent le citoyen. Il recherche aussi le militaire - celui du plateau d'Albion - qui, hier, devant le site nucléaire de Cadarache, a osé se manifester en opposant au nucléaire.
Les antinucléaires s’égaillent dans le village à la rencontre des habitants, tracts en main. Ce soir a lieu le premier ciné-débat accueilli par une ferme amie, à quelques kilomètres à peine du centre nucléaire de Cadarache.. Merci à eux.
20h30 – Le chapiteau sous toile s’est empli peu à peu. Mais un incident technique perturbe la projection. Dommage car 3 grandes lettres auraient pu s’afficher en grand sur la toile : « R.A.S », rien à signaler. C’est ce qu’exige de fait les directions des centrales nucléaires de la part des ouvriers et techniciens en charge des réparations des réacteurs mis à l’arrêt. La plupart des intérimaires, des nomades qui vont de centrales en centrales. Inscrire « rien à signaler » sur les rapports de travail même si des dysfonctionnements existent, si des fissures et systèmes sont inopérationnels ou risque de défaillir et lâcher. C’est que ça coûte cher l’arrêt d’une tranche de réacteur, l’évacuation de l’uranium usé et plus suffisamment exploitable, les inspections à effectuer sur l’ensemble des installations, les réparations. Chaque minute de gagnée est une minute de rentabilité du capital. La pression, toujours la pression, on presse le citron qu’on jettera de toute manière car celui-là ou l’autre aura dépassé la dose de radioactivité mortelle qui sera ponctuée en premier par une maladie, un cancer, une leucémie. Ce film prend aux tripes. Les témoignages des travailleurs, de ces voix sacrifiées, sont insoutenables. Oui le nucléaire broie, tue, contamine et ment.
Le film n'a donc pas pu être projeté mais les présents ont souhaité que la discussion ait lieu. Le besoin de parole s’impose, les premières réactions se manifestent. Le débat et les échanges vont se prolonger tard dans la nuit. Des explications, des révélations, des informations souvent inconnues du public circulent. Dans l’assistance, chacun-e cerne un peu mieux le danger du nucléaire. Et l’urgence d’y mettre un terme immédiatement. Pas dans dix ans, pas dans vingt ans… La nuit est tombée depuis longtemps déjà, chacun regagne son chez soi.
* du moins elle se présente ainsi mais quelques heures plus tard une
autre élue 1ère adjointe elle aussi se présente. La Bastidonne seule commune de
France a avoir deux 1er adjoints ?Une petite usurpation de fonction élective ?
Commentaires
Salut aux vaillants marcheurs ! Merci pour ce super compte rendu de la 2ème journée, qui nous permet de partager un peu votre expérience. Bravo !
Pierre
(qui se désole de n'avoir apparemment pas réussi à mettre en ligne son commentaire d'hier sur la 1ère journée...)
A la question bien souvent posée "combien étiez-vous?" Je répond : avec toi cela ferait un-e Résistant-e de plus !
Beau courage, surtout de nos jours ou les uns se font spectateurs et commentateurs de l'Histoire sans y prendre part (triste vie sur Terre) ; et d'autres se contentent d'un "engagement" virtuel derrière un clavier d'ordinateur.
merci de ce beau compte rendu et des photos; cela permet à ceux qui n'ont pu ou qui vont ou qui ont participé à la marche de savoir comment votre journée s'est déroulée, les embûches (panne technique ici, adjointe de mauvais poil là ...) mais aussi de beaux moments partagés, à la pause méritée (jolis doigts de pieds en éventails les filles !!!), aux repas aussi,avec sourires et musiques pour se réconforter de la fatigante journée passée a marcher contre le crime nucléaire.... bravo à tous, à Mardi et bon courage pour demain !
Bravo pour ces efforts de coeurs, jambes et cerveaux. Yanadé - chouette le reportage vu par moi , l'heure du coucher dans le territoire amérindien Kaienkéha:ka (peuple du territoire du silex non loin de Montréal. Nous avons nos protestations sur l'eau en canôt aidant à fermer la centrale Gentilly 2 et nos marches dont "Les Peuples Pour La Mère Terre" commencant le 10 mai à Cacouna sur le St Laurent ou la compagnie TransCanada oléduc veut bâtir un port de bâteau pétrolier aux abords d'une autre petite nation amérindien Malécite de Viger et là où les baleines béluga tentent enfin de croître! Le Conseil Traditionnel Mohawk dont Stuart Myiow Sr, l'ainé sage homme du Clan de l'Ours ou les médécines et nous tous vous souhaitent d'aller fort ensemble et loin dans la solidarité et de cultiver "le bon esprit collectif" (skani'konhra kanikohr:io isewats)! Merci au Collectif an du sud est d'afficher nos actions 2011-2013 et en recherchant via Google ( Rencontres Historiques entre la Ville de Montréal et le Conseil Traditionnel Mohawk" ou " Conseil Traditionnel Mohawk et l' Assemblée Nationale" ou le Peuple Autochtone Mohawk salue les Provencaux ou encore l'importante lettre " Un Appel à L' AIEA et à toute l'humanité" - vous constaterez des sages connaissant des médécines de tous genres dont des processus de consensus pour la gestion saine de la Mère Terre et les collectifs. En Paix et Amitiés, Stone Iwaasa. Excellente marche!
Post scriptum des Kaienkéha:ka puis du Québec - je vais afficher votre blog sur les blogs des amis ayant méné la marche sur le St. Laurent dimanche et a nouveau le 10 mai. Voir l'article ci-dessous
http://m.ledevoir.com/societe/actua...
Bonjour aux vaillants marcheurs,
C'est aujourd'hui 1er Mai et nous allons participer à la manif au fond du Cours de la République à PERTUIS.
Bien des luttes y sont rattaché; et bien dommage que les organisations syndicales n'y soient plus unies. Une pensée aux milliers de chômeurs qui gangrènent leur vie et affaiblissent notre société bien malade. Une pensée pour ceux qui luttent et votre rassemblement à la Barthelasse.
Pour ce que j'ai lu d'hier, dommage que les syndicalistes de Cadarache ne soient pas venus à votre rencontre; Et regrettable enfin l'accueil incompréhensible de La Mairie de LaBastidonne !
Très amicalement,
Gilbert SOULET
Bonjour,
Rectificatif sur ma venue le 26 avril, je suis 1ere adjointe a la Bastidonne, je suis venue à votre rencontre samedi a 14 heures, seule , j'ai pu discuter avec vous sur beaucoup de sujets d'actualité, Fukushima.... Les OGM , ce qui a amené un échange avec une jeune femme (couturière) sur le choix de notre village pour la cantine de notre école, sur le principe de "la Ferme a la cantine", avec cuisine sur place des produits de notre territoire et de nos producteurs
locaux (comme ceux de la ferme amie qui vous hébergeait le soir). Je comprends que le problème interne de non communication de l autorisation qui vous avait été donnée ai pu générer un mécontentement de votre part, mais la Bastidonne n'est pas devenue le village que vous décrivez. L'élue du matin dont vous parlez vous répondra certainement car c'est quelqu'un de bien et très concernée pas tout ce qui touche a l'environnement. Promis nous ferons mieux l'année prochaine. Bonne route a vous. Beatrice Grelet
Bravo !
Ce petit mot pour souhaiter bon courage au petit groupe qui poursuit la marche jusqu'au 5 mai. On a tous passé une très bonne journée hier. J'étais enchantée de ces rencontres.
De retour à la rédaction j'ai mis l'affiche de la marche sur le facebook de "L'âge de faire."