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Ils ont été en poste sur le site de lancement de missiles nucléaires du plateau d’Albion (à cheval sur le Vaucluse, la Drôme et les Alpes-de-Haute-Provence) entre la fin des années 1960 et jusqu'en 1996. Ils, se sont des dizaines de militaires qui manoeuvraient les engins de morts et qui à présent «souffrent de formes rares de cancer».

Plateau-Albion.jpgPour la première fois ils prennent la parole après avoir tenté pendant des années de se faire entendre en toute discrétion par les autorités. Ils soulignent le manque de protection dont ils disposaient lorsqu’ils étaient à proximité des installations nucléaires. «Les scientifiques étaient alors intégralement protégés. Moi, je n’avais rien», affirme un ex-commandant de l’armée de l’air.

Interrogée mardi par Europe 1 sur l’existence de liens entre le travail sur des sites nucléaires comme le plateau d’Albion et les cancers développés par certains vétérans, Annie Thébaud-Mony, qui dirige l’unité de l’Inserm Groupement d’intérêt scientifique sur les cancers d’origine professionnelle, répond : «Oui, bien sûr ! Dans la mesure où la radioactivité est un des cancérogènes avérés.» (cliquer sur le portrait pour entendre l'interview)

2012-08-03_annie-thebaud-mony-directrice-de-recherche-honoraire-a-l-inserm-le-6-mars-2011-a-ahmedabad-en-inde.jpgQuant aux risques encourus par les milliers de personnes − civils et militaires − qui travaillent en France au contact du nucléaire, la sociologue estime qu'«effectivement, on est en présence à nouveau du type de scandale sanitaire qu’on a connu avec l’amiante».

Chapes de plomb de l’Etat et du lobby nucléaire

albion_S2_silo.jpgJean-Luc Sans, président de l’Association des vétérans des essais nucléaires (AVEN), regrette le manque d’informations sur la situation des vétérans du nucléaire militaire. «Ça fait partie des mensonges, des chapes de plomb de l’Etat, des difficultés à obtenir des informations», a-t-il déclaré à l’AFP, soulignant que «les gens qui étaient sur place parlent peu». Sollicité par l’AFP, le ministère de la Défense recueillait de son côté mardi «des éléments de fond» sur ce dossier avant toute réaction.

albion2_demantelement.jpgLe plateau d’Albion a accueilli à partir de 1967 les 18 silos abritant les missiles nucléaires sol-sol qui constituaient alors la composante terrestre de la force de dissuasion française. En 1996, le président Jacques Chirac avait annoncé leur suppression, entraînant le démantèlement des installations. Selon les spécialistes, environ 500 à 600 militaires étaient affectés en permanence sur le site.

Le CAN84 dévoile des pièces à conviction

essai_nucleaire_002.jpgDifficile, très difficile de connaître la réalité tant les pratiques d'Omerta recouvrent et pèsent sur toute la vie démocratique de notre pays. L'objectif avoué du lobby et des autorités est de recycler au plus vite les lieux et sites nucléaires afin de faire disparaître toute trace du forfait mortifère. On démantèle et, très vite, on revégétalise avec un peu de gazon et on cède les terrains contaminés et radioactifs à la collectivité public ou on vend à des promoteurs immobiliers pour que des familles avec enfants viennent goûter au paradis de la propriété privée et du crédit sur le dos pendant 30 ans. 

CAN84_plateau-Albion_militaire_dossier_opri-6.jpgIllustration au plateau nucléarisé d'Albion (Vaucluse, Alpes-de-Hautes-Provence, Drôme) où sous la pression des victimes et des familles de victimes du personnel militaires les autorités ont été contraintes de procéder à quelques analyses. Mais là encore, l'objectif est de minorer les impacts mortels de la radioactivité sur les humains et le vivant, et de botter en touche " c'est pas moi, c'est l'autre", sous-entendu la radioactivité présente au plateau d'Albion ne vient pas des missiles nucléaires et des têtes gorgées de plutonium et de tritium mais de ... la catastrophe de Tchernobyl ou bien des essais nucléaires des années passées dans le Sahara ou sur les atolls du pacifique à Mururoa (1). Pourtant dans des documents demeurés secret il est clairement indiqué : " des niveaux en plutonium supérieurs aux valeurs observées normalement". Sachant que le plutonium artificiel est le contenu radioactif principal d'une bombe nucléaire et des missiles installés sur le plateau d'Albion.

CAN84_plateau-Albion_militaire_dossier_opri-6.jpg CAN84_plateau-Albion_militaire_dossier_opri-7.jpg CAN84_plateau-Albion_militaire_dossier_opri-9.jpg CAN84_plateau-Albion_militaire_dossier_opri-10.jpg

Les explosions atomiques et essais nucléaires dans le monde depuis 1945

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1) La France a procédé entre 1960 et 1996 à 210 essais nucléaires dont 17 au Sahara, 193 en Polynésie (167 à Mururoa, 14 à Fangataufa ).
C’est le 13 février 1960 que la France a effectué sa première expérience nucléaire militaire. Cette explosion nucléaire expérimentale a eu lieu dans le désert de Tenezrouf en Algérie. A partir de 1966, la France ne pouvant plus poursuivre ses essais dans le désert algérien, choisit un nouveau site : Mururoa, un atoll du Pacifique. Il y a en Polynésie deux fois plus de cancers de la thyroïde que partout ailleurs dans le Pacifique. De plus, les irradiations provoquent d'autres types de cancers notamment de la peau et des leucémies.

Depuis le premier essai nucléaire états-uniens de 1945, le taux de radioactivité sur la planète a augmenté de 100%, entraînant des millions de cancers.