Berezina nucléaire française en Finlande
Par admin le samedi 1 mars 2014, 18:51 - International - Lien permanent
Commencé en 2005 le chantier de l'EPR finlandais, situé à Olkiluoto et conduit par Areva, devait ne durer que 4 ans et demi et "ne coûter" que 3,5 milliards d'euros. On en est à 8 ans et près de 10 milliards. Le quotidien économique finlandais Kauppalehti vient de confirmer (*) ce
vendredi 28 février 2014 les informations qui circulaient depuis
quelques temps : le constructeur du réacteur, le français Areva, vient de
mettre un terme aux contrats de travail d'une cinquantaine de
contremaîtres, les derniers encore en poste devant suivre la même voie
fin mars. Le chantier de l'EPR d'EDF en cours de réalisation en France à Flamanville ne se porte pas mieux. La déconfiture du fanatisme atomiste est en cours...
__
Le réacteur EPR de Finlande est en cours d'abandon par Areva qui retire ses salariés... Les pertes liées à Olkiluoto 3 sont désormais évaluées à 3,8 milliards d’euros pour Areva.
Commencé en 2005 et désormais quasiment à l'arrêt, le chantier du grandiose réacteur EPR de ce qui était vanté et vendu comme la 3ème génération du nucléaire made-in-France (crime de destruction atomique) et devait servir de vitrine mondiale à Areva et EDF est en déroute.
Officieusement, la mise en service de l'EPR serait repoussée à 2018 voire 2020, c'est à dire 15 ans après le début d'un chantier qui devait être bouclé... en 4 ans et demi ! Le plus probable est que l'EPR finlandais rejoigne, au musée des horreurs, les autres réacteurs achevés plus ou moins mais jamais mis en service : en Autriche (Zwentendorf), en Espagne (Lemoniz), en Allemagne Kalkar), aux Philippines (Bataan). Il se pourrait aussi qu'il ne soit jamais terminé.
De l'aveu même du grand patron d'Areva, Luc Oursel : "l'EPR finlandais est une réelle difficulté pour Areva" et le président du directoire d'Areva d'avouer, au micro de BFMTV ce 27 février, que le groupe a du prévoir et adopter une nouvelle provision de 425 millions d'euros. Un aveu de taille qui illustre que le nucléaire n'est pas rentable, qu'il conduit à l'explosion des coûts et au final du prix réel du kw/h et que sans aides financières des Etats, donc des contribuables, ce secteur est en faillite et hypothèque tout choix démocratique alternatif.
Le concurrent et comparse d'Areva, EDF, ne fait guère mieux et son chantier EPR
de Flamanville (Manche) connait lui aussi : des retards (au lieu des 4 et demi "vendus" pour obtenir l'aval des autorités, l'horizon d'une fin hypothétique de chantier est envisagée à présent à 10 ans; des surcoûts titanesques voisinant à présent les près de 8 milliards (du premier prix annoncé par EDF de 2,8 milliards d'euros on est passé à près de 10 milliards d'euros); des malfaçons et des défauts de conception que l'Autorité de Sûreté Nucléaire a du mal à couvrir à tous les coups et qui se traduisent sur le chantier par le handicap ou la mort de salariés. L'endettement d'EDF
atteignait lui de son côté, en 2011, les 33,3 milliards d'euros alors
que, en 4 ans, le nombre d'emplois chutait de 30% passant de plus de
96800 (2006) à moins de 60 400 (2009).
Ce désastre de l'industrie nucléaire française qui tente malgré tout et par tous les moyens, y compris le noyautage des institutions et de l'Etat, de faire perdurer son règne est la suite logiquement terrifiante d'une illusion et d'un mensonge d'Etat entretenu depuis 50 ans par le lobby nucléaro-militaire et ses relais politiciens. Le nucléaire n'est ni tricolore ni garant de l'indépendance nationale et coûte très cher et encore plus si il devait intégrer, comme c'est la norme pour toute autre industrie et activité, ce qu'il refourgue sous le tapis aux contribuables : la gestion du million sept cent milles mètres cubes de déchets radioactifs pour des milliers de générations.
Indépendance ou dépendance ? : la quasi totalité des réacteurs "français" (54 sur 58, tous construits entre 1977 et 1999) sont ... américains (au début des années 1970 EDF du acheter et payer fort cher à l'états-unien Westinghouse les licences de construction). A l'époque les représentant en France des 2 groupes états-uniens CGE et Whestinghouse (Georges Pompidou et Giscard d'Estaing) bataillaient ferme pour imposer chacun leur patron.
Indépendance ou dépendance ? : devant la frénésie de faire du buiziness à tout prix Areva a ouvert son capital à des capitaux étrangers : Koweit, Iran, Allemagne, Belge (via Total notamment), le Qatar est aussi en embuscade. EDF, privatisé, a ouvert plus de 15% de son capital à d'autres détenteurs que l'Etat français. Les investissements ruineux et inutiles d'Areva aux USA (affaire Uramin) et ceux d'EDF, notamment en Grande-Bretagne, plombent toute cette filière du passé. Et l'argent manque.Indépendance ou dépendance ? : l’uranium nécessaire au fonctionnement des centrales provient depuis des décennies de mines étrangères du Kazakstan, du Canada, du Niger (2) et dans les pires conditions d’exploitation notamment des travailleurs africains, la contamination des populations locales et des territoires notamment Touareg. C'est le colonialisme à l'état brut, renforcé depuis ces derniers mois par les interventions militaires de la France en Afrique à proximité des gisements dont elle est dépendante.
Indépendance ou dépendance ? : la nouvelle usine française d'enrichissement de l'uranium au Tricastin (Georges Besse II) ne peut fonctionner que par des centrifugeuses étrangères achetées cher et très cher par Areva à son concurrent Urenco ; Urenco est détenu à 30% par E.ON (la plus grosse capitalisation boursière de l'indice DAX allemand ) et RWE (conglomérat allemand ), le solde appartenant aux Pays-Bas et au Royaume-Uni.
Les quelques réalisations françaises ont été, hormis la terrifiante bombe atomique mise au point avec l'aide discrète des Etats-Unis, des échecs cuisants : les réacteurs graphite-gaz des années 60 qui ont généré 2 accidents nucléaires entrainant la fusion d'une partie du cœur des réacteurs UNGG de la centrale nucléaire de Saint-Laurent en 1969 et 1980, ainsi que l'imbroglio des réacteurs G1/G2/G3 mis en chantier par le CEA à Marcoule et dont le démantèlement est devenu quasi-impossible et qui génère des drames et morts; Superphénix (situé dans la centrale nucléaire de Creys-Malville en bord de Rhône, à 30km du Bugey) qui a été abandonné et mis en arrêt définitif en 1997 au terme de près de 20 ans de déliquescence; et... l'EPR qu'il soit piloté par Areva ou par EDF.

La part du nucléaire dans l'électricité mondiale est en chute libre. Elle est passée de 17% en 2001 à 11% en 2011 (**) et à 9% actuellement. Les innombrables fermetures inévitables de vieux réacteurs (un tiers de la flotte mondiale a plus de 30 ans) va accentuer ce recul commencé bien avant le début de la catastrophe de Fukushima. Le scénario absurde de l'EPR finlandais en est une illustration.
L'industrie nucléaire est condamnée. Pourtant elle peut encore causer des drames et catastrophes notamment en France si elle n'est pas mise immédiatement et définitivement à l'arrêt.
__
source principale : http://observ.nucleaire.free.fr/abandon-epr-finlande.htm
(*) http://www.kauppalehti.fi/etusivu/areva+ajaa+olkiluodon+tyomaata+alas/201402652139
(**) Agence internationale de l'énergie, Key world energy statistics 2003 et 2013, p24 :
- http://observ.nucleaire.free.fr/2003-Keyworld-AIE.pdf
- http://www.iea.org/publications/freepublications/publication/KeyWorld2013.pdf
(1) Une montagne d’investissements se dresse en cas de renouvellement du parc actuel. Un document interne secret d’EDF illustre pas moins de 200 milliards d’euros nécessaires entre 2030 et 2067 pour reconstruire 58 réacteurs. Auditionné jeudi par les députés, le numéro 2 d’EDF, Hervé Machenaud, reconnaissait que ce coût pourrait atteindre 240 milliards d’euros en choisissant des réacteurs EPR. Cent milliards pour prolonger les centrales de seulement dix ans, c’est le même prix que ce qu’avait coûté la construction de l’ensemble du parc nucléaire, ce qui équivaut à celui du remplacement des énergies renouvelables durables. (http://www.lejdd.fr/Economie/Industrie/La-facture-astronomique-du-nucleaire-655350 )
(2) Voir l'énorme production de C02 par l'industrie nucléaire prétendue "propre" en gaz à effet de serre : www.trazibule.fr/areva-niger.php
Commentaires
Un très grand merci pour cet ensemble d'informations.
Autour de moi, le sentiment qu'il faut se débarrasser du nucléaire est répandu. Cependant, aussitôt on ajoute le pb est comment le remplacer ?
Bien sûr, les coûts prohibitifs du nucléaire évoluent dans le "bon" sens mais en attendant le suspense du à ces centrales dont on prolonge la vie quasiment par décret augmente.
L'échec de ROL-TANGUY est patent. Et la volonté politique aux abonné-e-s absent-e-s.
Que faire ? Attendre le nucléaire pépin ?
Je pense qu'il y a une erreur au debut de l'article. L'EPR était prévu pour 3 ou max 4 milliards d'euros et non pas 8 milliards comme indiqué.
Je pense avoir bien suivi sur ces années.
le nucléaire, ça suffit. stop !!!
pour ceux qui se posent la question "comment remplacer le nucléaire?", c'est simple: rénover et isoler les logements (fenêtres double-vitrage, isolement thermique des façades, panneau solaire dans certains endroits publics, etc), comme le font beaucoup de pays en Europe, pour économiser et limiter la consommation d'électricité! il faut aussi lancer un programme pour que tous les logements loués en France soient isolés et ne gaspillent pas l'énergie du chauffage: au besoin, si les propriétaires refusent de rénover, interdire la location ou leur faire payer une amende pour non-respect de l'environnement (et il faudrait aussi plus de contrôle sur les biens mis à la location par les agences immobilières...)
c'est avec ce genre de mesures concrètes qu'on sera moins dépendants du nucléaire et qu'on gaspillera moins d'énergie produite!
PS: par contre, j'ai consulté l'article original finlandais qui parle de l'abandon de la centrale nucléaire (http://www.kauppalehti.fi/etusivu/a...).
Le même jour, en fin de journée, un autre article a été publié pour démentir plus ou moins cette information - titré: "Areva: "Nous ne sommes pas sur le point de tout arrêter" (http://www.kauppalehti.fi/etusivu/a...)
traduction (approximative) de l'article via Google:
"Areva: "Nous ne sommes pas sur le point de tout arrêter"
"La Directrice de la communication Virginie Moucquot-Laiho d'Areva nie l'arrêt.
Le fournisseur de l'usine dit maintenant se concentrer sur les tâches les plus critiques et attendent une coopération plus étroite avec l'industrie Voima.
La Directrice de la communication Virginie Moucquot-Laiho d'Areva conteste des informations que Areva serait de conduire en bas le chantier de construction de la troisième centrale nucléaire d'Olkiluoto.
Selon elle, Areva se concentre maintenant sur les tâches les plus critiques et la phase critique, à savoir l'automatisation.
"La plupart du travail est maintenant en Allemagne, où l'automatisation est faite. Nous n'aimons pas les gens pour rien, mais l'action doit être adaptée à l'état d'avancement des travaux. Nous sommes toujours engagés à l'achèvement de l'usine le plus rapidement possible", dit-elle.
Le vendredi, le superviseur du site a pris fin environ 50 accords et plus est une échappée à la fin du mois prochain. Après Décembre, la population du site a diminué d'environ 400.
Moucquot-Laiho, le fait qu'il n'y a rien de nouveau en Décembre, après le récit. Elle souligne que les types d'Areva n'ont pas été résiliés.
"La connaissance ne reçoit rien, mais ce projet n'a jamais été seul en Finlande. Les gens se déplacent sur la tâche".
"Maintenant, nous nous concentrons sur l'automatisation et le système d'automatisation de préparer pour les tests de sorte que le lancement aura lieu à l'été. Avec cela, nous sommes dans les temps. Des tests d'étanchéité ont été effectuées ce mois-ci, et tous sont satisfaits. Voici les bons signes et nous progressons".
Selon elle, le fournisseur de l'usine veut maintenant se concentrer sur les priorités d'affaires, de sorte que la finition peut se faire à la fois et rapidement. 86 pour cent de tout le travail a déjà été réalisé.
"TVO étroitement impliqué."
Selon Moucquot-Laiho, Areva espère informer de la finalisation de la centrale nucléaire dès que possible.
" Nous avons besoin de cela, cependant, le soutien à la clientèle et la participation de plus. Le plan opérationnel et le calendrier doivent être définis avec le client et doivent prendre un engagement pour nous. La phase de mise en service est transférée au client et, à ce moment, il est lié à être main dans la main avec le client ne représentait que s'intensifier après elle."
"Nous parlons tout le temps avec le client, afin de parvenir à un accord sur un calendrier," dit-elle.
Kauppalehti vendredi, les sources estiment qu'Areva, les licenciements des gens conduisent à l'arrêt de la construction du site de la centrale nucléaire, et que chaque mois perdu signifie trois mois de retard supplémentaire dans l'achèvement du projet.
Pour le moment, le site est en cours d'exécution surtout sur la façade de la préparation, la mise en place des tâches de diesel et d'entretien. Installation de centrale électrique au client, TVO, selon les travailleurs, devrait être deux fois le courant à moins de mille par rapport à si la situation était normale.
Il a été allégué qu'Areva cherche également à accélérer le litige de compensation a été résolu le travail de ralentir. Moucquot-Laiho a nié.
Paula Nikula
paula.nikula@kauppalehti.fi
+358-10-665 101"