Marche antinucléaire pour la vie . 10ème Jour : En chansons et malgré les élus
Par admin le mercredi 24 avril 2013, 10:45 - Gard - Lien permanent
Au cœur de la région la plus nucléarisée d’Europe, les marcheur-se-s de
la vie progressent en portant leur message sans cesse répété de villes
en villages, d’élus en salariés : « à danger immédiat : arrêt immédiat
». La seule position rationnelle, réaliste, humaniste face au crime
quotidien nucléaire. Le courant alternatif passe peu à peu…
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9h00 – Après l’intense journée d’hier des 26 kilomètres parcourus, le rassemblement devant le site nucléaire de Marcoule et l’encerclement quelques kilomètres plus loin du siège de Areva NC, les antinucléaires ont finalement passé outre à l’oukase de l’édile locale (voir le reportage d’hier), se sont installés et au bord de la Cèze et sur l’aire de camping-car. Ce matin, ils s’accordent une « grasse matinée » et ne reprendront la route que vers 9h. Ils sont cependant réveillés depuis la route par un élégant pro-nucléaire : « bande de cons, au boulot fainéants ! ». Comme si ces citoyens en marche n’étaient pas des travailleurs, des privé-e-s d’emplois, des parents et grand-parents, des étudiants, des femmes et des hommes qui prennent sur leur temps pour le bien commun. Alors merci au réveil-matin qui pensait jeter son fiel sur les antinucléaires. Amour quand tu nous tiens !
Les mollets ont gagné un galbe digne des meilleurs podiums athlétiques, les visages se sont colorés et burinés au grand air et sous les embruns, les joues des hommes se sont couvertes de barbes de baroudeurs, celles des femmes affichent une fraîcheur et une beauté renouvelées. La joie de marcher ensemble pour une juste cause soude les amitiés. A présent les individualités convergent vers une force unitaire où chacun-e s’alimente. Une fraternité en marche s’est construite. Dans cette expérience de vie collective, chacun-e a dépassé subtilement son état antérieur, des ouvertures de son propre être se sont produites, des pesanteurs se sont évanouies, des regards transformés, de nouvelles compréhensions ont surgit. Complicité, communion et amour humaniste.
Déjà sous les premiers rayons de soleil, les marcheur-se-s dépassent le panneau de sortie de ville. Au revoir Bagnols s/Cèze, en route vers Pont-saint-Esprit. Autre ville nucléarisée depuis plus de 50 ans, autre territoire plongé dans une schizophrénie redoutable : d’un côté une terre sans travail qui a vu les installations nucléaires apporter la manne financière et sociale et, d’un autre côté, les ravages de la radioactivité sur les corps, le vivant et les esprits, l’intégration à une idéologie manipulatrice et destructrice. D’un côté l’emploi, la consommation, la propriété immobilière et les crédits sur le dos, de l’autre côté le déni du crime, la peur de se repositionner et d’envisager l’avenir autrement, la politique de l’autruche jusqu’au jour où le mari, la femme ou encore l’enfant est atteint d’un nodule à la thyroïde ou d’un cancer. Ici, en ces lieux, la soumission et la gloriole érigées en comportements sociaux, provoquent une fracture, un malaise tel que plus personne ne croit en sa capacité de transformation. L’individu réduit à sa plus petite part. Alors on s’investit dans le club de cyclo-tourisme sponsorisé par Areva, l’équipe de foot financée par EDF, le championnat d’athlétisme encadré par une autre filiale du lobby nucléaire. Les puissances financières et militaro-scientistes sont parvenues à intégrer l’humain à son œuvre de mort, à digérer l’antagonisme capital-travail, à baliser et conduire la vie de milliers d’êtres, à pervertir le sens même de l’évolution et des rapports humains. La gangrène. On retrouve là les mêmes pratiques que les maîtres de forge de l’Est du pays ou ceux des filatures du Nord ont mis en œuvre, aux 19ème et au 20ème siècles, avec la complicité de quelques syndicats. A vomir. Conscience où es-tu ?
10h00 – Le groupe s’est enrichi de nouvelles personnes croisées quelques jours plus tôt lors des haltes dans les villages à l'image de Patrick, le Belge qui a fait souche en Ardèche. La presse locale, les radios et télés ont bien rendu-compte de la journée d’hier permettant ainsi à la lutte contre le crime nucléaire de trouver un nouvel écho. Le moral s’en trouve regaillardit. Le pas est assuré et déterminé pour aborder les montées, quelque peu raides, et les bas-côtés parfois inexistants.
11h – Les gendarmes encadrent maintenant la marche. Surveillance, surveillance. Mais aussi étonnement comme l’un de ces derniers jours ou d'une voiture bleue s'échappe un "... le cirque plein d'air antinucléaire est de retour dans votre ville" ou du haut-parleur d’une autre voiture de gendarmerie la chanson des « Bure Haleur » se trouve diffusée pendant quelques minutes « super DéveloppeMan, regardez ma puissance, super DéveloppeMan, en avant la croissance, je vous promet l’abondance, alors marchez tous dans mon sens… ». Bientôt un groupe antinucléaire au sein de la gendarmerie ?…
Pont-Saint-Esprit est en vue et très vite entreprit, direction le rond-point Kennedy. Calicot et banderole se déploient. Les automobilistes klaxonnent, des camionnettes des gars du bâtiment s’élèvent des encouragements tandis que de voitures haut de gamme ou des 4x4 fusent des critiques et doigts d’honneur. Elégance…
Une demi-heure plus tard les marcheur-s-es investissent le parc de la mairie et tentent d’établir le contact avec le maire. A priori il ne serait pas là. Qu'à cela ne tienne, à 14 heure ce sera partie remise. Mais le premier "magistrat" préfère la fuite. Un de plus. Il aura quand même sous les yeux les arguments soutenant l'arrêt immédiat des installations nucléaires et le projet de motion à faire adopter par le conseil municipal. Dans le hall de la mairie les langues se délient : "le nucléaire c'est fini, partout autour de moi des gens ont des nodules à la thyroïde ou des cancers"... "j'ai deux de mes enfants qui travaillent à Tricastin mais il ne faut pas qu'ils y reste c'est trop dangereux"... "quand on pense à tous ces déchets mortels qu'on est en train de laisser à nos enfants, j'ai honte..." Témoignages en direct des gens d'en-bas, d'ici, pas des cercles dirigeants ou des politiciens complices du lobby.
14h30 - Les antinucléaires déterminés retournent en ville à la rencontre des habitants. Les échanges sont parfois vifs avec certains, comme incapables de raisonner rationnellement sur le danger nucléaire, tant envahis par des peurs irrationnelles liées à la survie alimentaire et au besoin de se conforter dans des choix et positions qu'ils savent obsolètes, dangereuses et de court-terme. Les antinucléaires ne se découragent pas, ils ont fait le choix d'aller vers les différences, vers les conservateurs, de pénétrer au coeur de territoires "hostiles" et de s'ouvrir pour convaincre et argumenter, desserrer l'étau sans admonestation ni violence. La puissance des arguments.
16h00 - La déambulation dans les rues de Pont-St-Esprit a permis de transmettre encore et encore de l'information, d'engager aussi la discussion avec les commerçants et quelques jeunes qui travaillent dans le nucléaire "pour moi c'est provisoire, je n'y resterai pas quand je vois avec quels bouts de ficelles on bosse" et l'autre de répondre "pour sûr on n'a pas le droit de parler mais faut pas croire que c'est maîtrisé, tout fuit au Tricastin... ça m'étonnerait pas que ça pète comme au Japon".
19h00 - Fin de l'étape en bordure de la rivière Ardèche. La nuit se passera dans la fraîcheur, bercée par les clapotis de l'eau sur les berges naturelles. Nos amis des "Bure Haleurs" David, Pépère et Achille qui nous ont accompagnés sur plusieurs étapes nous quittent ce soir. Ils doivent se rendre à Châlon s/Saône. Un au-revoir car l'amitié demeure au-delà des distances. Demain la marche prend la direction de Bollène...
la video (en direct sur http://youtu.be/vDDYw9bNyWQ )
et une seconde vidéo http://www.youtube.com/watch?v=juuEDDv4k3E&feature=youtu.be
La presse en parle
Commentaires
Bravo pour votre courageuse marche de la part de deux Drômois. Continuez à essayer de convaincre les populations locales, mêmes les personnes qui ne voient pas le danger de ces installations.
Bonne continuation
Serge et Evelyne
EH! Mr jéjé! ont fait comment si ça pète comme à fukushima hein? ont fait comment? et entre nous, le nucléaire n'a rien de propre ni de sur: déchets toxiques, ultra polluants à ne plus en finir et ne savoir qu'en faire + rejets de polluants radioactifs dans l'atmosphére et l'eau, sans compter la vetusté de vos chères centrales qui sont pour certaines d'entres elles construites avec intelligence sur des failles sismiques...et le nombre grandissant des cancers et notamment pour les personnes habitants à proximité des centrales...bref, le "business du nucléaire" c'est sur et propre y'à pas photo et surtout, ...ça rapporte gros!!!
http://www.arte.tv/guide/fr/046923-...
Merci à vous tous marcheurs contre le nucléaire. Je ne puiss vous suivre mais suis avec vous de tout coeur.
Antinucléairement
Chantal