Marche pour l'arrêt immédiat du nucléaire . Jour 4 : Sous le regard et les écoutes gendarmesques
Par admin le jeudi 18 avril 2013, 13:54 - Vaucluse - Lien permanent
Déjà près de 60 kilomètres parcourus depuis lundi dernier. A présent
s’estompe l’est-Vaucluse et se présente aux mollets aguerris des
marcheuses et marcheurs « pour l’arrêt immédiat du nucléaire » la
longue plaine vers l’ouest jusqu’à Avignon. Retour sur des propos et
paroles de gens ordinaires…
__
Jeudi 18 avril - Depuis le début de la marche, les agents de renseignements de l’appareil d’état sur les activités citoyennes sont aux aguets. Comme les marcheurs et marcheuses sont des citoyens qui s’affirment et vont à la rencontre des différences pour informer et encore informer, ils savent depuis longtemps que leur existence est surveillée, répertoriée et tenue à jour scrupuleusement dans l’immense base de données signalétiques de la police et de l’armée.
Du premier inspecteur de la DCRI (Renseignements intérieurs, ex-RG) à Manosque, à la multitude de gradés et sous-gradés de la gendarmerie se relayant entre les territoires, villes et villages traversés : le pouvoir veut savoir et contrôler ces citoyens bizarres qui ne baissent pas la tête, ne courbent pas l’échine, osent exister et s’exprimer sur les routes de France. A chaque fois le même scénario : les « pandores » tentent d’établir le contact d’une façon anodine puis c’est une série de questions l’air de ne pas y toucher, sur un ton presque badin, pour finir par « et vous auriez un n° de téléphone par hasard ? histoire qu’il ne vous arrive rien de grave sur la route et qu’on vous prévienne si… ». La mise en scène et le spectacle se répète ainsi dès qu’une brigade passe la main à une autre brigade en fonction de sa zone de contrôle des populations. Et les numéros de téléphone des marcheur-ses sont aussitôt mis sur écoute. Plusieurs fois par jours. Les pro de l'espionnage intérieur de la population appelle cela "scanner une cible".
C’est une illustration concrète que le nucléaire conduit le pouvoir à criminaliser les citoyens dans leurs engagements sociétaux et porte atteinte à la démocratie. Le Ministre de l’intérieur n’a-t-il pas d’ailleurs donné consigne à sa police politique, au mois de mars dernier, de renforcer la surveillance des antinucléaires ? Ils savent - les nucléocrates aux abois et leur relais politiciens - qu’ils sont en fin de course et, telle la bête qui se meurt, tentent de donner encore quelques coups de griffes virulents. Mais chacun sait que le nucléaire est dépassé, obsolète, guerrier, criminel, anti-républicain, mortifère. Depuis sa naissance militaire il porte en lui le mépris de la vie et des peuples. Alors, contaminer des territoires par des rejets radioactifs continus, affecter la santé de la population et notamment des enfants ne peut être de nature à lui faire émerger un sentiment quelconque. Absence de dignité et d’humanisme, fanatisme et obscurantisme sont les mamelles du nucléaire depuis son origine.
C’est à un florilège d’attitudes et positions que les antinucléaires ont donc eu droit de la part des gendarmes, policiers de renseignements et policiers municipaux vis à vis du nucléaire. Les propos recueillis par les marcheurs représentent une large palette de ressentis à l’intérieur même des forces de « l’ordre ». On peut être gendarme et pourtant être aussi père de famille, avoir des enfants et une femme, et être ébranlé dans ses certitudes face à ce qui se passe à Fukushima, s’est passé à Tchernobyl et se passera en France (nous ne mentionnons évidemment pas les brigades, échelons, et noms de ceux qui, depuis le début de la marche antinucléaire, s’autorisent quelques confidences).
Si certains gradés, devant leurs subordonnés, bombent le torse, en aparté ils témoignent d'une sympathie à l’égard des marcheurs et de leur lutte. D’autres, proches de la retraite, n’hésitent pas à se déclarer clairement contre le nucléaire ; certains, plus jeunes, avouent qu’ils n’ont aucun dispositif à mettre en oeuvre pour protéger les populations et que les ordres viendraient d’en-haut en cas de catastrophe nucléaire ; un ou deux vont même jusqu'à glisser à l'oreille des antinucléaires que « si ça pète, je fuis, je vais chercher ma femme et mon fils à l’école, et je me tire au plus vite, d’ailleurs j’ai mon itinéraire en poche »...
Le groupe des antinucléaires pour l’arrêt immédiat du crime s’est élancé sur la route au petit matin. Aujourd’hui est une nouvelle longue étape qui les conduit, en Vaucluse, depuis Villelaure vers Cadenet puis Lauris et Mérindol en passant par Puget.
Cadenet : premières rencontres avec la population, discussions argumentées contre le crime sanitaire perpétré par le nucléaire et ses impacts terrifiants, remise de documents, dépôt en mairie du dossier « faits et arguments pour l’arrêt immédiat du nucléaire ». Au rond-point les automobilistes ralentissent pour prendre le tract « notre santé est menacée : défendons-nous ». Quelques rares conducteurs détournent un regard de honte. On sent que les « pro-nuk » le sont surtout par peur de se remettre en cause, de questionner leurs idées et croyances, de s’interroger et de s’informer. La politique de l’autruche et le bêlement dans le troupeau plutôt que la douleur d’affronter le réel et de devoir créer l'avenir. Et une pointe non négligeable d’égoïsme et de désocialisation. Ailleurs, les discussions s’animent, les arguments fusent, le contre-poison est donné, les mensonges du lobby mis en lumière.
11h00- On repart vers Lauris, village-étape pour la pause du midi autour de la « cantine itinérante autogérée ». Une cantine autogérée c’est l’occasion de faire vivre un autre modèle de partage et de mise en commun. L’occasion aussi de s’enrichir de nos différences. La « Marche pour la Vie » c’est aussi une aventure humaine et relationnelle.
Sur le rond-point de Lauris, au long de la route départementale, drapeaux et banderoles sont plantées. Les militants prennent position au « stop » et distribuent aux automobilistes tracts et informations, agitent des drapeaux « pour la vie, arrêt immédiat du nucléaire ». L’opération dure un peu plus d’une heure.
14h00- A présent l’occupation du rond-point s’achève. Il est 14 heures passée, Almut est parti à vélo ascensionner la côte du village jusqu’à la mairie pour rencontrer le maire et, en cas d’absence, lui remettre le dossier habituel. Dès son retour, le groupe antinucléaire reprend la route en direction de Mérindol.
14h30- Le soleil chauffe de plus en plus l’asphalte. On discute sur le bien fondé de reprendre dès à présent la route. Hésitations, arguments, échanges. On repart maintenant car il reste encore plus de 6km jusqu’au prochain village et encore 2 autres jusqu’au lieu de halte du soir chez l’ami « Millet » et sa ferme bio.
17h30- Mérindol est en vue. Sur la route depuis Lauris plusieurs automobilistes salut les marcheur-ses par des coups de klaxons ou des signes d’approbation. Le courant alternatif passe bien... L'arrivée au village est saluée dans le village par des applaudissements et des sourires d'approbation. Passage à la mairie pour remettre l'argumentaire et le projet de voeux/motion que le conseil municipal est invité à débattre et adopter.
18h30- C'est l'arrivée à la "Ferme bio" en sortie de Mérindol, ultime étape de la journée. Depuis maintenant six heures le thermomètre dépasse les 30° ! Chapeau bas devant les marcheuses et les marcheurs de la vie ! C'est à présent la séquence de Agnès, Martine et Muriel les cuisinières de la marche pour la vie. Le temps de se restaurer et de planter les tentes sous les frondaisons est venu. Et cerise sur le gâteau : ce soir chacun aura le droit au massage (assis - Amma) de Maryline. "Un peu de douceur dans ce monde de brutes" clame l'ami Victor.
Commentaires
Bon courage à vous toutes et tous
Marianne
vive la "marche pour la vie".
Dans quelques jours nous entamons la tournée de "L'impossible procès".
Nous espérons vous rencontrer d'une manière ou d'une autre.
Amicalement,
Bruno Boussagol
Bravo, les amis,
c'est géant ce que vous faites.
on vous retrouve à Marcoule et Tricastin.
Gilbert
Bravo !
J'espère que grâce à vous, l'arrêt de ces centrales de malheur se fera dans un délai proche !
Merci
Bon courage
Franceline - ST Priest - 69
C'est vraiment formidable ce que vous faites. J'en ai eu des frissons en lisant ce compte-rendu.
Je ne peux pas vous rejoindre sur la marche mais je serai à la Barthelasse dimanche.
Encore Bravo !
Alba
Félicitations et bon courage car il en faut, non pas seulement pour affronter les pouvoirs en place, mais surtout pour réveiller les populations qui pratiquent la politique de l'autruche!
Jean Reynaud
Docteur d'Université
bravo et merci pour le courage des ces militants qui gagneront aussi dans leur combat l'arrêt du sacrifice des salariés de la sous-traitance du nucléaire.
car, il s'agit bien là de sacrifice. je suis le président de l'association santé/sous-traitance créée pour accompagner, répertorier les sacrifiés. ils sont nombreux et chaque jour qui passe apporte son lot de malades. la semaine dernière, j'ai rencontré un médecin généraliste qui s'intéresse de près à cette cohorte de salariés car elle a deux cas de cancer identique de deux salariés qui travaillent dans les centrales nucléaires. ils s'ajoutent à ceux que je connaissais déjà sur des collègues proches. sur fécamp, si je fais le compte, sur 9 salariés que je fréquente et qui ont travaillé dans le nucléaire, 6 ont des cancers. mon collègue de travail christian verronneau en est décédé l'année dernière. nous continuons le combat devant les tribunaux pour faire reconnaître la faute inexcusable de ma boite endel/gdf/suez. moi, j'y ai bossé dans ces usines de sacrifice autorisé pendant 21 ans et j'ai aussi peur que le mal qu'ils mettent en nous qui me ronge chaque jour n'arrive à se déclarer pour enfin me finir dans une souffrance infernale. j'ai accompagné christian durant sa trop longue descente et déchéance, je peux dire que la souffrance est inhumaine. il y a la maladie qui vous dévore, l'argent qui ne vient plus car payé en maladie, c'est la salaire qui diminue d'autant, l'isolement car personne ne s'intéresse à ce que vous devenez, où vous êtes, la rupture sociale du travail, votre boîte qui coupe les ponts, edf qui fait le mort, la honte d'être malade, le regard des autres... mon pote christian était une force de la nature quand il est parti, il ne pouvait même plus marcher 20 mètres sans s'arrêter pour respirer. alors, cette marche, de ces militants, est importante pour moi car vous marchez pour christian mais aussi pour tous les malades du nucléaire. merci.
pour ma part, je suis aussi dans un combat de reconnaissance des responsables qui nous sacrifient. je mènerai le combat pour la sureté de la santé des mes collègues travailleurs. je continuerai ce combat contre la souffrance qui nous ai donné.
je suis militant syndical cgt et je n'autoriserais jamais le sacrifice au nom de l'emploi!!! j'ai été membre de Comité d'Hygiène Sécurité Conditions de Travail et à ce titre pour ma part, j'ai toujours mis la santé en avant et serais toujours sur ce combat là car il ne peut y avoir pour tout syndicaliste qui veut se prétendre en être un, un emploi qui sacrifie son travailleur.
nous sommes à nouveau confronté au système "amiante" et je pense plus grave encore.
la sous-traitance par sa gestion du lobby du nucléaire, aidé des pouvoirs publics permet de dissimuler la gravité des atteints portés aux salariés exposés aux rayonnements ionisants.
d'ailleurs une phrase repris sur le site edf : la réglementation de la production nucléaire : attention ce que vous allez lire, c'est du lourd:
POUR EDF ET LES POUVOIRS PUBLICS, LA SURETE DES CENTRALES EST UNE PRIORITE ABSOLUE, AFIN QUE LA PRODUCTION D' ELECTRICITE NUCLEAIRE N'AIT AUCUNE INCIDENCE SUR L'HOMME ET L'ENVIRONNEMENT.
nous, travailleurs subissons les incidences de ce nucléaire. alors, je me pose des questions simples, sommes-nous des hommes et faisons-nous parti intégrante de l'environnement ?
La réponse appartient à ceux qui nous cachent, permettant un sacrifice dans l'impunité.
notre association est demandeuse depuis plusieurs années devant le lobby du nucléaire et devant les pouvoirs publics de faire un état sanitaire des salariés qui ont été et sont exposés à ce mal qui nous ronge chaque jour qui passe.
nous avons besoin de votre aide pour que ce travail soit fait afin d'aider les malades et ceux à venir et de faire connaître ce sacrifice pour enfin l'arrêter.
la lutte continue.
la mouche
je suis de tout coeur avec vous.
Bon courage.