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Jeudi 18 avril - Depuis le début de la marche, les agents de renseignements de l’appareil d’état sur les activités citoyennes sont aux aguets. Comme les marcheurs et marcheuses sont des citoyens qui s’affirment et vont à la rencontre des différences pour informer et encore informer, ils savent depuis longtemps que leur existence est surveillée, répertoriée et tenue à jour scrupuleusement dans l’immense base de données signalétiques de la police et de l’armée.

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Du premier inspecteur de la DCRI (Renseignements intérieurs, ex-RG) à Manosque, à la multitude de gradés et sous-gradés de la gendarmerie se relayant entre les territoires, villes et villages traversés : le pouvoir veut savoir et contrôler ces citoyens bizarres qui ne baissent pas la tête, ne courbent pas l’échine, osent exister et s’exprimer sur les routes de France. A chaque fois le même scénario : les « pandores » tentent d’établir le contact d’une façon anodine puis c’est une série de questions l’air de ne pas y toucher, sur un ton presque badin, pour finir par « et vous auriez un n° de téléphone par hasard ? histoire qu’il ne vous arrive rien de grave sur la route et qu’on vous prévienne si… ». La mise en scène et le spectacle se répète ainsi dès qu’une brigade passe la main à une autre brigade en fonction de sa zone de contrôle des populations. Et les numéros de téléphone des marcheur-ses sont aussitôt mis sur écoute. Plusieurs fois par jours. Les pro de l'espionnage intérieur de la population appelle cela "scanner une cible".

C’est une illustration concrète que le nucléaire conduit le pouvoir à criminaliser les citoyens dans leurs engagements sociétaux et porte atteinte à la démocratie. Le Ministre de l’intérieur n’a-t-il pas d’ailleurs donné consigne à sa police politique, au mois de mars dernier, de renforcer la surveillance des antinucléaires ? Ils savent - les nucléocrates aux abois et leur relais politiciens - qu’ils sont en fin de course et, telle la bête qui se meurt, tentent de donner encore quelques coups de griffes virulents. Mais chacun sait que le nucléaire est dépassé, obsolète, guerrier, criminel, anti-républicain, mortifère. Depuis sa naissance militaire il porte en lui le mépris de la vie et des peuples. Alors, contaminer des territoires par des rejets radioactifs continus, affecter la santé de la population et notamment des enfants ne peut être de nature à lui faire émerger un sentiment quelconque. Absence de dignité et d’humanisme, fanatisme et obscurantisme sont les mamelles du nucléaire depuis son origine.

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C’est à un florilège d’attitudes et positions que les antinucléaires ont donc eu droit de la part des gendarmes, policiers de renseignements et policiers municipaux vis à vis du nucléaire. Les propos recueillis par les marcheurs représentent une large palette de ressentis à l’intérieur même des forces de « l’ordre ». On peut être gendarme et pourtant être aussi père de famille, avoir des enfants et une femme, et être ébranlé dans ses certitudes face à ce qui se passe à Fukushima, s’est passé à Tchernobyl et se passera en France (nous ne mentionnons évidemment pas les brigades, échelons, et noms de ceux qui, depuis le début de la marche antinucléaire, s’autorisent quelques confidences).

Si certains gradés, devant leurs subordonnés, bombent le torse, en aparté ils témoignent d'une sympathie à l’égard des marcheurs et de leur lutte. D’autres, proches de la retraite, n’hésitent pas à se déclarer clairement contre le nucléaire ; certains, plus jeunes, avouent qu’ils n’ont aucun dispositif à mettre en oeuvre pour protéger les populations et que les ordres viendraient d’en-haut en cas de catastrophe nucléaire ; un ou deux vont même jusqu'à glisser à l'oreille des antinucléaires que « si ça pète, je fuis, je vais chercher ma femme et mon fils à l’école, et je me tire au plus vite, d’ailleurs j’ai mon itinéraire en poche »...

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Le groupe des antinucléaires pour l’arrêt immédiat du crime s’est élancé sur la route au petit matin. Aujourd’hui est une nouvelle longue étape qui les conduit, en Vaucluse, depuis Villelaure vers Cadenet puis Lauris et Mérindol en passant par Puget.

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Cadenet : premières  rencontres avec la population, discussions argumentées contre le crime sanitaire perpétré par le nucléaire et ses impacts terrifiants, remise de documents, dépôt en mairie du dossier « faits et arguments pour l’arrêt immédiat du nucléaire ». Au rond-point les automobilistes ralentissent pour prendre  le tract « notre santé est menacée : défendons-nous ». Quelques rares conducteurs détournent un regard de honte. On sent que les « pro-nuk » le sont surtout par peur de se remettre en cause, de questionner leurs idées et croyances, de s’interroger et de s’informer. La politique de l’autruche et le bêlement dans le troupeau plutôt que la douleur d’affronter le réel et de devoir créer l'avenir. Et une pointe non négligeable d’égoïsme et de désocialisation. Ailleurs, les discussions s’animent, les arguments fusent, le contre-poison est donné, les mensonges du lobby mis en lumière.

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11h00- On repart vers Lauris, village-étape pour la pause du midi autour de la « cantine itinérante autogérée ». Une cantine autogérée c’est l’occasion de faire vivre un autre modèle de partage et de mise en commun. L’occasion aussi de s’enrichir de nos différences. La « Marche pour la Vie » c’est aussi une aventure humaine et relationnelle.

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Sur le rond-point de Lauris, au long de la route départementale, drapeaux et banderoles sont plantées. Les militants prennent position au « stop » et distribuent aux automobilistes tracts et informations, agitent des drapeaux « pour la vie, arrêt immédiat du nucléaire ». L’opération dure un peu plus d’une heure.

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14h00- A présent l’occupation du rond-point s’achève. Il est 14 heures passée, Almut est parti à vélo ascensionner la côte du village jusqu’à la mairie pour rencontrer le maire et, en cas d’absence, lui remettre le dossier habituel. Dès son retour, le groupe antinucléaire reprend la route en direction de Mérindol.

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14h30- Le soleil chauffe de plus en plus l’asphalte. On discute sur le bien fondé de reprendre dès à présent la route. Hésitations, arguments, échanges. On repart maintenant car il reste encore plus de 6km jusqu’au prochain village et encore 2 autres jusqu’au lieu de halte du soir chez l’ami « Millet » et sa ferme bio.

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17h30- Mérindol est en vue. Sur la route depuis Lauris plusieurs automobilistes salut les marcheur-ses par des coups de klaxons ou des signes d’approbation. Le courant alternatif passe bien... L'arrivée au village est saluée dans le village par des applaudissements et des sourires d'approbation. Passage à la mairie pour remettre l'argumentaire et le projet de voeux/motion que le conseil municipal est invité à débattre et adopter.

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18h30- C'est l'arrivée à la "Ferme bio" en sortie de Mérindol, ultime étape de la journée. Depuis maintenant six heures le thermomètre dépasse les 30° ! Chapeau bas devant les marcheuses et les marcheurs de la vie ! C'est à présent la séquence de Agnès, Martine et Muriel les cuisinières de la marche pour la vie. Le temps de se restaurer et de planter les tentes sous les frondaisons est venu. Et cerise sur le gâteau : ce soir chacun aura le droit au massage (assis - Amma) de Maryline. "Un peu de douceur dans ce monde de brutes" clame l'ami Victor.

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