Incident nucléaire à la centrale de Cruas-Meysse (Ardèche)
Par admin le mardi 6 novembre 2012, 20:57 - Rhône Durance - Lien permanent
Un dégagement impromptu de vapeur potentiellement radioactive a eu lieu, ce mardi 6 novembre 2012 au matin, dans un local de l'unité de production n°2 de la centrale nucléaire de Cruas-Meysse (Ardèche) située à 35 km au nord du site nucléaire du Tricastin (Vaucluse-Drôme). Vingt-sept salariés d’EDF et d’entreprises sous-traitantes ont dû être évacués de toute urgence.
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Vingt-sept salariés d’EDF et d’entreprises sous-traitantes ont dû être évacués de bâtiments à la centrale nucléaire de Cruas-Meysse, ce mardi 6 novembre à 8 heures 10. Il s’agit de l’unité de production n°2, actuellement en arrêt pour le renouvellement de combustibles et des opérations de maintenance.
La centrale nucléaire de Cruas-Meysse est une centrale nucléaire inaugurée en 1984-1985 sur les communes de Cruas et de Meysse en Ardèche au bord du Rhône entre Valence (40 km en amont) et Montélimar (15 km en aval). La centrale est située à 35 km au nord du site nucléaire du Tricastin. 4 réacteurs nucléaires de 900 MW et quatre tours aéroréfrigérantes fonctionnent à la centrale de Cruas sur un site d'une superficie de 148 hectares qui, pour leur refroidissement, pompent et rejettent l'eau du Rhône.Les salariés évacués ont effectué un contrôle médical "pour s’assurer de l’absence de contamination". L’accès aux bâtiments a été de nouveau autorisé à 9 heures 30, à l’exception du local où le dégagement de vapeur s’est produit.
Si à cette heure (6 novembre 2012 21h46) aucune information n'est diffusée par l'Autorité de Sûreté Nucléaire, comme à l'accoutumé la direction de la centrale tente de minimiser le risque : "Cette évacuation a été ordonnée, par précaution, après détection d'un dégagement de vapeur dans un local spécifique et fermé. Le dégagement de vapeur a été stoppé. Aucun salarié ne se trouvait à l'intérieur du local au moment de l'événement. Il n'y a ni blessé, ni rejet dans l'environnement". Pourtant une expertise est menée pour déterminer la cause de cet incident.
Pourtant, quelques jours plus tôt, le 29 octobre 2012, une défaillance dans la gestion des condamnations de deux vannes participant au refroidissement du réacteur n°2 dans les états d’arrêt venait d'avoir lieu. C'est en fait une série de 7 évènements significatifs pour la sûreté qui se sont produits, dans la dernière période, lors des opérations de redémarrage du réacteur n°4 aux mois de mai et juin 2012. Incidents dont la gravité à conduit l’ASN a imposé au Centre Nucléaire de Production Electrique de Cruas de mettre en configuration sécurisé les circuits de l’ensemble des réacteurs du site.
Une multitudes d'autres incidents se sont produits ces dernières années
Déjà le 28 janvier 1999, deux évacuations de personnels avaient eu lieu à la suite de dégazages radioactifs. A l'époque l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) avait décidé de déclencher une inspection à la centrale de Cruas-Meysse, et classé l'incident au niveau 1 de l'échelle INES. Mais au début de l’année 2004, des analyses de routine détectait la présence de tritium dans les nappes phréatiques situées sous le site.
Le relâchement dans l’exploitation du site avait alors conduit l'ASN, en avril 2007, à faire les gros yeux pour, le 13 novembre 2008, mettre en demeure EDF de procéder à la mise en conformité de la centrale sous trois mois.
Pour autant rien n'a été réglé et le 2 décembre 2009, c'est la prise d'eau alimentant le système de refroidissement d'un des réacteurs qui s'est trouvé obstruée par l'arrivée massive de débris végétaux charriés par le Rhône du fait de la montée des eaux. On est alors passé à deux doigts de la catastrophe du fait de la « perte totale de la source froide ». EDF a été contraint de lancer dans l'urgence un plan interne pour déboucher les prise d'arrivée d'eau.
Deux ans plus tard , dans la nuit du 2 au 3 août 2011, un séisme composé de quatre secousses, dont deux de magnitude 4,5 sur l’échelle de Richter, se produit à 30 km au sud-ouest de la centrale de Cruas-Meyss.
Le 1er octobre 2012, au cours des opérations de mise à l’arrêt du réacteur n°2 de la centrale nucléaire de Cruas-Meysse, la pression du circuit primaire a baissé jusqu’à une valeur située en-deçà du domaine de fonctionnement autorisé mettant en péril toute l'installation nucléaire et ses environs.
Des conditions de travail insupportables et des dispositifs sécuritaires évidemment inopérants
Cruas-Meyss illustre l'impossibilité d'une activité nucléaire sécurisée, sans risque délirant, et contrôlable sans mise en danger de la population alentour et des salariés y travaillant. Les conditions dans le nucléaire sont telles que s'y multiplient les conflits sociaux, tenus secrets par les directions et les médias. A l'image de ce 14 février 2008, où neuf salariés d'une entreprise sous-traitante ont entamé une grève de la faim pour leur emploi et de nombreux salariés du site ont débrayé, bloquant ainsi l’accès à la centrale nucléaire.
Le 5 décembre 2011, ce sont deux militants de l'organisation Greenpeace qui s'introduisaient sur le site dès 6 heures du matin et, pendant toute la journée, sont apparu dans des vidéos relatant leur vas-et-vient à l'intérieur du site. Après une journée de fouille « approfondie », le groupe EDF déclarait les avoir repérés puis remis aux autorités.
Face aux atteintes quotidiennes des installations nucléaires en vallée du Rhône, les militants du CAN84 et d'Ardèche s'étaient manifestés lors d'un meeting électoral du candidat socialiste Hollande à Saint-Sernin (Ardèche) . Les notables socialistes locaux et régionaux avaient "roulé des mécaniques" et, Michel Sapin (actuel Ministre du Travail, de l'Emploi, de la Formation professionnelle et du Dialogue social) en tête, avaient fustigé les citoyens agissant contre la menace nucléaire en les traitant, ni plus ni moins, de "terroristes".
Cruas-Meyss (Ardèche), Tricastin (Vaucluse), Pierrelatte (Drôme), Marcoule (Gard), Cadarache (Bouches-du-Rhône) sont autant de barillets de revolver pointés sur la tempe de la population. Et les balles frappent jours après jours. Une seule solution rationnelle face au crime nucléaire : la mise à l'arrêt sans condition de toutes les installations.
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