Un pilote survole par mégarde la centrale nucléaire du Tricastin
Par admin le dimanche 28 octobre 2012, 18:39 - Tricastin - Lien permanent
Au delà de la mise en scène des « gros bras » de la force de sécurisation des sites nucléaires la faille n’est pas
que dans les installations mais aussi dans ce pseudo
dispositif de protection des installations civilo-militaires. Histoire d'un avion en perdition et autres petites nouvelles de la Terre et du Ciel.
Ils sont tout de noir vêtu, ont le regard sombre, la position raide, l’œil aux aguets, la main calée dans le ceinturon de cuir. Voici l’escadron de gendarmerie spécialisé dans la protection du site nucléaire du Tricastin. Les citoyens et citoyennes antinucléaires s’y sont trouvés confrontés au mois d’août dernier lors de la marche antinucléaire reliant les sites de Cadarache, Marcoule et Tricastin « pour la mise à l’arrêt immédiat des sites nucléaires ». Leur mission : impressionner le quidam, le citoyen comme le terroriste. Tous dans le même panier selon la simple doctrine que tout ce qui n’est pas militaire et nucléaire est dangereux. La population et ces idiots de civils en premier évidemment.
Pourtant, au delà de la mise en scène de ces « gros bras », de ce déploiement à impressionner les esprits poltrons, la faille n’est pas que dans les installations nucléaires mais aussi dans ce pseudo dispositif de protection des installations nucléaires civilo-militaires.
Ils scrutent en bas et c’est dans haut que surgit le pseudo danger. Ils regardent le ciel et c’est du sol que se manifeste le pied de nez.
Ainsi jeudi 30 août 2012 un avion a survolé par mégarde la zone protégée de la centrale nucléaire du Tricastin. Certes il s’agissait d’un petit avion de tourisme, piloté par un baron belge - ancien ambassadeur de Belgique au Venezuela de son état- qui avait décollé quelques minutes plus tôt avec ses trois passagers, sans mauvaise intention aucune. Simplement l’avion n'avait pu prendre suffisamment de hauteur au décollage, car la piste était détrempée, et ainsi n’avait pu éviter de passer au dessus de la zone interdite de la centrale. C’est tout bête mais ça arrive en vrai comme cela dans la vie. Ce n’est pas du cinéma.

Quelques mois plus tôt, en mai, non loin du Tricastin, le pilote d'un petit avion de tourisme, parti d'Alsace en direction de la Corse, avait lui aussi été entendu par la police… après avoir survolé par mégarde la zone protégée de la centrale nucléaire de Cruas en Ardèche. C’est parfois bête un civil qui pilote un avion de tourisme. Mais imaginez un gros avion, un boeing par exemple, piloté par un mal-intentionné. Nos « gros bras » bottés, casqués ou cagoulés, ne pourraient pas faire grand chose. Sauf à faire exploser le gros-gros avion… au dessus du site nucléaire.

Ils regardent en haut et c’est dans d’en bas que ça vient, dans les airs et sur la terre, on vous dit… Ainsi au début du mois de mai 2012, c’est d'un parapente dont il s’est agit. Un simple parapente piloté par un militant antinucléaire. Non loin du Tricastin, il était parvenu à survoler le site nucléaire et à atterrir à la centrale du Bugey (Ain). A cette occasion, l'association écologiste Greenpeace avait révélé avoir aussi survolé, en novembre précédent, l'usine de La Hague (Manche).
Si ça continue, les escadrons spécialisés de gendarmerie vont devenir les meilleurs alliés de la cause antinucléaire en confirmant que la meilleure sécurisation des installations nucléaires c’est bel et bien leur mise à l’arrêt immédiat, définitif et sans condition.
Comme vient de l’écrire d’ailleurs dans son ouvrage* le pro-nucléaire Jean-Louis Basdevant, ancien directeur du laboratoire de physique de l’École polytechnique : « Il faut regarder les choses en face. Nos sociétés ne sont pas mûres pour utiliser l’électronucléaire dans les conditions technologiques actuelles. Si une sécurité acceptable voit le jour, ce sera dans longtemps… Il faut sortir rapidement du nucléaire actuel. » Nous ajouterons : qu'il soit public ou privé, ancien ou neuf : le crime est a l'oeuvre et ne peut s'accommoder de dissertation de salon bobo.
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* Maîtriser le Nucléaire. Sortir du Nucléaire après Fukushima,de Jean-Louis Basdevant. Éditions Eyrolles, 2012, 234 pages, 19,50 euros.
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