Communiqué de la Coordination antinucléaire sud-est

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A l’invitation de l’Agence de développement du Gard Rhodanien, les Maires des communes du secteur concerné ont été conviées le 12 octobre, à partir de 17 heures, au Centre Léo Lagrange, à Bagnols sur Cèze, sur le thème “Astrid 2020, un grand projet pour le Gard Rhodanien”. Il s’agissait de préparer la construction d’un réacteur dit « Réacteur à Neutrons Rapides, ou RNR », c’est à dire fonctionnant au plutonium et refroidi au sodium.

Il s’inscrit dans la famille de Phénix dont on sait les multiples difficultés de fonctionnement qu’il a connues, et de superphénix qui fut un fiasco dont le démantèlement en cours rencontre d’énormes problèmes souvent imprévus.

La Coordination antinucléaire sud-est tient à affirmer que ce projet criminel est aussi une immense arnaque.

Ce projet est criminel car :
Il s’agirait du plus gros réacteur jamais construit à Marcoule, presque un demi superphénix, alors que le centre nucléaire repose sur un réseau de failles sismiques actives qui le rend vulnérable à un tremblement de terre important. De plus utiliser le plutonium comme combustible, l’élément le plus dangereux généré par le nucléaire, dans une région de population si dense est un véritable crime. Imagine-t-on ce que serait la catastrophe de Fukushima si les réacteurs détruits par le séisme puis par le tsunami avaient été des RNR ? Déjà que la présence de plutonium dans le réacteur N°3 chargé au MOX, MOX élaboré à Marcoule(!) en a répandu à plusieurs dizaines de km à la ronde ! Enfin le refroidissement au sodium fondu, métal qui s’enflamme au contact de l’air et explose au contact de l’eau, multiplie le risque, sachant qu’un incendie de sodium important est ingérable.

Enfin ce projet est une monumentale arnaque :
Le CEA s’accroche à cette filière sur laquelle il travaille depuis 50 ans, malgré le fiasco de superphénix. A défaut de pouvoir la présenter comme la solution d’avenir pour un « nucléaire durable », le CEA la propose comme une voie pour la gestion des déchets à très longue vie les plus radiotoxiques. Il fait valoir que ce type de réacteur peut briser (« incinérer » dit-il, comme si on pouvait brûler des atomes!) les atomes i qu’on appelle les « actinides mineurs ». En les brisant on peut espérer les « transmuter » en atomes à vie plus courte (quelques siècles au lieu de millénaires), et moins radiotoxiques.

Sauf que les connaissances actuelles montrent que la transmutation sous l’effet des neutrons « rapides », pratiquée à l’échelle de la recherche, a un très mauvais rendement qui ne laisse aucune chance de devenir une solution industrielle, sauf à investir des sommes faramineuses pour multiplier de tels réacteurs sur l’ensemble du pays. De plus cette opération est possible avec des moyens différents, dans des accélérateurs de particules appropriés, n’engendrant pas les mêmes nuisances.

C’est aussi une arnaque à l’emploi
car s’il est vrai que le temps de la construction attirerait de nombreux salariés, à terme l’emploi pérenne et non délocalisable serait bien plus élevé, de l’ordre de 10 fois plus, si les sommes que l’on se prépare à gaspiller étaient consacrées à financer les économies d’énergie dans tous les domaines, à isoler les constructions anciennes et à développer les énergies renouvelables, c’est ce qui se passe en Allemagne qui continue à fournir à la France de l’électricité en période de pointe, et ce à prix très élevé.

La Coordination antinucléaire sud-est s’élève contre ce projet monstrueux,
en contradiction avec le programme électoral de l’accord EELV/PS ; elle rappelle que protéger les populations en développant l’emploi implique l’arrêt du nucléaire et non cette folle et criminelle fuite en avant.

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Contact : Pierre Péguin, tel 04 66 85 03 35 et 06 01 71 61 07