“Astrid 2020" : un projet démoniaque
Par Gilbert le vendredi 12 octobre 2012, 22:16 - Marcoule - Lien permanent
Face à la propagande développée par l’Agence de développement du Gard Rhodanien pour tenter de promouvoir à tout prix un nouveau réacteur nucléaire à neutrons rapides (Astrid) dans le plus pur style des démoniaques et in-fonctionnables "Phénix" et "Super-Phénix", la Coordination antinucléaire du sud-est met en garde les élus et la population contre ce projet criminel.
Communiqué de la Coordination antinucléaire sud-est
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A l’invitation de l’Agence de développement du Gard Rhodanien, les Maires des communes du secteur concerné ont été conviées le 12 octobre, à partir de 17 heures, au Centre Léo Lagrange, à Bagnols sur Cèze, sur le thème “Astrid 2020, un grand projet pour le Gard Rhodanien”. Il s’agissait de préparer la construction d’un réacteur dit « Réacteur à Neutrons Rapides, ou RNR », c’est à dire fonctionnant au plutonium et refroidi au sodium.
Il s’inscrit dans la famille de Phénix dont on sait les multiples difficultés de fonctionnement qu’il a connues, et de superphénix qui fut un fiasco dont le démantèlement en cours rencontre d’énormes problèmes souvent imprévus.
La Coordination antinucléaire sud-est tient à affirmer que ce projet criminel est aussi une immense arnaque.
Ce projet est criminel car : Il s’agirait du plus gros réacteur jamais construit à Marcoule, presque un demi superphénix, alors que le centre nucléaire repose sur un réseau de failles sismiques actives qui le rend vulnérable à un tremblement de terre important. De plus utiliser le plutonium comme combustible, l’élément le plus dangereux généré par le nucléaire, dans une région de population si dense est un véritable crime. Imagine-t-on ce que serait la catastrophe de Fukushima si les réacteurs détruits par le séisme puis par le tsunami avaient été des RNR ? Déjà que la présence de plutonium dans le réacteur N°3 chargé au MOX, MOX élaboré à Marcoule(!) en a répandu à plusieurs dizaines de km à la ronde ! Enfin le refroidissement au sodium fondu, métal qui s’enflamme au contact de l’air et explose au contact de l’eau, multiplie le risque, sachant qu’un incendie de sodium important est ingérable.
Enfin ce projet est une monumentale arnaque : Le CEA s’accroche à cette filière sur laquelle il travaille depuis 50 ans, malgré le fiasco de superphénix. A défaut de pouvoir la présenter comme la solution d’avenir pour un « nucléaire durable », le CEA la propose comme une voie pour la gestion des déchets à très longue vie les plus radiotoxiques. Il fait valoir que ce type de réacteur peut briser (« incinérer » dit-il, comme si on pouvait brûler des atomes!) les atomes i qu’on appelle les « actinides mineurs ». En les brisant on peut espérer les « transmuter » en atomes à vie plus courte (quelques siècles au lieu de millénaires), et moins radiotoxiques.
Sauf que les connaissances actuelles montrent que la transmutation sous l’effet des neutrons « rapides », pratiquée à l’échelle de la recherche, a un très mauvais rendement qui ne laisse aucune chance de devenir une solution industrielle, sauf à investir des sommes faramineuses pour multiplier de tels réacteurs sur l’ensemble du pays. De plus cette opération est possible avec des moyens différents, dans des accélérateurs de particules appropriés, n’engendrant pas les mêmes nuisances.
C’est aussi une arnaque à l’emploi car s’il est vrai que le temps de la construction attirerait de nombreux salariés, à terme l’emploi pérenne et non délocalisable serait bien plus élevé, de l’ordre de 10 fois plus, si les sommes que l’on se prépare à gaspiller étaient consacrées à financer les économies d’énergie dans tous les domaines, à isoler les constructions anciennes et à développer les énergies renouvelables, c’est ce qui se passe en Allemagne qui continue à fournir à la France de l’électricité en période de pointe, et ce à prix très élevé.
La Coordination antinucléaire sud-est s’élève contre ce projet monstrueux, en contradiction avec le programme électoral de l’accord EELV/PS ; elle rappelle que protéger les populations en développant l’emploi implique l’arrêt du nucléaire et non cette folle et criminelle fuite en avant.
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Contact : Pierre Péguin, tel 04 66 85 03 35 et 06 01 71 61 07
Commentaires
"Il fait valoir que ce type de réacteur peut briser (« incinérer » dit-il, comme si on pouvait brûler des atomes!) les atomes i qu’on appelle les « actinides mineurs »."
You're really shooting yourself in the foot here. "Burning" actinides is nuclear engineering parlance for either 1) causing them to fission, or 2) transmutation by way of neutron absorption and beta decay. It's understood that one isn't burning them in the sense of causing a combustion reaction.
"En les brisant on peut espérer les « transmuter » en atomes à vie plus courte (quelques siècles au lieu de millénaires), et moins radiotoxiques.
Sauf que les connaissances actuelles montrent que la transmutation sous l’effet des neutrons « rapides », pratiquée à l’échelle de la recherche, a un très mauvais rendement qui ne laisse aucune chance de devenir une solution industrielle, sauf à investir des sommes faramineuses pour multiplier de tels réacteurs sur l’ensemble du pays."
Can you please cite a source for this assertion? What research shows that fast spectrum reactors are not effective at transmuting transuranics? Also, if you are referring in a general sense to poor performance history for fast neutron reactors, you're mostly right, actually. But, most fast neutron reactors thus far have been research/prototype reactors, and I might remind you that Phénix and Superphénix were not the only fast neutron reactors ever built in the world.
With the capacity to reduce the current stock of spent nuclear fuel, as well as breed new fuel, fast neutron reactors are a great way forward for the nuclear industry. In fact, they're an omen: it's time we environmentalists stopped fighting one-another and redoubled our efforts to eliminate fossil fuels.
@ NuclearApologist
Les actinides dits « mineurs », car en plus petite quantité, sont des éléments de la fin de la classification périodique des éléments, tels que le curium, l’americium. Ils sont extrêmement radiotoxiques (émetteurs alpha) et à vie très longue, leur disparition spontanée par désintégration se compte en centaines de milliers d’années. Ils posent d’énormes problèmes non résolus. Ils ne sont donc pas si « mineurs » que ça !
Et c’est pour cela que le CEA cherche à relancer la filière plutonium en la faisant passer comme susceptible de briser, ou transmuter, ou « incinérer » (comme si on pouvait brûler des atomes!) ces atomes, en radionucléides plus faciles à gérer. C’est là où est l’arnaque car l’efficacité de cette technologie est limitée par son faible rendement*.
*Tout physicien à peu près informé sait que la section efficace de capture d'un neutron par un noyau est dérisoire; en conséquence une faible partie d’actinides est transmutée rapidement.
La transmutation est, certes, une réalité physique,mais son utilisation à échelle industrielle se heurte à un obstacle fondamental et rédhibitoire.
Pierre Péguin