Le Québec confirme la fin du nucléaire
Par admin le lundi 24 septembre 2012, 12:44 - International - Lien permanent
Le nouveau gouvernement québécois a, dès le lendemain de sa prise de
fonction ce mercredi 12 septembre 2012, annoncé la fermeture de l'unique centrale nucléaire de la province. Encore un pays qui renonce à la destruction atomique et se tourne vers l'avenir.
__
A peine le nouveau gouvernement québécois installé, celui-ci a déjà fait part de son projet quant à la politique énergétique du pays et plus particulièrement en ce qui concerne le nucléaire (et le gaz de schiste*). En effet, le premier conseil des ministres a eu lieu jeudi et Pauline Marois, Première ministre, a déclaré qu'elle mettait en oeuvre "l'engagement pris lors de la campagne de procéder à la fermeture de la centrale nucléaire Gentilly-2". Cette centrale, ouverte en 1983 et arrêtée depuis fin juillet en raison d'une panne, devait être rénovée pour poursuivre son activité.
Le remplacement du réacteur avait alors été évalué à 1,9 milliard de dollars. Un chiffre qui avait de quoi motiver la décision de fermeture. "Je veux que ce geste devienne un symbole pour le Québec, pour l'environnement et le bien-être des générations futures", a déclaré Mme Marois lors d'une conférence de presse. Elle a par ailleurs tenu à préciser avoir demandé un rapport devant permettre à la fermeture de se faire "correctement". La majeure partie de l'électricité du Québec continuera donc à provenir des immenses barrages hydro-électriques du nord de la province.
Les morts de la centrale nucléaire de Gentilly 2
Marcel Jetté, travailleur irradié et non reconnue de Gentilly 2 est mort des suites d'un cancer le 17 septembre 2012 quelques heures après les élections. Avant de décéder il avait déclaré : « Mon souhait le plus cher, avant de mourir, c’est d’assister au déclassement de Gentilly-2. Par la présente, j’invite de tout cœur les travailleurs du nucléaire, mes confrères et mes consœurs, les sous-contractants et les différents syndicats à s’informer et à questionner ouvertement leurs employeurs sur les risques liés aux radiations. Il faut briser le bâillon imposé par Hydro-Québec. Au mieux, joignez-vous à la population qui, malgré le brouillard démocratique, marche inévitablement vers la sortie du nucléaire». Il a eu le bonheur de voir l'élection d'un gouvernement qui a réalisé son dernier souhait quelque jours avant de rendre son dernier souffle. Le CAN84 adresse un salut solidaire et antinucléaire aux ami-e-s antinucléaires du Québec et à Marcel qui a tant fait pour la cause et la reconnaissance des maladies professionnelles chez les travailleurs du nucléaire au Québec.
Les morts du nucléaire français
Au même moment, en France, l'association Henri Pezerat annonçait qu'après avoir lutté contre la maladie et pour obtenir la reconnaissance en maladie professionnelle, Christian Verronneau, salarié d’ENDEL, entreprise de servitude nucléaire du groupe GDF-Suez, est mort de cancer radio-induit. Un cancer du poumon, qui a été reconnu comme maladie professionnelle en rapport avec les rayonnements ionisants, tableau 6 de la liste des maladies professionnelles de la sécurité sociale. Les servitudes nucléaires, c’est, selon ses termes, « prendre de la dose pour que les autres n’en prennent pas »! C’est en toute invisibilité que les travailleurs de la maintenance des centrales nucléaires sont atteints et meurent des cancers liés au travail sous rayonnements indispensable à la sûreté aléatoire des installations nucléaires.
Dans son communiqué l'association déclare : " Ce cancer résulte de 20 ans de travail sous rayonnements (ndlr: 20 ans, le délais prescrit avec tant de clairvoyance par Greenpeace et EELV pour envisager d'arrêter le nucléaire un jour!), travail accompli par les travailleurs invisibles** d’entreprises sous-traitantes de l’exploitant EDF, chargés de la maintenance des installations nucléaires. En sous-traitant les travaux les plus radioactifs de l’entretien des centrales, les exploitants du nucléaire sous-traitent aussi leur responsabilité des maladies et des morts radio-induites. Christian s’est battu contre la maladie et pour la reconnaissance de la maladie professionnelle. Il s’est engagé dans une procédure de faute inexcusable de l’employeur, refusant l’impunité de son employeur qui aurait dû lui garantir un travail sans risque pour sa vie. La mort est venue très vite, trop vite. Il voulait la condamnation de son employeur, non seulement pour lui et pour sa famille mais aussi pour que cesse ce scandale. Comme beaucoup d’autres, il avait donné le meilleur de lui-même dans l’activité de travail qui fut la sienne. Il est profondément injuste et révoltant de mourir en faisant son métier. C’est également injuste et révoltant que les délais imposés par l’absence de moyens des tribunaux des affaires de sécurité sociale (TASS) aient empêché Christian Verronneau de voir la fin de cette procédure et la condamnation de la société Endel GDF Suez." (Nucléaire: Les ouvriers sacrifiés Part1)
La meilleure et durable garantie de la santé est de mettre immédiatement un terme à la source du crime sanitaire : l'existence des installations nucléaires civiles et militaires
_
* La ministre québécoise des Ressources naturelles Martine Ouellet a également indiqué que le gouvernement indépendantiste souhaitait "un moratoire complet, tant sur l'exploration que sur l'exploitation du gaz de schiste". En ce moment même, le rapport d'un comité d'évaluation environnementale et stratégique sur le gaz de schiste enquête d'ailleurs sur l'impact de cette industrie. Alors que le nucléaire et les gaz de schiste font l'objet d'un vaste débat mondial, la ministre a toutefois affirmé ne pas voir "le jour où il y aura des technologies qui permettront une exploitation sécuritaire", rapporte l'AFP. Depuis la découverte en 2007 de vastes réserves de gaz non conventionnel dans la vallée du Saint-Laurent, 31 puits d'exploration ont été forés par l'industrie, suscitant des craintes de contamination des nappes phréatiques, comme cela s'est produit dans l'Etat américain de Pennsylvanie (nord-est).
** Main d'oeuvre invisible qui vit dans des conditions souvent précaires, près de 30.000 hommes travaillent pour des sous-traitants de l'atome et subissent 80% de l'irradiation reçue en centrales nucléaires en assurant leur maintenance, selon une enquête menée par l'AFP. "C'est abominable. Il faut toujours aller vite, prendre des doses infernales. Si vous n'êtes pas content, c'est la porte", racontait dernièrement Christian Verronneau, 57 ans, en arrêt maladie depuis 2009 après avoir parcouru 70.000 km par an pour décontaminer les centrales. Robinetiers, électriciens ou décontamineurs, ils sont entre 27.000 et 32.000, à travailler comme lui dans la sous-traitance nucléaire, selon l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN). Parmi eux 10.000 sont nomades et parcourent les 19 centrales de France au gré des arrêts de réacteur pour maintenance.
Derniers commentaires