Marche pour l'arrêt immédiat du nucléaire. Jour 4 : le soutien de la population
Par admin le mercredi 22 août 2012, 09:25 - National - Lien permanent
C'est une de ces journées intermédiaires au cours de laquelle des connivences internes au groupe se structurent, les modalités de démarches vers la population s'améliorent, les propos argumentaires s'affinent et où la dynamique et la détermination font éclore leur premier bourgeons. Les marcheurs et marcheuses de la Vie sont applaudis et soutenus par la population...
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9h30 - Caumont . Beaucoup de coups de klaxon, de salut et de pouces levés aux fenêtres des voitures qui croisent la troupe de marcheurs. Visiblement le refus du nucléaire et la nécessité de son arrêt immédiat passe bien dans la population. Des petits gestes, des presque rien de soutien mais oh combien significatifs telle cette épicière qui donne 2 packs d’eau minérale à un marcheur et laisse sa monnaie à l’autre.
Rencontre pendant la marche avec ce monsieur qui de l’autre côté de la chaussée cherche à lire les inscriptions sur les banderoles et drapeaux et lève le pouce en signe de victoire inéluctable à venir. Son accent venu de l’autre côté des rives de la méditerranée démontre bien que les problèmes du nucléaire et de la radioactivité ne s’arrêtent pas aux frontières, que les réacteurs français menacent tous les pays limitrophe et la planète entière : « Je partage votre avis sur l’arrêt immédiat du nucléaire pour la santé. J’ai bien vu avec Fukushima et Tchernobyl ce qui s’est passé et cela est effrayant. » précise Fathi, le tunisien, en se tournant vers Kyra la jeune marcheuse autrichienne.
« C’est bien ce que vous faites, il en faut des gens comme vous ! » lance cet autre agent de la voirie, approuvé un peu plus loin par cette dame âgée « oui je vous trouve méritant surtout avec ce cagnard (soleil écrasant) ! »
La marche se poursuit sur une route à deux voies, les manifestants redoublent de prudence. Il ne s’agit pas de se faire disséminer par un tordu à quelques kilomètres de la capitale de Vaucluse.
12h30 – La pause du midi à hauteur de l’aéroport et du parc des exposition à la périphérie d’Avignon. Les banderoles et drapeaux sont déployés sur le rond-point et très rapidement des klaxons d’encouragement emplissent l’air. Une mélodie entre le grave du camion 3 tonnes, le fluet et cristallin de la bicyclette, l’assuré et sec de la "clio", et le trois ton du nouveau modèle de l’année. A chaque fois un profil différent, un statut social singulier, une attitude personnelle. On sent quelque chose de nouveau dans l’air, comme un parfum de liberté, d’auto-autorisation d’expression, d’envie de témoigner, de se redresser.
Est-ce du à cette cohérence développée par le CAN84 et reprise à présent ponctuellement par les médias locaux « à danger immédiat : arrêt immédiat » Est-ce aussi le courage des marcheuses et marcheurs qui, en plein été, se lancent dans une marche de 180 kilomètres sur les routes pour défendre la vie et la santé de tous ? Certainement les deux.
Un monsieur d’une cinquantaine d’années gare sa voiture discrètement, en ouvre le coffre et en sort une glacière garnie d’eau fraîche et de sirop. « Santé à tous ! ». Il échangera quelques propos, formulera des idées nouvelles, et remerciera les marcheurs pour leur courage et leur détermination mis au service de tous. Puis il s'éloignera discrètement. Un moment fort de fraternité. Merci aussi à lui.
16h00 – Avignon. Le départ vers la ville. Encore 6 kilomètre à parcourir jusqu’aux remparts de la cité des papes. Un peu de fraîcheur avait été annoncée : c’est raté. Des vagues de vents lourds et étouffants encerclent les antinucléaires. La Terre se rebellerait-elle face aux agressions des activités humaines mortifères ?
17h15 – Au cri de « arrêt immédiat du crime nucléaire » les marcheuses et marcheurs pénètrent la cité, poussettes d’enfants en tête. Le symbole est fort. Sur les trottoirs de la rue de la République, des passants applaudissent. Des regards d’encouragements, des signes de têtes, des sourires parsèment la montée jusqu’à la place de l’Horloge, lieu d’une proposition de rencontre avec la population. En coeur les valeureux antinucléaires entonnent un nouvel hymne fétiche créé au long des kilomètres : "Fuku, Fuku, Fukushima aussi était très sur..."
La table d’informations dressée devant l’hôtel de ville est prise d’assaut par à-coups. Les gens veulent savoir, en savoir un peu plus, comprendre. Comme une occasion enfin trouvée de réfléchir, de se libérer de la chape de plomb pro-nucléaire qui recouvre le pays depuis 50 ans. Une délégation tente d'entrer dans la mairie pour remettre à la première magistrate de la ville l’enveloppe des arguments justifiant l’arrêt immédiat du nucléaire et le projet de vœu à adopter par le Conseil Municipal. Démarche sans suite car ici aussi les élus ont installé une barrière entre eux et le peuple qui, une fois les élections passées, rejette les citoyens dans un oubli terrible. C'est au pied du monument aux morts à l'intérieur du hall de l'hôtel de ville qu'un antinucléaire se faufilera pour déposer le courrier destiné à ceux qui ont réclamé le pouvoir de gérer un territoire et en ont fait leur "chose" privée.
19h00 – On s’achemine vers le Parc des Libertés sur l’île de la Barthelasse. Encore une trentaine de kilomètres parcourus aujourd’hui, 90 au total depuis samedi, avec en point de mire des prochaines étapes : Sauveterre, Roquemaure, Codolet, le site nucléaire de Marcoule, Bagnols s/Cèze,Pont-st-Esprit et le site nucléaire du Tricastin puis Bollène (parcours, horaires et étapes ici). Le bilan de la journée sera dressé, comme chaque soir par l’assemblée (près de 200 contacts, plus du triple de tracts d’informations, des envies d'habitants de rejoindre le CAN84) puis place, après le repas, au débat de fond avec ceux et celles venus à la rencontre des marcheur-se-s de la Vie.
NB : précision de Chantal et ses amis : chaque soir la cantine autogérée à participation libre permet de se restaurer dans un grand moment de convivialité.___
Portrait IV – mardi 21 août - Guy
Il s’appelle Guy et à 60 ans, il est accidenté du travail. Un sale coup lors d’un élagage où la branche emportée par vent le frappe à la tête et le fait chuter. Il est alsacien d’origine, diplômé et passionné d’animation de montagne.
Pour lui, cela fait longtemps qu’il a compris cette sale histoire du nucléaire, d’autant qu’il a vue naître l’horreur.
« Je suis né à côté de Colmar pas très loin de Fessenheim et j’ai vu tous les mensonges qu’on nous a servit sur le nucléaire lorsqu’il s’est agit pour le pouvoir d’imposer la construction de la centrale. Avant j’avais eu connaissance de la catastrophe de Three Miles Island aux Etats-Unis, et puis il y a eu Tchernobyl et tous les mensonges qu’on nous a servit encore. Et puis maintenant Fukushima. Trop c’est trop. »
Pour lui il est grand temps que les citoyens se réapproprient leur vie et s'impliquent dans ce qui les concerne collectivement sans s'en remettre à une puissance extérieure.
« Je participe à cette marche pour dénoncer l’abus de pouvoir des élus et des tenants du nucléaire qui imposent à la population ses volontés sans jamais lui demander son avis. Marre d’être pris pour un infantile et manipulé, marre d’être méprisé, marre qu’on porte atteinte à ma santé et à celle de mes enfants et de mes cinq petits-enfants et à ceux des autres. »
le portrait-video : https://vimeo.com/48065680
Marche pour la vie 4ème jour. 2012-08-21 from Alexandre M on Vimeo.
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photos Wolakota et Chris, Video Alex
Commentaires
Magnifique ! Quel courage ont ces femmes et ces hommes qui n'hésitent pas à braver la canicule et les dangers de la route pour porter un message d'espoir, un espoir de vie par l'urgence de l'arrêt du nucléaire. Bravo et merci!
voilà bien une action citoyenne indispensable : l'industrie nucléaire civile et militaire a tué, tue et tuera encore tant qu'elle ne sera pas mise à mort par ses propres usagers
chapeau bien bas à tous ces marcheurs tout droits dans leurs bottes et merci à l'organisateur de cette longue marche pénible mais innovante
attention les socialauds et les ékkkolos au pouvoir : la colère gronde !