En cas de séisme, le danger nucléaire est énorme à Cadarache, bien loin de cette gentille fiction !
Par Antoine le mardi 17 janvier 2012, 22:33 - Cadarache - Lien permanent
Mardi 17 janvier 2012 : simulation de séisme en Provence « de magnitude 5.5 avec épicentre situé à 13 km de Cadarache.
Certains bâtiments traditionnels sont gravement endommagés,
neuf personnes sont blessées et contaminées légèrement, et des
rejets de matières radioactives se sont produites, limitées à
l'enceinte de Cadarache » voici le scénario. On aimerait y croire !... mais la réalité est toute autre et
fait froid dans le dos.
__
Après la catastrophe nucléaire de Fukushima, on aurait pu
espérer un exercice de crise un peu plus réaliste. Mais non,
nous avons eu droit à un scénario gentillet, aucune
dissémination de matière radioactive à l'extérieur du centre, et
tout pouvait se passer tranquillement derrière les grilles du
CEA, les populations environnantes n'étant pas concernées. A St
Paul-lez-Durance, village le plus proche de Cadarache (3 km), la
vie poursuivait son cours et on pouvait lire sur les panneaux
d'information clignotants: « mardi 17 janvier population n'est
pas concernée même si sirène PPI déclenchée»
Un peu plus loin, les passants rencontrés n'étaient au courant de rien.
Ben tiens, c'est quand même plus commode ce type d'exercice quand il n'y a aucune population à secourir,évacuer ou confiner, ni de route, autoroute ou voie de chemin de fer à barrer ou contourner.
L'évènement était pourtant annoncé par le CEA comme la plus
grande simulation de séisme jamais mise en œuvre. Un retour d'expérience est attendu dans les 48 heures et un
bilan complet d'ici un mois a confié à la presse Maurice
Mazière, directeur de Cadarache.
Mais laissons là cette gentille fiction et revenons à la
réalité.
Le lieu, l'heure et l'intensité du prochain séisme ne seront pas
choisis par les exploitants du nucléaire. Et vu le nombre
d'installations n'étant pas aux normes anti-sismiques, les
retombées radioactives et la dissémination de plutonium et
autres matières radioactives dans l’atmosphère et les rivières,
pourraient transformer la Provence en enfer contaminé dont il
faudrait évacuer les populations.
Le danger nucléaire est énorme à Cadarache
Le site de Cadarache est situé sur la faille d’Aix-en-Provence -
Durance, la plus active de France et à proximité d’une autre,
celle de la Trévaresse qui a généré le plus grave séisme jamais
enregistré en France il y a un siècle ( 1909, magnitude 6,2)
En juillet 2010, deux secousses de magnitude 3 et 2,3 dont
l’épicentre était près de Manosque, nous le rappelait.
Cadarache compte 21 Installations Nucléaires de Base (INB) dont
1 Installation Nucléaire de Base Secrète-Propulsion Nucléaire
(INBS-PN). Il comprend aussi 50 « Installations Classées pour
la Protection de l’Environnement »(ICPE) dont 30 à caractère
nucléaire.
La majorité des installations nucléaires contenant uranium,
plutonium et autres radio-éléments mortels, ne sont pas aux
normes anti-sismiques et ne le seront jamais, jusqu'à leur
fermeture et démantèlement. Le coût d'une mise au normes
étant jugé trop élevé.
Alors l'ASN (Autorité de Sureté Nucléaire) accorde de longs
délais, 10 ans voire plus, soit pour les mettre aux normes, soit
pour les fermer ! ... Et pendant ce temps le risque de
catastrophe nucléaire est au maximum et la vulnérabilité du site
quasi totale en cas de séisme.
Aussi incroyable que cela puisse paraître, à ce jour seules 3
installations sont en conformité du point de vue sismique :
( cela ne signifie pas pour autant que le danger nucléaire y
soit écarté)
- le réacteur PHEBUS INB92 ( réacteur qui a connu en
décembre 2010 un incident classé niveau 1 sur l'échelle INES
par l'ASN pour non-respect d’une exigence de sûreté)
- les laboratoires LECA-STAR INB55 ( mais avec une
limitation de la quantité de matières nucléaires présentes pour
LECA)
- L’installation CEDRA INB164 ( récente installation de
Conditionnement et Entreposage des Déchets Radioactifs)
Il y a de quoi être très inquiet sur plusieurs
installations :
- Le parc d’entreposage de déchets radioactifs INB56
contient plusieurs milliers de m3 de déchets radioactifs,
également 3960 fûts de boue contaminée avec du plutonium, 6
fosses renfermant plutonium ou uranium pyrophorique et 5
tranchées en pleine terre renferment des déchets contaminés par
du plutonium. Le désentreposage de ces déchets a commencé mais
c'est une opération très longue qui prendra au moins 10 à 20
ans.
- Le Laboratoire de Purification Chimique INB54 et
l’ATPu INB32, sont des installations industrielles en
démantèlement. AREVA y a traité 50 tonnes de plutonium jusqu'en
2003 dans des locaux construits sans aucune disposition à
l'égard du risque sismique ! Le démantèlement se poursuit et
connait régulièrement de graves incidents relevés par l'ASN,
dont le plus grave, classé niveau 2, en 2009 : la masse de
plutonium
contenue dans les « boites à gants » se chiffrait à environ 39
kg et non à 8 kg comme initialement déclaré par le CEA ! Seuls
3,4 kg de plutonium ont été sortis de l'installation à ce jour.
Reste encore environ 35 kg de plutonium, un danger énorme: le
plutonium est un déchet radioactif mortel à la fraction de
milligramme prés. Le CEA a 15 ans pour achever le démantèlement
de ces 2 installations.
Dans son récent rapport post Fukushima, l'ASN mentionne les
dangers de cette installation, dangers également identifiés par
le CEA « L’exploitant a identifié comme situation
redoutée le rejet de plutonium à l’extérieur du site ...
pour un séisme correspondant à 50% du SMHV( Séisme Maximal
Historiquement Vraisemblable), le bâtiment principal
pourrait s’effondrer ce qui conduirait à des
disséminations de matières radioactives et par une
pollution de la nappe phréatique, engendrant ainsi des
conséquences radiologiques très importantes....Par
ailleurs, l’accessibilité du site après séisme n’est pas
démontrée compte tenu de la présence du portail et des
portiques de sécurité qui seraient automatiquement
bloqués»
Et j'en passe...
- L’installation MASURCA INB 39, qui mène des études
sur les réacteurs à neutrons rapides à caloporteur gaz ou sodium
est une installation à haut risque bien qu'à l'arrêt
actuellement. Ces risques sont mentionnés également dans le
récent rapport de l'ASN.
Quelques extraits: « ...Le CEA retient une
situation redoutée de l’installation correspondant à un
effondrement partiel ou total du bâtiment contenant la
matière nucléaire (BSM). Cette situation pourrait être
potentiellement aggravée par un accident de criticité ou
un feu de sodium... aucune marge de sûreté n’existe dans
l’état actuel de l’installation. Par conséquent, le risque
principalement redouté est la ruine du bâtiment BSM,
laquelle entraînerait celle des équipements et la perte de
confinement pour Masurca... le CEA indique qu’un séisme du
niveau du SMS conduirait à un effondrement total ou
partiel du Bâtiment de Stockage des Matières (BSM), ce qui
engendrerait une dissémination importante de matière
radioactive dans l’environnement et empêcherait
l’intervention....L’instruction menée par l’IRSN, appui
technique de l’ASN, a mis en avant que, contrairement aux
conclusions de l’exploitant, il existerait un réel risque
de toxicité lié à la présence de sodium sur
l’installation, en cas d’incendie. Ce risque pourrait
compliquer la gestion de la situation accidentelle... »
- L'installation LEFCA INB 123 , qui continue de
manipuler uranium, plutonium, américium et neptunium dans un
laboratoire qui n'est pas aux normes antisismiques, malgré les
nombreuses demandes de l'ASN et les risques identifiés de
« liquéfaction des sols en cas de séisme »
En juin 2010, l'ASN a exigé du CEA de « réaliser avant le 29
juin 2012 le dispositif de prévention du risque de liquéfaction
des sols du LEFCA » sous peine de sanctions pénales et
administratives. A ce jour l'ASN, gendarme du nucléaire, n'a
encore jamais sanctionné... Dans l'attente le danger demeure.
- Le Magasin de Stockage d’uranium enrichi et de plutonium INB53 qui aurait dû être fermé depuis bientôt 10 ans pour fragilité en cas de séisme mais est toujours là et bien achalandé. L' installation Magenta le remplacera mais c'est un travail de plusieurs années.
- l'installation STEDS INB37, traitement des effluents liquides radioactifs et des déchets solides qui devait avoir des renforcements para-sismiques, mais étant donné le montant trop élevé des travaux et leur difficulté, cette installation fonctionnera encore ainsi pendant 10, 15 ans ou plus.
Cette liste n'est malheureusement pas exhaustive et fait froid
dans le dos. Nous voyons très bien que cette fiction de séisme
est largement sous-estimée.
Il est totalement insensé d’avoir construit, et de construire encore, sur une zone sismique active, un si grand nombre d’installations nucléaires et bâtiments d’entreposage de déchets radioactifs. Et il n'y a pas que le risque de séisme; un grave accident nucléaire peut survenir à tout moment à Cadarache.
Nous avons eu beaucoup de chance jusqu'à ce jour mais il est largement temps de mettre un terme à ce fonctionnement irresponsable. Il faut de toute urgence dénucléariser le centre de Cadarache tout entier. C'est une priorité vitale.
Une fois décontaminé ( il y a là du travail pour plusieurs
dizaines d'années) le site de Cadarache pourrait se transformer
en centre de recherche sur les économies d’énergie et les
énergies renouvelables, seules vraies solutions d’avenir
préservant notre planète et les générations futures, et générant
bien plus d’emplois.
Antoine Calandra
Commentaires
On s'en doutait bien.C'est effarant !
Que faisons-nous pour soutenir les accusés de green-peace dont le procès a eu lieu aujourd'hui et qui ont écopé de 6 mois de prison ?
Merci de bien vouloir me tenir au courrant,et RDV au 11 mars
Cordialement
Une voisine du point le plus radioactif de la région PACA...