EDF incite à sous-déclarer les accidents du travail
Par admin le jeudi 16 juin 2011, 14:46 - Témoignages/Omerta - Lien permanent
L'inspection
du travail* poursuit la
société Endel, filiale de
GDF-Suez spécialisée dans la maintenance industrielle, pour
non-déclaration d'accident du travail. Derrière la cas
particulier de Dominique Samson, 53 ans, soudeur contaminé en novembre
2007 alors qu'il remplaçait un robinet sur une canalisation de la
centrale de Paluel**, c'est le procès du défaut de surveillance
sanitaire
et social des sous-traitants et des accidents jamais déclarés qui
s'ouvre. La loi du silence imposée par le lobby nucléaire doit cesser...
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Jeudi matin à Rouen, au tribunal de
police, se tient une audience judiciaire dont les enjeux concernent
toute la filière nucléaire française : l'inspection du travail de la
région Haute-Normandie poursuit la société Endel, spécialisée dans la
maintenance industrielle, filiale de GDF-Suez, pour non-déclaration d'un
accident du travail. Derrière la cas particulier de Dominique Samson,
53 ans, soudeur contaminé en novembre 2007 alors qu'il remplaçait un
robinet sur une canalisation de la centrale de Paluel, c'est le procès
du défaut de surveillance sanitaire et social des sous-traitants de la
filière qui s'ouvre.
Le 6 novembre 2007, ce salarié d'Endel est
en train de souder un robinet sur un tuyau du bâtiment réacteur de la
centrale de Paluel, grosse installation d'EDF en Haute-Normandie, sous
la protection d'un « déprimogène », appareil qui sert à aspirer les
particules radioactives. Mais soudain, la machine, branchée deux étages
plus bas, s'arrête : « Le temps que je me dégage, en quelques secondes je me retrouve contaminé », raconte aujourd'hui Dominique Samson.
L'arrêt de la machine l'expose en effet immédiatement aux radio-éléments émis par l'opération. Que s'est-il passé ? La machine qui le protégeait a été débranchée. « Aussi incroyable que cela puisse paraître, on manque de prises dans les centrales nucléaires, explique-t-il, les bâtiments réacteurs sont labyrinthiques, avec des gens partout, qui ne voient pas ce que font les uns et les autres. »
Une fois le déprimogène rebranché par ses soins, Dominique Samson
achève sa tâche. En quittant la « zone contrôlée », c'est-à-dire le
périmètre radioactif de la centrale, il passe sous un premier portique
de sécurité, le « C1 ». Il sonne, signal qu'il est porteur de
radioactivité. Le soudeur ne peut pas sortir. Il se déshabille, et passe
sous un second sas de contrôle, le « C2 », qui détecte alors une
contamination externe, c'est-à-dire la présence de particules
radioactives sur ses cheveux et sur son visage. Il est conduit à
l'infirmerie, décontaminé à l'aide d'un jet et de shampoings. Mais il
est déjà trop tard pour éviter la contamination corporelle interne : le
contrôle dit « d'anthropométrie » révèle la présence de particules de
cobalt 58 et 60, un isotope radioactif, ainsi que d'antimoine, un
métalloïde, dans son organisme.
Le collègue avec lequel il travaillait en binôme, un tuyauteur, est lui aussi contaminé. « On
m'a dit que ce n'était pas grand-chose ce que j'ai pris, que c'était en
dessous du seuil de quarantaine, mais ça ne m'a pas vraiment rassuré.
J'ai un collègue qui souffre aujourd'hui d'un cancer du poumon alors
qu'il n'a jamais fumé. » Soudeur depuis 30 ans, il gagne 1300 euros net par mois.
Des accidents jamais déclarés
Dans les 48
heures qui suivent, l'exposition de ces deux salariés aux radionucléides
n'est pas déclarée par Endel comme accident du travail auprès de la
Sécurité sociale. Furieux, Dominique Samson prend alors l'initiative,
par le biais d'un représentant du personnel, d'alerter l'inspection du
travail sur cette non-déclaration. En octobre 2009, Endel est condamné à
une contravention de 135 euros pour défaut de déclaration. Mais le
soustraitant de GDF-Suez s'oppose à cette ordonnance pénale. Et le
litige se retrouve devant le tribunal de police de Rouen.
Pour
Camille Lasoudris, avocate de Dominique Samson : « C'est inadmissible.
Habituellement, lorsque l'inspection du travail demande à une employeur
de déclarer un accident du travail, il le fait. » Concrètement, cette
déclaration d'accident du travail n'aurait pas de conséquence immédiate
pour Endel. Mais elle faciliterait les démarches du salarié s'il
déclarait dans les années à venir une maladie qui pourrait être liée à
l'événement de novembre 2007.
Aveu de non-déclaration
Mais pour Endel, dont Mediapart a joint un responsable de la
communication : « Ce n'est pas un accident du travail car il n'y a pas
eu de lésion corporelle constatée au moment des faits. » Pour sa
défense, Patrick Saussaye, directeur d'agence d'Endel, et employeur de
Dominique Samson, explique à la justice que « jusqu'à maintenant ce
genre d'accidents n'a jamais fait l'objet de déclaration d'accident du
travail ».
Pourtant, des contaminations, il s'en produit dans les
installations nucléaires. Si souvent que les syndicats ont alerté la
direction d'EDF, qui exploite la grande majorité des centrales
françaises, à ce sujet. Que répond l'électricien ? Dans une note interne
de 2008 que Mediapart s'est procurée, on découvre qu'EDF demande aux
directeurs de centrale de ne pas déclarer comme accidents auprès de
l'assurance-maladie les contaminations externes, même en cas de «
suspicion de contamination interne », ni les irradiations externes dont
la dose reçue est inférieure à la limite réglementaire (voir le document
ci-dessous):
Par Jade Lindgaard, Médiapart , 15 juin 2011
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* de la région Haute-Normandie
** en Seine-Maritime.
Commentaires
Salut Dominique,
Merci bien pour toutes ces informations face au déni des dangers du nucléaire par EDF, Areva, Endel et tous les patrons
Car les patrons sont des assassins !
Nous ne lâchons rien.
Le combat continue !
Alain Jacques
CGT Thales