Que s'est-il passé à la centrale du Tricastin au mois de mai ?
Par admin le vendredi 12 août 2011, 16:53 - Tricastin - Lien permanent

Le 4 mai 2011, une défaillance sur le réseau d’alimentation électrique principal a été suivi d’un blocage d’un groupe de grappes de contrôle qui a conduit à arrêter manuellement le réacteur n°1 et à requérir l’alimentation électrique auxiliaire.
Lors
de la reconnexion de l’alimentation électrique principale, le cumul de
deux anomalies (de mauvais et faux signaux d’alerte liés notamment à une
coupure électrique intempestive et fugitive sur le tableau de
distribution électrique n'assurant plus continuité de l’alimentation) a
entraîné la mise en service automatique de l’injection de sécurité. Le
débit a provoqué la montée en pression du circuit primaire. Cette montée
en pression a entraîné à son tour l’ouverture à de multiples reprises
d’une soupape de sûreté... 52 fois pendant plus de 35 mn! Une membrane
de protection contre les surpressions du réservoir de décharge du
pressuriseur s'est rompue entraînant pendant 10 mn une fuite d’eau
primaire dans le bâtiment réacteur et la contamination du sol à 60
Bq/cm2 sur trois niveaux du bâtiment réacteur.
On a là les prémices d'un déroulement inéluctable et emblématique d'une potentielle explosion atomique.
Pour
couronner le tout l’exploitant n’a pas respectées les règles de «
conduite incidentelle-accidentelle » et replié le réacteur immédiatement
dans l’état prescrit par les procédures. Ce n’est qu’environ 15 mn plus
tard, alors que le réacteur était toujours en procédure d'alerte qu'a
été validé le délai de 24h pour amorcer le repli en « arrêt normal sur
le circuit de refroidissement du réacteur à l’arrêt » (AN/RRA). Or un
blocage de groupe grappes identique s’était déjà produit sur ce réacteur
par le passé et l'expérience aurait du servir.
Par ailleurs la
décontamination n’étant pas terminée, le port d’équipements de
protection individuelle est localement requis mais l’accès au local du
réservoir de décharge du pressuriseur se faisant par deux accès, l’un
seulement était équipé des équipements de protection individuelle
disponibles. Le contrôleur "mains-pieds" dotés d’une alarme automatique
en cas de dépassement d’un des seuils de contamination, situé au sas 8m
du bâtiment réacteur, était... indisponible depuis la veille. Bien que
des moyens de substitution aient été mis en place, les contrôles
d’absence de contamination radiologique en sont moins rigoureux et
laissés à la seule interprétation de l’agent qui se contrôle. Ces
méthodes qui mettent en péril les salariés ne doivent plus avoir lieu.
Alors
que cet événement était classé, dans la plus grande discrétion par les
exploitants nucléaires et les médias, au niveau 1 de l’échelle INES, 6
jours plus tard, l'inspection de l'ASN du 10 mai 2011 constatait un
écart notable avec la réalité et déclarait que la stratégie adoptée lors
de cet incident était inappropriée.Et
les remontrances de l'ASN sont sans appel : " La démarche que vous avez
entreprise pour lever l’événement relevant de la « conduite normale »,
dans une situation de « conduite incidentelle-accidentelle » ... est
contraire aux règles qu’il vous était demandé de respecter dans la
situation du réacteur n°1... En situation "incidentelle-accidentelle »
les exigences relatives à la « conduite normale » ne sont plus
applicables car en cas d’indisponibilité de groupe 1 antérieure à
l'incident toute demande de repli devient immédiate. Cet "arbitrage"
pourrait conduire à penser que vous avez privilégié la compétitivité de
l’installation - le redémarrage du réacteur - par rapport à la sûreté."
(5)
Comment le lobby nucléaire, disqualifié à tout jamais après
Tchernobyl, Fukushima et les incidents nucléaires à répétition sur
l'ensemble des centrales nucléaires française ose-t-il encore jouer avec
nos vie? L'arrêt immédiat des réacteurs vétustes de Tricastin est une
exigence de sécurité publique.
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