La route de l'uranium : les graves contaminations commencent au Niger
Par admin le vendredi 17 décembre 2010, 20:06 - International - Lien permanent
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Il
n'y a plus de mine d'uranium en exploitation en France, aussi Areva
l’exploite au Niger près d'Arlit, ce qui couvre le cinquième de nos
besoins , et achète le complément (en Australie, au Canada, et ailleurs à
l’étranger). Au Niger les populations locales (touaregs pour
l'essentiel) sont déstabilisées par la présence d'Areva qui détruit les
pâturages, consomme et contamine les réserves d'eau, et fait travailler
des personnels peu formés et peu regardants sur la sécurité, vis à vis
d'un risque qu'ils ignorent. Cette déstabilisation est non seulement
sociale, environnementale mais aussi politique : le conflit est ouvert
entre l'état du Niger dont les élites corrompues par le néocolonialisme
profitent de la manne financière, et les touaregs qui défendent leurs
parcours ancestraux et revendiquent une part du gâteau.
C'est ce
terreau favorable qui a permis à un groupe Al Qaïda (Aqmi) de venir
enlever sept otages, dont cinq français, employés d'Areva. Otages dont
on frémit à l'idée de la vie qui leur est imposée par les ravisseurs
pour échapper aux forces lancées à leur recherche. On parle peu de cette
affaire car elle risque de remettre en cause la présence d'Areva qui
veut justement étendre largement son activité locale grâce à un nouveau
permis d'exploitation.
Si le nucléaire est présenté faussement
par les « nucléocrates » comme une énergie soi disant « propre » c’est
loin d’être le cas, et ce tout au long de cette sinistre chaîne de la
mort.
A la sortie des usines de la Cominak et de la Somaïr au
Niger, le « Yellow cake (4) » est placé dans des fûts hermétiques de 350
à 400 kg. Les fûts sont ensuite acheminés par camion jusqu'à Parakou,
au Bénin, à 1.600 km d'Arlit, où les fûts sont chargés sur des wagons
qui parcourent encore 400 km pour arriver au port de Cotonou. « Le
Yellow cake » est alors expédié vers la France au port de Sète, pour
prendre la direction des usines de la Comurhex à Malvesi près de
Narbonne par le train. Le trajet dure environ trois semaines. Les
expéditions sont réalisées une fois par mois selon les disponibilités
des navires et les aléas des routes africaines.
Le transport de
l’uranate de la société Areva depuis le Niger jusqu’au Port de Cotonou
au Bénin, et son entreposage dans l’enceinte portuaire, ne s’effectuent
pas dans les conditions de sécurité requises. Sur le sujet, plusieurs
associations de défense de l’environnement ont déjà donné l’alerte.
Leurs actions pour la cause nationale risquent d’être un cri dans le
désert puisque la société Areva a de solides appuis au Palais de la
Marina (5). Néanmoins, il serait question qu’à l’avenir ce transport
s’effectue à partir de l’Algérie plutôt que le Bénin.
Et il n'y a
pas qu'au Niger et en Afrique que l’extraction, l’exploitation, le
traitement ou le transport de l’uranium sévissent. Dans nos régions
également, l'actualité est riche de scandales soulevés par la
découverte de sites contaminés par les terrils de mines d'uranium qui,
après fermeture, restent accessibles au public sans précaution (la
radioactivité ne se voyant pas, on peut laisser randonneurs, pêcheurs,
gamins, se prélasser sur des sites contaminés). C'est le cas en Bretagne
et en d’autres régions, et plus près de nous sur le Lozère (les Bondons
près de Florac, Le Cellier près de Langogne), et surtout près de Lodève
(St Martin du Bosc).
Dans le sud-est de la France nous avons le
triste privilège d'être concernés par tout le cycle de l'uranium :
l'uranium importé est raffiné et transformé sous forme de fluorure sur
le site de Malvesi près de Narbonne (Aude). Il est ensuite transporté au
Tricastin (Vaucluse) pour être « enrichi » (6) dans l'usine Georges
Besse. Puis le « combustible » est préparé à Marcoule (Gard) et près de
Romans (Isère) à la FBFC; là, il faut constituer les pastilles qui
rempliront les barres qui sont enfin envoyées vers toutes les centrales
nucléaires du pays.
Le « combustible » ressort ensuite des
réacteurs sous forme de « combustible usé » riche en radioéléments
transuraniens et en plutonium qu'on cherche alors à extraire à la Hague
(Normandie); cet élément radioactif est encore plus dangereux que
l'uranium.
Tout ce cycle d’extraction/production génère des
rejets radioactifs dans l'eau et dans l'air, ainsi qu’un ensemble de
déchets diaboliquement radio toxiques qui s'accumulent et qu’on ne sait
pas gérer d’autant que leur durée de vie est de très long terme (deux
cent cinquante mille ans!). Des recherches de conditionnement technique
visant à l’enfouissement et à la transmission du problème aux
générations futures sont développées à Cadarache et Marcoule
Nous
aurons l'occasion de revenir sur tous ces points qui font du nucléaire
la technologie la plus dangereuse jamais créée par les humains, et de
notre région l'une des plus nucléarisées d'Europe.
La coordination antinucléaire sud-est
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(1)
Criirad : Commission de Recherche et d’Information Indépendantes, sur la RADioactivité
(2) http://www.criirad.org/actualites/dossier2010/niger/lettreCRIIRADaAREVA.pdf
(3)
http://www.spiritsoleil.com/nonaunucleaire/sud-est/public/pdf/Communique_Coordination_des_organisations_de_la_societe_civile_d__Arlit.pdf
(4)
Le
yellowcake (de l'anglais « gâteau jaune ») est un concentré d'uranium.
C'est une poudre grossière qui n'est pas soluble dans l'eau et qui
contient environ 80 % d'uraninite, fondant à environ 2878 °C. Le
yellowcake produit par la plupart des usines modernes est en fait brun
ou noir, et non jaune. Son nom vient de la couleur et de la texture des
concentrés qui étaient produits par les méthodes d'extraction
primitives.
(5)
http://www.tamtam-afrik.com/index.php?option=com_content&view=article&id=708:uranium-dareva-du-niger-au-port-de-cotonou-silence-on-pollue-&catid=61:environnement&Itemid=59
(6)
L’enrichissement
consiste en l’accroissement de la teneur en uranium 235 pouvant se
désintégrer dans le réacteur nucléaire et fournir ainsi de la chaleur
au détriment de celui plus stable l'U238 (il faut passer de 0,5%
d'U235, à 3% à peu près)
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