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ITER : Les têtes tombent quand ça va mal...

Changement à la tête de la direction européenne d'Iter F4E (fusion for energy). Le Britannique Frank Briscoe remplace le français Didier Gambier spécialiste de la fusion nucléaire pour conduire la plus ambitieuse expérience scientifique de notre époque... qui ne produira jamais d'électricité et engloutira des millions d'Euros tout en rendant moins sûr la région et en détruisant l'équilibre écologique et paysager.

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ITER ne produira jamais d'électricité !  L'objectif suprême d'ITER est d'arriver à maintenir une réaction de fusion nucléaire pendant... 6 minutes ! Voir la preuve ici :  http://www.debatpublic-iter.org/docs/pdf/dossier-mo/iter-1.pdf (Page 8). Le record actuel est de 4 minutes et 20 secondes. Encore quelques siècles et on arrivera à 10 minutes ! Qu'on se le dise : Iter n'est pas conçu pour produire de l'électricité !

ITER va consommer beaucoup d'électricité : "Pour démarrer ITER, il faut disposer de 500 MW, fournis par l'ensemble du réseau pendant une dizaine de secondes. Pour chauffer le nuage chaud de deutérium et de tritium (plasma) qu'il contient, il faut quelques dizaines de MW pendant 400 secondes. Enfin, de façon permanente, l'installation a besoin de 120 MW." (Le Monde, 5 décembre 2003)

Un récent article du quotidien de droite "Le Figaro" en date du 10 février 2010 titré «Les retards pris par le projet Iter précipitent des changements à sa tête.» reprend l'information de la revue Nature annonçant le départ du techno-nucléoscientiste Didier Gambier qui pilotait la direction européenne du projet Iter, plus connue sous le sigle F4E (fusion for energy). Rien n'a officiellement filtré sur les raisons de ce changement. L'intéressé s'est refusé à tout commentaire ainsi que Catherine Ray, la porte-parole de la Commission de Bruxelles. En décembre, Janez Potocnik, commissaire pour la Science et la Recherche, avait néanmoins critiqué la gestion de la F4E et les retards accumulés.

Nommé en 2007 pour cinq ans, Didier Gambier, un ancien du Commissariat à l'énergie atomique (CEA), a été remplacé par le physicien britannique Frank Briscoe. Spécialiste reconnu de la fusion nucléaire, ce dernier a dirigé pendant trois ans le JET un «petit» réacteur de fusion, installé près d'Oxford qui détient plusieurs records. Il connaît bien Iter pour avoir piloté, en 2008, une évaluation indépendante de ce projet

Notre photo : le 23 février 2006 à Marseille, avant le "Débat bidon" organisé pour promouvoir le projet démentiel ITER, les antinucléaires confisquent la maquette du réacteur ITER ! Les CRS puis la BAC (brigade anti-criminalité) sont rapidement intervenus pour remettre la maquette
à la Commission du débat publicitaire ITER qui n'en finit plus de collaborer avec la police et le CEA

Financement 

Ce dernier est la plus ambitieuse expérience scientifique de notre époque. Son coût initial était estimé à 10 milliards d'euros (moitié pour la construction sur le site de Cadarache, moitié pour le fonctionnement) mais on sait déjà qu'il pourrait être largement dépassé.

Le projet associe l'Europe, qui finance à hauteur de 45 %, le Japon, les États-Unis, la Russie, la Chine, la Corée du Sud et l'Inde. Il consiste à tester la possibilité de produire de l'énergie à partir de la fusion de deux isotopes radioactifs de l'hydrogène à des températures de plus de 150 millions de degrés Celsius. Un processus équivalent à celui qui se produit à l'intérieur du Soleil et des étoiles, selon la formule consacrée.

La gestion de la F4E est sous le feu des critiques de ses principaux partenaires. C'est ainsi que la semaine dernière, tout en annonçant une réduction de 40 % des financements américains, le président Obama a déploré la lenteur de l'organisation d'Iter et de plusieurs de ses membres. Vladimir Poutine avait fait de même peu de temps auparavant.

«Nous sommes persuadés que la nouvelle équipe nommée au sein de la F4E va engager les changements nécessaires pour permettre à l'Union européenne d'honorer ses engagements», a assuré Catherine Ray. L'objectif prioritaire de Frank Briscoe va être d'accélérer les travaux d'excavation du site du réacteur à Cadarache qui ont déjà pris un an de retard.

Iter devrait donc repartir d'un nouveau pas au cours des prochaines semaines. Du 23 au 24 février, la F4E présentera son nouvel agenda à ses partenaires. Un conseil d'administration extraordinaire d'Iter est prévu en mars pour adopter un nouveau calendrier. La mise en route du projet s'inscrit dans un contexte particulier puisque des chercheurs américains ont obtenu récemment une température record de 111 millions de degrés Celsius avec 192 rayons lasers confinés dans un tube de la taille d'un crayon (nos éditions du 1er février 2010). En 2006, le département à l'Énergie américain avait choisi de financer des petits projets au détriment de la Big Science dont Iter est le symbole (Science, 29 septembre 2006).

Recherche : le cri d'alarme de Pierre-Gilles de Gennes, d'un prix Nobel physique 1991

Extraits : " Je trouve que l'on consacre beaucoup trop d'argent à des actions qui n'en valent pas la peine. Exemple, la fusion nucléaire. Les gouvernements européens, de même que Bruxelles, se sont rués sur le réacteur expérimental Iter [NDLR : il sera implanté dans le sud de la France, à Cadarache] sans avoir mené aucune réflexion sérieuse sur l'impact possible de ce gigantesque projet. Quoique grand défenseur des grosses machines communautaires il y a trente ans, et ancien ingénieur du Commissariat à l'énergie atomique (CEA), je n'y crois malheureusement plus, même si j'ai connu les débuts enthousiastes de la fusion dans les années 1960.

Pourquoi ? Un réacteur de fusion, c'est à la fois Superphénix et La Hague au même endroit. Si, avec Superphénix [NDLR : un prototype de surgénérateur, dont l'arrêt a été décidé en 1997], on a réussi à gérer un réacteur à neutrons rapides, ce serait difficile à reproduire sur 100 réacteurs en France - ce qu'exigeraient les besoins électriques nationaux -, car ces installations réclament les meilleurs techniciens pour obtenir un résultat très raffiné dans des conditions de sécurité optimales. Et ce serait littéralement impossible dans le tiers monde.

Sans compter qu'il faudrait reconstruire une usine du type de La Hague autour de chaque réacteur pour pouvoir traiter sur site les matières fissibles extrêmement chaudes, qu'on n'a pas le droit de transporter par voie routière ou ferroviaire. Vous vous rendez compte de l'ampleur d'un tel projet !

Avez-vous d'autres réticences vis-à-vis du réacteur expérimental Iter ?

Oui. L'une repose sur le fait qu'avant de construire un réacteur chimique de 5 tonnes, on doit avoir entièrement compris le fonctionnement d'un réacteur de 500 litres et avoir évalué tous les risques qu'il recèle. Or ce n'est absolument pas comme cela que l'on procède avec le réacteur expérimental Iter. Pourtant, on n'est pas capable d'expliquer totalement l'instabilité des plasmas ni les fuites thermiques des systèmes actuels. On se lance donc dans quelque chose qui, du point de vue d'un ingénieur en génie chimique, est une hérésie.

Et puis, j'aurais une dernière objection. Connaissant assez bien les métaux supraconducteurs, je sais qu'ils sont extraordinairement fragiles. Alors, croire que des bobinages supraconducteurs servant à confiner le plasma, soumis à des flux de neutrons rapides comparables à une bombe H, auront la capacité de résister pendant toute la durée de vie d'un tel réacteur (dix à vingt ans), me paraît fou. Le projet Iter a été soutenu par Bruxelles pour des raisons d'image politique, et je trouve que c'est une faute.

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